Artisteries 5

 

 

 

faut-il croire que le syndrome contemporain des « séries » m’ait à mon tour contaminé ? (contaminé est un mot « à la mode » comme disait le lombardidier) (on ne sort pas les fusils, non, mais enfin…) (j’agonis pourtant les séries : elles nous racontent des histoires et les histoires, comme on sait peut-être, ne font pas avancer la vérité) (elles ne nous disent rien) (encore que  celle-ci (la vérité) ne soit pas non plus un but existentiel) (chacun.e fait ce qu’il peut : j’essaye de ne pas (me) mentir) (je suis sur d’ardents charbons : j’en termine et je n’ai rien écrit encore…) peu importe ces scrupules de puceau (ce genre de métaphore me ravit) (ou de pucelle, soyons justes) (je suis plutôt adepte de la sincérité) : ici le cinquième volet d’une espèce de recherche dont je ne saisis pas parfaitement la problématique, on verra, mais qui constitue cependant la trame, le tissu, le fond ou le décor d’un film The Artist dont je tente, par ces billets, d’analyser la teneur. Dans cette maison, qui plus est, j’ai déjà donné pas mal de génériques : je continue…
Le cadre est celui des images, et notamment, de leur révolution expressive : il s’agit de comprendre comment, ou en quoi, le son apporte quelque chose d’autre au cinéma (aux images de cinéma) – et quoi si possible. Le dessin est en creux : j’ai opté pour recenser les diverses options qui dans le film-même indiquent des sons mais ne passent pas par le bruit, ou l’ouïe : dans ce sens-là (aux deux sens) (on ne va pas tarder à s’y perdre : mais non) on analyse ici les génériques qui opèrent dans le film. Il en est un au début, plusieurs intérieurs (traités ailleurs), et un à la fin. De celui du début et de celui de la fin, il n’y a guère à dire : ce sont des nécessités pour tout film (nécessités juridiques, notamment : on crédite ainsi telle personne d’une participation à telle profession, et de ce fait, cette personne exerce cette profession et devient ce qu’elle prétend être). Ces indications pour parler des génériques intérieurs à la narration proprement dite du film. Ailleurs, les génériques qui investissent Peppy Miller dans son rôle de premier plan.

On trouvera ici le générique (long comme le bras, in extenso) du film.

  1. Générique de début.

Je ne pose que deux des cartons qui le composent : mettons le titre

on le voit : la police de caractère (probablement quelque chose de vieillot), une esthétique à la « Harcourt » qui réfère directement au temps de la diégèse (la lumière qui vient d’en haut à gauche, un spot qui produit une espèce d’ellipse) et puis les postes et les noms

(on remarque cependant aussi que les prénoms figurent ici à chacune des lignes, ce qui n’était pas le cas dans les génériques que singe celui-ci) (il y a beaucoup d’emprunt de tous ordres dans le film, des citations ou des plagiats, la mesure est difficile à trouver mais on s’en fout) (à peu près). Le carton directement suivant expliquera

Pourtant j’évite par là de parler de la musique qui elle aussi entame une narration : comme une ouverture de grande production (il faudrait analyser les musiques du film qui soulignent – surlignent, grasseyent, abondent –  tous les effets). Cette musique est présente tout au long du film, sauf dans la séquence (sonorisée) du rêve de George (les images de ce rêve ici).

2. Générique de fin.

La liste des artistes donc (les comédiennes et les comédiens : sans le dire, mais en l’explicitant quand même, les places respectives) réalisateur, producteur puis les artistes:

qu’on va tous citer (pour finir par le chien – l’ordre est sauf)

il continue par nombre de prestataires techniques (j’abrège quand même) pour en arriver aux mentions obligatoires des œuvres dont on s’est servis pour la réalisation du film, et notamment les musiques (Edward est le prénom à l’état civil de Duke)

(la musique additionnelle si on peut dire est due à Ludovic Bource : le musicien de pratiquement tous les films du réalisateur)

Plus loin :

on voit l’emprunt d’un des films, « The mark of Zorro » (Fred Niblo, 1920) avec Douglas Fairbanks dans le rôle (formidable) dont on voit quelques images lors de la scène où, plus tard, George détruit les films dans lesquels il a joué sans doute, y met le feu et manque de mourir (on pourrait gloser sur le fait que les copies qu’il détient sont flamme (on est 1932, semble-t-il) et qu’elles devraient prendre feu sans doute en explosant, le tuant sur le coup, mais on est et on reste au cinéma).

Viennent ensuite les dédicaces :

(Paul Rassam est l’oncle (producteur de cinéma à Hollywood : ça aide) de Thomas Langmann, Gilbert Marouani (agent de talent dit wiki – décédé en 2016) d’autres connaissances sans doute dont, pour le réalisateur, le footballeur à la main d’or…)

Enfin, à la fin de la fin, une autre dédicace à un musicien (collaborateur sur les OSS 117 du réalisateur) qui vient de décéder au moment de l’exploitation du film.

Présenté à Cannes en 2011, « The Artist » y fait assez bonne figure, puisque Jean Dujardin y obtient le prix d’interprétation masculine (rappelant en cela celui de Jean Yanne en 1972 pour son interprétation dans « Nous ne vieillirons pas ensemble » (Maurice Pialat, 1972) (montage Arlette Langmann, l’épouse de Maurice Pialat, production Jean-Pierre Rassam, l’oncle de Thomas Langmann)) – (une espèce de bonus de nationalité j’ai l’impression) (président du jury: Robert De Niro) . Il semble que ce soit à Cannes, cette année-là, que le film ait été acheté par la maison des frères Weinstein (de si #metoo sinistre mémoire). Poussé par elle (assez (probablement la plus, alors) puissante) dans le monde étazunien (et donc international) du cinéma, il y obtint les oscars du meilleur film, réalisateur, premier rôle et un nombre impressionnant de prix ailleurs dans le monde. D’un budget de 12 millions d’euros, le film en a rapporté 130 au box-office mondial.

 

ici les divers éléments des artisteries qui composent cette recherche :
artisteries 1
artisteries 2
artisteries 3
artisteries 4

Cacher ces yeux que je ne saurais voir

 

La manière a changé mais pas cette sorte d’amour qu’on porte à cette espèce d’art (le 7° (et le 8° aussi) / ces classements, numérotations, catégories et tentatives de mise en place de rangement de toutes les activités humaines, dans le but d’en tirer profit (ce mot de terreur) ont toujours quelque chose d’obscène). Quelque chose a changé, mais surtout pour ce qui est des illustrations : on prenait les nôtres, on les taillait, les ajustait et on les posait. A présent, on en prend d’autres souvent issues de la promotion des films (les films se promeuvent, les divers acteurs sont mis à contribution, on appelle ça le service après-vente (ignoble) : on dispose de « dossiers de presse » (repris mot pour mot sur des sites parce que on n’a pas que ça à faire) dans lesquels les promoteurs (comme il en est d’immobiliers) (les distributeurs) imposent quelque chose : ainsi que dans le film (un peu raté) « Corporate » (Nicolas Silhol, 2016) on les aide donc ici – et ils nous aident à les aider (wtf ?). On crache dans cette soupe, c’est vrai – mais on n’en a rien à faire, de cette soupe-là. Ici, on parle de cinéma, et la cinéaste (la Varda, si tu veux) commet des documentaires, assez fréquemment. Ici, ils sont trois à s’être associés (trois, au moins) : des têtes d’affiche, qui, par elles seules sans doute, peuvent mettre en place, pour peu qu’elles le veuillent, la production d’un film. Je me souviens d’avoir vu passer l’appel à dons qui a été pratiqué lors de la production de celui-ci « Visages, villages » (2017) présenté à Cannes cette année (images plus bas), hors compétition. Deux personnages en quête de vrais gens. Et le musicien (le cinéma, sans musique, c’est terrible et ça me procure un tel chagrin que – par exemple – les productions des frères Dardenne me blessent profondément). Tout ça pour indiquer que personne n’est dupe : on parle encore de ce qu’on veut et on n’en tire aucun bénéfice; on pose (on colle) quelque part dans la maison(s)témoin une image photographiée mais elle ne s’en ira pas  (croit-on naïvement) de sitôt; ce billet se trouve être en relation avec un autre (qui lui-même etc etc…) c’est tant mieux – et on aurait bien tort d’attendre quelque chose d’autre que ce qui se passera. Ca se posera un peu sur (ou dans, je crois, la rubrique) les murs. Comme un Décor…

 

Le film commence rue Daguerre et se termine je crois à la campagne ou à la mer (non, au bord du lac). Bizarre (et un peu décevant) qu’on ne voie pas à l’image Matthieu Chédid dit -M- mais on répare l’oubli

(une très jolie chanson (parole Robert Nyel; musique Gaby Verlor) , « C’était bien » (le petit bal perdu) il me semble (chantée par Bourvil, il me semble aussi, t’as qu’à voir) illustre aussi ce cinéma-là – 466 974 vues ce jour) (533 510 ce 3 septembre 2017).

L’un des gimmick du film (l’un des Mac Guffin si tu veux) c’est que le JR en question ne retire pas ses lunettes de soleil (ni son chapeau) et qu’il finit par faire semblant de se fâcher contre l’insistance qu’Agnès Varda met à vouloir les lui faire enlever (de quoi je me mêle). La fin du film (que j’ai trouvée dramatique) met en scène le moment où, comme Jean-Pierre Melville sur l’image  là retire ses lunettes et montre son regard, JR fait de même pour la Varda et que le monde (comme elle) voit enfin ce visage : flou. Il reprend en cela un autre même geste qu’avait joué pour la cinéaste un de ses amis d’alors (ami de la photographe d’alors) : ainsi tourne la boucle et le tour continue, et continue encore…

Ils sont trois têtes d’affiche :

le dernier JR qui ne quitte ni ses lunettes ni son chapeau colle des affiches sur les murs. C’est juste magnifique, la Varda filme et fait le clown (lui aussi), la musique accompagne précède tisse élabore illustre. Une douzaine de tableaux plus des transitions (au montage, la Varda) (comme Alain Resnais), une espèce de road-movie (c’est un genre, c’est un classement dans lequel les premières places sont prises par des fictions, « Alice dans les villes » (Wim Wenders, 1974),  et « Thelma et Louise », (Ridley Scott 1991)), on aurait tendance à dire « de vrais gens » (mais les faux ne sont qu’au cinéma, à la télévision, sur les photos…), j’en ai gardé quatre ou cinq (ce ne sont que ceux qu’on m’a proposés à travers la banque d’images dont je dispose) : quelque chose de la réalité du monde. Par exemple, je viens de trouver cette image des femmes de dockers (le formidable « c’est nos femmes » dit l’un d’entre eux – ils sont tout petit, en bas des images, les femmes comme des oiseaux à la place du coeur)un autre tableau montre Jeannine la seule habitante d’un coron promis à la disparitionun autre montre des chèvres avec leurs cornesun autre enfin un homme assis sur un bunker (il s’agit du photographe GUY BOURDIN (merci Employée) qui apparaît nu sur certaines photos d’AV des années 50)le maire de la commune où se trouve le bunker (SAINTE MARGUERITE-SUR-MER (re)) raconte comment le bunker a été poussé (ici il est très pixellisé) avant qu’il ne tombe sur la tronche d’un promeneur/touriste ou quelque chose, et comment il est resté ainsi sur la plage. L’agriculteur aux 800 hectares de Chérence dont j’ai oublié le nom (il se reconnaîtra) (l’image du hangar se trouve aussi sur le blog du Chasse-Clou lorsqu’il visita Chérence) le tout formidable de drôlerie, de sensibilité et de courage (et un peu de cucuterie comme la Varda aime à en poser, parfois). On en sort heureux d’être sur la même planète qu’eux. Avec, donc, tout notre amical souvenir.

Ainsi qu’à ce type-là, au bord du gouffre (?) de la retraite (adorable)

 

 

addenda italique 1: le rendez-vous manqué avec l’auteur (il n’est pas seul : au cinéma personne n’est jamais seul, et d’ailleurs il n’en fait plus guère) (son attitude de tête à claques mais auteur) des très aimés « A bout de souffle »(1960) et « Pierrot le fou » (1965) sans compter « Sauve qui peut (la vie) »(1979) surnommé le solitaire de Rolle dont on ne citera pas le nom sinon « peau de chien » avait l’air de cinéma, n’eût été le vrai émoi (m’a-t-il semblé) ressenti par Agnès V. (la moitié de Jacques Demy) (on ne peut pas ici ne pas le redire) – est-ce mise en scène que ces mots écrits au feutre sur la vitre de cette maison  – est-ce seulement la sienne ? – ? est-ce un coup de force tenté/perdu par la cinéaste ? s’embarque-t-on sans certitude d’avoir porte ouverte ? Je me souviens de Maurice Pialat (il ne m’aime pas non plus, je sais bien) levant son petit poing et disant aux siffleurs « si vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas non plus… » et j’ai pensé à ce mot voyant se dérouler cette dernière illustration (pas de visage, non, sinon celui, f(l)ou, de JR sans lunettes) et le cadeau de ses gâteaux préférés. 

Je me souviens de cette image et j’ai la réponse à la question que (nous/se) posait Patricia (on voit au reflet dans la photo, la bibliothèque de  derrière le bureau de la maison brûlée, tiens)

Le film se termine sur les deux AV et JR assis sur un banc, cadrés de dos, contemplant le lac (l’affaire n’y est pas) mais qu’aurait donné (sinon ce qu’ils en auraient fait) la rencontre ? On aimerait dire qu’OSEF (et c’est ce qu’il en est, en vrai…) mais, pour ma part, j’ai tout à fait le sentiment que cette manière d’agir est celle de certains artistes : rien à foutre des autres, du reste du monde et des rendez-vous avec les vieux amis… Une façon de voir le monde, la vie et ceux qui la font

addenda italique 2: (après en avoir discuté avec l’ami Chasse-clou taleur au bar) le solitaire de Rolle en question tape quand même les 86 printemps/balais/piges/berges ce qui fait peut-être qu’il ne désire pas qu’on soit averti de son aspect – une marque de respect des autres ? il me semble qu’il ne s’est pas présenté non plus à Cannes, à un moment… on peut gloser, mais la manière dont il se trouve présenté dans le film indique, à tout le moins, une espèce de mépris (pensé-je)