t’attends quoi au juste ? (JPR1)

 

 

il s’agit d’un exercice difficile (et d’un travail en cours) – le livre dont il est question est profus; il traite par ailleurs de l’existence d’une personne décédée depuis plus de trente cinq ans; alors c’est pour ne pas oublier, c’est aussi pour se souvenir des contextes de ces années-là (les années 60 et 70) pour deux utilisations – l’une personnelle, autobio si tu veux, l’autre plus publique disons, en ce qu’elle me rapprocherait de la période des projets (deux) que je mène de front (celui sur Daniel Filipacchi, celui sur Aldo Moro) (ailleurs, autrement sans doute) . À la vérité je ne sais pas exactement où je vais. Ça ne m’importe pas trop, je verrai bien, sûrement – j’ai bon espoir que les choses s’agrègent, s’assemblent peut-être s’emboîtent. Tout participe d’une espèce de tentative (je la crois vaine aujourd’hui) d’élucidation de cette période (la jeunesse aussi sûrement que le retour et l’essai d’explications).
Décidément, c’est – ça m’est – difficile.
Revenir aux choses réelles : la lecture que je ne fais pas autrement qu’avec un crayon et un papier (quelque chose d’approchant). Une tendance à vouloir s’amuser aussi sous-tend l’expérience (les expériences) : retrouver des gens connus et croisés, rarement dl2V cependant (j’ai largué le cinéma comme profession à la fin des années quatre-vingts – sans regret). Ici donc, il ne s’agit pas (pas vraiment) d’un panégyrique : l’auteur (Mathias Rubin, producteur lui-même) a de l’estime pour son sujet, ou son objet, peut-être même plus mais ce sentiment ne m’anime pas. J’y vois les turpitudes auxquelles probablement j’ai voulu échapper…   

 

 

Épisode trois d’un périple (intitulé ici « mais qu’est-ce que t’attends ? »)  qui en compte au vrai un quatrième pour le moment (ici, épisode 1) (là épisode 2) (sur le métier, il est bon d’y remettre l’ouvroir, s’il le faut mille fois) (tant que cette maison est ouverte, profitons-en et feignons d’en être les locataires) (c’est que parfois, je crains qu’elle ne ferme (ainsi que l’œ) – je m’y sens un peu seul parfois pense l’agent devant la baie qui donne sur la petite butte laquelle descend doucement vers le rond point qui ne sert à rien mais constitue l’un des points de bascule du lotissement – on domine le site et le ciel est bleu dit la brochure – non il n’y a personne pour le moment, les gens ne visitent plus guère ces temps-ci (cette période est peu propice aux ventes sur plan, c’est vrai, mais elle laisse du temps libre – il se peut que jamais je n’aie entrepris une telle façon de lire si, un jour d’il y a moins de dix ans, mais bien longtemps quand même je n’avais entendu à la radio ce type (DF) parler de ces années-là (les gens n’étaient pas nés encore) (« les gens » j’entends par là les digital natives) (wtf ?) et puis vint quoi, déjà ? dé esse kâ achetague mitou – en tout cas, il y a comme quelque chose qui s’ébroue – on remet en place les vérités, on éteint aussi les pass navigo pour six heures (y’a pas de public, y’a pas de boulot) on lit un peu – ça a quelque chose à voir aussi avec cette idée d’individualité (qui suis-je d’où viens-je) j’explore – ici un livre qui traite d’un producteur de cinéma (l’imagerie du tycoon, du nabab, les amerloks à breloques en faux verre, le bois enchanté sur la colline en lettres blanches – voyous, profiteurs, menteurs hâbleurs : toutes les tares et tous les vices – la vie facile l’argent l’alcool la drogue le sexe (pas le rock’n roll, ou alors en parallèle) (on ne peut pas tout faire non plus – on liste) une recherche d’une espèce de vérité : on a droit à à peu près tout)) le titre : Rassam le magnifique (la seule majuscule au nom de famille) (dans la suite JPR) (anthropométrie : prénom Jean-Pierre, né un 14 octobre 1941 à Beyrouth (Liban), 1 mètre soixante-huit (j’invente), mort avenue de la Motte-Piquet (dans l’ex-garçonnière de crâne d’œuf – au six, dans la cour – maison de ville appartenant à la famille de la Rochefoucault) Paris 7, un 29 janvier 1985 – il venait d’avoir 43 ans et un fils qui en avait 3, né d’une femme (Carole Bouquet)

le couple d’alors (JPR et Carole Bouquet) ((c) Ginies/Villard/SIPA)

qu’on voit en contrôle psy ces temps-ci dans le poste (il faut dire qu’on regarde le poste par la grâce de dieu qui a fermé les salles de cinéma (elle est de 57) : vague envie de gerber, ça fait qu’on lit – avec un ordinateur pour garder une trace – ici elle est copieuse (féminin de copieux, non copieur) : une quinzaine de pages…  Peu sans doute iront lire in extenso – ce n’est pas fait exactement pour être lu (enfin, tout le monde/chacun.e fait ce qu’il veut, ce n’est pas la question) mais pour être consulté. Et puis, ce sont surtout des évocations.

JPR à gauche, avec Gérard Brach (ami de l’auteur, disparu trop tôt)
((c)Elisabeth Brach)

Ainsi donc, on/je dépose en trois ou quatre fois et ces lieux inhabités, inappropriés mais qui ont valeur d’exemple, la liste des noms (propres, souvent, surnoms parfois) cités dans le livre édité chez Flammarion, en 2007 – collection Pop culture dirigée par un certain Laurent Chollet (lequel est remercié en page 332 (c’est quand même le moins) laquelle (non paginée, sauf au sommaire (Table) en fin d’ouvrage) regroupe une cinquantaine de noms à qui sont adressés les remerciements de l’auteur). Au milieu physique du livre – entre les pages 174 et 175 se trouve ce qu’on nomme un cahier de photographies de huit pages (les images qui illustrent ici ce billet en sont taxées) – ce qui expliquerait peut-être le prix assez élevé de la publication – noir et blanc et couleurs – seize images plus un dessin (un portrait dû à Jean-Claude Carrière – disparu avant hier, je pose le dessin

((c)Mathias Rubin)

avec ma sympathie) – les crédits photographiques figurent en page 333 (je me suis procuré l’objet par l’entremise de l’entreprise momox (teutonne, je crois, adossée à l’immonde pour ce que j’en sais) pour une somme modique (de l’ordre de 3 euros je crois) (frais de port gratuits pour cause de ce qu’on sait).

Henri Langlois (ami des parents de DF) et JPR ((c) Alain Dejean Corbis Sygma)

De nombreux entretiens ont été menés par lui (l’auteur, Mathias Rubin), pas mal d’articles de journaux ont été consultés et sont cités (dans le corps du texte, ou en notes de bas de page) : un index (2) des titres des publications citées sera posé pendant le week-end – imprimé en octobre 2007, vendu 24,90 euros, 336 pages, auteur donc  Mathias Rubin producteur de cinéma/ audiovisuel/ télévision de son état (Éric Juhérian, son meilleur ami, et associé dans la société qu’ils ont fondée, Récifilms – il doit y avoir un frère (peut-être) Nicolas (c’est sûr) lequel est gérant de la société mais qui n’apparaît pas dans le livre – ni dans les remerciements). Tout ceci est (assez) public.
Un autre index (3) des films cités trouvera place aussi, un autre (4) des sociétés citées puis un dernier (5) des lieux (pour fixer les idées j’imagine) (un vrai travail de fourmi romaine) probablement aussi pendant le week-end (car il est bon de varier les plaisirs).

avec Marco Ferreri JPR dans sa station favorite : couché ((c) Tony Evans)

 

 

dans la pagination (R) : les remerciements de l’auteur en page 332

A
Abd-El-Kader (projet JPR) 181, 297
Isabelle ADJANI* 21, 156*, 202,
… AFNAN (ingénieur, ami de Thomas R) 31
Ajax (héros mythologique, cite par JC. Carrière) 302
Gianni AGNELLI (financier industrie Italie) 241
Toufik ALAQUIM (essayiste) 283
Jean-Gabriel ALBICOCO (réal. actif SRF) 236
Woody ALLEN (client Elaine’s) 103, 157,
Nestor ALMENDROS (chef op) 83
Joe AMORIN (garde du corps JPR) 286
(Jean-Jacques) ANNAUD (prod.Paul Rassam*) 81, 115*, 310
Annie (premier amour JPR) (Chardon) 22, 57(4), 61(4), 62, 63, 208-9, 321,
Antoine (chanteur) 287
Fanny ARDANT 323
Capitaine ARMAND (ami JPR) 183, 186, 195, 265
Raymond ARON (sociologue) 46
Antonin ARTAUD (écrivain) 72
Ascuncion (femme de ménage JPR) 17
André ASTOUX (directeur CNC) 130, 133, 154, 175,
Michel AUDIARD (scénar) 176
Jean AUREL (réal, scénar) 107
Charles AZNAVOUR* 22, 176*,

B
Lauren BACALL 318
Robert BADINTER (avocat Unifrance) 155,
Anne Caprile BAKS (comédienne, épouse du suivant) 228-9, 239, 279, 283, 289, 310, R
Claude BAKS (ingénieur, bras droit J. Riboud, ami JPR,
puis admin. Gaumont, « homme de Schlum ») 228-32, 249, 251, 254, 300, 310-11, 324
Brigitte BARDOT 224
Daniel BAREILLES (proche Thomas R.) 32, R
Marie-Christine BARRAULT (comédienne, épouse DTDP)231
Harry BAUR (carrure C.Baks) 309
Warren BEATTY (client Elaine’s*) 104*, 318
Georges BEAUME R
Robert BEAUVAIS (auteur) 141
(Jacques) BECKER (réal) 149
Étienne BECKER (cadreur) 151
(Samuel) BECKETT (écrivain) 329
Sucreries BEGIN-SAY (héritage famille Malle) 179
(Jean-Paul) BELMONDO 175, 178
Véra BELMONT (prod) 87, 106
Tarak BEN AMAR (prod) 137, 275, 302,
Jean-Jacques BENEIX (réal.) 98
Robert BENTON (scénar.) 90
Alain BERBERIAN (cinéaste) 31
Guy BERBERIAN (père du précédent, assureur) 31
Ingrid BERGMAN (présidente jury Cannes 73) 203, 205,
Alain BERNARD (publicitaire, adjoint Toscan – publicitaire) 131, 198, 231, R
Claude BERRI (beau-frère JPR – réal.prod) 17 (2), 21, 56, 57, 62, 66, 78, 87, 92,
93-97, 99, 105, 113-114, 116, 137,176-7, 198, 200, 245-6, 273-4-5, 288, 292, 300, 313-6, 318
Arlette BERRI (sœur du précédent, compagne M.Pialat) 176
Denis BERRY (acteur) 83
(Maurice) BESSY (dir. Festival de Cannes) 130, 205 (Claude),
(Gérard) BEYTOUT (avec A.Poiré et Goldschmidt) (prod) 246
Georges BIDAULT (politicien) 28
Jacqueline BISSET 82
(Marcel) BLEUSTEIN-BLANCHET (publicitaire Publicis) 88, 231,
Bertrand BLIER (réal) 311
Dominique BLOCH (scénar) 98
Blond blond (garde rapprochée) 73, 183, 186, 194-5, 199, 201,
Charlie BLUDHORN (dir. Paramount, 10% Gaumont) 240-2-3-4,
Yvette (épouse du précédent, amie de Mag Bodard) 241
Mag BODARD (prod. union Paramount) 87-88, 241, R
Peter BOGDANOVITCH (réal) 164
Richard BOHRINGER 21, 79, R
James BOND 309
(Sandrine) BONNAIRE 109
René BONNELL (Gaumont,distrib.) 272, R
Carole* (BOUQUET) 21*, 22, 132*, 207, 209 , 211-2, 215, 261, 271, 277*, 284*, 286*, 293 , 303*- 304*, 309, 317-22,
(Habib) BOURGUIBA (avocat, chef d’état) 302
Christian BOURGOIS (éditeur – juré festival de Cannes) 129
(Pierre-André) BOUTANG* (prod.télé) 102, 121, 132*, 135, 152, 177*, 180, 198, 237, R
Philippe BOUVARD (animateur télé) 255-6-7
Francis BOUYGUES 114 (3)
Bouzid (cuisinier maitre d’hôtel JPR) 15, 17, 22, 209, 286, 323

Gérard BRACH 12, 13, 18, 21 27, 50, 67, 68, 71-74, 81- 86, 91, 93, 140, 181-2, 197, 200, 202, 211, 252, 259, 261, 264, 269, 283, 294, 312-3, 315-6, 326
Elisabeth (son épouse) 13, 21, 229, 259, 302, 306-9, R
Éric (son fils) 326

(Pierre) BRAUNBEGER (prod.) 171, 134, 234, 300,
Andy BRAUNSBERG (prod. Polanski,ami JPR) 184, 274,
(Robert) BRESSON* 136-137*, 148-9, 182, 202, 235, 241, 246, 269,
(Jean-Claude) BRIALY* 111, 130*
famille BRICARD (serrures, prop.appart av. Montaigne) 257, 268,
Brigitte (compagne Rassam Montaigne) 195, 206, 215, 257, 261-2-3-4, 321
Bernard BROCHANT (plus tard maire de Cannes) 289
Luis BUNUEL 318-9

C
Anne-Marie CAHEN SALVADOR (épouse J. Seydoux) 233
Gérald CALDERON (financier (banque Worms),Eclair,
UFCA, Studios Billancourt) 213, 234, 236, R
Annette CALDUCCI (Ciné qua non) 212
Albert CAMUS (film Kanapa) 97
Truman CAPOTE 184
(Henri) CARTIER-BRESSON 68
Jean-Claude CARRIÈRE (scénar. Forman) 100-102, 104,160, 168, 256, 293, 302, R
Jean CASTEL 104, 204,
Jean CAU 130
Ingrid CAVEN (voir aussi JJ Schuhl) 271
Cécile (junkie,voleuse) 292,
Céline (wtf écrivain) 302
Marcel CERDAN (film de C . Lelouch) 296
CÉSAR (sculpteur ex de AM Berri) 78
(Claude) CHABROL 110, 296, 316
CHADLI (Benjedid, chef d’état) 264, 304
Yousef CHAHINE (réal.) 310
Marwan CHANDERLI (ami JPR) 16
Henry CHAPIER (journaliste, réal.) 154
Charles CHAPLIN* (Charlot) 68, 119, 175*, 318
René CHAR 321
les CHARLOTS 287
général CHARROY (militaire Matignon) 304
Alain CHENOT (« meilleur ami » sciences po JPR) 21, 29, 35, 45, 47, 58, 60, 62, 209, R
Bernard CHENOT (ministre De Gaulle – père du précédent) 54, 62
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT 285
Chesterfield (canapé) 308
Jacques CHIRAC (1er ministre) 145
Laurent CHOLLET R (332)
Aurore CLÉMENT (marraine de Dimitri R.) 21, 202, 207-8, 285, 320, 326
Pierre CLÉMENTI 77
Alan CLORE (milliardaire UK) 70, 184-5, 189, 291, R
Bernard COHN R
Alain COIFFIER (dir.prod) 84, 92, 107-108, 148, 162, 180, 201, 246, 264, R
COLUCHE (Michel Colucci*) 95, 157, 277-8, 283, 285, 311*, 311-4
(Francis Ford) COPPOLA** (client Elaine’s*) 24, 103*, 131, 137, 202, 205, 235**, 261**, 280-1**, 285-6**, 289**, 292**, 310, 319*
Sofia COPPOLA (prod.Paul Rassam) 115, 131
Roger CORMAN 89
Edith COTTRELL (prof. Acteur) 17
Pierre COTTRELL (prod. Losange) 120, R
Mimi COUTELIER (compagne J. Yanne) 138
Maurice CRAVENNE (réal.télé, père L.Védrès) 67
(frère de Georges Cravenne, prod.)
société Georges Cravenne Conseil (relations publiques) 231
Georges CUKOR (réal) 155
Général CUSTER (Ferreri : Little big horn) 150

mais qu’attends-je ?

 

 

 

On va revenir(retourner) au cinéma (quand on y retournera (reviendra), ou avant) (c’est extrêmement déplaisant de regarder des films dans l’étrange lucarne (de maçon) où on perd les trois quarts de la qualité des images – pour le son, c’est moins problématique, c’est parce que je suis plus tourné vers la vue que l’ouïe je suppose) mais on n’en sort pas vraiment : il s’agit encore d’un livre, ce sont des souvenirs – l’auteure y raconte quelque chose comme sa vie (elle a déjà raconté celle de sa famille, semble-t-il mais je n’ai pas été regarder).
C’est que le texte est censé raconter la vie de sa cousine.
Donc, et bien que cette actrice-là ne soit pas, non plus que Bulle Ogier, dans l’ordre de mes amours (car nous aimons les actrices, comme nous aimons aussi les acteurs – ces amours-là sont d’un type un peu spécial (de l’ordre du fantasme disons)) (encore que je haïsse particulièrement l’attitude « fan » – le fanatisme je déteste) un autre index des noms cités dans ce livre (au livre de poche*, quelque chose comme 230 pages (mal paginé – économie d’encre je suppose), sept euros quarante achevé d’imprimer en août 2020 – première édition 2018, grasset & fasquelle) (ça appartient à lagardère – une nébuleuse d’affaire : ça va assez mal pour le pdg si j’en crois les gazettes – les éditions semblent un bon filon pour les affairistes en quête de belle image) (fuck) (pardon, je m’égare mais ce n’est pas innocent, jamais, le lieu de fabrication et de production) (pardon je passe) ici donc ça se nomme « Tu t’appelais Maria Schneider » (dans la suite MS), et c’est dû à la cousine de l’actrice, prénommée Vanessa (elle porte le même patronyme, c’est celui de son père lequel est l’oncle de l’actrice : on suit ?) . Bulle Ogier en parle (page 81) (c’est fait pour ça, les index) dans son livre (l’épisode 1 de qu’est-ce que t’attends ?) et ici on retrouve (un peu de) Bulle Ogier (en page 31 et 195 dit-il). C’est que le cinéma (français déjà) duquel elles participent a quelque chose de commun (BO est plus avant-garde que MS; plus âgée; plus à gauche peut-être ? (et blonde) – et BO a eu la chance (bien que violée deux fois) de ne pas tomber sur des gens qui l’abusèrent et une famille sans doute moins perverse – on peut facilement attribuer au réalisateur le rôle d’ordure dans cette histoire (« ton bourreau » dit l’auteure) (pour Marlon Brando, il en va aussi de ses frasques : en tout cas, dans le livre, il semble assez absous par MS elle-même). Il y a aussi sans doute aussi l’attitude parfaitement déplorable des parents biologiques de MS (comme disait Jean Renoir « tout le monde a ses raisons » sans préciser, mais en le sous entendant, qu’elles sont aussi bonnes – ou mauvaises – pour les un.es que pour les autres…)

On prend la peine de ne pas citer dans cette présentation le titre du film autour duquel tourne toute cette histoire (est-ce vraiment la réalité, on ne sait – on en doute pour tout dire mais le filon semble indémodable) on en a cité déjà le réalisateur, l’acteur principal – dès qu’on parle de MS on entend son titre (une danse… une ville) lequel est cité durant toute la narration, du début à la fin (je crois que c’est trop) – tout le monde alors était complice (à l’image Vittorio Storaro…)

À propos des comptes, on peut y trouver un ordre des choses : les citations uniques sont de l’ordre du contexte; de deux à cinq (mettons) citations, du proche; plus nombreuses, de celui de l’intime (on pourra théoriser plus tard, si l’envie le temps ou la nécessité l’indiquent). On trouvera certains paragraphes dans cet index qui sont pour marquer les importances accordées dans la narration aux personnes citées.  

Je préfère le taire, ce titre (je n’ai pas vu ce film, par pudeur sans doute, déjà, par respect pour le genre humain (au même titre que je ne verrais jamais le genre (si c’en est un) de film dit « snuff movie » ou d’autres genres (qui me sont) tout aussi insupportables) puis pour ne pas accorder mes fantasmes à cette mise en scène – un peu comme je n’ai pas lu (et ne lirai jamais) certains livres) : il s’agit certainement d’un reflet de ce monde-là (1972), de cette époque-là (et suivantes), de ces mœurs-là – tout est permis puisque c’est de l’art et que dieu est mort – et autres fadaises propres à l’époque. Je n’avais pas vingt ans (j’ai un an de moins que MS, disparue en 2011)

Je poserai pendant le week-end la liste des films (c’est fait) et des lieux (communs ou non) (je m’aperçois qu’il y en a déjà ici) qui sont cités dans le livre – on a une assez bonne idée de la vie de l’actrice, de ses amitiés et sans doute de son univers (on a une meilleure vue de la famille de l’auteure, mais l’actrice en fait partie).

 

Index des noms cités

A.
A. (compagne de MS) 163 -4 186 207 225(2) 226-7 228(2)
Isabelle ADJANI 139 208
Marc ALLÉGRET 120
Ursula ANDRESS 27
Michelangelo ANTONIONI 33 66 209 210 217-8

B.
(Jean-Sébastien) BACH 11
Madly BAMY (ex-clodette) 36
Brigitte BARDOT 11-12 31 38-39 54 117 195 222 (2) 223 (5) 225 (2)
Guy BÉART 170
Jean-Paul BELMONDO 43 53
(Roberto) BENIGNI 209

Bernardo BERTOLUCCI 42-45 47 48(3) 49 50 52 53 59 167(2) 198 203-4-5-6 209 210 217
ton bourreau 198

Jean-Louis BIANCO 160
(Georges) BIZET 185
Christine BOISSON 12
Michel BOUJUT 119
Marie-Laure BOULY (journaliste Elle) 62 66
Carole BOUQUET 139

Marlon BRANDO 38 41-45 (4) 46-47(2) 48(3) 49 50 52 53 57 59(2) 69 72 88 121 166-167 (6) 188 (2) 198 203-4 206 209 217
sa femme Anna, son fils Christian sa fille Cheyenne 166

Jacques BREL 36
Robert BRESSON 26

C.
(Maria) la CALLAS 33 185
Jimmy CARTER 142
Jean CAU 142
Célia (meilleure amie de l’auteure) 96-99
Géraldine CHAPLIN 145
Jessica CHASTAIN 204
Jacques CHIRAC 161
Maggie CHEUNG 186
René CLÉMENT 58 181-182 (3)
(Jean) COCTEAU 28
COLUCHE 157
Luigi* COMENCINI 40* 209
Francis Ford COPPOLA 43
famille COSTES (restaurant) 219

D.
Joe DALESSANDRO 195
Mireille DARC 36
Régine DEFORGES 86
Charles DE GAULLE (la chienlit) 161
Maria DE MEDEIROS 186
Alain DELON 11 36-37 38 43 176
Nathalie DELON 83
Danielle DELORME (belle-mère) 20 27 38
Catherine DENEUVE 31
Françoise DOLTO 189
Bernard D’ORMAL (mari de BB) 222-3-4
Daniel DUVAL 134
Bob DYLAN 33 91 (2) 214

F.
Marco FERRERI 227
Andréa FÉRRÉOL 227
Jane FONDA 145

G.
(Serge) GAINSBOURG (et BIRKIN) 170
Nicole GARCIA 169
(Philippe) GARREL 209
Maurice GARREL 195
Romain GARY 53
(Antoni) GAUDI 216

famille GÉLIN 12
Daniel GÉLIN (père) 20 27-28 38 55 65 68 100 168(2) 171-172 (4) 175 212
Fiona (GÉLIN) 27 28 168 (4) 172 175-176 (9) 177-180
Manuel (GÉLIN) 27 55
Maria GÉLIN (MS à ses débuts) 36
oncle Georges (les Georges*) 40 136 191*(2)
Xavier GÉLIN 65

(Alberto) GIACOMETTI 87
Valéry GISCARD D’ESTAING 142-143 (9) 159
Sacha GUITRY 27
(Jean-Luc) GODARD 45 52-53
Nan GOLDIN 185-186 (3) 226
Predrag GOLUBOVIC (cinéaste) 210

H.
Patty HEARST 170
Jimi HENDRIX 31
David HAMILTON 203
Daniel HECHTER (ex-mari Fiona) 178
Sylvie HIRSCH (mannequin) 27 175
(Alfred ) HITCHCOCK 27 210
Jimmy HOFFA (mafia) 214
Isabelle HUPPERT 140-141 (4)

I.
Eva IONESCO 31 83

J.
Quincy JONES (trompettiste-sic) 144
Janis JOPLIN 31
Judith (amie de l’auteure journaliste libération) 132

K.
Roger KAHANE 36
Jackie KENNEDY 142
Sylvia KRISTEL 145 (2) Arthur (son fils) 145

L.
LADY GAGA 205
Catherine LAPORTE(journaliste Elle) 69
Laure (MARSAC probablement) 169
Jean-Pierre LÉAUD 31 45 47
Jean-Marie LE PEN 222
montres LIP 110

M.
MADONA 205
Robert MAPPLETHORPE 173
Madame MARUANI 99
Marie (amie del’auteure) 213
Ian McSHANE (acteur) 145
Christian MARQUAND 42
Laetitia MASSON 206
Ta mère 12 17 20-26 44 101 131 193
Miou-Miou 134
(François) MITTERRAND 157 161
Frédéric MITTERRAND 80-81 195 196
(Amadeo) MODIGLIANI 87
Angela MOLINA 139
Jeanne MOREAU 45
(Nanni) MORETTI 209
Ornella MUTI 170
Jim MORRISON 31

N.
Jack NICHOLSON 69 121 216-7-8
Dragan NIKOLOVIC 210
Richard NIXON 214
Philippe NOIRET 168

O.
Michelle OBAMA 203
Bulle OGIER 31 195

P.
Anne PARILLAUD 145
PINK FLOYD (musique de Zanbriskie point) 66
Michel PLATINI 142
Joana PREISS 185

Q.
Paul QUILÈS 159

R.
Vanessa REDGRAVE 32
Carol REED 210
RENAUD (Séchan, chanteur) 96-97 (4)
Jacques RIVETTE 121 195 (4)
Jean-Marc ROBERTS (éditeur Stock) 132 (3)
Dominique ROCHETEAU 142
Sydne ROME 182 209
Romy (sans précision) SCHNEIDER 120
Robert ROSSEN 53
Tim ROTH 205

S.
Gunter SACHS (ex de BB) 223
Dominique SANDA 12 42 44 186

Henri SCHNEIDER (oncle) 103
Éric SCHNEIDER (frère de Maria) 105 (3)
Jean SCHNEIDER (oncle) 187 189
les SCHNEIDER 108

Jean SEBERG 52
Thierry SÉCHAN 97
Delphine SEYRIG 120
Patti SMITH 173 (2) 200-1 214
Jimmy SOMMERVILLE 185
Sylvester STALLONE 170

T.
Guiseppe TORNATORE 209
Joan TOWNSEND (compagne) 70
Jean-Louis TRINTIGNANT 42 223
Donald TRUMP 203

V.
Roger VADIM 38 223
Alida VALLI 210
Simone VEIL 170
Claude VENTURA 119
le Velvet Underground 31 185
Luchino VISCONTI 210

W.
Harvey WEINSTEIN 205

Z.
(Franco) ZEFFIRELLI 209

 

 

* : le livre de poche (qui appartient aussi à Hachette, soit au même groupe Lagardère que grasset & fasquelle) est un format éditorial (il l’a ramené plus ou moins des États Unis) créé par Henri Filipacchi (en février 1953), le père de Daniel lequel est l’objet d’un projet pendant le week-end (homme de presse magazine à qui la communauté française doit l’existence des titres tels que « Lui » (le pendant d' »Elle » stuveux) ou encore « Union » et d’autres à la libido masculine sans doute moins exubérante : il a par exemple repris dans les années 60 le magazine Paris-Match (lequel est cité de nombreuses fois dans le livre dont on a parcouru ici (j’ose l’espérer) l’index. On pose ici l’index des titres cités :

Index des journaux cités (par ordre d’apparition)

Libération (journal) 14 85 132 207
Les cahiers du cinéma 25 195
Elle 60-61(4) 62 66 69 176 203
Elle (édition américaine) 203-4 (3)
Paris Match (1978) 140 141 142 (3) 145 (2) 167 170 (2)
Playboy (Fiona) 176 180
Vogue 185-186
New Yorker 204
Guardian 204
Vanity Fair 204
Le Parisien 204

Deux fauteuils

 

 

 

dans cette maison[s]témoin, les articles ou les billets ou les posts ou quoi que ce soit d’intitulé d’autre pour ce genre de publications – quand même ce serait une publication – ce que c’est, d’ailleurs, restons sans inquiétude s’il te plaît – ça a commencé si tu préfères en mai 2015 (le premier a été pour Kiss me deadly (Robert Aldrich, 1955) il me semble bien me souvenir du « voum vava voum » du garagiste (il se nommait Nick) (les garagistes et moi entretenons depuis que je suis sur cette planète une espèce de confrérie – ils n’en savent rien – je n’y ai jamais (il me semble bien, attends que je réfléchisse) – mais non jamais – croisé d’individu du sexe qu’on dit beau ou faible c’est selon (ah je me souviens de cette réponse à l’enquête de fréquentation du chemin de fer d’une jeune femme, je me souviens de son sourire quand elle m’a tendu son questionnaire – c’était un papier cartonné – il y avait de l’amusement dans son sourire, on avait le même âge sensiblement – dans le compartiment réservé enquêteur, on mangeait des œufs durs avec de la mayonnaise en tube – puis on triait les questionnaires qu’on comptait qu’on mettait en enveloppes, intitulées et répertoriées fourrées dans le sac on n’en parle plus – et sur ce questionnaire où la question était « votre sexe ? » elle avait ajouté en réponse « beau mais faible » – tout est dans ce « mais » sans doute – mais j’ai dévié excuse-moi – elle portait court ses cheveux, un peu en brosse, si on m’avait demandé mon avis, je lui aurais bien mis quelques taches de rousseur – il y avait du soleil – je ne suis pas spécialement sûr mais il se peut que ça ait eu lieu sur le Cévenol (ce n’est presque rien, donner un nom à un train, presque rien – fuck off le marketing qui l’a jeté à la poubelle) (le Cévenol reliait Paris à Béziers par Clermont-Ferrand – départ gare de Lyon vers 8 ? arrivée à Béziers vers 8 itou mais du soir) (j’aimais aussi le Mistral) (sans même te parler du Palatino, qu’empruntait, ainsi que la mienne, la mère de Geneviève F.) (mais je me suis encore égaré) – tout est parti de cette image

noir et blanc un peu troublée (dans le disque dur non classée – le bazar du classement, n’en parlons pas) je voulais la poser ici elle est là, ce sont trois fleurs de bois, une vraie dans son pot, je ne saurais vous en donner la réelle appellation, je crois que ça s’appelle des impatiences – à droite un fauteuil en amorce, toute la gauche de l’image est formée par du gris d’un store de taille proportionnelle aux baies qu’il y avait dans le salon de la maison brûlée (ces stores au nombre de 4 m’avaient coûtés une fortune (on dit « un bras » de nos jours, c’est plus parlant) – je ne me souviens plus, j’avais des sous alors je les ai installés dans les premières années, à la fin du siècle dernier quatre-vingt quatorze sans doute. Sur le coté du dossier du fauteuil, on distingue cinq excroissances, ce sont des clous (grosses têtes certes) qui retiennent le tissu – TNPPI (ma tante, la sœur de ma mère) (je le dis pour ceux qui ne suivent pas les diverses apparitions de cette si charmante et si douce personne) a rénové une paire de ces fauteuils. Ils appartenaient à son père. Mon grand père maternel, donc, qui ornaient semble-t-il son bureau (ces deux fauteuils subsistent dans le grenier qui a été ravagé lors du premier wtf confinement par une bande d’abrutis probablement avinés) où il recevait son avocat. Lequel était mon grand père paternel, et ainsi se retrouvaient chez moi ces deux fauteuils dont elle me fit don un jour (elle avait aussi donné la cage à oiseaux qui lui servait de lustre dans sa chambre d’hôtel à mon amie d’alors). Une image, rien qu’une image : elle ornera sans doute un des murs du salon (ces objets, ces deux fauteuils, sont pratiquement les seuls rescapés de cet incendie – on pourrait peut-être aussi les importer dans cette maison, histoire de lui donner quelque chose de spécial ?). Je ne sais pas. Non.

Sans doute pas.

 

 

on reviendra au cinéma, on y retournera – on aime ça – pas devant une télé de merdalakon – fuck la nouvelle saloperie de credo gouvernemental start-up néchonne qui favorise les pires des agissements et les pires des commerçants (sans avoir l’air d’y toucher, tu comprends bien : l’hypocrisie à son comble) – on y retournera, on aime ça : il y en aura vingt quatre comme celle-là par seconde, on ira encore pleurer et rire t’inquiète – il y a de la colère il y a du dégoût – mais ça ne fait rien, on tient.

On tient et on y retournera.

Une autre image pour nous (Anna Magnani, Pier Paolo Pasolini au festival de Venise, présentation de Mamma Roma – 1962)

des outils

 

 

 

c’est difficile à dire (pense, en lui-même l’agent) (enfin je crois : je le vois, bras croisés, devant la baie qui domine le petit jardin, lequel descend, en douce, vers le rond-point qui ne sert à rien au fond du lotissement – mais je m’égare) mais le monde est tel qu’il est (comme on voit l’agent divague) (je ne sais pourquoi il faut lui donner la parole – il arrive que certaines corporations soient formées d’abrutis notoires) (je ne vais pas citer le sabre, le goupillon, la matraque ou la gégène hein) (non je ne vais pas) regardez le monde tel qu’il est : vers vingt et une heure locale, plus personne dans les rues, je ne veux voir qu’une tête (il y aura bien un esclave à vélo uber pour porter à manger aux malheureux; aux malheureuses) – hier je rentrais de la campagne, le train a mis sept heures au lieu des deux et demie annoncée pour faire son parcours – on nous  a fait changer de machine parce que celle où on était assis devait repartir dans l’autre sens, tu comprends bien, pour être là-bas demain matin, bien sûr, cette blague, afin de faire le même chemin en partant de là-bas le matin, tu as compris ?  et donc par la vitre les rues de la banlieue vide c’en était à pleurer de rage ou de dépit – c’est sans image – je vais en poser quand même parce que, dans la maison, on fait des travaux (petits, des bricoles) (nature morte au briquet (1) rouge)

ce ne sont pas clichés intentionnels (enfin ils le sont toujours, mais ils n’étaient pas destinés à illustrer ici ce billet d’humeur) ce sont des outils – on s’en sert pour des usages particuliers – j’ai été tellement outré par ces annonces, celles du 16 mars sans doute, celle de ce « couvre-feu »- ces « nous sommes en guerre » et celle, de guerre, que mène donc ce gouvernement à sa jeunesse – et à ses gilets jaunes – à sa jeunesse qu’on veut déposséder de sa culture et de son éducation (tu vois cette loi programmation recherche, cette honte ?) – tu sais à quoi me fait penser ce cintré bleu dont les beaux-enfants ouvrent des écoles (privées hein) ou se placent dans quelques officines consultantes ? (nature morte au briquet (2) vert)

on la prive de sa joie de vivre pourquoi pas après tout ? on fait quoi, quand on a vingt ans, à neuf du soir ? on regarde netwhatthefuckflix ? Tu te rappelles, il y a quelques années les gueules cassées, les estropiés, peut-être moins que les planqués (c’est possible, tout est possible sur ce monde) disaient d’eux « ce qu’il leur faudrait c’est une bonne guerre » est-ce que tu te rappelles de ce genre de saloperie très troisième république blouse grise et écoles des filles et des garçons séparées on ne veut voir qu’une tête – est-ce que tu t’en souviens… ?

Moi oui.

Ah cette maison[serait-elle][s]témoin… Non, on ne fait pas de visite le soir, vers neuf heures, non ou alors très rarement… J’ai regardé au loin, à un moment de la promenade – bien sûr j’ai des enfants si on peut parler comme ça, bien sûr le temps passe (on oubliera peut-être), mais  vraiment, pour protéger des soignants qu’on a laissé choir ces six derniers mois ? pour ne pas « investir » comme ils disent ? – j’ai regardé au loin

c’est vrai, ça ne fait rien – il fait beau; le jour se lèvera sûrement demain. Ça ne fait rien, et le soir, vers neuf heures, il n’y a plus personne dans les rues
ce sont des choses qui sont difficiles à dire

une autre chanson

 

 

 

il y a probablement le fait qu’on en parlait à la radio – Monique Cerf mangeuse d’hommes (ou croqueuse, c’est selon) (mais c’est plus le goût de l’art, il me semble) – il y avait aussi celle, minimaliste, qui porte en titre mon prénom officiel (lequel n’est guère employé – on me l’avait donné pour son caractère minéral et (comme on dit aujourd’hui) durable, pérenne, non obsolète : toutes ces conneries) mais non, c’est celle-ci qui est venue.

Elle est jolie.

Il est nécessaire de faire jouer un peu la musique dans ce décor inhabité, peut-être pas si inhumain (on se fait des images des lieux qu’on ne connaît pas,parfois) en tout cas factice – c’est juste pour donner une idée : entrez, voyez, les livres sont des répliques, la vue sur le mur du fond de la salle pour vous conforter dans l’idée d’une vacance de tous les jours – entrez, si vous le désirez, les murs seront taupe avec une nuance de mauve, c’est à votre convenance.

Entrez.

Dites-le moi du bout des lèvres

Dites-le-moi du bout des lèvres
Je l’entendrai du bout du cœur
Moins fort calmez donc cette fièvre
Oui j’écoute

Oh, dites-le-moi doucement
Murmurez-le-moi simplement
Je vous écouterai bien mieux
Sans doute

Si vous parlez du bout des lèvres
J’entends très bien du bout du cœur
Et je peux continuer mon rêve
Mon rêve

Que l’amour soit à mon oreille
Doux comme le chant des abeilles
En été, un jour, au soleil
Au soleil

Regardez, dans le soir qui penche
Là-bas, ce voilier qui balance
Qu’elle est jolie sa voile blanche
Qui danse

Je vous le dis du bout des lèvres
Vous m’agacez du bout du cœur
Vos cris me dérangent, je rêve
Je rêve

Venez donc me parler d’amour
À voix basse, dans ce contre-jour
Et faites-moi, je vous en prie
Silence

Prenons plutôt au soir qui penche
Là-bas, ce voilier qui balance
Qu’elle est jolie, sa voile blanche
Qui danse
Je vous dirai du bout des lèvres
« Je vous aime du bout du cœur »
Et nous pourrons vivre mon rêve
Mon rêve

Tirez sur le pianiste !

 

 

 

Reprenons : c’est parti du fait qu’un entrefilet mentionnait que durant ces quelques mois d’arrêt momentané, le monde du cinéma (si on peut dire) comme un bon peu du reste d’ailleurs du monde tout court avait subi cette stase – tous les tournages se sont arrêtés, les gens sont rentrés chez eux ou dans leur seconde maison, reclus comme nous autres (ici, là ailleurs) (à Paris et dans le neuf trois par exemple ça a été plus tendu qu’en campagne, certes) (jte parle même pas des US ou de l’UK, ou de l’Inde ou de la Chine…) – et que durant cette période, la plupart des cerveaux ont continué de fonctionner comme si de rien n’était – les pervers ont cherché à tirer profit de l’affaire, d’autres ont tenté de faire autrement; on a glosé sur « le monde d’après » comme si ça avait un sens – puis on s’est remis à nos occupations (au travail, c’est le fond qui manque le moins disait ce connard de la Fontaine) (évidemment que je suis en colère : qui ne l’est pas ?). L’entrefilet disait (c’était courant juillet ou août je ne sais plus exactement) que machin avait cédé les droits de son catalogue de films à truc – pour donner la chance aux abonnés de truc de voir ces films-là. Je ne suis pas particulièrement fondu des réalisations de ce cinéaste (François Truffaut – il est de 32, il a vingt huit ans au moment du tournage) que je trouve assez hypocrite – mais ça ne regarde que moi – et en tout cas j’avais déjà vu le film chroniqué aujourd’hui (probablement dans les années soixante dix) (je me souviens parfaitement de la prestation comme on dit aujourd’hui de Boby (ne prend qu’un b) Lapointe (Avanies et framboises) – il est de 22).  Machin a donc vendu à truc le droit de diffuser les films du Truffaut à son catalogue (machin a dû racheter le Carrosse j’imagine – j’irai voir, oui *) : et alors ? Bof, rien sinon que donc pendant les suites de la pandémie, truc (qui est, par parenthèses si mes sources sont bonnes, pété de fric) a été voir les producteurs des films arrêtés pour cause de virus à laconcorona pour leur proposer un rachat (il paraît que ça n’a pas marché avec beaucoup) (prix inférieur hein, puisque quand même tout ça s’est arrêté, on va reprendre produire il faut comprendre et voilà…!). Non, je m’en fiche un peu, les affaires sont ce qu’elles sont : et d’ailleurs je pense que le Truffaut n’aurait vu aucune objection à ce que ses films soient diffusés via le réseau de truc, mais enfin il me semble que truc est un peu dégueulasse (il n’est pas douteux que le monde dans lequel il grouillotte le soit tout autant) (c’est celui des affaires, comme c’est celui du cinéma) . Voilà tout 

 

Bon sinon, le film du jour est tiré d’un roman de David Goodis (1956 – il est de 1917, il n’a pas quarante ans) (traduit en série noire en 1957 – traduit par Chantal Wourgaft – son âge je ne sais,elle est décédée je crois), il y a pas mal d’invraisemblances mais on s’en fout un peu. On est assez content de voir du noir et blanc (image : Raoul Coutard – il est de 24, il tape trente-six); on est aussi content de voir Charles Aznavour (il est de 24 aussi, lui) alias Edouard Saroyan, alias Charlie Kolher en pianiste. Il s’agit de l’histoire de quatre frères (ici on en voit deux – gauche cadre, c’est Chico (Albert Rémy (né en 15, 45 piges) – il jouait le père du Doinel (Antoine, donc) dans « les 400 coups » l’année d’avant)

C’est à Charlie qu’on s’attache – il rencontre Léna – son frère Chico est poursuivi par des voyous qu’il a grugé – évidemment ça va mal finir.  Le film date de 1960;  on voit les rues de Paris un petit peu; Charlie

rencontre Léna (Marie Dubois, elle a vingt-trois ans; il en a trente-huit (

dans la – si elle existe – vraie vie) : ce soir-là ça ne se fera pas – il rentre chez lui (il vit avec son frère Fido qui doit avoir dans les douze ans) – sur le même palier vit Clarisse, une respectueuse qui danse là où joue Charlie – elle garde le petit Fido (Richard  Kanayan, doit avoir dans les douze ans – il jouait aussi déjà dans les 400 coups, l’année précédente) quand il revient de l’école, elle lui donne à manger, c’est un peu comme une mère (ou une grande sœur) –

Charlie et elle se retrouvent dans le même lit, ils sont amants en somme (elle c’est Michèle Mercier (elle a vingt ans) (elle va tourner bientôt  la série des « Angélique » et devenir une espèce de star

du grand écran) (il n’y en a pas vraiment à l’époque de petit) – mais Charlie aime (sans encore vraiment tout à fait le savoir) Léna, et puis les choses allant comme elles vont

ce qui doit arriver arrive

(c’est assez convenu, j’avais prévenu) (conventionnel : les femmes sont jeunes, les hommes plus âgés, tout ça) et puis on parle – un long flashback explique pourquoi Charlie est si triste – alors que Léna elle est si gaie – on apprend que Charlie est veuf de Thérèse

(Nicole Berger, adorable : vingt-six ans au moment du tournage) (elle se tuera dans un accident de voiture en 1967, que la paix reste sur son âme) – Charlie reste peut-être un peu coupable de ce suicide – c’est une histoire triste (elle a couché avec l’imprésario à Charlie afin (peut-être) de lui faire obtenir un contrat (lequel imprésario est interprété par Claude Heymann – qui est de 7, ça lui fait 53 printemps) (elle s’en veut, elle se jette par la fenêtre; Charlie ne l’en empêche pas) – et puis, et puis Charlie tue en état de légitime défense le patron du bar, Léna l’aide à s’enfuir alors la route

et la poursuite par les autres malfrats qui veulent leur argent (je passe sur certains autres détails)

et la fin dans la neige

Il y a cependant en ouverture cette scène qui se déroule dans la rue où Chico s’enfuit et est aidé à se relever par un type qui lui flanque des gifles – le type porte des fleurs à sa femme, et nous explique pourquoi et comment il en est tombé amoureux – c’est la raison du film (comme celle de tous les autres films sûrement), le passant est interprété par Alex Joffé (il est de 18)

un cinéaste (des comédies surtout, films avec Bourvil, Robert Hirsch etc. plutôt qualité française…), acteur et scénariste, père d’Arthur Joffé (je me disais je le connais, mais non, (enfin oui, mais non) je le confonds avec Roland Joffé) – et donc comme un signe vers cette frange du cinéma honnie et vomie par ce qu’on appelait alors « la nouvelle vague »… Et pour finir mentionnons Catherine Lutz dans le rôle de la femme (« plus pour longtemps » dit-elle dans un éclair de préscience de l’avenir) (elle est de ? – elle a dans les 40 ans, là) Mammy, du patron du bar (Serge Davri, il est de 19)

 

(*) : (add. de 9h53) sous le lien, l’article de la Cinémathèque Française indique que « tous les films de François Truffaut seront produits par » le Carrosse sauf celui-ci, plus « Fahrenheit 451 » (1966, d’après Ray Bradbury),  « Une belle fille comme moi » (1972) et « la Nuit américaine »(1973) – ce sont sans doute ces films qui ont été rachétés par machin, donc, et non ceux produits par les films du Carrosse (faudrait voir: y’a du boulot).

Des histoires (Résister #6 déjà ?)

 

 

 

 

 

j’ai trouvé un journal, il y avait quelques images noir et blanc, j’en ai fait quelques prises – il s’agit d’une affaire déjà datée – le monde continue son mouvement, et nous aussi – ici, dans cette maison, je les pose tout en posant quelques images qui me sont venues, non d’elles, mais de ce temps qui passe, ce monde qui continue, cette vie et cette façon d’être – ce ne sont que des mots de reclus qui tente de garder la tête hors de l’eau (et qui tente de juguler sa colère) (sans doute en pensant à autre chose, le cinéma, la chanson, la musique, l’amitié, l’amour des enfants – ce ne sont, cependant, pas des histoires pour eux) – je pose d’abord celle-ci, prise d’un train qui, il y a quelques années, allait d’Athènes à Salonique.

les couleurs sont pour l’amour – la dernière, toute de bleue vêtue, pour l’espoir

 

 

obituaire : Hélène CHatelain

dès le 22 janvier : et si la partie immergée du virus était sociale ? Émergée : la santé. La nation se confine ainsi que les autres, en sortira-t-on immunisés ? Les mensonges, les approximations, les « tout et son contraire » qui ont la même odeur que le « en même temps » qu’on sert à longueur de propagande radiophonique, les initiales du sauveur qui servent à intituler son propre parti, cette vulgarité et cette suffisance, cette fatuité, c’est bien d’ici ?

obituaire : Luis Sepulveda

dès le 22 janvier, un type (je crois me souvenir qu’il bosse dans un hôpital de Berlin) (médecin, chercheur, scientifique comme on dit) avait mis au jour un test qui détectait la maladie – l’Allemagne compte quatre fois moins de morts par le fait de ce virus que la France – le compte monte normalement ici, merci : dans quelle mesure ce gouvernement qui disposait d’un ministre de la santé (ça existe) est-il criminel ou meurtrier ? Dans quelle mesure ? J’entends un peu le recours d’une classe action contre ces agissements, recours rejeté par le Conseil d’État, j’entends parfois des mots et des paroles – parlons plutôt des décomptes des morts : cinquante mile étazuniens, ce matin j’entends encore, j’entends… (mais cette dame avait Paris en tête, tu comprends on fait comme on peut et la carrière, il faut bien y entrer et faire ce que dit le chef, à reculons peut-être, mais y entrer – c’était loin dans le temps, les histoires de cet homme qui se cousait la bouche devant le Kremlin, qui flanquait des coups de couteau dans les convives fussent-ils des commensaux de cette fête du premier de l’an, ah je ne sais plus, était-ce un producteur de cinéma, ou un artiste de variété qui recevait, au dessus du Flore ou des Deux Magots ? un appartement prêté par des amis ? un avocat ? enfin tu vois le monde  celui qu’on nomme « grand » la belle affaire, le genre, la classe et le faubourg Saint-Germain ? Et cet autre qui envoyait à sa maîtresse, était-ce sa maîtresse ? des images animées de son anatomie à géométrie variable, fatalement (il n’est pas constitué autrement que les autres de son genre) ainsi que le faisaient les héros de ce film de Bob Guédiguian pas si mal – où Ariane Ascaride jouait le rôle d’une femme de ménage assez acariâtre qui ne voulait plus faire grève – « Sic transit gloria mundi » disait le titre (est-ce ainsi que passe la gloire du monde ?) – pas si mal mais tellement vrai, ce film triste à mourir sur notre monde – il y avait aussi une autre histoire, celle de Gérard Lebovici et des douilles de balles qu’on avait retrouvées sur (je ne sais plus mais) la plage arrière de sa voiture – un contrat comme on dit – ce qu’on signe quand on s’engage à subir les ordres du commanditaire et y obéir – oui, voilà, c’est le même mot : le travail, c’est la santé – ou alors posées sur la planche de bord – deux ou trois balles dans la tête, ou la nuque (4 ? 4.)  une R 25 peut-être bien(ou 30? 30.) dans un parking des Champs-Elysées ou d’une avenue quelconque menant à l’Étoile (il n’en est aucune de quelconque mais enfin) (sur celle dédiée à Mac Mahon vivait Aragon, Louis, et sa mère il y a un siècle) – il y avait là aussi un music-hall (ça ne se dit plus) où s’enregistraient les émissions de Jacques Martin, cinquante ans plus tard (l’Empire) – j’aime Paris au mois de Mai disait la chanson, nous y reviendrons à la moitié – il y a de par le monde cette idée figée de lutte des classes – exposées ou moins – aux affres du virus – et pourtant, dès le 22 janvier…

obituaire : Christophe

tout à l’heure (il n’est que deux heures dix je crois – douze) on va nous rappeler que plus rien ne sera jamais comme avant, sauf l’emprise des dominants sur leurs subordonnés – tout à l’heure on a vaguement appris que l’école recevait – dans quelles conditions, je ne sais – les élèves dont les parents sont des soignants (je ne sais non plus où commence la catégorie – privée ? publique ? qui soigne qui ? pour qui ? Que de questions pas vrai…) : les professeurs sont-ils vaccinés ? (le fait d’avoir des parents soignants implique-t-il que leurs enfants soient immunisés ? Porteurs sains ? Malades ? En pleine santé ? Mentale?) – fabriques d’anticorps à usage individuel – parfois le froid aux os, dans le dos, ailleurs, on finit par s’endormir – il ne se passe rien dans la maison – il n’y a aucun bruit – on aurait dû interdire à l’agent de venir s’installer ici – est-il installé seulement ? – dans quelle mesure (ne) fait-il (que) son travail ? Que fait-il ici ? Debout, devant la fenêtre, il regarde la pluie qui ne va pas tarder à tomber sur la pelouse fripée, les fausses fleurs, le rond-point – faux tout autant, sans la moindre utilité – marque l’entrée du lotissement, au bout de cette fausse perspective – y a-t-il un peu de musique dans cette maison ? La fenêtre de la cuisine donne sur une courette cimentée – des images sur le mur, une horloge arrêtée, des fausses casseroles en carton ou je rêve ? Du carton, oui – un frémissement, un pincement : quelque chose, oublier et dormir – il regarde encore, il y a dans le jardin de la maison du fond de l’horizon un enfant qui joue – debout, devant ou derrière la baie vitrée qui donne directement sur le jardin, lui et son costume un peu vieillot, ses chaussures usées, sa voiture mauve mais au reflet gris taupe, tout appartient à la société anonyme

La lune en quartier augmentée de Venus qui brille au loin

Résister. Continuer. Ouvrir les yeux.
Courage. ?

Vingt quatre images

 

 

 

la ville
l’image
le mouvement
deux filles – asservies au bidule – assises – les quatre autres dans l’image (la torsion, dans la production cinéma, du genre – on pense à Weinstein (Harvey) qui entre dans la salle avec un déambulateur – on pense à (wtf tout autant) Balkany (Patrick) qui sort de prison malade comme un chien) la vestale (la brune) cache l’image d’une hyène – les types sont debout asservis aussi  – chignon/barbe : le kit – le pantalon de cuir de couleur presque chair (bronzée oui) de la vestale brune – les bottines grises de la châtain – Paris une heure de l’après-midi – l’opérateur tout autant asservi – que deviendrions nous sans ces machines ? –

(léger recadrage au mouvement du pantalon grenat) (on ne sait jamais exactement ce qu’on fait) (on verra bien) on voit – plutôt cadre dans la largeur –

irruptions toujours présentes – un groupe de trois jeunes lycéens (j’interprète, je vais au boulot) – ici, là, droite gauche ou l’inverse – toujours – c’est le moteur probablement de la prise de vue (elle décadre l’image du cinéma – mais celle-ci n’apporte que des couleurs, immobiles et glacées comme disait je ne sais plus qui)

une blackette passe ou alors est-ce un type ? – je n’ai pas supprimé d’image, sans doute suis-je légèrement en zoom, le manteau rouge – (tant aimé cette chanson) – je vais au travail – c’est l’hiver

je n’ai pas corrigé l’assiette – seulement les contrastes – les jeunes gens droite cadre sacs à dos basketts – les deux femmes assises dans la même position inchangée –

quelque chose un trouble, recadrage légèrement pano droite gauche, pourquoi je ne sais pas, c’est là – quelqu’un en blanc je crois

recadrer – faire tomber le « E » de Est sur le bord du cadre – que le monde marche sur le bord bas de l’image du quai – les gens passent et leurs histoires –

sur les six de l’image, cinq asservis – le métro se prête à cet esclavage, les métaux rares, les pannes les images – moi-même, sur le quai d’en face, asservi – regard caméra peut-être extrême droite cadre

décadrer légèrement vers la droite sans doute par l’irruption de la jeune femme noire jean/baskett/casquozoreilles – le groupe de lycéens au premier plan le garçon présente son dos on consulte quelque chose on pense à autre chose –

une demi-seconde plus tard

à toute blinde, le manteau rouge passe – le lycéen tourne le visage, profil – ma,in dans la poche pantalon grenat –

autre manteau blonde sac – presque de face le lycéen laisse le passage – on attend, la rame s’annonce, un bruit ? un sentiment ?

mouvement de la brune assise – elle se prépare – le lycéen vérifie sur son écran – un instant plus tard, elle sera debout  – le chignon réfléchit – il manque le bruit l’odeur – la lumière comme au jour –

décidément quelque chose se prépare – on ramasse son sac, on va se lever – probablement l’annonce sonore « prochain train dans une minute » –

un type passe – la deuxième (châtain) assise n’a pas bronché –

allez debout

un autre dans l’autre sens – je ne crois pas qu’il soit blessé –

non, on ne voit pas – le cadre est stabilisé et laisse passer le monde – la jeune jean/baskett/casque/sac à l’arrière plan se prépare –

on est prêts – il arrive certainement – on l’entend peut-être déjà – je ne suis pas certain mais la châtain se prépare aussi il semble un geste à peine esquissé

pas certain – les lycéens vers la droite – le visage de la vestale brune pantalon cuir chair –

irruption gauche cadre

sans doute oui, le voilà

regard caméra de la blackette ? sans doute pas – on sait qu’il est là, il entre en gare – fin de l’épisode

 

 

Feuilles de route (2)

 

 

j’emprunte à monsieur Beinstingel le titre de son blog (que je plurialise), j’espère qu’il ne m’en tiendra pas trop rigueur (j’avais déjà commis la même chose, il y a quelque temps – un demi-lustre), j’institue par là une espèce de série plus ou moins permanente – oxymore j’adore – qui fait pendant à celle des « d’un voyage à l’autre » que je pose ici – y’en a six – c’est juste du cinéma, mais ça ne fait rien – ça a quelque chose aussi d’une espèce de journal éphémère – les gens qu’on aime, qu’on a plaisir à retrouver, ou revoir – quelque chose qui se déroulerait sur la durée (ça ressemble foutrement à une affaire que j’avais entreprise en atelier d’ailleurs – il y a des images qui en reviennent – c’était l’été, voilà l’hiver) – c’est qu’il y a quelque chose avec cette maison et qu’on a  des choses à faire pour se souvenir (j’essaye d’éviter les redites mais il existe des plis dans la mémoire et je ne tiens pas non plus à les repasser comme on dit du linge) (ou des plats) (quoi que le sens en soit différent dans l’un et l’autre cas – je vais avoir du mal à m’en sortir mais ce que j’aime aussi, ce sont les voyages – ici, là, ailleurs – et donc cette image-là (je crois que c’était au petit palais, une exposition sur la lune, il me semble bien)

 

 

Il y a sur le bureau un endroit pratique où je dépose les images de cinéma que j’aime bien (il y a du fétichisme, il y a de la domination sur les ans qui passent, il y a de l’illusion sur ce qu’on peut faire avec des images) – celle-ci par exemple (à vrai dire, je ne sais pas encore laquelle je vais poser – ça pourrait tout aussi bien en être une autre – mais c’est là tout le sel probablement de l’histoire : on ne sait pas exactement où elle va aller – je pourrais arbitrairement me saisir de la huit par et pour l’exemple)

c’est celle-ci : la Varda enchapeautée debout sur le dos d’un machiniste – elle doit tourner « La pointe courte » (1956) – elle est complétée de celle-ci

l’affichiste (c’était pour le festival de Cannes, cette année je crois bien) avait gommé l’assistante-scripte en short – c’est l’été, on comprend bien (on doit savoir qui est cette personne, tout cela est assez documenté) – il y avait quelque chose d’un peu contradictoire ou de paradoxale à laisser là la petite main dans cette tenue alors que ce à quoi il fallait que le regard s’intéressât était évidemment la posture de la réalisatrice – je m’égare –

(ici Cary Grant – de dos, Priscilla Lane – dans Arsenic et vieilles dentelles
(Frank Capra 1944)

– il ne fallait pas que ça aille par là, j’étais sur le point de parler des gens que j’aime parce que ces jours-ci (demain, c’est jour de manifestation, ce midi un grand commis de l’État a démissionné parce qu’il avait menti pas mal et comme ce commis commissionnait la retraite et son passage au privé (les gueux le resteront, les gros et les riches s’enrichiront vivront plus longtemps et jouiront de leurs avantages) ça crée comme une affaire d’État, je ne pense pas qu’il faille se priver de le noter – un peu comme celle de Benalla qu’on a étouffée tu te rappelles (sauf que, peut-être, la coupe est remplie à ras bord) (peut-être) alors, je m’étais dit je vais aller dans la maison[s]témoin y déposer quelques images des gens qui ont fait en sorte de me donner une idée plus charmante de ce monde idiot – enchantée peut-être – 

les deux mêmes dans la même scène

c’est juste pour donner une idée de ce que peut être la comédie (ça ne la donne pas vraiment : quand on voit le film, on est mort de rire mais là, on s’en fout un peu) (attends je recommence)

Kirk Douglas dans le rôle de Spartacus (Stanley Kubrick, 1960)

ça ne rigole pas du tout, mais tant pis; Kirki a tapé les cent trois le 9 décembre – il est à peu près certain qu’on s’en fiche pas mal, mais quand même, on est sur cette même planète depuis un moment – l’image a près de soixante ans, si tu veux – c’est difficile à réussir, dire des choses en donnant à voir d’autres choses afin que l’ensemble parvienne à créer quelque chose comme de la joie – j’essaye encore

Cary Grant (à nouveau) et Sir Alfred (en silhouette caméo) dans
La main au collet, 1955 (To catch a thief – attraper un voleur)
(à gauche une silhouette mais inconnue)

c’est plus amusant, un peu une comédie, un peu un drame, la vieillesse qui pointe, les difficultés, le travail – la cage à oiseaux, mais c’est huit ans avant le film de terreur « Les oiseaux » avec Tippi Hedren (ici dans « Marnie » avec Sean Connery – Sir Alfred, 1964)

il faudrait que ça vous évoque quelque chose aussi, ce (ne) sont (que) des acteurs, des actrices, américains (comme on dit) étazuniens, anglais) ou français (depuis toujours, elle)

ici avec Charlton (pour son oscar, 1960), là avec son Montand

(elle était magnifique aussi en madame Rosa (adapté par Moshé Mizrahi, 1978) – « le prix Goncourt 1975 a été attribué à « La vie devant soi » de monsieur Émile Ajar », tu te souviens), quelque chose avec l’éthique – par exemple j’ai beaucoup aimé, ces temps-ci, ce que disait cette femme

Jeanne Balibar dans « Barbara » (Mathieu Amalric, 2017)

qui joue le rôle d’une capitaine de gendarmerie dans « Les Misérables » (Ladj Ly, 2019) qui parlait du petit cintré hypocrite et démago – on en était un peu là, on espère qu’il n’en a plus pour longtemps en son palais du faubourg Saint-Honoré (on l’espère avec quelque chose de si froid dans le cœur, jte jure) – il y avait eu aussi ce saltimbanque-là

qui faisait un éditorial pour un journal le 2 décembre dernier – on ne va pas perdre espoir, non certainement pas – mais parfois, on est quand même fatigués…
Finissons – la difficulté de communiquer

Monica Vitti dans l’Avventura (Michelangelo Antonioni, 1960)

il faudrait peut-être s’interroger sur ces multiples années soixante auxquels réfèrent ces images – non ? peut-être pas  – ou alors commencer à oublier (non plus, non – pendant ce temps-là, Paolo Conte chante « un gelato al limon » – (« une glace au citron ») – il a bien raison, c’est l’hiver sans doute mais juste ensuite, dès mars…
Avec mon bon souvenir. 

 

Les gens

 

 

 

Il s’est agi de regarder un peu les clichés réalisés ces derniers jours semaines mois – et en Italie, cet été, un petit peu – les gens aiment à se glisser dans les images, une espèce de désir, quelque chose qui surgit – nous autres, nous tentons de capturer quelque chose, une action, des participants et ou des réalisants – et eux, bim ils entrent là

il y en a un vingtaine je les pose pour ne pas les oublier – ils sont là, partie du tout, présents malgré tout (ils n’existent pas, ils n’y sont plus, ils sont juste dans la maison)

ils se savent d’autant moins capturés – et captifs – que l’opérateur lui-même n’a aucune idée de leur présence – seule la maison, aujourd’hui –

ceux-ci travaillent – il n’est pas rare de découvrir (peut-être un peu comme la précédente) des regards directs

si on y tient absolument, on peut intituler « hasard » cette conjonction – eux passent, l’image les attrape –

c’est le même homme en effet – place des Pyramides – les deux jeunes gens sont aussi au travail sur cette place – la statue de Jeanne d’Arc domine tout ce monde -là

celui-là dort à un jet de pierre – pelouse du jardin des Tuileries – je pourrais aussi bien poser l’entièreté des images afin qu’une idée puisse se faire à les observer

celle-ci attend son taxi wtf nouvelle ère – autoentrepreneur voiture en leasing plateforme esclavagiste : la classe – celle-ci

discute et raconte à qui veut les entendre les mérites comparés des divers emplois qu’elle occupait – celui-ci relève certains compteurs

petite image pour petit métier (pour une fois que ce qualificatif convient à ce métier)

mieux vaut chômeur que contrôleur probablement – cette criminalisation des sans-travail donne des envies de meurtre – mais laissons là, brisons, parlons d’autre chose – c’est d’ici que les choses partirent

cinq portraits oubliés sur le comptoir de la sécurité sociale – cinq fois le même : lequel est le bon ? on pose on prend on s’en va – les gens ne se savent pas pris dans les rets de la photo

on marche et on pense

quand même nous verrions-nous que nous ne nous reconnaîtrions pas – ils étaient là, j’y étais aussi – et alors ?

Paris rue Racine devant le désormais fermé restaurant Acropole : l’homme passe (il se peut qu’à l’autre bout du monde, il soit retourné dans ses pénates) ce matin-là

ici de suite, deux d’Italie – elle et sa canne, lui et sa cheminée –

ramoneur des Abruzzes – soleil à peine voilé… : ce qu’on distingue au fond, ce sont des oliviers : ici l’entière est au zoom

Passant près du métro, toutes les chances sont de leur côté : les voici à trois

restant groupés suivis de peu de celui-ci qui veut se prendre la tête

puis tous réunis – non c’en sont d’autres… –

le métro les a doublés

ici ou là, un peu partout tout en étant nulle part – nos contemporains

et puis on nous emmène… Ailleurs. Le bras lâché

et d’autres encore : elle ici téléphone

d’autres marchent et vont et viennent

et pour finir, cette petite mignonne capturée sans le savoir (et sans que je le sache) dans le jardin des Tarots (Niky de Saint-Phalle)

 

 

les gens, en italique, en image, en fondu, derrière l’image,  la vraie, la seule, les gens sont passés – pris, emprisonnés, ils sortent de l’image : leur mère ne les reconnaîtrait, eux-mêmes si on les leur présentait, nieraient en faire partie – c’est le statut de l’image : elle n’existe pas, ou alors ailleurs; elle ne représente rien sinon quelque fantôme ou illusion – ils y étaient sans doute, probablement, c’est crédible et vraisemblable, on peut y croire – mais à présent ? Qui sont-ce ? Alors on objecterait qu’ici elles existent vraiment – il s’agit d’une qualité… Peut-être, mais reverra-t-on jamais ces images ? La réalité les a englouties – on les sauve pour un jour – elles retournent presque immédiatement dans le caveau… (dans la salle à manger, dans un tiroir du buffet – dans le tiroir du bas de l’armoire de la chambre d’amis, quelque part ailleurs, où personne ne les cherchera) (une chanson de Claude Nougaro dit ainsi « pensent-elles encore à nous en ce moment / ou font-elles brûler nos photos ? » – Sing Sing) 

Passons… laissons-les reposer