Femmes cinéma #2

(ça ne fait rien, j’avance) (pas spécialement conscient de l’existence de ce type de feuilleton, c’est égal, il y a dans l’imaginaire différentes autres figures-Janique Aimée, Ma sorcièrebienaimée, celle de « chapeaux melons et bottes de cuir » à laquelle fait écho amplifié la chanson d’Alain Souchon, qui « veut du cuir », c’est égal, elles peuplent probablement une sorte d’imaginaire télévisuel) Pour composer (bien, s’il te plaît) un billet, poser sur la platine cette chanteuse qui fait « petit pays je t’aime beaucoup/petit petit je l’aime beaucoup » Cesaria, clopos et alcools sans chaussure, cheveux courts et regards perdus, ça ne fait rien, je continue, j’avance)

Ce ne sont donc pas (pas vraiment) des stars comme aime à les appeler cette industrie, cet art, Charles Chaplin, messieurs Lumière (Louis, Auguste) et Georges Méliès, ce ne sont pas seulement des êtres vivants, ce sont surtout des images, celles de ces gens-là, parfois si inconnus qu’on n’en trouvera nulle trace ici, ou alors diffuses, incompréhensibles, fausses…

J’avais projeté de recommencer par une directrice de la Paramount, une certaine Ronda Gomez (elle apparaît dans le corps parce qu’elle a une certaine importance ? Non, je m’en souviens seulement maintenant)

Ronda Gomez

elle est à droite, cheveux courts, sourire et broche, il y avait aussi cette compagne de Terrence Malick, réalisatrice et assistante de Bert Schneider, Michie Gleason

Michie Gleason

mais elle semble une actrice, rechercher encore, je ferai sans doute des modifications à mesure que s’ouvrira ce passé, si je recherche (voilà bien le virtuel, tu poses un billet, tu l’oublies peut-être, est-il lu regardé parcouru qui peut savoir, qui sait, qui veut savoir, on le pose et vogue la galère, demain soir, ce seront – espérons- les agapes, les rires et les baisers sous le gui, on espère en demain, on espère toujours en demain…)

AmyIrving

Amy Irving, actrice (ex(?)-épouse de S. Spielberg)

Les transformations dues au réseau, ou au temps (qui peut aller savoir, connaître et reconnaître ce distingo ?), les jours passent, tu sais bien

brooke hayward

Brooke Hayward (épouse de Dennis Hopper, soeur de Bill Hayward-producteur d' »Easy Rider ») ici en compagnie de Groucho Marx (le gilet de laine, pas vrai…)

des fantômes, des gens d’image capturés dans leur plus simple appareil (n’exagérons pas mais il arrive, aussi, que ces jeunes femmes apparaissent aussi sous des dehors de starlettes, tel est le cinéma qui se sert des anatomies pour provoquer des fantasmes, et s’en saisir pour les transformer en l’achat d’un billet)

Gloria Katz

Gloria Katz, qui n’est que l’épouse de William Huyck, mais cependant tous deux auteurs d’Indiana Jones number one

Certes, cependant, je choisi les clichés (il n’en est pas d’autres de Gloria, pas trouvé ou pas recherché, mais celui-là me convient, sans sourire, portant sur le monde une sorte de regard critique), ici je compose sur leurs places, à elles, celles qu’elles occupent, pixellisées, différentes d’aujourd’hui

Marcia Lucas

Marcia Lucas, chef monteuse (non mentionné mais accessoirement première épouse de Georges dont elle prit le patronyme)

(comme disait Barthes « c’est le ruban noir au cou qui fait le punctum– chacun fait ce qu’il lui plaît) (le regard assez froid, à l’arrière plan, voilà ce que c’est que la photographie) 

je les ai formatés, retouchés, repris, ici ou là, fait disparaître les uns

Margot Kidder Margot Kidder, actrice, colocataire  de Jennifer Salt

(on n’en connaît aucune, elles étaient colocataires : tu penses à Mulholland Drive ? (David Lynch, 2001) et aux amours saphiques, c’est qu’elle apparaît cette Margot-là, en petite tenue quelquefois)

dans le cours du billet, elles apparaissent parce qu’elles sont rangées dans un dossier (Nouvel Hollywood 2) sur le bureau dans le dossier « Photos piero » il faut choisir, ranger, regarder, peiner, continuer ses excursions, ce sont les années soixante dix, le cinéma de l’autre côté de l’océan, un certain cinéma

Melissa Mathison

Melissa Mathison, scénariste de ET

certaines d’entre elles nous ont quittés, certaines sont toujours sur le pont,

Mimi MachuMimi Machu, compagne de Jack Nicholson, puis de Hal Ashby

elles sourient un peu, elles sont surprises par la photo, ou non, elles sont , très souvent, les hôtes de quelque pince-fesses parties (surboums, surpattes) comme on disait -ce monde n’est pas le leur, ce monde ne leur appartient pas)

Pauline Kael

Pauline Kael, critique

d’elle je me souviens, parce que j’ai entamé mes études de cinéma à la fin des années soixante dix, on parlait encore de cette femme faiseuse de rois du cinéma, on parlait de ces histoires-là en écoutant (un peu) Michel Ciment donner son cours d’anglais, ou Claude Beylie nous parler de Jean Renoir et de Jules Berry, le cinéma, ses tenants, ses afficionados, courir au Balzac, chercher à voir ce film de Glauber Rocha, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique

Sue Mengers

Sue Mengers, agent artistique (peut-être de Christopher Walken, ici  derrière elle? je ne sais)

on ne pose pas, c’est un habitus robes du soir et smoking noeud pap chaussures en miroir chaussettes de soie (je brode, je brode) et ici cette dernière de l’épisode

Susanna MooreSusanna Moore, assistante de Warren Beatty, épouse de Richard Sylbert

non, jte dis, inconnue au bataillon (elle, ce doit être elle de nos jours, qui écrivait peut-être le scénario de ce Shampoo (Hal Ashby, 1975)), des image,s des illustrations, qu’est-ce que ce monde ? Que sont-elles donc devenues ?

Bon réveillon, bonnes fêtes, à l’année prochaine (et merci à François Bon pour le soutient)

Femmes cinéma #1

 

(A la vérité je voulais me rendre compte du visage des types qui ne cessent d’être cités dans le livre : cent trente deux visages ça fait aussi beaucoup, mais je pourrais en faire le feuilleton, puisque, tout compte fait, dans cette maison, ne subsistent que goules et fantômes -et que sont d’autres les acteurs – et les actrices – sur l’écran ?

Rien.

Personnages – par antiphrase, le sens commun nomme aussi ces gens-là des people- , dont on suivrait les frasques dans diverses feuilles à scandales ou pas, populaires ou ordinaires mais ça n’existe plus guère, journaux gratuits de tous poils… La chronique en serait défrayée, illustrée par des paparazzi de tous horizons, objectifs, traques et autres surveillances (je me souviens assez bien, c’était un dimanche, un matin tôt; une fin de mois d’août; j’étais dans la cuisine et la radio annonçait la mort à Paris de l’ex-femme du futur roi d’Angleterre-ce qu’il risque bien de n’être jamais…- qu’on surnommait lady Di) 

lady D

Sans légende

(elle n’a jamais été actrice mais le linéament qui l’unit à Grace Kelly fonde, pour moi, une fiction efficace) (je suis, en effet, assez midinette fleur bleue ou ce qu’on voudra dans ce registre)

grace kelly et sa belle-soeur

la princesse de Monaco avec sa belle-soeur (la soeur à Rainier donc, trois du reste)

(ce que j’aime, c’est ce garçon, à l’arrière-plan, derrière, noeud papillon smoking blanc, un peu chauve qui me rappelle mes oncles, et qu’on dirait tout droit sorti d’une maison témoin)

J’avais à la maison pas mal de livres qui comptaient l’histoire du cinéma : ici, il s’agit de l’étazunienne des années 60 et 70, un petit pan illustré, mais observé par un angle, un point de vue, une place ou une posture un peu différente. Il est vrai aussi que je préfère les femmes, de manière général, mais n’importe, voici un premier épisode, je ne sais si je tiendrais jusqu’au bout… En tous cas, plaçons ces gens dans pièces et salon, nous verrons bien, en choisissant leurs effigies ce qu’elles nous diront de l’état des choses durant ces vingt années-là…)   

 

Dans le livre (je l’ai fini, là : c’est un cadeau, le premier depuis le feu, mes remerciements…) que je suis en train de lire (« Easy riders, Raging bulls » dans  le texte ; traduit en « Le nouvel Hollywood » par la grâce des éditions du Seuil probablement, collection Points, Peter Biskind, traduit par Alexandre Peyre, 2006 pour la traduction, 2002 le Cherche Midi éditeur) figure un index des personnalités (p 651 et suivantes) lequel regroupe une liste d’une bonne centaine de noms (156) par ordre alphabétique.

Ce sont tous gens connus du milieu.

Sur la couverture, trois photos filtrées des films représentatifs (probablement) du propos : « Easy Rider » (Dennis Hopper, 1969), « Bonnie and Clyde« (Arthur Penn, 1967), « Star wars » (Georges Lucas, 1977 -j’ai l’impression) (ou alors « Apocalypse now » Francis Ford Coppola, 1979).

nouvel hollywood

Une galerie de personnages (on peut remarquer le fait de donner le centre au film de Penn, mais surtout -pour ce qui intéresse ici- une seule femme : en l’occurrence, Faye Dunaway qui incarne Bonnie Parker dans le film de Penn).

Dans la liste des personnalités, on a compté. On a cherché les images qui correspondaient à ces noms, et on les a identifiées. Toutes ne seront pas publiées : je ne trouve pas, mais je cherche, j’identifie, ce n’est pas simple mais je cherche.

Sur les 156 noms, on en comptera 37 de femmes (soir un quart). En déduire que le cinéma étazunien (de ces années-là) est pratiqué par 3 fois plus d’hommes que de femmes serait (très) probablement plus qu’hasardeux (certainement mensonger et même complètement faux). Mettons qu’il s’agit d’un strabisme (après tout, le livre est écrit par un homme et cette gent-là tient le pouvoir ici comme ailleurs) (on peut l’accepter, le déplorer, le combattre tout autant, mais on a quand même à d’abord le reconnaître : preuve ici serait donc apportée).

Ca ne sert à rien sinon à montrer l’omniprésence des hommes (ils sont tous patrons de studios, réalisateurs ou scénaristes -la lie du ciné étazunien, cette place-là… – tandis qu’elles sont actrices, journalistes, ou femmes d’untel). Une jolie brochette qui indique cependant (nonobstant les rôles très fréquemment tenues par les femmes -maman ? putain ? ce serait à regarder précisément, certainement) un certain style dans le pouvoir de ce champ du divertissement ou de la culture (qu’est-ce que tu préfères ? ).

Poserai-je ici, en cette maison fantôme comme un vaisseau,  les trente sept photographies prises là, ici, ailleurs ? Certes (j’ai déjà commencé). Je cherche en tout cas, je regarde et tente de me raccrocher à quelque chose. Quoi, qu’est-ce , je ne sais, mais disons qu’en cette fin d’année, ce sera une sorte de cadeau.

D’abord remarquer que, dans la liste ainsi réalisée, 22 personnes sur les 37 donc sont caractérisées par « épouse de  » ou « compagne de » ce qui indique un statut qui ne se découvre que très peu chez les hommes (Francis Coppola n’est pas gratifié du titre d »époux d’Eléanor Coppola » – on ne parle pas du nom de famille d’ailleurs) .

Puis peut-être indiquer que des 37 illustrations recherchées, on n’en trouve qu’une part (une trentaine) : les autres n’apparaissent pas en photographies (je n’ai cherché que sur le moteur que je ne nomme pas). Indiquer aussi qu’on trouve 2 productrices, une réalisatrice, dix actrices, 2 monteuses, 3 assistantes (diverses) et 4 scénaristes. Une chanteuse, une costumière, deux agents de casting, une chef-décoratrice. C’est une revue de professions, et c’est une liste que j’aime (j’établirai celle des hommes, que je poserai lorsque j’en aurais fini).

Commencer alphabétique :

Candice Bergen

Candice Bergen, compagne de Bert Schneider

Hellen Burstyn

Ellen Burstyn, actrice

Scott Bushnell, productrice pour Robert Altman (sans photo)

Julia Cameron

Julia Cameron, scénariste, épouse de Martin Scorcese

Julie Christie

Julie Christie, actrice, compagne de Warren Beatty

Eleanor Coppola

Eleanor Coppola, épouse de Francis Coppola.

Marion Dougherty

Marion Dougherty, directrice de casting

Faye Dunaway

Faye Dunaway, actrice

Carole Eastman

Carole Eastman, scénariste

Verna Fields, monteuse : sans photo…

Louise Fletcher

Louise Fletcher, actrice devant elle : son Oscar.

La suite au prochain numéro…

A toutes et tous, joyeuses fêtes (on va bien s’amuser dans cette maison(s)témoin, je pense…

 

 

 

 

l’ange

Ce problème de savoir si c’était foncièrement utile, c’était bien le problème central. Un ange tournait, suspendu par une main, son corps suivant une ligne parallèle au sol. Ses deux ailes brunes enveloppantes, scintillantes, semblant s’ouvrir à mesure qu’il tournait puis se fermer, une illusion d’optique. Une illusion légère, sans importance, n’impliquant pas qu’on y réponde, qu’on prenne position, ni même qu’on en discute. Est-ce que c’était utile de le savoir, utile d’être lucide, sans concession, de lire entre les lignes des articles de journaux des indices de cupidité et de médiocrité. Est-ce que c’était utile de suspendre un ange parallèle à la route. De suspendre cet ange en l’accrochant en haut d’une tour, peut-être même en haut de la plus haute tour d’une ville, est-ce que cela servait, est-ce que ça pouvait impliquer une modification subtile du monde, qui, peut-être ajoutée à une autre, et à une autre ensuite – ajoutée par exemple au déchiquetage et au réassemblage d’affiches publicitaires tronquées, les roues d’une voiture de luxe changées en plats de spaghetti en sauce, ou encore ajoutée à la réunion, dans une pièce étanche, derrière une vitrine étanche d’autres vitrines, placées les unes à côté des autres, contenant des boîtes de verre alignées sur des étagères de verre, chacune des boîtes refermée sur une sorte de boule à neige contenant un paysage désuet en réduction (rennes, nains, sapins, monuments célèbres), mais une boule à neige rendue, par je ne sais quel procédé, cubique, de façon à parfaitement s’insérer dans sa boîte de verre – est-ce que cela, ajouté à d’autres tentatives et à d’autres performances complexes et parfois incompréhensibles, pouvait changer quoi que ce soit. Ou c’était faire confiance à l’existence non prouvée d’un organisme plus large, et à sa chimie : n’importe quel acte aurait sur cet organisme un effet, dans l’œil, la tête, le corps d’un passant, l’acte saurait se répercuter (en partant du principe que cet organisme était constitué de nombreuses cellules qui toutes ensemble formaient une collectivité, les habitants d’une ville ou d’un continent par exemple). Est-ce qu’il y avait cette mince possibilité de changer la donne, petit à petit, en s’armant de collections entières de chiens de faïence blancs, d’expositions de visages muselés peints les uns sous les autres, d’oreilles percées et de mains ligotées, de menottes attachées à la suite en guirlandes, pour que les habitants d’une ville, d’un continent, s’en trouvent légèrement modifiés, peut-être déstabilisés, ou incrédules, et qu’à force de chiens de faïence, de menottes et d’affiches tronquées, de structures métalliques chauffées à blanc pour que le fer en paraisse ramolli, peut-être qu’à force et petit à petit, l’incrédulité les prendrait, comme sous l’effet d’une contagion progressive, que la lucidité suivrait, et que les habitants d’une ville, d’un continent, seraient capables ensuite de lire entre les lignes des articles de journaux et d’y déceler à coup sûr des indices de cupidité, de médiocrité, que leur sensibilité serait exacerbée, qu’ils développeraient une allergie, une intolérance totale à l’aridité et à la violence, même celle, cachée sous les plis consensuels et polis,  capable de rouiller toutes les structures. Et si ce n’était pas le cas, est-ce que cela servait de fracturer une porte pour s’installer dans une maison témoin, y installer ses rêves ou ses déductions, ou son phrasé, ses rimes qui ne rimaient pas, ou ses penchants, ses angles obtus, ses élucubrations et ses silences, ses cartes postales fictives et ses personnages vivants, ses musiques et ses films, sa texture et sa couleur de sa peau, est-ce que c’était utile de souffrir ou de se révolter. Est-ce que cela faisait compost, un terrain de germination d’autres possibles, ou est-ce que c’était seulement des appels à l’aide, qui résonnaient entre les murs vides de la maison témoin, des appels dans les pièces vides de sens, blanches et lumineuses, hygiéniques, privées d’éraflures et de saletés, vidées de toute suspension et de toute illusion d’optique dérangeante, des appels à l’aide incrédules, obstinés, et tout le monde qui criait.

 

ange(image : ange de BALTIMORE, MUSEE DE L’ART VISIONNAIRE, VLOG 2MINUTESADAY, @fbon)

 

 

Rire

C’est l’histoire d’une soeur et d’un frère (elle est là qui sourit, il est là qui sourit aussi)

Mia madre, di Nanni Moretti

Tous deux perdent leur mère (la vie, c’est comme ça, elle s’enfuit parfois rapidement, parfois sans qu’on le sache, elle s’enfuit et quand elle est partie, nous sommes là, à l’avoir regardée, aimée, perdue et nous ne serons plus jamais comme avant)

madre mia 4

Le frère cesse de travailler (il sourit, il sait, il arrête : pourquoi ? c’est une des (nombreuses) énigmes du film). La soeur, elle, continue, continue à tourner (elle réalise un film, l’histoire d’un type qui fout à la porte les trois quarts des salariés d’une entreprise de papier à ce qu’il m’a semblé), c’est un film magnifique sur l’histoire du cinéma, sur comment on fait du cinéma (un peu comme dans « La Nuit américaine » (François Truffaut, 1973) avec un amour du cinéma en plus : la nuit ici est vraie, vraie comme au cinéma…)

madre mia 1

(le patron, incarné par John Turturo, qui fait semblant de conduire ici, burlesque et excessif, sans mémoire de son texte mais tellement affectueux) ; on est embarqué, on avance sur ce chemin (on connaît la fin, on connaît toutes et tous la fin), c’est Rome, Nanni Moretti, Margherita Buy, ce sont ces acteurs-là dans ce décor-là (il fait froid, il fait tellement froid, parfois, dans cette maison) la mère était professeure de latin, mais professeure aussi de savoir vivre (deux de ses élèves, à la fin, s’en souviennent), trois générations, moi je serai plutôt de celle du milieu (je pense à ces mères qui se trouvent au lit, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, leurs maisons désormais vides, les objets et les photographies -qu’est ce  qu’on va en faire, des photographies, dis ? et que faisons-nous de ces vieilles gens, nos propres parents, relégués dans ces non-lieux ?), une autre merveille du cinéma bien sûr, de la drôlerie, au titre (« Ma mère« – on ne traduit plus, non, c’est inutile) italien (enfin l’Italie qui donne un euro à la culture à chacun des euros dépensés pour lutter contre le terrorisme : vous je ne sais pas, mais moi je me demande ce que font Fleur, François et Manuel pour la culture mais je sais très bien, aussi, ce que ferait l’ignoble – je dis ça parce que c’est dimanche, qu’il est tôt et qu’on a des choses à faire), les pleurs pour ceux qu’on a perdus, partis, on ne les oubliera pas, non, mais enfin ils ne seront plus là, on n’aura plus à la paume la chaleur de la leur… Margherita et sa mère, quelques pleurs, rejoindre une gare d’autobus, parler avec son ex-amant

madre mia 3

nuit noire, mais y aller quand même. Y aller et rire.

 

Une autre maison

Une autre maison, pas la même, l’ancienne effacée, rayée, n’existe plus, existe mais on n’y habite plus, il y a une nouvelle maison, une nouvelle adresse, de nouveaux voisins. Une autre ville, une autre station de métro, une autre rue, un autre immeuble. Tout a changé, la couleur des murs, la place des pièces, la place des choses n’en parlons pas, elles ont bien du mal à se trouver une place, elles jouent des coudes pour être au premier rang, et toutes ne savent pas encore quel sera leur destin, certaines pourraient être reléguées à la cave. Des objets nouveaux qui ont fait leur apparition et ne sont pas encore bien intégrés, provoquant à leur vue un léger sursaut de surprise. Des ciels différents, des levers de soleil, des bruits ou absences de bruits, du vent sur le balcon. Un ascenseur qui chemine avec l’allure d’un escargot lymphatique mais finit par vous hisser à l’étage voulu. Un arbre dans la cour, un arbre qui est peut-être un érable, couvert de feuilles cuivrées à l’arrivée, dénudé depuis. Une vie nouvelle, est-ce qu’on peut vraiment dire ça ?