Immobile/nouveau décor

 

 

(dans tous les cas, cette maison restera le témoin de quelque chose que je ne m’explique pas : un journal de ciné, un autre des sorties, autre chose des lectures, on s’en fout – OSEF – certes, mais parfois, je me demande : où vais-je d’où viens-je en quel état ? c’est le passage des saisons, probablement, le parcours vers les jours qui raccourcissent, déjà entamé c’est à la vie comme à la mort, c’est la même chose continuer, avancer, tenter d’exister, de se tenir et d’observer) (par ailleurs, et – comme disait ma grand-mère – je l’aime toujours, elle se nommait Louise – je l’aime toujours – par ailleurs Dieu merci, bientôt les vacances – et cette année, tant pis, ce seront trois semaines, sans compter les suivantes, et donc nous verrons) (dans la série « il n’y a pas que le cinéma dans la vie »)

Ces murs blancs manquent singulièrement d’apprêt, ces maisons ne veulent pas donner l’impression de vivre, elles veulent simplement imprimer quelque chose dans l’imaginaire des visiteurs, afin de leur donner envie de les faire leur, c’est une façon de faire, parfois on consulte un plan, on regarde les annonces du journal du vendeur d’armes volantes, on essaye de trouver quelque chose, un toit, quelque chose, un lieu où poser ses toiles, ses couleurs son chevalet, et puis passent les jours et passent les semaines, ni temps passé ni les amours reviennent – la Seine, sous le pont, s’en va à l’Atlantique…

paul klee carnet

Mettons cette image, c’est le carnet de Nina Kandinsky (j’ouvre une parenthèse – coq à l’âne -dans ce renouvellement des décors de cette maison pour imposer ici cette image magnifique des manifestations contre la loi scélérate

rectangle blanc sur fond de bois

: demain on manifeste et on bouge putain) (j’ai fermé la parenthèse, mais demain, debout hein) et je continue à poser quelques clichés sur les murs des couleurs et des toiles de Paul Klee (ici un portrait en noir et blanc, évidemment fatalement j’en sais rien)

OK portrait de paul klee

début du siècle dernier, artiste au travail, couleurs magnifiques (« Eclair pétrifié »)

éclair pétrifié paul klee

ce ne sont pas des décors, évidemment (ici, « la belle jardinière« )

OK paul klee la belle jardinière

j’ai eu le livre catalogue de l’exposition en cadeau (merci tant merci)

OK paul klee projet

des merveilles (au dessus, « projet« ; en dessous « jouets« )

paul klee jouets

on s’arrête, on marche dans le couloir, un des couloirs (est-elle de plain pied ?) et l’image vous attrape (« Les jumeaux« )

paul klee jumeaux

il lui manque le point, c’est aussi pour (ne) donner (qu’) une idée (« Le ballet »)

paul klee ok le ballet

il ne s’agit pas tant d’habiller (« Port mondial« )

port mondial ok paul klee

que de donner à voir  des merveilles (« Famia« )

paul klee famia

les murs, les couloirs, les pièces, les chambres, les cabinets les réduits les cagibis, les lieux, les sorties les portes les entrées, les fenêtres sur la rue, le jardin, fermées ouvertes, sur le monde, dehors là-bas la paix

paul klee Diana

(« Diana ») (je ne suis pas sûr de la qualité des photos : je les aime bien, elles me sont chères, mais de quoi rends-je compte ici ? une visite d’une exposition ? un parcours du cinquième étage du musée ? Je ne sais pas, mais je crois que je meuble…)

L’amour, la plage

 

(tu sais quoi ? qu’est-ce que ça change que les deux torgnioles du haut de la hiérarchie de cet ectoplasme de pays interdisent de manifester ? ils se ridiculisent un peu plus, voilà tout. Après les propos obscènes rapprochant sans la moindre humanité bris de vitres et enfant orphelin, un troisième ajoute une couche supplémentaire à l’horreur… quelque chose monte, et ils ne le voient pas. Comme disait je ne sais plus qui « nous vivons une époque épique »… Mais il y a aussi le cinéma dans la vie) (je crains pour les vies, cependant et je pense toujours à Romain D. …) 

 

(en même temps, si on veut bien suivre, ce n’est pas parce que Beatrice Morandini Valdirana -alias VBT- dit dans le dialogue qu’on se trouve à Viareggio que c’est la vérité) (hein, en même temps)  Je me rends compte un peu, ça se passe par là (mode de vie, d’été des Italiens à la plage…)

viareggio 1

on est loin, mais c’est, comme dirait l’autre, assez graphique (c’est qui l’autre ?)

Viareggio 2

comme on voit, il en est des bleus, il en est des jaunes et des beiges

Viareggio 3

un certain nombre (c’est sans doute qu’il y a une certaine demande)(c’est bien rangé en tout cas)

Viareggio 4

c’est joli, c’est rigolo, mais pour ma part, je n’y vois pas de plaisir

Viareggio 5

enfin, le satellite a ses limites (on remarquera que je laisse le robot signer ses photos) (quand même : pourtant,c ette marque, quelle cataplasme…), et comme c’est l’été qui vient, même si le climat est complètement pourri (il en va de la météo,mais aussi d’une sorte d’odeur d’insurrection, vous ne trouvez pas ?), c’est la maison toute entière qui sera habitée : les héroïnes, deux femmes

Folles 3

la brune tatouée (sur son épaule gauche, le prénom de son fils Elia), Donatella (Micaela Ramazzotti, à la ville -comme on dit connement, puisque à la campagne c’est aussi vrai -passons passons- épouse du réalisateur -je vais mettre sa photo taleur, qu’on se rende compte), la blonde à l’ombrelle Beatrice (VBT) toutes deux pensionnaires d’une maison(s)psychiatrique italienne (les Italiens aiment leurs fous, on ne peut rien contre ça, ils ne les maltraitent pas, les abattent aussi de calmants sans doute, mais leur donnent une place adoucie dans le monde), toutes deux blessées par un monde cruel, tranchant, cynique, qui les a rendues (un peu) folles (pas mal quand même).

Or elles s’échappent de cet asile (c’est un joli mot, pourtant)

folles 1

on les voit ici courir vers le bus 63 (c’est un bus que j’aime à Paris, qui suit la Seine, le boulevard, qui va à la gare de Lyon), elles se prennent d’amitié dans une sorte de cavale sentimentale débridée, éhontée, si joyeuse et gaie, parfois, si terriblement profonde, enkystée, intérieure à d’autres moments

folles 2

(on voit au fond la petite auto qu’elles abandonnent à la fin du film), elles s’unissent, recherchent l’enfant de la brune, le retrouvent, le film continue, des chansons, du cinéma (on voit un tournage, un peu comme dans « La nuit américaine » (François Truffaut, 1973), où la mère de Beatrice – qui est à la ville (wtf?) la mère de VBT  – indique que sa fille est assez marginale, disons), mais enfin pas mal de plages, un peu de mer (où la brune tente de se tuer) (non, le film n’est pas si gai, on pleure, ça ne fait rien, le cinéma c’est aussi fait pour ça), beaucoup de soleil, de nature (humaine, vivante, sensible) et de campagne, le tout mis en scène par ce garçon-là (Paolo Virzi, je ne le connais pas, n’en tire aucune fierté – ce sentiment que je hais -, mais la photo l’avantage-t-elle ? je ne sais pas dire)

folle de joie 4

(alors, on peut aussi trouver qu’il est plus facile  pour Beatrice d’être ce qu’elle est puisqu’elle est riche, que ce qui peut se passer se passe aussi parce qu’elle est riche, que la problématique de la mère et du fils est cousue d’un fil tellement italien, épais et lourd – mais l’identité d’un film passe aussi par les stéréotypes qu’il dispose – que la narration et la mise en scène relèvent d’une sorte de classicisme bridé, peut-être, mais l’amour qui unit les deux héroïnes est une figure magnifique et montre, accessoirement, qu’elles ne sont pas si folles – en tout cas, deux rôles en or…) (j’agonis le gimmick de la distribution qui s’oblige à ne pas traduire le titre original « La pazza gioia » -la joie folle, la folle joie peut-être – pour lui préférer « Folles de joie« )

Arménie

 

 

Malgré ces tueries, ces meurtres abjectes, malgré le fond de l’air où on tue aussi bien symboliquement le code du travail, malgré ces « bonne humeur exigée » qu’on voit parfois fleurir, la honte qu’on ressent d’être une partie pourtant de ce monde où ne cesse de couler le sang, où toujours la haine et la mort vainquent, triomphent, paradent, malgré toute cette boue déversée, on ne va pas laisser prendre le pas et on va essayer de continuer quand même car de l’amour de la vie, jamais ils n’auront raison.

(Est-ce bien une cadence ? une fréquence ? en tous cas j’ai du mal à la tenir) (et vu que la programmation est, sensiblement quotidienne, vers vingt-deux heures vingt-deux, je pose ici ceci vers douze heures douze)

(J’essaye, il n’y a pas que le cinéma dans la vie , je sais bien, mais pourtant il faut peupler cette maison, de fantômes de goules ou de héros, ici l’un des contemporains – je ne sais plus, quelque chose de tragique chez cet acteur, je ne sais plus mais ça se voit dans l’image – ou alors je délire, c’est possible vu l’état de déliquescence dans lequel je me trouve, on n’est pas là pour faire un journal, mais on s’en fout aussi bien -OSEF disent-ils- puisqu’on est là pour parler film)

Il n’est pas complètement avéré que je parvienne à poser ce billet quelque part dans cette maison, on verra, n’importe où ? Non, en Arménie.

 

Le début, c’est un peu comme une tragédie, les choses lui arrivent et il n’y peut rien -le chauffeur de taxi s’enfuit, il passe une frontière, on entend au loin des rafales d’armes automatiques, le paysage est juste -on pourrait laisser tomber « somptueux » mais ce serait trop acidulé- merveilleux. Et puis l’histoire continue

celui 1

le voilà qui rencontre ce type sur son âne, il mime un voyage en avion, le type ne comprend rien mais comme il est messager, il va annoncer sa venue au village, et ça continue ça fonce, ça rit (c’est vraiment marrant), on l’accueille tel le messie puisque c’est ce qu’il est (la dimension biblique, conte, narration trop marrante aussi ), puis on lui prête des fringues

celui 2

(pas réussi à identifier le type sur la photo, mais je ne connais pas bien l’histoire de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, du Caucase enfin OSEF un peu quand même), on entend parler d’Aznavour (qui est né comme François Bon, si je ne m’abuse, un vingt deux mai – quatre-vingt-trois mars-trente ans plus tôt quand même…) (c’est à dire aussi que plus on ira et plus on sera à partager les mêmes dates anniversaire, nous autres les 7 à 10 milliards d’individus potentiels de cette planète imbécile et guerrière), il y a des chansons et de la bande dessinée (Tintin dans sa traduction caucasienne en son temple solaire), il y a de la mafia et de la politique, un prêtre, sa femme, son enfant, des selfies et des communication difficiles en haut des montagnes et de la traduction et des sentiments

celui 5

qui comme chacun sait, à leur heure, savent mentir (mais non, pas cette fois), un film simple et formidable, une histoire d’acteur (le type interprété par Patrick Chesnais, Jean-Paul Bolzec, si je ne m’abuse) (ici avec la traductrice) (c’est que j’écris la nuit, je dois consulter, croiser, regarder et parfois, j’en ai ma klaque) (j’ai oublié les italiques) un peu paumé, attendu mais paumé, et enfin qui s’y retrouve…

celui 3

Les images – extraites du film annonce et du site de la production Moby Dick films (qui m’entraîne vers une chanson de l’Affaire Luis Trio qui faisait seulement « mobilis in mobile ») au format bizarre -, ne rendent compte que très partiellement de la paisible gaieté profonde et sensible qui se diffuse et parvient à faire penser à un cinéma de vraie comédie (Lubitsch, Wilder et d’autres, peut-être Deville). Beaucoup aimé, mais je ne sais toujours pas où poser ce héros-là… Il me reste une photo, qui le montre avec ce joueur d’échecs (extra) qui lui dit : « Emmène-moi avec toi… » à la fin du film, alors voilà, on posera ça au jardin…

celui 4

 

Les pieds nus

 

 

 

C’est à peu près certain : il n’y a pas que le cinéma dans la vie (même si on y va, si on l’aime et qu’il ne cessera pas d’être présent dans cette maison – elle le vaut bien).

Cesaria 3

Il y a aussi la chanson et cette femme-là ne ressemble à personne. La force, l’intelligence et la grâce de l’amour et du plaisir de vivre, voilà ce qu’elle illustre.  Le florilège, ou les linéaments que je pratique régulièrement (sans doute parce que j’aime aimer les choses et les êtres aimables) indiquent pourtant une filiation, (une sororité, pédanterai-je peut-être), un témoin entre -par exemple, j’en aurais bien d’autres à donner- disons madame (Nina) Simone, madame (Simone) Signoret (bien qu’elle ne chantait point) et Cesaria Evora (et, donc Ava Gardner, cette Comtesse aux pieds Nus (Joseph Mankiewicz, 1954) fatalement…) (la prochaine fois, je le fais pour les types).

Cesaria 6

Je lis ce livre, une biographie, dont je pose ici un extrait, et dans les diverses pièces de cette maison on entendra la morna, on entendra peut-être une autre fois d’autres merveilles…

Femme libre, fille-mère, chanteuse, whisky cognac et plus rien du jour au lendemain, clope au bec et toujours fidèle à son île, sa maison, son fauteuil de skaï, toujours généreuse, riche de sa voix magnifique et de ses amitiés qui durent une vie…

Cesaria 7

Les bijoux qu’elle porte et les chaussures qu’elle délaisse, moi, j’adore… Elle, en entier, moi, je l’adore.

Cesaria 2

Tu sais quoi ? je suis né au bord de la mer, pas de l’océan, et ça change tout : cette musique-là, comme celle qu’on entend à Lisbonne, cette musique qui, comme le vent, les vagues, le ciel et le soleil est inépuisable, cette musique-là, ces chansons, pour les gens de peu, qui rient, qui dansent, qui boivent pour oublier, ou pour se souvenir c’est selon, il faut bien qu’elle nous attendrisse. Ou à Rio…

Les lignes qui suivent, je les partage même si je ne suis qu’un homme. Mais je chante…

Cesaria 4

« A ceux qui pensent qu’une femme qui boit est une fille perdue, une honte pour la ville, mais s’en servent le moment voulu, qu’une mère célibataire est une femme de mauvaise vie, et que la pauvreté est l’état naturel des abrutis, il faut toujours prouver quelque chose. Il faut porter ses plaies comme des étendards. Ses pieds comme des symboles. »  (in Cesaria Evora, la voix du Cap-Vert, Véronique Mortaigne, Babel 2014, p 57)

 

 

Ah, le dur…

 

 

 

(fait beau hein, la nuit) (debout)

Toi qui entre ici laisse à la porte tout espoir de revanche, toute velléité de colère, toute rancoeur et toute amertume, je reviens sur ces six derniers mois de résidence et comme de juste et notamment, sur la réception de ce qui a tenu lieu de clôture. 

Pourquoi ici, je me le demande bien : sans doute parce que j’aime le terrain, et qu’ici est le mien (entre autres, évidemment) (par exemple j’aime quand le vendredi arrive et que je vais chercher quelque part quelque chose et quelqu’un) (quelque part c’est ici, aussi) (c’est un exemple parmi cent) (mais j’aime ce terrain qui n’est pas que le mien) (je fais remarquer à l’assistance publique et lectrice que cette dernière parenthèse abrite un alexandrin de la plus belle eau).

Il y a surtout sans doute qu’avant d’être maison ici est un témoin. Numérique et virtuel, d’abord. Peut-être.

Ici commençons par une photo déjà publiée (je dis ça pour DH) prise (on prend les photos tu sais bien, on n’attend pas qu’on nous les donne) juste avant le début de la clôture (le début de la clôture est-il un oxymore ?) (et aussi la clôture, pour le thème des frontières, ça vous a quelque chose de tombant sous le signe). Il est dix huit heures, c’est le 2 (ou le trente trois) avril (ou mars).

dehors 020316

Et puis ça a été, merci. L’avant veille j’avais pris sur moi de prévenir quelques un-e-s de mes ami-e-s par short message service : c’était « comme vous le savez peut-être le collectif termine sa résidence de six mois au fin fond du 77-une joyeuse clôture est organisée ce samedi 2 avril à 18h- c’est à la bibliothèque de Vernou train gare de Lyon 16.19 ou 17.19 -un peu juste…-changer à Melun un peu galère mais simple aussi-dites moi si vous voulez venir je viens vous chercher à la gare vers 18… bises » : pour des ami-e-s lesquel-le-s ne sont pas (tou-te-s) venu-e-s. J’ai reçu entre autres et en retour ce court message de service : « Merci pour le rappel. Par contre si vous venez en train dans notre « fin fond de Seine et Marne » pas besoin de changer à Melun, le train qui part de Gare de Lyon va à Moret sur Loing sans changement. Je serai à Paris la journée et rentrerai exprès pour venir voir le résultat de votre résidence à Vernou » c’est signé, c’est intitulé.

Sait-on que durant peut-être quinze ans, trois dimanches et fêtes sur quatre (treize-vingt, une demie-heure de pause, oui merci) j’ai officié aux renseignements téléphoniques de cette société ferroviaire et nationale ? (c’était au Pont Cardinet, il faut bien gagner sa vie d’étudiant puis d’enquêteur écrivant n’est-ce pas : tout le monde ne vit pas dans les beaux quartiers). Et donc bien sûr Vernou-la Celle-sur-Seine n’est pas en ligne directe de Paris : j’aurais du me méfier, je n’y pensai pas alors mais le « merci du rappel » avait quelque chose, un sens, quelque chose, je pensais à des ami-e-s, je me suis fourvoyé, tant pis pour moi. Une affaire de classe, pourtant, ce sont des choses que je connais bien, je les sens, souvent, et d’ailleurs, c’est exactement ce qui est arrivé.

Mais ça a été, merci, très bien, je n’ai pas bafouillé (certes mon pull neuf a déteint, un beau bleu sur une chemise blanche, je n’avais pas lu sur l’étiquette, écrit en tout petit comme dans les contrats d’assurance ou autres, le « laver avant premier usage » : tant pis pour moi). Les diverses interventions, très bien, le pot, le retour en auto sous la pluie, les chansons et la joie de vivre, les rires et le week-end, pas de ciné mais tant pis on avance, on travaille on fait ce qu’on doit (on  a été voir l’exposition « Frontières » du musée de l’histoire de l’immigration, parfaite et recommandable : elle continue jusqu’au 29 mai…) .

Lundi (quatre quatre seize) vers treize (13) heures, après le billet ultime, je me souviens, j’avais écrit ce message : « Vous êtes partie trop vite- comme un peu tout le gratin mais enfin…- ça vous a plu ou bien ? Vous me direz… (pour venir à Vernou en train, faut le vouloir… et changer à Melun… :)) Cordialement. PCH ».

Un message un peu convenu, je reconnais, qui tente un peu d’humour sur la société et ses changements…

Je reçus, vers 21h, ce message en réponse ou retour : « Je suis partie en effet très rapidement car assez excédée par les regards « méprisants et quelque peu hautains que vous avez portés sur le sud de la Seine et Marne. Arrivée depuis 18 ans ici, après 36 ans en plein Paris bobo, rue de Babylone, j’ai été, contrairement à votre équipe, séduites par les belles énergies d’ici. L’humain, totalement inexistant dans votre présentation, m’a au contraire, permis de belles aventures artistiques. Assoce Renc’Art où pendant huit ans nous ouvrions les ateliers d’artistes avec comme « devanture » le musée Provencher sur le pont de Moret, lieu prêté pour l’expo collective, mon ami musicien a monté un groupe de rock celtique Transpher qui maintenant tourne de façon quasi professionnelle. Et je m’arrête là car la liste est longue.  Dans votre montage, je n’ai vu que solitude, désespoir, lieux abandonnés et sordides, un no man’s land qui pour moi n’est que le reflet de vos regards bien déprimants. Certes, je suis peut-être encore un peu en colère, donc si vous revenez de votre lointain Paris par ici, je me ferais une joie de papoter avec vous en buvant un kawa au soleil… ps : faites un saut sur le site veneuxlessablons.fr/passerelle pour y voir notre 19 septembre 2015 après les discours… »

C’est signé. Le lendemain matin, un autre message, court et service, m’est parvenu à 7h20  : « Autres pensées d’une amie photographe que je vous transfère : « nous sommes une région avec beaucoup d’artistes hétéroclites tous autant que NS sommes qui aimons partager leurs passions avec les gens pour susciter des émotions sincères et nous aussi NS prenons le train pour monter « à la CAPITALE » et chaque fois que nous rentrons chez nous, on savoure la chance d’habiter ici car nous savons apprécier ce qui NS entoure ». Bonne journée. »

Celui-là n’est pas signé.

Probablement le train. Bizarre, vraiment, les majuscules ; c’est des nues que je suis tombé : « humain inexistant » c’est faux – car, comme on sait, c’est de sa porte que chacun peut contempler le soleil – et inutilement blessant – j’ai pensé à ce réalisateur – je ne l’aime pas à cause de cette scène de « Nous ne vieillirons pas ensemble » (Maurice Pialat, 1972) particulièrement abjecte à l’égard des femmes – qui levait le poing, après avoir reçu sa palme, en 1987 – mais ça m’a fait marrer, parce que c’est vrai que j’ai recours au robot très fréquemment (j’adore ça

1.10 péniche GSW2

j’y peux rien, j’aime ça

1.18 Montarlot horizon lignes électriques GSW

c’est comme une sorte de passion) :

1.12 bisrestaurant l'avenir tizy

c’est une affaire qui m’intéresse, et qu’on veuille bien me pardonner, non, vraiment, je ne suis pas un artiste

1.20 églisegenevraye GSW2

en tous cas pas comme certaine l’entend

1.26 Hermès GSW

la dernière photo de l’Hermès, d’été et du robot (zeugme) : encore merci à tou-te-s de votre accueil, monsieur Mariage et Luc pour cette dernière photo, mais aussi à toutes les personnes des bibliothèques -magnifiques, adorables- les élèves de Gregh (à ceux de la SEGPA : ne désespérez jamais !) et les gens de l’ERPD, sans compter toutes les autres magnifiques rencontres (spéciale dédicace : je pense à ceux qui sont en Islande) faites dans le cadre de cette résidence.

 

billet rédigé le 37 mars 2016.

 

 

Sur la réserve

 

 

 

(après tout, il n’y a pas que le cinéma dans la vie) (cependant on tient à indiquer que la palme d’or cannoise a été attribuée cette année à Ken Loach –qu’on aime– lequel laisse libres les droits sur ses films, qu’on peut donc regarder, voir et visionner comme et autant qu’on veut ici par exemple) (il faudra accepter avant d’être suivi à la trace par les wtf algorithmes gafa mais comme on n’en a -ainsi que l’Edith Cresson première ministre nous le faisait savoir- rien à cirer -elle c’était de la bourse-, on verra) (il y a aussi la littérature et la peinture) (jte parle même pas de la musique)

 

la grande réserve

« Il existe un tableau de Caspar David Friedrich nommé La grande réserve qui représente une partie de la réserve d’Ostra, au nord ouest de Dresde, sur la rive sud de l’Elbe, en 1832. Le fleuve est bordé d’arbres agglutinés sur la gauche en orée, tachant à droite l’arrière plan au flanc d’une longue colline lointaine, ensuite vient l’horizon, enfin le ciel, un énorme volume de ciel froid qui envahit la moitié du tableau jusqu’à paraître émaner de lui, s’interposer entre l’oeil et lui.

A première vue, depuis la maison de Bernard Calvert, le paysage que surplombait Georges ne ressemblait en rien à celui d’Ostra. »

Il s’agit ici des premières phrases du chapitre vingt cinq, reproduites du livre – qui en compte trente deux – (des chapitres, pas des phrases) « Cherokee » (1983) de Jean Echenoz, lu dans sa version de poche (2003), exemplaire achevé d’imprimer le dix décembre deux mille quinze dans les ateliers  de Normandie Roto Impressions à Lonrai (61 250) (France) (suit un numéro d’éditeur, 5902, et un autre d’imprimeur, 1505485). Elles ne rendent que très peu compte de la parfaite et magnifique prose joyeuse et simple qu’il emploie.

On a reproduit ici aussi le tableau en question où la description n’a pas tenu la péniche pour sensible -il s’agit d’un bateau à voile, qu’on aperçoit voguer sur l’Elbe (donc).

S’il se pouvait, autant que de faux livres, que sur les murs d’ici figurent aussi quelques reliques fantomatiques et hâves de peinture, ce me serait (peut-être) agréable (on les mettrait aux couloirs)

 

 

Jazz

 

 

(en tout cas, on reste debout) (la nuit, oui) (le jour aussi, dlamerde) (il y aurait pas une vague odeur de révolte, ces temps-ci avec le minuscule numéro deux autocrate aux commandes – et son N+1 de chef, le roi de la médiocrité synthétique ? il semble, il semble…)

 

(Voici un an que cette maison(s)témoin est ouverte à qui veut y entrer, et voilà une quarantaine de billets produits pour ici, qui prennent pour personnages principaux des films et des acteurs, des techniciens qui font vivre ce cinéma industrie divertissement ou art et les trois réunis on n’en sait rien -on s’en fout presque-  c’est Cannes – et on avance quand même en âge) (tu sais, je suis fatigué : depuis que tout a été pris par les flammes, je ne parviens pas à me remettre dans les clous, je vaque et je divague, je marche dans les rues sans trop savoir ce qu’elles sont pour moi -elles ne me sont plus des adresses, juste des décors – je passe sur la place, on parle on se sourit, on avance aussi vers quelque chose, mais moi, je suis las) (ça ne m’empêche pas d’aller au ciné, heureusement, et de repasser par le pont qui domine les voies du chemin de fer qui va au nord par sa gare

gare du nord 14 5 16

ça ne fait rien, j’erre, j’estime et j’encombre)

Alors voilà, comme c’est la déprime, on va faire quelque chose avec un film à Woody -son quarante septième – Allen rigolo comme tout, hollywoodien mais new-yorkais (ce type aime cette ville comme d’autres aiment Paris) (je veux dire moi) (et d’autres, allez), il y a le héros, celle qu’il aime mais qui en choisit un autre (son oncle), puis celle qu’il épouse (adorable :

café society

on ne comprend pas bien pourquoi il s’entiche de l’autre assez godiche mais ça ne fait rien, on ne la met pas en photo) (c’est petit en même temps, mais tant pis -d’ailleurs le type est petit comme Woody je suppose), et partout à tous les plans, sur toutes les images, cette musique de jazz formidable… (il est bon d’entendre, même dans ce décor d’artifice mais témoin, cette musique qu’on adore)

Le type a une famille

café society la famille

(ici la mère, le père en marcel, et le frère assez voyou, qui sentant venir sa mort prochaine, se convertira au catholicisme), le type a des amis

café society les amis

et c’est magnifique. Même si le scénario est peut-être fait d’assez grosses ficelles (il rappelle ce film de Francis (ex-Ford) Coppola  « Cotton Club » (1984) ou cet autre de Martin Scorcese « New York New York » (1977) mais les pathos en moins…), les acteurs sont formidables (pour le type et celle qu’il aime mais qui le jette mais qui l’aime -enfin c’est compliqué le cinéma, tu sais bien- mais qu’il aime, je suis réservé mais c’est rien), la musique en parfaite, l’émotion sensible et généreuse, et on se marre.

Donc tout va bien. Le monde est le meilleur possible, on y tue, on s’y blesse, on danse on boit on rit…

On demande autre chose au cinéma ? Oui, certes, sans doute. Parfois. Mais dans un autre film alors…

 

Une histoire d’eau

 

 

Ville d’eau, salle d’eau, rêves de brouillards et d’eau, paradis peut-être, hélicoptère, voiture de luxe (la même que celle que son directeur de la communication avait prêtée à un futur ex-président de la République qui fautât en hôtel du même tonneau -de luxe je veux dire) (moi je m’attendais à un petit coupé dans ce style

grève générale

mais non) (il s’agit de la voiture de la production du film dans lequel l’héroïne essaye de gagner sa vie) et avortement, (presque) tout est dit.

Le film est burlesque et, d’une certaine manière, un peu manqué, mais comme il s’agit d’un premier long métrage, il y a des choses qu’on veut bien aussi encourager (ici c’est dans la salle de bain, fatalement, qu’on va poser ce billet,  parce que l’argument est de la transformer, par les bienfaits d’un scénario un peu trop lâche à mon goût, en salle de douche).

baden baden 1 salomé richard

(je crois qu’elle est de tous les plans (1) : Salomé Richard, interprète d’Ana, chante à tue-tête une vague chanson dont on ne serait pas trop étonné que les paroles soient de Rachel Lang, la réalisatrice, trente deux piges, brune blouson de cuir cheveu court).

La grand-mère de l’héroïne est interprétée par Claude Gensac (vue dans « Lulu femme nue » (Solveig Anspach -tant regrettée, 2013) mais aussi en épouse -éphémère je crois- du De Funès gendarme tropézien baroque et si français). Sa salle de bains possède une baignoire et la grand-mère est vieille -comme il se doit-, elle ne peut plus guère s’installer dans son bain et sa petite fille décide, lors d’un séjour à l’hôpital de son aïeule (c’est embrouillé mais n’importe) de réaliser la transformation.

Entre ses deux amants (l’un Boris insupportable, l’autre Simon insupportable) éphémères eux-aussi, l’héroïne procède donc aux travaux. Elle aide aussi sa mère (Zabou Breitman, juste comme toujours) à cueillir des mirabelles (les mirabelles, dans l’est, c’est un peu comme les pommes en Normandie, les piments à Espelette ou le Fuji-Yama au Japon : quand on va tourner là-bas, c’est contractuel, il faut que ça y soit) (je blâââgue) (le film se passe à l’est de la France, oui). Et puis, les choses elles aussi se passent, la construction de la salle de douche s’opère…

baden baden SR et

(avec l’aide de l’employé francophone et hypocondriaque, interprété par Lazare Gousseau, mais sans celle d’Amar, le carreleur bientôt légionnaire étrangère – tablier, hache, pas de l’oie et tout le bastringue au quatorze juillet) (non, là je brode)

Ce n’est pas tellement triste (ni drôle), enfin parfois acide, mais non : la scène de l’engueulade ciné est mal proportionnée (ou alors c’est le régisseur qui n’est pas crédible ou simplement complètement abruti – ça peut arriver, certes); l’héroïne revêt toujours un short qu’elle baisse (ainsi que son dessous peut-on imaginer, mais on est loin), devant la voiture (plan large) pour uriner (j’ai pensé à Chantal Ackerman : est-ce un hommage ? je ne sais) (aussi bien aurait-ce pu s’intituler « Les rendez-vous d’Anna » d’ailleurs (y’a deux « n »)(Chantal Ackerman, tant regrettée, 1978) quelle merveille…); l’amant Boris (on n’échappera ni à la scène d’amour debout, ni à celle -mais avec l’autre- sous la douche) confie son téléphone portable et son portefeuille avant de s’écrouler dans l’eau du canal (c’est tellement amusant) (le bateau-mouche est peut-être contractuel, lui aussi, je ne sais) illustrant par là que le film ne tient pas debout – mais Boris, malheureusement pour le film,  sait nager, il a une mère comme de juste insupportable comme lui (elle est, dans la vraie (?) vie directrice de ce casting-là : c’est plus qu’un caméo beaucoup trop long, d’ailleurs), des oeuvres comme lui et des idées comme lui, enfin on ne s’étonne pas. On aura aussi droit à la toilette avec l’amie plus ou moins (ouf, plutôt moins) saphique.

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Ici à l’image : une vraie scène de cinéma (je ne sais pas qui se trouve être la silhouette, cet homme qui joue le malade gauche cadre et qui prend l’air -il est extra-: qu’on me le dise, et je poserai en dédicace) comme on aime, un vrai enjeu (on ne voit pas ici son visage (les photos sont taxées si tu veux savoir) mais je crois que l’amie d’Ana au premier plan est interprétée par une certaine Noémie Rosset (elle aussi en short -c’est parce que c’est l’été, si tu veux tout savoir…- ; si ce n’est elle, qu’on me le dise, je changerai la dédicace) d’acier comme Zabou Breitman (mais elle on le sait, elle a cette force/présence/acuité).

Au total, une heure et demie de tendresses joliesses mais aussi quelquefois de ratages parce que d’insincérités. Un film moitié belge, moitié français,  qui sert de témoin à une jeunesse en mal de perspectives (mais tout (ne)reste (pas) à faire : le chantier est fini,  le feu d’artifice clôt dans la salle de douche l’histoire, un peu dans l’ombre, un peu dans la mélancolie)

(alors : debout)

A voir, probablement…

(1) : pas de tous les plans :  l’un d’eux où elle ne figure pas (comme le tout dernier, feu d’artifice de la salle de douche), magnifique cependant,  montre le balcon de l’appartement de la grand-mère et devant l’horizon fermé d’un immeuble aux fenêtres nombreuses et aux angles droits cruels

 

 

Je me rends compte qu’en cette maison n’est pas une salle de bain, mais une salle d’eau (encore que : là, ou …). Et qu’aussi, ainsi, ce film d’eau côtoie « Le Guépard » (Luchino Visconti, 1963), ce qui rend la comparaison (ce sont deux films de cinéma, réalisés à 53 ans d’intervalle) assez vertigineuse et dangereuse pour celui-ci mais n’importe, quand on aime… 

 

 

Dans les arbres

 

(Que mets-je/mettre en cette maison(s)témoin ? Des fantômes, comme on(je) les aime, ceux qui hantent un peu nos(mes) rêves, ceux qu’on aime retrouver même s’ils ont un peu vieilli (Bernardo Bertolucci commence à taper les soixante quinze quand même, mon ami)… Que posé-je en ces pièces en ces murs ? Des objets (ou des pièces) appartenant à des films que j’ai aimés, ou que j’ai assez détestés, n’importe des histoires qu’on raconte aux enfants avant ou pour qu’ils s’endorment, des histoires, l’humanité et ses histoires… Le drame, la tragédie, la comédie, je m’essaye à raconter, je crains la lourdeur, je tente l’ironie, je me souviens de cette chanson -je sais pourquoi elle me revient, c’est que je l’aime- « Charpie de chapka » qui n’a rien à voir mais ça ne fait rien, elle fait partie de ce qui tourne toujours (Etienne Roda-Gil) comme certains films – celui-ci n’en est pas un mais depuis quarante six ans qu’il est sorti (1970) je ne l’avais jamais vu. Voilà tout : l’histoire est jolie parce que je l’ai vu (le film, pas l’histoire) dans un cinéma nommé Le Brady (boulevard de Strasbourg, à Paris, lequel boulevard fait suite au Sébasto de Jean-Roger Caussimon cher à « Ruelles« ) où pour la première fois j’allai… J’aime ces conjonctions, j’aime Paris au mois d’Avril comme je l’aime au Portugal, enfin, des chansons, des films, de la musique et de la conscience. Que fais-je dans cette parenthèse italique ? Je m’explique, vu que cette maison a l’audace de changer (de l’audace, toujours de l’audace)  (j’adore ça) : je continue mon attitude, j’essaye de comprendre ma façon d’agir. J’écris, je prends des photos des films annonce qui tourne sur mon écran d’ordinateur, j’illustre) 

 

C’est une histoire d’arbres

conformiste 1

en vrai c’est en forêt que ça se termine (ça pourrait aller au jardin, s’il y en avait un, et s’il y avait des arbres ). C’est l’histoire assez horrible de l’Italie d’avant la deuxième guerre (mondiale, juste avant, en 38), celle de l’ordure et de l’infamie, expliquée par le traumatisme sexuel subi dans l’enfance. C’est aussi l’histoire du fascisme : comment le devient-il, fasciste, ce héros au sourire si doux (Jean-Louis Trintignant, qui interprète le rôle d’un Marcello Clerici) (et lorsque sa femme à l’écran -interprétée par Stéfania Sandrelli qui tient fort son rôle, dirigée magnifiquement- l’appelle par son prénom, on a l’impression que c’est Marcello Mastroianni qui va apparaître) ?

Stéfania Sandrelli confessionnal

C’est un couard, un lâche – ça ne ferait rien s’il n’était aussi avide de pouvoir, tu comprends…

conformiste 2

Ici c’est la scène d’ouverture, le trio  chnte, lui est avec son ami aveugle dans la coulisse, dans la cabine peut-être de sonorisation, d’enregistrement, ils parlent et il explique qu’il veut être comme tout le monde, avoir une  « bonne épouse » – i.e un peu conne- une vie normale, il sera donc dans les affaires normales de l’Italie d’alors, on lui confiera une mission afin qu’il prouve sa loyauté au Duce, il faudra qu’il tue quelqu’un, son ancien professeur de philosophie devenu opposant au régime, et il le fera par meurtriers interposés, lâchement comme il sied à des hommes de cette trempe…

conformiste 3

Contrefaits, arrogants, sévères, monomaniaques, les hommes qu’il servira seront à l’image de ce qu’il deviendra sans doute  mais le film raconte ces journées-là où il va faire tuer d’une façon horrible (des dizaines de coups de couteau) son ex-professeur qu’il fera mine, tout au long du film, d’admirer. Ca se passe un peu dans un Paris reconstitué d’avant guerre (le musée d’Orsay est encore la gare dans laquelle on a installé un grand hôtel, les images sont magnifiques).

Trintignant tour eiffeil

C’est ce double langage qui est à la base de la réalité qui est montrée – et on ne doute pas, à voir la politique menée ici (en Pologne ces temps-ci) ou là (en Hongrie, au hasard par exemple aussi), de la réalité de ces agissements, car cette extrême-droite-là existe encore de nos jours. Voir ce film aujourd’hui donne un sale goût dans la bouche.

conformiste 4

L’homme, Marcello donc, se marie et pour ce faire, est obligé de se confesser, n’en a cure puisqu’il le faut, il se constitue ainsi : une mère opiomane qui trompe un mari aliéné, avec le chauffeur nommé « Arbres » -traduction du nom du chauffeur asiatique.  Tout est assez transparent – abusé quand il était enfant par le chauffeur de son père, le petit Marcello tuera son violeur -ou pensera le tuer – et durant toute sa vie, ce traumatisme le hantera. Devenir normal, tendre vers la normalité à travers son adhésion à cette idéologie (pourrie), voilà le but ultime du héros. De l’empathie pour lui, non, mais l’acteur est formidable, le film superbe (une image de Vittorio Storaro nuancée sensible douce claire, une merveille), doublé d’une musique de Georges Delerue, magnifique…

conformiste 5

Et à la fin, il finira par encore trahir son ami… Déliquescence, horreur, indignité : itinéraire à ne pas emprunter.

Une pièce manquante

 

(où sont les gogues ? ) (enfin, les cabinets ?) (enfin,je veux dire les commodités ?) (les chiottes, le petit coin, les vécés eaux-fermées à la turc ou j’en sais rien ? dans la salle d’eau ?) (c’est pas facile, la vie : voilà près d’un an que cette maison fait son témoin -notamment de cinéma mais aussi de bien d’autres lieux comme la littérature- et on n’y trouve point de toilettes -seraient-elles sèches…) (tout ça est d’un trivial, j’en ai peur) (et en même temps c’est le thème alors) (toujours est-il qu’il fait beau la nuit) (debout)

 

C’est venu à cause des sorties de cette semaine, j’ai regardé et je n’ai rien trouvé (on est dimanche quand même hein).

On dira d’aller voir autre chose, un ancien film comme celui de JC Chandor « Tout est perdu » (2013) (aka « All is lost« ), sans dialogue dit-on, mais avec le RobertR Redford

(il est un peu plus jeune que dans le film, si je ne m’abuse mais ça me va, je l’aime bien dans cette posture qui fait souvenir de « l’Arnaque » (Georges Roy Hill, 1973) et comme il y a dedans Paul Newman

P Newman et R Redford

(là c’est dans un autre film, sans doute dans « Butch Cassidy et Sundance Kid » (Georges Roy Hill, 1969) ça me fait penser à « l’Arnaqueur » (Robert Rossen, 1961) et donc à Martin Scorcese qui lui fait dire « I’m back » dans son « Les Couleurs de l’argent » (1986).

Je brode, donc, et laisse aller les choses parce que les sorties de la semaine me fatiguent, si j’avais été critique de cinéma, j’aurais détesté avoir été tiré au sort pour aller voir quelque chose cette semaine, ou la précédente je ne sais pas. Je déplore de ne pas avoir exercé ce métier (ou si peu). Mais on ne refait pas l’histoire (on fait seulement en sorte de la faire changer, et debout, la nuit).

Comme c’est assez peuplé de fantômes ici, c’est la vérité, on lui doit de dire qu’il y a un « Truth » (James Vanderbilt, 2015) avec le même et l’australienne Blanchett qui vient de sortir quand même et qu’on ira peut-être voir (dans la dimension de « Spotlight » sans doute (Thomas Mc Carthy, 2015) film de genre comme il en existe sans doute quelques centaines, et qui m’entraînerait plutôt vers « Le gouffre aux chimères« (alias « The big carnival » Billy Wilder, 1951) (c’est sa photo en haut, là), une vraie merveille celle-là…)

On en dira plus peut-être. En tout cas, j’ai placé en italique ce qui a donné lieu à ce billet, mais en fin d’icelui, histoire de faire tourner un peu la machine, je dois aussi à la vérité de dire aussi que ces italiques-là avaient pour destinée d’illustrer un autre billet, mais les choses étant ce qu’elles sont, je l’ai repoussé à une diffusion plus tardive disons si jamais elle se réalise