10 persion

 

 

 

on fait au plus simple – au plus facile – au plus court – tout le monde (?) est en vacances – on y va aussi mais on n’abandonne rien – on ne lâchera rien, (pas tout de suite) sans doute bricolage et jardinage (la maison[s]témoin toujours aussi sensible aux afflux et aux visites touristiques) – n’importe, entrez, regardez, visitez – des vues des portraits des gens des couples couleurs et noir&blanc – des habitués des simples passants – il nous faudrait quelque musique cependant (ici Dave Brubeck au point)

continuons cette galerie

Antonio della Tore qui se fait lâcher par ses amis politiques, assez plus pourris que lui (encore que) (dans El Reino (Rodrigo Sorogoyen, 2017) (traduction du titre : « le royaume ») puis

Catrinel Brando dans les Siffleurs (Cornelio Porumboiu, 2019) (thriller roumain où elle interprète la brune fatale) (type Ava Gardner, 70 ans plus tard) (beau thème cependant) – on attend un peu pour aller au cinéma

on a vu Slalom (Charlène Favier, 2020) ici en portrait – regard baissé, mais le film lui montre la résistance d’une jeune sportive (Noée Abita, assez parfaite) à l’emprise de son entraîneur (Jérémie Rénier) – malgré tout continuer – je m’astreins tsais… –

ici Robert Mitchum en shérif aviné et John Wayne en redresseur de tort – Howard Hawks, El Dorado, 1966) – remake de Rio Bravo, peut-être, mais sympathique quand même (faut aimer le western aussi…) – réalisateur du Grand Sommeil tsais

Humphrey et Lauren (indépassables, jamais) (il faudra qu’on meurt, et ensuite ils le seront peut-être – ça m’étonnerait) – changeons de genre

peplum (Charlton en Judas Ben-Hur (William Wyler, 1959) (les 4 chevaux (ceux du Carrousel, ceux de Saint-Marc, ceux de la voiture Renault de ma mère) (dans les beiges) (flanquée dans la pile du pont du TGM) (enfin tout ça) – passons

ici Jean Ray, créateur de Harry Dickson, écrivain formidable

Jordi Savall, violiste magnifique (participeà la musique de Touselsùatis du monde (Alain Corneau, tu te souviens – 1991) et on se souvient aussi de son refus des honneurs en 201 (formidable d’éthique – fonce Jordi!) ici des danseurs

formidable West Side Story – (Jerome Robbins et Robert Wise, 1961) (multiples oscars comme Ben-Hur) ce sont les étazunis – et leur cinéma – on ne parle pas beaucoup, de ce côté-ci du mur, de Bollywood c’est vrai – c’est difficile à trouver et ces images ne sont qu’un reflet d’un hebdomadaire – et puis

un homme d’état (Olivier Gourmet) et son assistante dir-com (Zabou Breitman) – plongée dans les arcanes de  l’exercice de l’État (Pierre Schoeller, 2011) déjàdix ans – puis cet autre couple

on a l’impression d’une photo du bonheur, juste vrai et simple de Rita Hayworth (son illusionniste,peut-être un peu inquiet : Orson Welles) – ces temps-là, ici Simone Weil à son mariage

n’est-ce pas un couple comme un autre ? (je repose ici son amie parce que je ne veux pas les séparer

) et cette histoire – cette folie – les années quarante du siècle dernier – eh bien passons –

et finissons-en (pour cette fois) rive gauche, dans cette petite rue qui du Luxembourg mène  à l’église et la place Saint-Sulpice (où, naguère, on tentait l’épuisement…) (le livre de Lydia Flem recommandé par mon amie M. aussi, à lire je suppose)

 

dispersion, une série de la visite des couloirs de la maison[s]témoin

 

 

La liberté ou la mort

 

 

Il s’agit d’une période trouble, troublée et tumultueuse (comme on aimerait qu’il s’en trouve de nos jours, tant les injustices, les indignités, les mensonges sont présents partout dans cette politique menée, dans ces mots employés et dans ces images posées). La première scène voit le roi Louis seize laver les pieds de jeunes garçons comme son Dieu le lui impose (c’est son Dieu qui l’a posé sur le trône, il lui obéit). Le roi est incarné (sobre et inquiet) par un Laurent Laffitte de la comédie, je crois bien : il plaît, et on l’aime. Au début.

Le travail des lumières est assez incroyable (j’aime la lumière au cinéma, ici la photo est due à Julien Hirsch (sous le lien, il raconte un peu de son travail)). Une vraie distribution, magnifique, emmenée par Adèle Haenel

et le rôle des femmes dans l’histoire est aussi magnifique que le sien. Elles emportent la vie, le monde… comme dans la réalité ? plus personne n’est là pour le dire (j’aime savoir que des gens comme nous – longtemps j’ai vécu sur le faubourg Saint-Antoine, ont pris le présent par les cornes et l’ont maîtrisé ou du moins ont tenté, j’aime savoir ça) mais le cinéma a cette audace (il en a beaucoup) et , crédules que nous sommes, nous nous y laissons prendre. Il y a Olivier Gourmet qui joue le rôle d’un verrier et sa femme interprétée par Noémie Lvovski

il s’agit d’un grand et beau spectacle, qui raconte des faits et des gestes, des guerres et des fusillades (on frémit en pensant à cette troupe qui tire sur des manifestants : on se souvient de ces manifestations où on parlait de « nasse », on frémit – on se souvient un peu de Rémi Fraisse, tout autant, et de Romain D.), il y a, assez halluciné, un Gaspard Ulliel à qui on transmet l’art du verre (et son sourire formidable quand il dit « le Roi m’a touché la tête… »)

il y a beaucoup de sensibilité, de drôlerie et de drames, de morts : ici l’une des habitantes de cet immeuble du faubourg Saint-Antoine, lavandière comme Adèle Haenel, interprétée par Izia Higelin (la soeur à Arthur, oui)

tragique, drôle, sensible – il ne faut sans doute pas trop exagérer dans les compliments, mais toutes proportions gardées, j’ai vaguement pensé au Guépard pour les scènes de guerre et les scènes qui montrent la royauté en acte à Versailles : je reconnais que c’est un peu excessif, mais il y a quelque chose : c’est que le lyrisme est présent (on ne sait pas bien comment il fait, mais il nous parvient)). Il y a quelques scènes avec des chevaux, ce noir-là qu’on tente d’attraper et qui foncera vers la caméra

de nombreuses scènes de palabres parlementaires où on découvre un Marat survolté (Denis Lavant, splendide)

on plaide avec Robespierre (Louis Garrel, intraitable (zéro sourire, mais on est habitué))

on retrouve Paris, le Louvre, on voit Versailles et la cour, on frémit aux tueries, et puis le « Mon peuple, où es-tu ? » de Louis seize, à la fin sur cette place qui n’est pas encore de Concorde : il arrive ce qu’il doit arriver et ce n’est pas seulement à Louis seize qu’on décolle la tête, mais aussi à cette aristocratie qui se sert de l’esclavage, qui humilie les pauvres et les tient sous un joug illégitime, tue des enfants et des femmes et des hommes, c’est le peuple qui parle : c’est le peuple qui  crie, même : « la liberté ou la mort ! » …

du vrai cinéma, du grand et du beau comme on l’aime…

 

Un peuple et son roi, un film mis en scène par Pierre Schoeller.

 

 

Bon film, hein…

 

 

Ma mère (il faut quand même que j’en parle de temps à autre) avait coutume de schtrater pour aller au cinéma – elle aimait beaucoup Errol Flinn si je ne m’abuse, et j’ai toujours cette vision de lui dans « Les aventures de Robin des bois » (Michaël Curtiz et William Keighley, 1938) en train de manger du poulet (le pilon, bien sûr), dans la forêt de Sherwood) (y’avait aussi Olivia de Haviland, mais bon, bref) (schtrater c’est son mot (à ma mère, pas à Olivia, entendons-nous bien) pour sécher, n’y pas aller, envoyer chier l’emploi du temps, comme tu veux – et pour ma part, j’ai suivi des études de cinéma – je n’avais pas à m’emmerder la vie avec de fausses raisons, j’allais au cinéma pour l’étudier – jusque quatre fois par jour, tu imagines la détresse…)

Mais à présent, ça commence à m’ennuyer sérieusement (je me suis dit je vais faire autre chose dans cette maison-fantôme comme un vaisseau, je suis le Hollandais Volant (je suis James Mason) et le voilier jamais plus n’accostera, ou alors peut-être seulement un soir, tard, à la Vallette… J’ai gagné une place, j’y fus hier – j’écris aujourd’hui, c’est mardi, demain c’est mercredi, on change de film et tout ça tourne encore et toujours… Pour faire autre chose, je repasserai (mais j’ai une chronique sur le feu, avec ce « Une fuite en Egypte » (Philippe de Jonckheere, inculte) bardé de points-virgules : ce sera pour une autre fois, mais bientôt; et je te le flanquerai dans la cuisine; non mais eh; pourquoi pas ? Enfin bref.

Il semble que ce beau pays (où des présidentiables aiment à se faire offrir des costumes à six mille cinq par des amis) (les présidentiables ont les amis qu’ils méritent, hein) (enfin deuzèf) dans ce beau pays, donc, on a produit l’année dernière plus de trois cents longs métrages. Hier, j’en ai vu l’un d’eux, voilà tout.

 

C’est une histoire tragique même si l’héroïne (Claire alias Catherine Frot) fait un métier magnifique – sans doute le plus vieux du monde, s’il s’agit d’un métier – elle est sage-femme, et met au monde (« en vrai mais en Belgique » dira le réalisateur présent à la séance du Louxor) (en France, on n’a pas le droit de filmer ce type d’exercice) des humains, futurs quelque chose espérons, dans des conditions parfois difficiles. Béatrice (Catherine Deneuve) va mourir, je dévoile, c’est égal, et cherche à revoir son amour (il se trouve que c’est le père de Claire, il se trouve que cet homme s’est suicidé et on n’en saura pas vraiment la raison – il flotte dans l’air le fantasme qu’il se serait tué parce que Béatrice l’aurait quitté, mais bof, ça ne tient pas tellement) mais la force du fantasme, c’est que cette éventualité est défendue par Claire qui donc, au début du film, éprouve pour cette Béatrice quelque chose comme de la haine (lorsqu’elle s’en est allée, toutes deux s’entendaient bien, elles riaient etc etc). Elles en rient encore un peu, trente ans plus tard (je mets cette photo-là parce que mes mômes sont nées là-bas, c’est tout).

(c’est laborieux, putain). Tant pis, Béatrice va mourir, elle le sait, tumeur au cerveau elle est condamnée, elle le sait, elle s’en fout, boit du pif, fume des clopes, joue aux cartes. Irruption dans la vie de Claire qui vit plutôt seule avec son fils (Simon, interprété par Quentin Dolmaire – qu’on a vu dans le film d’Arnaud Desplechins, « Trois souvenirs de ma jeunesse » en 2015)

et qui cultive un bout de jardin dans la banlieue de Mantes-la-Jolie, où elle habite. Le voisin du jardin, c’est Paul (Olivier Gourmet) (enfin le fils du voisin)

Paul conduit un poids-lourd jusqu’en Pologne, en Russie peut-être, il rapporte de ses voyages du caviar du vin des trucs, il est sympathique, elle aussi, les voilà ensemble, et Claire qui débarque dans cette vie, pour y mourir.

Des dialogues formidables, surtout pour Béatrice, un rôle en or massif comme ses bijoux, une merveille en réalité qui, si elle est ici expliquée, perd tout son charme. Le merveilleux qui s’établit, c’est dans les baisers qu’on le trouve : il y en aura au moins trois. Le premier, c’est celui qu’échangent Claire et Paul (jusqu’ici, tout va bien). Le deuxième, tellement juste, c’est celui que Béatrice sans y penser donne à Simon (il faut dire que c’est le portrait craché de son grand-père). Le troisième, magnifique, c’est celui que Claire donne à Béatrice. C’est cette forme de relation mère-fille qui est magnifique – et d’autant plus que Béatrice n’est pas la mère de Claire, sinon dans la fiction, celle-là même qu’on voit se dire sous nos yeux. On aime l’appartement de Mantes-la-Jolie, on aime le jardin, la barque, le poids lourd, on aime à peu près tout. On le dit. Voilà tout.

En prime, le réalisateur, Martin Provot, a déjà réalisé « Séraphine » (2008) avec une Yolande Moreau formidable. Donc, ici aussi, deux femmes formidables, et la sage-femme n’est peut-être pas seulement Claire. Bon film, hein…