Tunnel

 

Le film est réalisé par Kim Seong-hoon, réalisateur sud-coréen de quarante cinq ans(je dépose ici cette image – lunettes chapeau certes, derrière lui un dessin de New-York quelques poissons en forme de décoration… – mais je pense que, croisant cet homme dans la rue demain, je ne le reconnaîtrais pas : fixons les idées cependant). Il a intitulé son film « Tunnel » (sortie en 2016).

Doucement, l’objet de ces billets s’est fondu dans une chronique des films plus ou moins appréciés : il était question de les écrire et déposer en des endroits sûrs d’un lieu hypothétique, où des êtres différents mais semblables avaient pour ambition de résider, et même d’habiter pour tout dire, encore que ces créatures plutôt imaginaires (disons) n’avaient rien de spécialement humains (elles étaient réalisées pour représenter cette catégories d’êtres vivants sur cette planète, mais rien de plus – Fabrizio Corbera de Salina est une exception : il est « quelque chose » de plus). Du cinéma : projeté sur un écran une image animée par un flux de vingt quatre par secondes aussitôt vu aussitôt échappé – ça se passe dans le noir, le plus souvent, une salle parfois plusieurs centaines de fauteuils très toujours rouges, on en sort ébêté/abruti parfois heureux on parle de ce qu’on vient de voir qui n’a plus aucune existence sinon dans la mémoire (il arrive qu’on n’ait pas vu ou regardé ou compris ou interprété les mêmes choses, on peut en venir aux fâcheries ou aux jugements comminatoires, se séparer haïssant le reste du monde pour son ignorance ou son amour béotien pour des imbécilités…). On propose, depuis de très nombreuses années, sur les bords de la Riviera française, des réceptions, des réunions, des pince-fesse, des jurés des jugements, des prix qui vont jusqu’au Phallus d’or (car ce qu’on appelle le septième art n’est pas avare de ce genre de rigolade bien franchouillarde – au vrai, ce type d’amusement grossier est assez mondial), décernant palmes et autres distinctions (oscars césars lions – eh oui –  ours j’en passe de moins connus) dans des ambiances de plus en plus conquises par le mercantilisme qui est à la base de ces manifestations (la soixante dixième édition de ce qui est nommé « festival » (ce sont des fêtes que ces panégyriques de l’entre-soi) ouvre ses portes comme on dit demain ou quelque chose – nul doute qu’on y notera la présence du nouvel élu…). Tout ça pour dire que ce qui se joue ici pour le rédacteur a changé ( une sorte d’écoeurement vis à vis de ce qu’il faut bien nommer un spectacle a fait son  apparition – au vrai, il y a longtemps que je l’aime, et que je le déteste tout autant…). La manifeste solitude dont ces billets sont des preuves n’entame pas, pourtant, l’entêtement à les produire.   

L’action se déroule dans la proximité d’un tunnel qui vient de s’effondrer,un type se trouve dans sa voiture et le tunnel (zeugme) (une autre automobiliste y est aussi (accompagnée d’un chien), il la retrouve, mais elle meurt…) il se retrouve seul avec le chien. Les recherches sont entreprises à l’extérieur (ici l’une des affiches du film, en coréen)ce sont ces secours qui sont les principaux personnages du film (les humains sont des personnages importants, mais ce sont et la société et ce qu’elle va mettre en oeuvre pour sauver ces vies qui sont examinés). Le type (interprété par Ha Jong-woo) est marié (il a une petite fille aussi : il lui parlera au téléphone), sa femme vient sur les lieux de l’accident, des jours entiers passent, des nuits tout autant, des recherches sont entreprises, on travaille avec pas mal d’acharnement mais aussi pas mal d’à-peu-près, on cherche, le type survit (à l’image, il mange le gâteau d’anniversaire de sa fille, il allait le fêter quand, empruntant le tunnel, il s’y est retrouvé coincé)et même si (pour beaucoup) le film souffre d’invraisemblances (ainsi que, sans doute d’une trop longue durée) on y tient à la vie : le sauveteur en chefaussi (Oh Dal-soo), qui pense qu’une vie humaine vaut plus que le percement d’un tunnel : on doit, en effet poursuivre les travaux, malgré l’accident, et percer d’un autre, tunnel parallèle sans doute, la vie d’un homme vaut-elle qu’on arrête ces travaux d’ampleur peut-être nationale ? La plupart des personnes présentes lors d’une sorte de conseil général peut-être extraordinaire, ou d’une conférence de presse, ne le pense pas. On arrêtera les recherches au bout d’une vingtaine de jours, on persuadera la femme du type (Doona Bae, qu’on avait déjà vu dans « A girl at my door » (July Jung, 2014)) la femme du type, donc enseveli, sera persuadée qu’il est mort, elle signera l’acte par lequel elle accepte qu’on arrête les recherches (ici, la neige tombe et les recherches cessent : la femme du présumé enseveli et donc décédé regarde les explosions qui ont repris et qui signent comme une mort certaine de son mari (si ce n’était déjà fait)). Tout au long du film, les médias (et leurs représentants, les journalistes avides, lâches, bêtes), le gouvernement (en la personne d’une ministre des transports -avide, lâche, bête…), les hommes d’affaires les bâtisseurs les proches du pouvoir, tous permettent la mort de cet homme enseveli. Les sauveteurs dont une bonne part d’incapables (comme pas mal de journalistes tout autant) ne font qu’obéir servilement aux ordres qui leur viennent de la hiérarchie. On obéit, c’est terrible (l’autre automobliste, coincée sous un énorme bloc de rocher, peu avant de s’éteindre, parle à sa mère et lui demande de l’excuser auprès de son employeur : elle ne viendra pas travailler…) (non,en effet…), terriblement contraint, poli, conditionné, soumis et dominé discipliné, veule tant parfois qu’on se regarde en se demandant si vraiment, nous aussi, dans de telles circonstances… Non, sans doute pas, non. Non…

Ni film catastrophe (genre bon enfant prolifique profitable et très rentable) ni comédie de moeurs, parfois cocasse (mais ce n’est pas tellement le lieu ni le contexte : choc culturel sans doute) parfois tellement différent de nos préoccupations culturelles (de petits mausolées montés sur les défécations du chien, des développements sur la nécessité de boire son urine…), deux heures de huis presque clos qui se terminent en coups de théâtre (ici de cinéma) assez bienvenus.

 

 

Tous pour un (rire jaune 2)

 

 

Quelle mouche peut bien piquer le rédacteur sinon quelque chose en rapport au « people » (peuple, mais le beau, pas le bon, non plus que le petit) à vouloir regarder ce genre de photographies de personnages évoluant dans les ombres portées par les grands de ce monde ? Quelle malheureuse perversité l’oblige ainsi à côtoyer un univers avilissant parce que inatteignable certes mais indigne presque, ces sourires, ces images où hommes en veste/cravate, femmes en robe et hauts talons, teintes et coupes de cheveux, bijoux, élégance et sorties de restaurant, dont il ne sait rien, ne veut rien savoir sans doute mais tout de même regarde, recherche des images de ces personnes, individus, hommes et femmes d’allégeance et de politique et de fierté ? Des témoins de ce qui se trame, s’ourdit, s’achemine vers quelque chose comme la victoire de leur « champion » (la chanson de Queen, quelle merveille…), le pouvoir suprême des affaires et la main sur la domination… Des gens de l’entourage du type dans l’oeil du cyclone ces jours-ci (tant qu’on en viendrait à la plaindre :  mais ce serait oublier et omettre  tous ces actes qui, semaine après semaine, décrivent la réalité du pouvoir, de l’Etat et de ses servants). A nouveau, ici, donc, des photos, illustrations retouchées, rehaussées, illuminées si possible, de personnages toujours très diplômés, très souriants, souvent appartenant à de grandes familles, particules et capitaux financiers, sociaux, scolaires, de tous ordres, de droite, cela va sans dire, presque extrême, horreurs et dégoûts, tant pis, ici la maison(s)témoin est aussi celle des vampires et autres monstres de tout poil…

Je me souviens que Françoise Dolto préconisait à ses enfants (l’un d’eux racontait cette histoire, lors d’une émission de télévision à laquelle je participais, j’y étais acteur, tu le crois ça ? eh ben c’est la vérité…) quand ils avaient des gros mots à dire d’aller les éructer là où il le sied mieux à des personnes éduquées : les chiottes. Bon, ici il n’en est pas (déjà, j’en ai fait la remarque, je pourrais certes créer la catégorie pour y flanquer le billet qui vient afin d’ensuite l’envoyer aux égoûts, mais enfin), je le pose en gravats parce que les postes auxquels les personnes ici en portraits prétendent semblent assez compromis…

On s’acheminait tranquillement vers une conclusion hâtive. Il n’en sera(it) sans doute pas ainsi, pourtant : des élections, tous les cinq ans à présent, je me souviens fort bien de celle de quatre vingt-quinze où, durant ce mois de mai, les nervis du parti de la fille du borgne avait jeté dans l’eau de la Seine un type, un arabe, Brahim Bouarram, marocain. Il en était mort. C’est aussi qu’aujourd’hui c’est le 8 février et que je me souviens aussi du livre magnifique du fils d’une des femmes assassinées au métro Charonne, en soixante deux, Fanny Dewerpe, et le livre de son fils donc, Alain, dont j’aperçois ici qu’il s’en est allé voilà deux ans (en folio, Charonne, 8 février 62). Malik Oussekine, Adama Traoré, aujourd’hui Théo L.. Les blessés, Romain D. et d’autres, les énucléés, et tant d’autres choqués, blessés, meurtris…

J’ai entrepris cette recension mais le coeur n’y est pas, pourtant, il n’est pas à rire, non, tant pis. Je renoue, dans cette maison, avec les illustrations. Entrent ici donc des suppôts du candidat de la droite aux élections présidentielles d’avril et mai prochain. Ce ne sont pas des enfants de choeur, et cette chronique n’est pas un panégyrique. Il s’agit de connaître des visages, comme si des photos pouvaient en dire long sur ce qu’ils sont.

Dans le même ordre d’idée que lors du précédent billet (Pantoufles (rire jaune)) on part d’un article du journal (on va me réclamer des royautés bientôt -royautés, c’est mieux que royalties ? crois-tu ?) pour identifier ceux qu’on pourrait aussi bien, sans doute, trouver dans les divers organigrammes qu’à la presse les services de communication dévoilent comme s’il s’agissait d’un très saint Graal ou autre magie formidablement informée et orchestrée (la question des patronymes est réglée en fin de billet parce que ça va comme ça).

N’importe, ici, voici un homme et son fils (lui expédégé assurances privatisée lorsqu’il était au trésor, enfin on fait son chemin, et puis après les enfants grandissent et voilà ce qui arrive)

cravate, pas cravate, sourire pas sourire, barbalak ou pas, il fait doux sous le soleil, il fait doux dans les allées du pouvoir, ici un conseiller lorsque son mentor était à Matignon,

ici un autre, sa « plume » (comme on dit) toujours rive gauche (ces deux-là proches du pouvoir russe)

derrière lui le sourire du prochainement mis en examen, d’une part et de l’autre la piste du circuit du Mans (sans doute – il faut dire que le type qu’ils conseillent, et elles aussi, on verra, aime le sport automobile) (son frère aussi, tout autant) il fait doux, il fait beau, le ciel est clair, le temps marche pour nous, puis viendra un ex-Harvard business school, quand même l’ami américain

de vrais gens, stratégic manager, sans compter le suivant manager en chef (ex-pédégé numéricable entregent lobbying)

suivi immédiatement peut-être de son épouse (ex pédégère grand magasin fusion acquisition émoluments)

gent féminine sourire campagne horizon vent liberté, il fait doux

(le badge cnpf au revers -pardon medef, le cice, les 50 milliards, on peut en sourire, certes) (mais jaune, tu sais nono, jaune) et pour aussi les ingénieurs (syndicat ingénierie études et conseils, tu vois le flou de l’intitulé – sans doute le cabinet 2f y émarge-t-il)

la franchise, la loyauté, la rectitude des sentiments et des affects, ici ce qui me trouble (comme disait, tu te souviens, Fabius avec Jaruzelski tout ça) ce sont les talons (ici, la communicante en chef)

le sac aussi, bah c’est comme ça il faut se grandir, tu comprends mais la photo ça capture, à des moments inopportuns, l’apparition publique (ici fermons les yeux sur son appétence envers Ayn Rand, qu’on a déjà croisée, évidemment, lors des promenades en terre de mac carthysme de notre série « Sorcières ») (c’est que le monde des idéologies reste petit : juste tout contre celle du nouvel élu peroxydé et sa proximité avec les tenants du KKK) , la collusion qu’il peut y avoir avec ces milieux et ceux qui ont porté à leur firmament ce champion est incarné par ce conseiller

son champion a tant d’humour, bien sûr qu’on en rit, d’autres encore côtoient la banque (fatalement)

(petite vignette sans cravate, désolé – ni plus de notice), beaucoup sortent de l’école nationale d’administrations augmentée ici de Polytechnique (dircab)

recasé en fin de course, les images sont grandes pas vrai ? Prendre fait et cause pour un leader, politique depuis trente cinq ans, le suivre, l’aider, combattre ses adversaires et se tenir à ses côtés dans les moments terribles

autre énarque, puis avocat d’affaire fusions-acquisitions (comme nano 1 oui) ex-caisse des dépôts quand même parce que l’Etat et ses serviteurs – pour un temps – est tout de même une valeur (du moment qu’il les sert), ici l’un des plus fervents admirateurs de la carrière de ce poulain en couverture d’hebdomadaire qui ne fait pas dans la flatterie tu sais bien, vois

culture milliardaire, vas tant pis, et d’autres encore, qu’est-ce que ça peut faire, il fait tellement beau, la droite la plus bête du monde ? allons donc, ici l’instigateur d’entretiens intellectuels

(derrière lui, à la moue brillante – en d’autres temps on l’aurait qualifiée de sociale-traître – aujourd’hui gestionnaire région…) lui est conseiller spécial, ici son directeur de campagne (ex de l’adversaire « droit dans ses bottes », il faut savoir miser sur le bon champion, opportunément si possible)

proche de cette dernière

ah bah…

Avec la distribution par ordre d’entrée en blog : Henri de Castries et son fils Jérôme; Jean de Boishue; Igor Mitrofanoff; Nano 1°; François Bouvard; Pierre Danon; Laurence Danon-Arnaud; Dorothée Pineau; Viviane Chaine-Ribeiro; Anne Méaux; Bruno Retailleau; Arnaud de Montlaur; Jean-Paul Faugère; Antoine Gosset-Grainville; Marc Ladreit de Lacharrière; Jérôme Chartier; Valérie Pécresse; Patrick Stefanini; Madeleine de Jessey.

Avec nos compliments.

Série sorcières #4

 

 

Au début, ils étaient dix neuf (les photos, on les trouvera) puis ils ne furent que dix à être « entendus » par cette commission (les enfants, tu sais comme ils sont adorables et pertinents surtout, appelleraient certainement ça la grosse commission) (les guillemets à « entendus » parce que personne ne risque d’entendre ou d’écouter ce que ces gens ont à dire : le juge John Parnel Thomas fait taire, point). Et les dix, les voici avec deux de leurs avocats

12 Dec 1947, Los Angeles, California, USA --- Cited for Contempt. Los Angeles: Nine of Ten Hollywood writers, directors, and producers cited for contempt of Congress, await fingerprinting in the U.S. Marshall's Office after they surrendered. They are (left to right), Robert Scott, Edward Dmytryk, Samuel Ornitz, Lester Cole, Herbert Biberman, Albert Maltz, Alvah Bessie, John Lawson, and Ring Lardner, Jr. Dalton Trumbo is scheduled to appear shortly. These are the men who refused to state whether or not they are Communists when questioned by the House Un-American Activities Committee in Washington recently. --- Image by © Bettmann/CORBIS
12 Dec 1947, Los Angeles, California, USA — Cited for Contempt. Los Angeles: Nine of Ten Hollywood writers, directors, and producers cited for contempt of Congress, await fingerprinting in the U.S. Marshall’s Office after they surrendered. They are (left to right), Robert Scott, Edward Dmytryk, Samuel Ornitz, Lester Cole, Herbert Biberman, Albert Maltz, Alvah Bessie, John Lawson, and Ring Lardner, Jr. Dalton Trumbo is scheduled to appear shortly. These are the men who refused to state whether or not they are Communists when questioned by the House Un-American Activities Committee in Washington recently. — Image by © Bettmann/CORBIS

(je me demande si c’est joli joli de poser une photo comme ça de chez truc en copyright : si c’est pas beau je la recadre, y’a trop d’air gauche cadre, t’inquiète) en tout cas, on les voit là, ils ont tiré un film de cette aventure (si on peut appeler ça une aventure, une descente aux enfers intitule cet épisode l’auteur du livre en référence) réalisé par John Berry (visible ici), en 1950, dix (la plupart scénaristes) à ne pas vouloir répondre à la question de savoir s’ils sont, ont été, ou seront communistes. Ne pas répondre, c’est une insulte au tribunal : sanction, la prison – une année. Et en sortant, être certain de ne pas retrouver de travail (et donc prête nom, embrouilles et  départs souvent soit vers la côte est soit ailleurs, en Europe – Londres ou ailleurs). Charlot n’en est pas revenu (merci, les états).

On sait qu’ils ont été dénoncés par le FBI (en ouverture de ce billet, l’image bonhomme de son chef : Hoover, 48 ans de maison) lequel avait aussi la possibilité de se renseigner ailleurs, dans une certaine presse, par exemple le Hollywood Reporter, en la personne d’un certain Billy Wilkinson (ici à l’image avec Norma Jean Baker (en spéciale dédicace à Anne Savelli) alias Marylin Monroe (fin des années 50 je suppose) et avec Cary Grant -en 34, date de son  portrait).

1934-billy-wilkerson-directeur-hollywood-reporter-1-liste-de-supposes-communistes

Délation, mensonges, suspicion, un tas d’ordures, deux ans après la fin de la guerre et les bombes atomiques, l’extrême droite au pouvoir, et la haine des communistes en action. On n’a pas à juger, certes. Seulement des centaines de vies ont été, de ce fait et dans les années qui vont venir, gâchées, brisées, foutues en l’air par ces gens. On ne juge pas, mais que reste-t-il aujourd’hui du maccarthysme ? (le sénateur qui mettra tout son zèle au service de cette chasse, et qui finira alcoolique en 58, mort dans sa haine) eh bien, voilà tout. Les états unis, le sud raciste, un mur contre le Mexique qu’on construit à nouveau, encore et toujours, et encore, le peroxydé facho aux commandes (et écrire ces mots blesse, on espère dans un sursaut, quelque chose mais quoi ? l’élection est légitime, même s’ils sont moins nombreux à avoir voté pour lui…)

Ils étaient dix neuf à être convoqués par cette commission qui n’en écoutât que dix. Puis, des centaines de types et de femmes furent interdits de travail dans le cinéma c’est aussi simple, stupide et ignoble que ça. Demain, l’administration de la pourriture sortie des urnes censitaires des US déclarera que la population devra se déclarer musulmane ou non, sous peine d’amende, ou plus encore. Demain, au pilori, jettera-t-on d’autres humains, seront -ils lapidés comme dans les pires dictatures (on pense à « Timbuktu » (Abdherramane Sissako, 2014), on pense à Pierre Fresnay dans « Le corbeau » (Henri-Georges Clouzot, 1943), on pense à Joseph Losey et à tant et tant d’autres…) ?

Episode frappé au coin de l’actualité (aujourd’hui, on nous assomme de « résultats » d’une consultation où l’emporte, dit-on, la plus obtuse et fermée des opinions – anti-avortement, pro-abolition de l’impôt sur la fortune, anti-code du travail, pro-entreprises décomplexées, laquelle vit en château et se goinfre – de rillettes, probablement). Et probablement aussi, dernier épisode de cette série témoin de la bêtise et de l’obscurantisme.

Vive le cinéma.

 

 

 

 

Série Sorcières #2

 

 

(il faudrait s’interroger sur le fait de faire porter aux sorcières de tels oripeaux : on ne chassait pas les « sorcières » à ce moment-là à Hollywood, et dans tous les états dits unis, mais bien plutôt d’abord les supposés communistes, puis aussi – car il s’en trouvait de nombreux à Hollywood – les juifs. Pas que, évidemment : Bertolt Brecht fut ainsi inquiété (il prit le bateau pour l’Europe le lendemain même de son audition par ce comité pour la chasse aux anti-américains – en américain HUAC soit House un-american activities committee – il s’agit en effet d’une maison, comme ici…). L’idéologie qui animait cette chasse avait des sources avérées dans celle du ku klux klan – certains des membres de ce comité en étaient des émules tout aussi avérées (évidemment, ça pue). La composition de ce comité n’est pas un secret. Il s’agit de neuf représentants (plus le président, un homme qui, pour se hausser, pose sur son fauteuil un annuaire sous un tissu rouge, John Parnell Thomas, qui est un élu républicain) : cinq républicains et quatre démocrates. Il s’agit d’hommes (quarante à cinquante ans quand débute cette épisode de l’histoire des états unis – hormis le zélé NIxon qui tape les 34 piges). Dix hommes qui statuent sur le sort d’un vingtaine d’autres (on verra la plupart d’entre eux dans les épisodes suivants). Les membres de cette commission changent tous les ans, on ne liste ici que ceux qui auditionnèrent, en octobre 1947, les diverses personnalités plus ou moins accusées d’avoir appartenu au parti communiste (témoins dits « amicaux » en fait « à charge » et autres « inamicaux » qui tentent de se défendre – c’est qu’il s’agit de témoin, comme ici, aussi) : l’histoire est complexe, elle est ici retracée par quelques photographies, des portraits qui ne font que figer quelque chose qui se dissout, un peu comme la mémoire.

Pour le moment, voici ce hommes (ce ne sont que des hommes, blancs) : Karl E. Mundt (1900-1974) élu républicain – du Dakota du Nord – au Congrès (patelin, hein : la vue, derrière lui, est juste magnifique – on sait ce qu’il a derrière la tête)

kqarl-e-mundt

De John McDowell (1902-1957) , on ne trouve pas de photographie. Vient ensuite Richard B. Vail (1895-1955) (qu’on voit,chapeau canaille à l’extrême gauche dans ce cliché

parnell

sans chapeau devient

richard-b-vail

(tout petit, désolé). A l’extrême droite on reconnaît le futur président Richard Nixon (1913-1994) (destitué en 1974 pour fraude, escroquerie et autres vétilles : joli pedigree) (des deux autres, je cherche les noms): on trouve de ce futur ce joli cliché datant de sa présidence (c’est peut-être un mème d’ailleurs mais il est réussi)

richard_nixon-en-chapeau

et on en finit avec les républicains.

Au rang des démocrates, John Stephen Wood (ouvertement membre du kkk, ce sont ces gens qui brûlent, tuent, violent, torturent des gens au prétexte qu’ils sont noirs) (on aura droit à deux clichés)(il succède à la tête de ce comité à Thomas, un an plus tard)john-stephen-woodjohn-stephen-wood-2 puis John Elliott Rankin (on l’a déjà croisé) (1882-1960) élu du Mississipi, ouvertement raciste et antisémite

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James Hardin Peterson (1894-1978) élu de Floride

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(j’ai trouvé de lui cette image assez olé olé enfin cette pose qui fleure un peu sa starlette

james-hardin-peterson-2

) et Herbert Covington Bonner

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ou dans cette pose naturellement avantageuse (ou martiale, je ne sais à quoi il pensait en la prenant, ou le photographe qui peut-être lui demanda de se tenir ainsi)

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(elle rappelle furieusement celles qu’affectionnait l’ordure duce Mussolini – moins le fumier de Franco – ou cette pourriture de fürher, mais tous ces gens-là sont du même acabit : rien de moins que des hommes…).

On a tenté de mettre un peu d’humour dans le ridicule de ces propositions photographiques : le ridicule n’a jamais tué, mais eux ? Sous quels auspices et quels égides s’abritaient-ils pour condamner d’autres semblables pour des idées qu’ils leur prêtaient ?

 

prochaine édition : les visages, peut-être plus connus, des témoins dits amicaux.

Série sorcières #1

 

 

C’est indéniable : il manque ici un coin où déposer les ordures – en même temps, personne n’y vit, pas de déchets, pas de commodités non plus, on comprend bien mais enfin, tout de même et malgré tout, cette série-là que j’entreprends sans savoir si je vais jamais parvenir à tenir -tous les mercredis – quelque chose sur le bouquin – je crois que ça peut durer huit itérations – cette série-là y aurait une place puisqu’elle retrace une période assez idoine, mais qui m’importe -je suis né là-dedans, dans un département protégé il me semble, loin de la neige et des pluies d’automne, à peu près dans le moment où les choses se gâtaient un peu – en mars de cette année-là (celle où je vis le jour) celui qu’on nommait le « petit père des peuples » cassait sa pipe (plus bas PPP) (peu de regrets stuveux), en juillet à Panmunjeom (le 27, à peine avais-je six semaines) l’armistice était signée en Corée, quelques années plus tard dans notre beau pays, celui qu’on nommera « tonton » début quatre vingt créait les compagnies républicaines de sécurité, les peuples commençaient à vouloir et à pouvoir disposer d’eux-mêmes (on se souvient aussi de la conférence de Bandung de 1955, aussi, quand même).

Comme ce que j’avais entrepris pour les femmes de ce pavé titré « Le Nouvel Hollywood« , je continue mon exploration d’un lieu créateur de cette industrie étazunienne première exportatrice de ce pays.

Commence ici donc la mise en images du « Les sorcières d’Hollywood » de Thomas Wieder (Ramsay poche cinéma, 2006)(de la prouesse selfique ou selfiesque duquel  on se souvient peut-être – on voit qu’il aime le cinéma, hein) –  ici au premier plan alors que là-bas dans le fond – le protocole est respecté – nono et son homologue Barak attendent qu’on en finisse avec ce cirque

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) sous titré « Chasse aux rouges et listes noires » – j’aurai mis une majuscule à « Rouges » mais chacun fait ce qu’il peut. Des sorcières, comme des fantômes, ou des êtres surnaturels. Voilà tout. On remarque que, pour des sorcières, il ne figure guère que des hommes… Les desseins des pulsions de cette part de l’humanité sont parfois parfaitement éclatants. 

La seule ambition de ces billets sera de montrer, si je les trouve, les visages de ces gens-là.

 

Le commencement sera dû (disons, pour faire simple) à un certain Martin Dies (affilié au klan (une ordure de plus), eh oui, démocrate et texan : la complète)

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préparateur en chef de la chasse aux communistes dans les états des années trente et quarante (le communisme a assez bon dos : en fait, il s’agit d’abord de chasser du pouvoir Roosevelt et consorts).

Ici une image de Franklin Delano Roosevelt, y’a pas de raison (encadré par Winston « no sport » et le PPP à Yalta) (manque Charly dG sur la photo, il en sera bien marri).

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Viendra ensuite, sur les traces immondes de Dies, Sam Wood, réalisateur (connu aussi au préalable pour ses films mettant en scène les Marx brothers) ici avec Mickey Rooney (à gauche et jeune, c’est déjà une star)

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(Sam Wood connu aussi pour le fait de stipuler dans son testament – la classe, ça ne s’invente pas –  qu’il déshériterait ses enfants s’ils s’inscrivaient au parti communiste). Recommandable ? Je ne sais pas trop, mais ça ne fait que commencer. La « chasse aux sorcières » comme on  l’a appelée : il s’agissait de flanquer tout ce qui n’était pas d’extrême droite en prison (je simplifie à peine). Les années quarante voient donc l’émergence de ces charmants garçons (beaucoup de garçons, très peu de filles, mais elles ne tiennent rien du pouvoir – le mois prochain, je pense que les choses vont s’inverser…).

Fin quarante cinq (son altesse Truman au pouvoir, on se souvient des 5 et 9 août de cette année-là quand même : deux ou trois cents mille morts…), arrive John E. Rankin, sénateur du Mississipi (clapote en 1960) à la présidence de la Commission des activités antiaméricaines

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qui débute vraiment cette chasse, poursuivie par ce John Parnell Thomas (il tient des listes noires) : c’est le deuxième en partant de la gauche

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lui aussi sympathisant du ku kux klan (cette pourriture ne nécessite pas de majuscule) cinq joyeux drilles, pas à dire, et qui voit-on là, droite cadre ? Eh oui, Richard Nixon avec ses potes, sans doute le plus jeune.

A la fin des années quarante, cette panoplie d’enchapeautés assez canaille va faire régner la délation, la trahison, la haine et la peur à Hollywood et dans tout le cinéma étazunien d’alors…

 

 

la suite au prochain numéro

 

Argumentaire

 

 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’ici, il s’agit d’une antenne, d’une annexe… d’une dépendance si vous voulez…

Je ne dirai pas cela mais un très grand groupe, oui, forcément multinational bien sûr, ce sont des échelles importantes mais non les frontières ne constituent en rien une division,  un clivage ou une séparation, rien de tout ça dans notre esprit, notre façon de penser, notre manière d’envisager les choses, non, notre esprit est induit dans la plus pure transversalité…

Mais clairement, clairement… Transparence efficience pertinence ce sont nos maîtres mots, je dirai nos obsessions… Le siège ? Eh bien à Jersey Madame…

Mais certainement pas, ce qu’il faut savoir, Madame, Monsieur, c’est que ces constructions sont réalisées sur place, avec des matériaux locaux, évidemment, évidemment, il faut des aménagements, mais tout est… Mais oui, mais parfaitement, une éthique sans la moindre faille… Nous veillons au plus grand respect des lois en vigueur dans les pays dans lesquels nous intervenons… Socialement, mais parfaitement, oui… Dans le monde entier, des centaines de projets similaires voient le jour en Inde, en Chine, en Malaisie, que sais-je… Mais c’est que la demande est excessivement forte et que la conjoncture s’y prête complètement, c’est juste le moment, et concrètement je dirai qu’il ne faut surtout pas attendre…

Mais évidemment, mais bien sûr que les charges sont réduites au minimum… nous y veillons avec un souci constant… payables quand vous le souhaitez… dans une certaine mesure… mais comme vous dites, à tempérament, si vous voulez, comme vous l’entendez, bien sûr, c’est vous qui êtes maîtres de tout, c’est toute la force et je dirai toute l’efficience de ce projet… oui, nous savons qu’acheter sur plan a quelque chose d’hypothétique mais enfin regardez, tous ces dessins performatifs, toutes ces images sont bien réelles, je dirai réel tout ce que vous avez là, regardez le caractère d’authenticité par exemple ici dans le garage ce béton lissé dans les gris, dans les taupes… une vraie merveille… très réussie, oui… ah oui, oui mais alors la teinte coquille d’oeuf est en option, aussi oui, salissante mais en option… Eh bien écoutez, voyons cela ensemble, alors les tarifs, voilà c’est ici, quinze pour cent, avouez que ce n’est vraiment pas… ah oui, sur le prix tétécé, oui ben oui…  Alors le fournisseur est le même que celui qui a remporté de haute lutte le marché de la centrale d’Hinkley Point, c’est tout de même une référence… Hinkley Point, oui, c’est au Royaume Uni… Dans l’Europe, mais oui, toujours… Les dernières technologies, sécurisées consolidées et approuvées par la commission…

Jusqu’à preuve du contraire, Madame, la plus extrême vigilance… Mais tout à fait, il s’agit de notre manière de concevoir les choses, mais il n’y a aucune manière d’envisager… Non, impossible, ceci est contractuel…

Mais vous vous trompez, permettez-moi de vous le dire, vous vous trompez complètement, il n’y a là rien qui puisse nuire à…

Ah mais là, alors là vous avez parfaitement raison, je dirai même plus, vous êtes dans votre plein droit, tout à fait tout à fait tout à fait, exactement rien à dire je vous suis parfaitement absolument entièrement je partage, je partage, soyez-en persuadée, Madame, et vous aussi Monsieur, nous sommes absolument conscients de… Tout à fait, mais je pense que personne ne pourrait vous en tenir rigueur… Absolument, un délai de réflexion, si vous voulez vous concerter, je vous laisse libres et maîtres de votre réponse, je peux tout à fait vous laisser discuter entre vous si vous le souhaitez… Parfaitement. Oui.

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Ah.

Eh bien, tant pis, mais vous avez peut-être… Je ne crois pas, non, une offre telle que celle-ci est tout à fait je dirai spéciale, personnalisée, individualisée,  et dès demain, vous comprenez… Eh bien à prendre ou à laisser, non, vous y allez fort tout de même, mais suivant le marché, dans les dix neuf à vingt deux pour cent… Fatalement fatalement… Mondiale, que voulez-vous, mondiale, oui… Voilà. Au revoir, avec plaisir, Madame… Monsieur…

 

Ah, le dur…

 

 

 

(fait beau hein, la nuit) (debout)

Toi qui entre ici laisse à la porte tout espoir de revanche, toute velléité de colère, toute rancoeur et toute amertume, je reviens sur ces six derniers mois de résidence et comme de juste et notamment, sur la réception de ce qui a tenu lieu de clôture. 

Pourquoi ici, je me le demande bien : sans doute parce que j’aime le terrain, et qu’ici est le mien (entre autres, évidemment) (par exemple j’aime quand le vendredi arrive et que je vais chercher quelque part quelque chose et quelqu’un) (quelque part c’est ici, aussi) (c’est un exemple parmi cent) (mais j’aime ce terrain qui n’est pas que le mien) (je fais remarquer à l’assistance publique et lectrice que cette dernière parenthèse abrite un alexandrin de la plus belle eau).

Il y a surtout sans doute qu’avant d’être maison ici est un témoin. Numérique et virtuel, d’abord. Peut-être.

Ici commençons par une photo déjà publiée (je dis ça pour DH) prise (on prend les photos tu sais bien, on n’attend pas qu’on nous les donne) juste avant le début de la clôture (le début de la clôture est-il un oxymore ?) (et aussi la clôture, pour le thème des frontières, ça vous a quelque chose de tombant sous le signe). Il est dix huit heures, c’est le 2 (ou le trente trois) avril (ou mars).

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Et puis ça a été, merci. L’avant veille j’avais pris sur moi de prévenir quelques un-e-s de mes ami-e-s par short message service : c’était « comme vous le savez peut-être le collectif termine sa résidence de six mois au fin fond du 77-une joyeuse clôture est organisée ce samedi 2 avril à 18h- c’est à la bibliothèque de Vernou train gare de Lyon 16.19 ou 17.19 -un peu juste…-changer à Melun un peu galère mais simple aussi-dites moi si vous voulez venir je viens vous chercher à la gare vers 18… bises » : pour des ami-e-s lesquel-le-s ne sont pas (tou-te-s) venu-e-s. J’ai reçu entre autres et en retour ce court message de service : « Merci pour le rappel. Par contre si vous venez en train dans notre « fin fond de Seine et Marne » pas besoin de changer à Melun, le train qui part de Gare de Lyon va à Moret sur Loing sans changement. Je serai à Paris la journée et rentrerai exprès pour venir voir le résultat de votre résidence à Vernou » c’est signé, c’est intitulé.

Sait-on que durant peut-être quinze ans, trois dimanches et fêtes sur quatre (treize-vingt, une demie-heure de pause, oui merci) j’ai officié aux renseignements téléphoniques de cette société ferroviaire et nationale ? (c’était au Pont Cardinet, il faut bien gagner sa vie d’étudiant puis d’enquêteur écrivant n’est-ce pas : tout le monde ne vit pas dans les beaux quartiers). Et donc bien sûr Vernou-la Celle-sur-Seine n’est pas en ligne directe de Paris : j’aurais du me méfier, je n’y pensai pas alors mais le « merci du rappel » avait quelque chose, un sens, quelque chose, je pensais à des ami-e-s, je me suis fourvoyé, tant pis pour moi. Une affaire de classe, pourtant, ce sont des choses que je connais bien, je les sens, souvent, et d’ailleurs, c’est exactement ce qui est arrivé.

Mais ça a été, merci, très bien, je n’ai pas bafouillé (certes mon pull neuf a déteint, un beau bleu sur une chemise blanche, je n’avais pas lu sur l’étiquette, écrit en tout petit comme dans les contrats d’assurance ou autres, le « laver avant premier usage » : tant pis pour moi). Les diverses interventions, très bien, le pot, le retour en auto sous la pluie, les chansons et la joie de vivre, les rires et le week-end, pas de ciné mais tant pis on avance, on travaille on fait ce qu’on doit (on  a été voir l’exposition « Frontières » du musée de l’histoire de l’immigration, parfaite et recommandable : elle continue jusqu’au 29 mai…) .

Lundi (quatre quatre seize) vers treize (13) heures, après le billet ultime, je me souviens, j’avais écrit ce message : « Vous êtes partie trop vite- comme un peu tout le gratin mais enfin…- ça vous a plu ou bien ? Vous me direz… (pour venir à Vernou en train, faut le vouloir… et changer à Melun… :)) Cordialement. PCH ».

Un message un peu convenu, je reconnais, qui tente un peu d’humour sur la société et ses changements…

Je reçus, vers 21h, ce message en réponse ou retour : « Je suis partie en effet très rapidement car assez excédée par les regards « méprisants et quelque peu hautains que vous avez portés sur le sud de la Seine et Marne. Arrivée depuis 18 ans ici, après 36 ans en plein Paris bobo, rue de Babylone, j’ai été, contrairement à votre équipe, séduites par les belles énergies d’ici. L’humain, totalement inexistant dans votre présentation, m’a au contraire, permis de belles aventures artistiques. Assoce Renc’Art où pendant huit ans nous ouvrions les ateliers d’artistes avec comme « devanture » le musée Provencher sur le pont de Moret, lieu prêté pour l’expo collective, mon ami musicien a monté un groupe de rock celtique Transpher qui maintenant tourne de façon quasi professionnelle. Et je m’arrête là car la liste est longue.  Dans votre montage, je n’ai vu que solitude, désespoir, lieux abandonnés et sordides, un no man’s land qui pour moi n’est que le reflet de vos regards bien déprimants. Certes, je suis peut-être encore un peu en colère, donc si vous revenez de votre lointain Paris par ici, je me ferais une joie de papoter avec vous en buvant un kawa au soleil… ps : faites un saut sur le site veneuxlessablons.fr/passerelle pour y voir notre 19 septembre 2015 après les discours… »

C’est signé. Le lendemain matin, un autre message, court et service, m’est parvenu à 7h20  : « Autres pensées d’une amie photographe que je vous transfère : « nous sommes une région avec beaucoup d’artistes hétéroclites tous autant que NS sommes qui aimons partager leurs passions avec les gens pour susciter des émotions sincères et nous aussi NS prenons le train pour monter « à la CAPITALE » et chaque fois que nous rentrons chez nous, on savoure la chance d’habiter ici car nous savons apprécier ce qui NS entoure ». Bonne journée. »

Celui-là n’est pas signé.

Probablement le train. Bizarre, vraiment, les majuscules ; c’est des nues que je suis tombé : « humain inexistant » c’est faux – car, comme on sait, c’est de sa porte que chacun peut contempler le soleil – et inutilement blessant – j’ai pensé à ce réalisateur – je ne l’aime pas à cause de cette scène de « Nous ne vieillirons pas ensemble » (Maurice Pialat, 1972) particulièrement abjecte à l’égard des femmes – qui levait le poing, après avoir reçu sa palme, en 1987 – mais ça m’a fait marrer, parce que c’est vrai que j’ai recours au robot très fréquemment (j’adore ça

1.10 péniche GSW2

j’y peux rien, j’aime ça

1.18 Montarlot horizon lignes électriques GSW

c’est comme une sorte de passion) :

1.12 bisrestaurant l'avenir tizy

c’est une affaire qui m’intéresse, et qu’on veuille bien me pardonner, non, vraiment, je ne suis pas un artiste

1.20 églisegenevraye GSW2

en tous cas pas comme certaine l’entend

1.26 Hermès GSW

la dernière photo de l’Hermès, d’été et du robot (zeugme) : encore merci à tou-te-s de votre accueil, monsieur Mariage et Luc pour cette dernière photo, mais aussi à toutes les personnes des bibliothèques -magnifiques, adorables- les élèves de Gregh (à ceux de la SEGPA : ne désespérez jamais !) et les gens de l’ERPD, sans compter toutes les autres magnifiques rencontres (spéciale dédicace : je pense à ceux qui sont en Islande) faites dans le cadre de cette résidence.

 

billet rédigé le 37 mars 2016.

 

 

Dans les arbres

 

(Que mets-je/mettre en cette maison(s)témoin ? Des fantômes, comme on(je) les aime, ceux qui hantent un peu nos(mes) rêves, ceux qu’on aime retrouver même s’ils ont un peu vieilli (Bernardo Bertolucci commence à taper les soixante quinze quand même, mon ami)… Que posé-je en ces pièces en ces murs ? Des objets (ou des pièces) appartenant à des films que j’ai aimés, ou que j’ai assez détestés, n’importe des histoires qu’on raconte aux enfants avant ou pour qu’ils s’endorment, des histoires, l’humanité et ses histoires… Le drame, la tragédie, la comédie, je m’essaye à raconter, je crains la lourdeur, je tente l’ironie, je me souviens de cette chanson -je sais pourquoi elle me revient, c’est que je l’aime- « Charpie de chapka » qui n’a rien à voir mais ça ne fait rien, elle fait partie de ce qui tourne toujours (Etienne Roda-Gil) comme certains films – celui-ci n’en est pas un mais depuis quarante six ans qu’il est sorti (1970) je ne l’avais jamais vu. Voilà tout : l’histoire est jolie parce que je l’ai vu (le film, pas l’histoire) dans un cinéma nommé Le Brady (boulevard de Strasbourg, à Paris, lequel boulevard fait suite au Sébasto de Jean-Roger Caussimon cher à « Ruelles« ) où pour la première fois j’allai… J’aime ces conjonctions, j’aime Paris au mois d’Avril comme je l’aime au Portugal, enfin, des chansons, des films, de la musique et de la conscience. Que fais-je dans cette parenthèse italique ? Je m’explique, vu que cette maison a l’audace de changer (de l’audace, toujours de l’audace)  (j’adore ça) : je continue mon attitude, j’essaye de comprendre ma façon d’agir. J’écris, je prends des photos des films annonce qui tourne sur mon écran d’ordinateur, j’illustre) 

 

C’est une histoire d’arbres

conformiste 1

en vrai c’est en forêt que ça se termine (ça pourrait aller au jardin, s’il y en avait un, et s’il y avait des arbres ). C’est l’histoire assez horrible de l’Italie d’avant la deuxième guerre (mondiale, juste avant, en 38), celle de l’ordure et de l’infamie, expliquée par le traumatisme sexuel subi dans l’enfance. C’est aussi l’histoire du fascisme : comment le devient-il, fasciste, ce héros au sourire si doux (Jean-Louis Trintignant, qui interprète le rôle d’un Marcello Clerici) (et lorsque sa femme à l’écran -interprétée par Stéfania Sandrelli qui tient fort son rôle, dirigée magnifiquement- l’appelle par son prénom, on a l’impression que c’est Marcello Mastroianni qui va apparaître) ?

Stéfania Sandrelli confessionnal

C’est un couard, un lâche – ça ne ferait rien s’il n’était aussi avide de pouvoir, tu comprends…

conformiste 2

Ici c’est la scène d’ouverture, le trio  chnte, lui est avec son ami aveugle dans la coulisse, dans la cabine peut-être de sonorisation, d’enregistrement, ils parlent et il explique qu’il veut être comme tout le monde, avoir une  « bonne épouse » – i.e un peu conne- une vie normale, il sera donc dans les affaires normales de l’Italie d’alors, on lui confiera une mission afin qu’il prouve sa loyauté au Duce, il faudra qu’il tue quelqu’un, son ancien professeur de philosophie devenu opposant au régime, et il le fera par meurtriers interposés, lâchement comme il sied à des hommes de cette trempe…

conformiste 3

Contrefaits, arrogants, sévères, monomaniaques, les hommes qu’il servira seront à l’image de ce qu’il deviendra sans doute  mais le film raconte ces journées-là où il va faire tuer d’une façon horrible (des dizaines de coups de couteau) son ex-professeur qu’il fera mine, tout au long du film, d’admirer. Ca se passe un peu dans un Paris reconstitué d’avant guerre (le musée d’Orsay est encore la gare dans laquelle on a installé un grand hôtel, les images sont magnifiques).

Trintignant tour eiffeil

C’est ce double langage qui est à la base de la réalité qui est montrée – et on ne doute pas, à voir la politique menée ici (en Pologne ces temps-ci) ou là (en Hongrie, au hasard par exemple aussi), de la réalité de ces agissements, car cette extrême-droite-là existe encore de nos jours. Voir ce film aujourd’hui donne un sale goût dans la bouche.

conformiste 4

L’homme, Marcello donc, se marie et pour ce faire, est obligé de se confesser, n’en a cure puisqu’il le faut, il se constitue ainsi : une mère opiomane qui trompe un mari aliéné, avec le chauffeur nommé « Arbres » -traduction du nom du chauffeur asiatique.  Tout est assez transparent – abusé quand il était enfant par le chauffeur de son père, le petit Marcello tuera son violeur -ou pensera le tuer – et durant toute sa vie, ce traumatisme le hantera. Devenir normal, tendre vers la normalité à travers son adhésion à cette idéologie (pourrie), voilà le but ultime du héros. De l’empathie pour lui, non, mais l’acteur est formidable, le film superbe (une image de Vittorio Storaro nuancée sensible douce claire, une merveille), doublé d’une musique de Georges Delerue, magnifique…

conformiste 5

Et à la fin, il finira par encore trahir son ami… Déliquescence, horreur, indignité : itinéraire à ne pas emprunter.

Journal de la maison(s)témoin : du genre dessin animé

 

 

(témoin, certes, mais de quoi ? l’affaire dure, les merveilles du monde ourdissent probablement des actions dans leurs coins respectifs -faut que j’arrête avec probablement et de manière générale, faut que j’arrête avec l’aigreur) (pour ce faire, je dispose de ceci et d’autres ailleurs) (la disparition chère à feu Perec de non seulement les e mais de tous les livres et autres joyeusetés de ma vie antérieure au trente un octobre quinze impose une sorte d’ascèse dont je ne suis pas, je n’étais pas disons, partisan avant cette date) (laquelle a été rendue négligeable -sauf peut-être pour moi, celles et ceux qui m’entourent- du fait de ce treize novembre indicible -même si la gouvernance de cette nation/pays/territoire enfrontiérisé fait mine, à force de mouvement de muscles déprimés et inutiles, d’en avoir la maîtrise) (rien à attendre : foncer)  

Le cinéma m’a fui, ou alors il s’agit d’une fausse sortie (la partie 2 de « Homeland » n’est plus donnée qu’à quelques heures idiotes dans quelques salles éloignées) (Abbas Fadhel, 2015) : la maison(s)témoin, existence dix mois, semble déserte (c’est faux, on y est, certes) et sous le ciel s’organise un printemps bientôt disponible dans toutes les bonnes officines de la planète (enfin, disons hémisphère nord) (personne ne subit les mêmes intempéries) (il fait froid, le soleil va briller, il fait doux, les arbres verdissent) (évidement que c’est une fausse sortie, quelqu’un y a cru seulement ?)

Revenant d’un ailleurs circonstancié à quelques quatre vingt kilomètres et quelques, sud sud ouest (voyage en Hermès, conduite de Désiré..), mobilisant pour le neuf de ce mois, tentant de lever, hors de l’eau, un nez une bouche qui voudraient respirer, des narines obstruées, des muscles tendus, des organes fatigués et oublieux des nuits presque blanches passées à n’essayer que peu de parvenir à une fiction porteuse de sens, m’est parvenue, d’un moment sans doute ensoleillé de ce vendredi consacré à l’entière et définitive prise en compte du travail du mois précédent et sous forme définitivement pervertie de tableaux comptables, m’est parvenue donc la haine et la colère vis à vis des dessins animés produits par l’oncle sam (sans majuscule non) dont Henry Salvador était l’émanation télévisuelle, une sorte de « ami public numéro un » légèrement abscons, certainement entêté d’audience, dont l’avatar le plus écoeurant était bamby

bambysans titre1

suivi de l’abject roi lion (on ne met pas de majuscule, non qu’on cesse de garder une certaine légitimité à l’orthographe et à sa typographie, non, justement)

roi lionsans titre1

(je ne pose ces italiques que parce qu’il s’agit des titres de ces pellicules inutiles et perverses, qui intiment à tout un chacun, et notamment, les plus jeunes d’entre eux, de se conformer à une sorte de vision idyllique et consumériste du monde : seulement, si je peux me permettre, il n’en sera jamais ainsi et nous ne serons jamais, jeunes ou vieux, anciens ou nouveaux, mâles ou femelles, nous ne serons jamais dis-je réduits à de simples réceptacles).

Un billet à thème de films d’animation -comme on dit, car ils le sont tous, persistance rétinienne obligeant sûrement – jamais je n’aurais pensé en produire, faut-il donc que les temps soient indisponibles, et les actes des merveilles inefficaces…

Puisqu’il s’agit de ce type de cinéma, j’arrête.

J’ai plus dans l’idée de me retrouver assis dans le noir, Espace Saint Michel ou  une autre enseigne (comment les nomme-t-on ?) indépendante, à voir dans des conditions précaires inconfortables peut-être une merveille (une vraie celle-là : « Mirages de la vie » ? (Douglas Sirk, 1958))

 

 

(dans la recherche forcenée et exhaustive des genres -mais est-elle entreprise ici ? – , celui qui apparaît aujourd’hui, sans même que je l’aie convoqué, ne laisse pas de m’intriguer -à moins qu’il ne m’inquiète… : voici donc l’avatar complètement inconscient de ce cinéma-là, celui qui intime de penser que le pays où il est produit est celui qui en a fait sa première exportation, vite rejointe par des exploitations de ce qu’il est convenu de nommer parkatème, développé non loin de cette capitale pour l’Europe, ville nouvelle choisie s’il fallait le préciser parce que les conditions sociales de cette installation étaient si tellement réunies et favorables à cette firme qu’elle ne pouvait pas ne pas s’y résoudre : il y avait un petit livre dans la bibliothèque qui parlait de cette installation, de cette façon de baux emphytéotiques proposé pour un demi-dollar et de la propriété pleine et entière d’une surface de je ne sais plus exactement combien de centaines d’hectares dans ces lieux-là, afin de favoriser un emploi déjà récalcitrant et de résorber un chômage qui atteint, ces temps-ci, les mêmes hauteurs vertigineuses, et qui oblige donc les gouvernements en fonction à de pareils cadeaux du type wtfcice sans majuscule non plus)