Femmes cinéma #2

(ça ne fait rien, j’avance) (pas spécialement conscient de l’existence de ce type de feuilleton, c’est égal, il y a dans l’imaginaire différentes autres figures-Janique Aimée, Ma sorcièrebienaimée, celle de « chapeaux melons et bottes de cuir » à laquelle fait écho amplifié la chanson d’Alain Souchon, qui « veut du cuir », c’est égal, elles peuplent probablement une sorte d’imaginaire télévisuel) Pour composer (bien, s’il te plaît) un billet, poser sur la platine cette chanteuse qui fait « petit pays je t’aime beaucoup/petit petit je l’aime beaucoup » Cesaria, clopos et alcools sans chaussure, cheveux courts et regards perdus, ça ne fait rien, je continue, j’avance)

Ce ne sont donc pas (pas vraiment) des stars comme aime à les appeler cette industrie, cet art, Charles Chaplin, messieurs Lumière (Louis, Auguste) et Georges Méliès, ce ne sont pas seulement des êtres vivants, ce sont surtout des images, celles de ces gens-là, parfois si inconnus qu’on n’en trouvera nulle trace ici, ou alors diffuses, incompréhensibles, fausses…

J’avais projeté de recommencer par une directrice de la Paramount, une certaine Ronda Gomez (elle apparaît dans le corps parce qu’elle a une certaine importance ? Non, je m’en souviens seulement maintenant)

Ronda Gomez

elle est à droite, cheveux courts, sourire et broche, il y avait aussi cette compagne de Terrence Malick, réalisatrice et assistante de Bert Schneider, Michie Gleason

Michie Gleason

mais elle semble une actrice, rechercher encore, je ferai sans doute des modifications à mesure que s’ouvrira ce passé, si je recherche (voilà bien le virtuel, tu poses un billet, tu l’oublies peut-être, est-il lu regardé parcouru qui peut savoir, qui sait, qui veut savoir, on le pose et vogue la galère, demain soir, ce seront – espérons- les agapes, les rires et les baisers sous le gui, on espère en demain, on espère toujours en demain…)

AmyIrving

Amy Irving, actrice (ex(?)-épouse de S. Spielberg)

Les transformations dues au réseau, ou au temps (qui peut aller savoir, connaître et reconnaître ce distingo ?), les jours passent, tu sais bien

brooke hayward

Brooke Hayward (épouse de Dennis Hopper, soeur de Bill Hayward-producteur d' »Easy Rider ») ici en compagnie de Groucho Marx (le gilet de laine, pas vrai…)

des fantômes, des gens d’image capturés dans leur plus simple appareil (n’exagérons pas mais il arrive, aussi, que ces jeunes femmes apparaissent aussi sous des dehors de starlettes, tel est le cinéma qui se sert des anatomies pour provoquer des fantasmes, et s’en saisir pour les transformer en l’achat d’un billet)

Gloria Katz

Gloria Katz, qui n’est que l’épouse de William Huyck, mais cependant tous deux auteurs d’Indiana Jones number one

Certes, cependant, je choisi les clichés (il n’en est pas d’autres de Gloria, pas trouvé ou pas recherché, mais celui-là me convient, sans sourire, portant sur le monde une sorte de regard critique), ici je compose sur leurs places, à elles, celles qu’elles occupent, pixellisées, différentes d’aujourd’hui

Marcia Lucas

Marcia Lucas, chef monteuse (non mentionné mais accessoirement première épouse de Georges dont elle prit le patronyme)

(comme disait Barthes « c’est le ruban noir au cou qui fait le punctum– chacun fait ce qu’il lui plaît) (le regard assez froid, à l’arrière plan, voilà ce que c’est que la photographie) 

je les ai formatés, retouchés, repris, ici ou là, fait disparaître les uns

Margot Kidder Margot Kidder, actrice, colocataire  de Jennifer Salt

(on n’en connaît aucune, elles étaient colocataires : tu penses à Mulholland Drive ? (David Lynch, 2001) et aux amours saphiques, c’est qu’elle apparaît cette Margot-là, en petite tenue quelquefois)

dans le cours du billet, elles apparaissent parce qu’elles sont rangées dans un dossier (Nouvel Hollywood 2) sur le bureau dans le dossier « Photos piero » il faut choisir, ranger, regarder, peiner, continuer ses excursions, ce sont les années soixante dix, le cinéma de l’autre côté de l’océan, un certain cinéma

Melissa Mathison

Melissa Mathison, scénariste de ET

certaines d’entre elles nous ont quittés, certaines sont toujours sur le pont,

Mimi MachuMimi Machu, compagne de Jack Nicholson, puis de Hal Ashby

elles sourient un peu, elles sont surprises par la photo, ou non, elles sont , très souvent, les hôtes de quelque pince-fesses parties (surboums, surpattes) comme on disait -ce monde n’est pas le leur, ce monde ne leur appartient pas)

Pauline Kael

Pauline Kael, critique

d’elle je me souviens, parce que j’ai entamé mes études de cinéma à la fin des années soixante dix, on parlait encore de cette femme faiseuse de rois du cinéma, on parlait de ces histoires-là en écoutant (un peu) Michel Ciment donner son cours d’anglais, ou Claude Beylie nous parler de Jean Renoir et de Jules Berry, le cinéma, ses tenants, ses afficionados, courir au Balzac, chercher à voir ce film de Glauber Rocha, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique

Sue Mengers

Sue Mengers, agent artistique (peut-être de Christopher Walken, ici  derrière elle? je ne sais)

on ne pose pas, c’est un habitus robes du soir et smoking noeud pap chaussures en miroir chaussettes de soie (je brode, je brode) et ici cette dernière de l’épisode

Susanna MooreSusanna Moore, assistante de Warren Beatty, épouse de Richard Sylbert

non, jte dis, inconnue au bataillon (elle, ce doit être elle de nos jours, qui écrivait peut-être le scénario de ce Shampoo (Hal Ashby, 1975)), des image,s des illustrations, qu’est-ce que ce monde ? Que sont-elles donc devenues ?

Bon réveillon, bonnes fêtes, à l’année prochaine (et merci à François Bon pour le soutient)

Femmes cinéma #1

 

(A la vérité je voulais me rendre compte du visage des types qui ne cessent d’être cités dans le livre : cent trente deux visages ça fait aussi beaucoup, mais je pourrais en faire le feuilleton, puisque, tout compte fait, dans cette maison, ne subsistent que goules et fantômes -et que sont d’autres les acteurs – et les actrices – sur l’écran ?

Rien.

Personnages – par antiphrase, le sens commun nomme aussi ces gens-là des people- , dont on suivrait les frasques dans diverses feuilles à scandales ou pas, populaires ou ordinaires mais ça n’existe plus guère, journaux gratuits de tous poils… La chronique en serait défrayée, illustrée par des paparazzi de tous horizons, objectifs, traques et autres surveillances (je me souviens assez bien, c’était un dimanche, un matin tôt; une fin de mois d’août; j’étais dans la cuisine et la radio annonçait la mort à Paris de l’ex-femme du futur roi d’Angleterre-ce qu’il risque bien de n’être jamais…- qu’on surnommait lady Di) 

lady D

Sans légende

(elle n’a jamais été actrice mais le linéament qui l’unit à Grace Kelly fonde, pour moi, une fiction efficace) (je suis, en effet, assez midinette fleur bleue ou ce qu’on voudra dans ce registre)

grace kelly et sa belle-soeur

la princesse de Monaco avec sa belle-soeur (la soeur à Rainier donc, trois du reste)

(ce que j’aime, c’est ce garçon, à l’arrière-plan, derrière, noeud papillon smoking blanc, un peu chauve qui me rappelle mes oncles, et qu’on dirait tout droit sorti d’une maison témoin)

J’avais à la maison pas mal de livres qui comptaient l’histoire du cinéma : ici, il s’agit de l’étazunienne des années 60 et 70, un petit pan illustré, mais observé par un angle, un point de vue, une place ou une posture un peu différente. Il est vrai aussi que je préfère les femmes, de manière général, mais n’importe, voici un premier épisode, je ne sais si je tiendrais jusqu’au bout… En tous cas, plaçons ces gens dans pièces et salon, nous verrons bien, en choisissant leurs effigies ce qu’elles nous diront de l’état des choses durant ces vingt années-là…)   

 

Dans le livre (je l’ai fini, là : c’est un cadeau, le premier depuis le feu, mes remerciements…) que je suis en train de lire (« Easy riders, Raging bulls » dans  le texte ; traduit en « Le nouvel Hollywood » par la grâce des éditions du Seuil probablement, collection Points, Peter Biskind, traduit par Alexandre Peyre, 2006 pour la traduction, 2002 le Cherche Midi éditeur) figure un index des personnalités (p 651 et suivantes) lequel regroupe une liste d’une bonne centaine de noms (156) par ordre alphabétique.

Ce sont tous gens connus du milieu.

Sur la couverture, trois photos filtrées des films représentatifs (probablement) du propos : « Easy Rider » (Dennis Hopper, 1969), « Bonnie and Clyde« (Arthur Penn, 1967), « Star wars » (Georges Lucas, 1977 -j’ai l’impression) (ou alors « Apocalypse now » Francis Ford Coppola, 1979).

nouvel hollywood

Une galerie de personnages (on peut remarquer le fait de donner le centre au film de Penn, mais surtout -pour ce qui intéresse ici- une seule femme : en l’occurrence, Faye Dunaway qui incarne Bonnie Parker dans le film de Penn).

Dans la liste des personnalités, on a compté. On a cherché les images qui correspondaient à ces noms, et on les a identifiées. Toutes ne seront pas publiées : je ne trouve pas, mais je cherche, j’identifie, ce n’est pas simple mais je cherche.

Sur les 156 noms, on en comptera 37 de femmes (soir un quart). En déduire que le cinéma étazunien (de ces années-là) est pratiqué par 3 fois plus d’hommes que de femmes serait (très) probablement plus qu’hasardeux (certainement mensonger et même complètement faux). Mettons qu’il s’agit d’un strabisme (après tout, le livre est écrit par un homme et cette gent-là tient le pouvoir ici comme ailleurs) (on peut l’accepter, le déplorer, le combattre tout autant, mais on a quand même à d’abord le reconnaître : preuve ici serait donc apportée).

Ca ne sert à rien sinon à montrer l’omniprésence des hommes (ils sont tous patrons de studios, réalisateurs ou scénaristes -la lie du ciné étazunien, cette place-là… – tandis qu’elles sont actrices, journalistes, ou femmes d’untel). Une jolie brochette qui indique cependant (nonobstant les rôles très fréquemment tenues par les femmes -maman ? putain ? ce serait à regarder précisément, certainement) un certain style dans le pouvoir de ce champ du divertissement ou de la culture (qu’est-ce que tu préfères ? ).

Poserai-je ici, en cette maison fantôme comme un vaisseau,  les trente sept photographies prises là, ici, ailleurs ? Certes (j’ai déjà commencé). Je cherche en tout cas, je regarde et tente de me raccrocher à quelque chose. Quoi, qu’est-ce , je ne sais, mais disons qu’en cette fin d’année, ce sera une sorte de cadeau.

D’abord remarquer que, dans la liste ainsi réalisée, 22 personnes sur les 37 donc sont caractérisées par « épouse de  » ou « compagne de » ce qui indique un statut qui ne se découvre que très peu chez les hommes (Francis Coppola n’est pas gratifié du titre d »époux d’Eléanor Coppola » – on ne parle pas du nom de famille d’ailleurs) .

Puis peut-être indiquer que des 37 illustrations recherchées, on n’en trouve qu’une part (une trentaine) : les autres n’apparaissent pas en photographies (je n’ai cherché que sur le moteur que je ne nomme pas). Indiquer aussi qu’on trouve 2 productrices, une réalisatrice, dix actrices, 2 monteuses, 3 assistantes (diverses) et 4 scénaristes. Une chanteuse, une costumière, deux agents de casting, une chef-décoratrice. C’est une revue de professions, et c’est une liste que j’aime (j’établirai celle des hommes, que je poserai lorsque j’en aurais fini).

Commencer alphabétique :

Candice Bergen

Candice Bergen, compagne de Bert Schneider

Hellen Burstyn

Ellen Burstyn, actrice

Scott Bushnell, productrice pour Robert Altman (sans photo)

Julia Cameron

Julia Cameron, scénariste, épouse de Martin Scorcese

Julie Christie

Julie Christie, actrice, compagne de Warren Beatty

Eleanor Coppola

Eleanor Coppola, épouse de Francis Coppola.

Marion Dougherty

Marion Dougherty, directrice de casting

Faye Dunaway

Faye Dunaway, actrice

Carole Eastman

Carole Eastman, scénariste

Verna Fields, monteuse : sans photo…

Louise Fletcher

Louise Fletcher, actrice devant elle : son Oscar.

La suite au prochain numéro…

A toutes et tous, joyeuses fêtes (on va bien s’amuser dans cette maison(s)témoin, je pense…

 

 

 

 

Rire

C’est l’histoire d’une soeur et d’un frère (elle est là qui sourit, il est là qui sourit aussi)

Mia madre, di Nanni Moretti

Tous deux perdent leur mère (la vie, c’est comme ça, elle s’enfuit parfois rapidement, parfois sans qu’on le sache, elle s’enfuit et quand elle est partie, nous sommes là, à l’avoir regardée, aimée, perdue et nous ne serons plus jamais comme avant)

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Le frère cesse de travailler (il sourit, il sait, il arrête : pourquoi ? c’est une des (nombreuses) énigmes du film). La soeur, elle, continue, continue à tourner (elle réalise un film, l’histoire d’un type qui fout à la porte les trois quarts des salariés d’une entreprise de papier à ce qu’il m’a semblé), c’est un film magnifique sur l’histoire du cinéma, sur comment on fait du cinéma (un peu comme dans « La Nuit américaine » (François Truffaut, 1973) avec un amour du cinéma en plus : la nuit ici est vraie, vraie comme au cinéma…)

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(le patron, incarné par John Turturo, qui fait semblant de conduire ici, burlesque et excessif, sans mémoire de son texte mais tellement affectueux) ; on est embarqué, on avance sur ce chemin (on connaît la fin, on connaît toutes et tous la fin), c’est Rome, Nanni Moretti, Margherita Buy, ce sont ces acteurs-là dans ce décor-là (il fait froid, il fait tellement froid, parfois, dans cette maison) la mère était professeure de latin, mais professeure aussi de savoir vivre (deux de ses élèves, à la fin, s’en souviennent), trois générations, moi je serai plutôt de celle du milieu (je pense à ces mères qui se trouvent au lit, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, leurs maisons désormais vides, les objets et les photographies -qu’est ce  qu’on va en faire, des photographies, dis ? et que faisons-nous de ces vieilles gens, nos propres parents, relégués dans ces non-lieux ?), une autre merveille du cinéma bien sûr, de la drôlerie, au titre (« Ma mère« – on ne traduit plus, non, c’est inutile) italien (enfin l’Italie qui donne un euro à la culture à chacun des euros dépensés pour lutter contre le terrorisme : vous je ne sais pas, mais moi je me demande ce que font Fleur, François et Manuel pour la culture mais je sais très bien, aussi, ce que ferait l’ignoble – je dis ça parce que c’est dimanche, qu’il est tôt et qu’on a des choses à faire), les pleurs pour ceux qu’on a perdus, partis, on ne les oubliera pas, non, mais enfin ils ne seront plus là, on n’aura plus à la paume la chaleur de la leur… Margherita et sa mère, quelques pleurs, rejoindre une gare d’autobus, parler avec son ex-amant

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nuit noire, mais y aller quand même. Y aller et rire.

 

Vivre

(Reprendre, ne pas lâcher, rien, reprendre et continuer)

 

Il s’agit de quatre femmes, des sentiments, des choses qu’elles mangent, comme cette tartine de pain de mie couverte d’alevins cuits, il s’agit d’une famille, un père qui meurt -tu sais, ce genre d’histoire, moi, finit par me poser des questions, depuis longtemps déjà, soixante dix ans serait ma limite mais plus j’en approche et plus il me semble que c’est peu : c’est que j’aime la vie, au fond – on assiste à des funérailles (le film instruit de la culture japonaise -mais ce mot de « culture » depuis qu’on y a consacré un ministère moi je ne l’aime plus), la musique les trains qui passent, quatre femmes dans une ville au bord de la mer (au début elles ne sont que trois, vient l’enterrement où ces trois-là rencontrent leur demi-soeur si j’ai compris mais qui devient vite d’une certaine manière et en un certain sens leur soeur tout court, elle se nomme Suzu, c’est (en effet) un trésor), des sourires et des fleurs, la douceur de vivre (c’est ce dont on prétendrait nous priver ? pfff), la vérité des sentiments, celle des sourires

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voici que les trois soeurs repartent, laissant là la quatrième (gauche cadre dans le cadre de l’écran, sa tête vue de dos – j’ai perdu mes outils depuis ce 31 (même s’il est intitulé ici onze), je ne sais plus me servir de cette machine personnel computer je ne sais plus capturer, je suis fatigué c’est ce que j’essaye d’expliquer sans y parvenir), il y a l’aînée infirmière (au centre gants blancs, dans l’image, Yokuro), la deuxième qui travaille dans une banque (tout sourire bras nus à gauche, Sachi) et la troisième si joyeuse (Chika, adorable), mais ces trois-là proposent de venir avec elles à cette nouvelle petite soeur

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« je viens…! » dit-elle, le train s’en va, elle court

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court encore (c’est cette joie-là, oui)

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elle viendra, jouera au football (mixte ici), parlera criera rira mangera avec ses soeurs, ses nouvelles soeurs, tant d’autres choses encore et l’extrême élégance de tout ce film, mise en scène simple sans effet (le cinéma, ce ne sont que des effets, les réduire au minimum, c’est une des difficultés), des sentiments vrais, des gens des amis des sourires

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une pure merveille…

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Onze novembre deux mille quinze

 

Mercredi, c’est férié (et c’est cinéma), j’ai manqué mon rendez-vous de la semaine dernière, j’ai eu des ennuis, gros, chiants, horribles, et le cinéma est passé à l’as : je n’y fus point, et je n’en regardai point non plus ; au Royal, ils donnaient « Amy » (Asif Kapadia, 2015) mais on n’a pas réussi à trouver l’envie je suppose (il y en avait aussi un autre, « Lolo » (Julie Delpy, 2015) ça n’a pas pris non plus) . On doit à la vérité de dire que je ne suis allé nulle part, sinon bosser et faire le journal, et avec ce chamboulement, j’ai perdu l’énoncé du mot de passe dans cette maison.

sacrifice 5

J’ai gardé à l’esprit la pyramide que construit le héros du Sacrifice (Andreï Tarkovski, 1986), tout s’en est allé, il faut bien qu’on l’illustre. Je vais perdre mon temps, et mes idées heureuses, à établir pour que l’assurance, en argent, me les rembourse, des listes des objets disparus (livres, meubles, vêtements, vaisselles casseroles…).

J’ai gardé au coeur l’existence de cette maison-là (vingt deux années et toute l’enfance, la jeunesse et l’adolescence des enfants). En fumée, sans l’ombre d’une raison ou du moindre sens : non, évidemment, rien à dire, arracher les objets de la mémoire pour les réduire en cendres, en bouillies, les couvrir de suie, d’eau et de suie, un peu comme ces billets de banque tachés lorsqu’on veut les voler.

J’ai gardé le son tranquille des 4 ou 5 heures du matin, des pages tournées, ce sont les livres qui me manquent, les objets aussi, cette valise dans laquelle on aurait trouvé un fil, électrique et orange, ces chaussures, qui bruissaient aux pas, celui de la radio fondue sur le frigo dans un même état, impossible à ouvrir (« il y avait des choses dans le frigo ? » demandait l’expert : mais comment dire ? oui, du beurre probablement, je ne sais plus, je ne sais plus), les cloisons qui laissaient passer les notes du ukulélé, du violon, du clavecin, du piano, la guitare j’en jouais, elle est là noircie, je me souviens du jour de l’achat, en septembre soixante dix huit, mais du prix ? du prix d’il y a trente sept ans ?

Du cinéma ? On me demande des dates, des valeurs de remplacement, des chiffres, non point de descriptions, ni de littérature.  C’est du cinéma, on a coutume de dire ce genre de choses : dans « le Sacrifice » l’anecdote raconte que ce plan (l’avant dernier, qui dure plus de six minutes) de l’incendie de la maison a été tourné deux fois et qu’il a fallu reconstruire la maison afin de la refaire brûler (c’est du cinéma : Visconti aurait-il exigé qu’on mît dans les tiroirs les mouchoirs, et dans les armoires vêtements et chaussures, à nouveau, qu’on en cherchât ? ) : tout est-il à remplacer ? Comment faire sans dictionnaire ? Comment donner valeur à ce livre d’artiste si précieux mais à présent grisé ?

En réalité, c’est difficile de vivre sans ses objets familiers : quand on sort, on prend le nécessaire, on garde ceci en poche, bizarrement un parapluie, cela aussi, un petit bocal qu’on ferme d’un couvercle bleu. On sort, derrière soi, à clé, deux tours, on clôt la porte. Ce soir-là, vers vingt et une heure trente, c’est ce que j’ai fait. J’avais écouté ce que je racontais sur L’aiR Nu qui venait de paraître. L’employée aux écritures m’avait envoyé  (qu’elle en soit à nouveau ici remerciée) un texto pour m’en féliciter ce soir-là, minuit passait, le trente et un commençait à peine. 

Le cinéma continue, je n’ai pas vraiment d’idée, mais il continue (j’ai vu passer quelques plans de « All abour Eve » (Joseph Mankiewicz, 1950), quelques autres de « Jackie Brown » (Quentin Tarantino, 1997), et puis j’ai lu une critique de « Fatima » (Philippe Faucon, 2015) qui m’a bien fait rire). Le cinéma continue oui, mais je ne sais pas exactement quand.

 

Qu’est-ce que c’est, « dégueulasse » ?

Ce billet est dédié au jeune Diego Duarte, mort à quinze ans enseveli sciemment par la police sous des tonnes d’ordures du côté de Buenos Aires : entendre ici si l’on veut ce qu’en relate Alicia Dujovne-Ortiz

 

(il en est aussi de retraite, de fous, ou de santé, ou d’arrêt ou de redressement (ça ne se dit plus), mais de jeux ou de tolérance (non plus, non : FO mr. Claudel) closes ? non, fermées, d’autres, et beaucoup ville/banlieue/campagne/maître/ et cetera mais parfois je préfèrerai vivre au grand air, sous une tente ou je ne sais quelle yourte -c’est la mode, ces temps-ci, les yourtes- mais non, je continue sur mon erre, mercredi c’est cinéma, c’est vrai, mais moi je fatigue-parfois j’ai des réminiscences de ces temps-là, – heureux ? ni plus ni moins j’en ai peur- où le mercredi, vers dix et demie, il fallait prendre le métro à Reuilly Did (tiens mon pote tape les 60 aujourd’hui….) pour foncer à Franklin D. Roosevelt, ou Georges Vé je ne sais plus exactement, mais l’immeuble était sur les Champs-Elysées- « Jean Mineur Publicité Balzac zéro zéro zéro un » avec l’abruti de petit mineur et son piolet (je pense à Lénine, moi, et à Ramon Mercader) monter  au troisième, choisir son film et sa salle, récupérer ses exos et sa feuille rose tout en rapportant la précédente, dire au revoir et merci)

C’est un classique, ou du moins cela s’appelle-t-il ainsi : le cinéma art jeune s’enorgueillit de posséder très vite des classiques (va pour cette catégorie), le film commence par deux ou trois plans situés à Marseille, Michel Poicard (Jean-Paul Belmondo, dans cinq ans, après avoir tourné « l’Homme de Rio » (Philippe de Broca, 1964) il sera le « Pierrot le fou » du même), petit voyou voleur de voitures a sans doute un contrat pour en voler une américaine ou quelque chose, la ramener à Paris, en tirer quelques billets, et courir chercher d’autres emplois. Il s’acquitte du pan marseillais de son contrat, envoie paître son amante de la nuit précédente (ce n’est pas, dit, mais on s’en doute), court la route numéro 7 et nationale, ne prend pas des autostoppeuses « ah non, dit-il élégamment, elles sont trop moches » puis se fait courser par la police (il va trop vite), refroidit un motard, court, et arrive : premier plan de Paris

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ce café du coin du quai (du Marché Neuf dans l’alignement de celui des Orfèvres) où je rencontrais parfois mon oncle, le Poicard en question court chez une de ses maîtresses nouvellement script-girl , lui vole l’argent qu’elle ne veut pas lui prêter tandis qu’elle met sa robe (une sorte de dignité masculine) court encore, cherche à rejoindre celle qu’il aime (Patricia alias Jean Seberg), la trouve (les quatre cent trois garées là, noires, ou bleu nuit)

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lui n’a qu’une chose en tête : coucher avec elle (c’est parce qu’il l’aime tu comprends) , tandis qu’elle, elle ne sait pas trop si elle l’aime ou si elle doit poursuivre ses études, il la laisse travailler, regarde un cinéma

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reproduit le gimmick (passe l’ongle de ton pouce sur le bord de tes lèvres) de son héros peut-être favori (Humphrey, ah plus dure sera la chute certes)

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le héros est plutôt sympathique mais un vrai salopard, appelant ses amis « fils », on en rirait si c’était burlesque (c’est année 60, des dates un peu partout-29 août 1959- des références aussi, comme aime en saupoudrer Jean-Luc Godard, afin de faire savoir qu’il est cultivé) mais on apprend qu’un oeuf plat jambon se négocie à 180 à l’époque et au bar (zeugme) (des anciens francs…) (pour moi, c’est magnifique : les quatre cents trois, les journaux, Paris comme si on y était) ou que le journal est édité huit fois par jour… Malheureusement, Patricia, elle, ne sait pas exactement s’il faut aimer ce voyou, ou ce journaliste (la Tour Eiffel en fond c’est d’un chic; non ? Tout à l’heure on aura droit à un survol… mais pas à un générique, tu comprends ça ferait trop ancienne vague probablement)

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ce journaliste qui l’envoie faire un papier sur cet écrivain probablement fort célèbre

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(mais moi jm’en tamponne de Jean-Pierre Melville alias Barbulesco ou quoi que ce soit d’autre, ce qui m’intéresse, c’est le Super Constellation, derrière lui, tu comprends) qui répond du tac au tac aux journalistes ses divagations machistes séparant/couplant amour et érotisme, la jeune femme (Jean Seberg bien sûr adorable dans le rôle de cette Patricia Francheschini-la liste des noms des rôles (soit la distribution) vaut son pesant de sémiologie, mais je passe) : tout de même dans ce film, on peut voir les yeux de Jean-Pierre Melville (une rareté pour nous autres, pauvres cochons de payants, de spectateurs)

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et aussi un caméo du réalisateur (rien que d’entendre le ton avec lequel il réclame son journal, on a envie de le baffer) qui fait dire (je crois) à son héros que les plus belles femmes on les voit à Lausanne ou à Genève comme s’il parlait d’objets quelconques voitures montres paires de pompes ou pipes en bois/terre/fer

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(je ne te parle même pas de sa pipe, là, mais je passe) enfin toujours est-il qu’on en finit, la police retrouve la trace du fuyard meurtrier par l’entremise de cette silhouette godardienne (dedicated to l’Employée notre agent sur rive gauche mais ici en chambre d’amis…) et de Patricia qui veut se séparer de cet homme qu’elle sait en avoir tué un autre, et le film se termine par cette image où l’héroïne dit : « dégueulasse, mais qu’est-ce que c’est dégueulasse ? »

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adoptant le gimmick de son amant qu’elle vient de livrer à la police, tout en l’ayant averti de son geste. C’est vrai, qu’est-ce  que c’est, « dégueulasse » sinon de faire endosser à cette jeune femme la trahison ?

Et puis, qu’est-ce que c’est « dégueulasse, » aujourd’hui, me disais-je, regardant ce film de cinquante cinq ans d’âge, aujourd’hui, qu’est-ce que c’est aujourd’hui, où voilà un an mourait d’une grenade offensive lancée dans son dos un type (Remi Fraisse, ni oubli, ni pardon) de vingt et un ans, du côté de barrage de Sivens ? Ou, en voilà dix, ces deux enfants, Zied, Bouna, Clichy-sous-Bois ?

Qu’est-ce que c’est « dégueulasse » aujourd’hui où en Hongrie, en Pologne, on élit cette peste brune ?

Et non loin d’ici à Béziers ou ailleurs où on monte contre les uns les autres sous prétexte qu’ils fuient la guerre, la misère, la haine ? Qu’est-ce que c’est « dégueulasse » aujourd’hui, me disais-je

 

 

 

 

 

Seulement pour ça

 

 

Il y a des jours où les choses ne vont pas comme elles devraient : si j’avais dans l’idée de trouver quelque chose (une chose pour la poser quelque part) dans le film « Quai des Orfèvres » (Henry-Georges Clouzot, 1947) c’était à cause Louis Jouvet (c’est un type que j’aime beaucoup) (et que le film est vraiment bien aussi, évidemment) mais je n’y ai pas réussi. C’est un film policier, et force y reste à la loi. Comme il se doit ? Probablement. A la fin, l’inspecteur chef-adjoint dit (ou pense) « on croit qu’on va être dans une grande affaire de passion et tout se termine dans une misérable petite affaire... » : c’est sans doute toute la vie de flic qui est mise en mots.

Mais cependant, les scènes de cabaret magnifiques

cabaret

Suzy Delair (Jenny Lamour alias Marguerite Chauffournier) chante « Avec son tralala » dont on se souvient la trivialité, oui, Bernard Blier, qui joue son mari, le Maurice Martineau qui a composé cette chanson (on entend Lino Ventura, dans le « Garde à vue » de Claude Miller (1981)), c’est tout dire, ici en homme si timide (à ses heures…) et si dominé, et Simone Renant magique (Dora Monnier, photographe aux moeurs diverses et cette réplique que lui lance Jouvet/Antoine : « dans le fond, vous êtes un type dans mon genre, avec les femmes vous n’aurez jamais de chance… »)

simone renant et bernard blier

la cruauté des sentiments tranchants, et la foule des seconds rôles  : par exemple le magnifique Pierre Larquey le chauffeur de taxi qui dit

larquet

« je SUIS un bon citoyen, la preuve c’est que moins  je vois les flics et mieux je m’porte…« , Charles Dullin ou Jeanne Fusier-Gir, des merveilles, une distribution de dingue, tout est vrai comme disait Louis Jouvet (alias Lambertin, légion d’honneur respectée par les imbéciles

entrée des artistes

dans « Entrée des artistes » (Marc Allégret, 1938)-d’une autre facture d’un autre âge – et Jouvet dans la dernière scène : « la vie est une farce, c’est vrai, mais il faut y croire… Vous ne croyez pas à la sincérité de Rodrigue ni à l’amour que Mélisande porte à Pélléas mais il faut y croire… Rien n’est faux, il suffit d’avoir un peu la foi et tout devient réel… Mais ne l’oubliez pas, c’est lorsque le rideau se lève que votre vie commence, il ne tient qu’à vous qu’elle continue le rideau une fois baissé... » (la farce advint ensuite, ont-ils eu à y croire…) et donc, le métier de comédien, oui, certes, celui de chanteuse

avec suzy delaire

tout cela a quelque chose à voir avec cette maison(s)témoin de cinéma, oui, mais surtout, lorsque ce commissaire (Louis Jouvet, inspecteur chef-adjoint Antoine dont on connaît encore le théâtre aujourd’hui) qui dit ici à Suzy Delair « oh vous, je vous connais, vous êtes une petite arriviste » et plus tard, dans son bureau « moi aussi, on m’attend« , lorsque ces mots avancent et qu’en effet, pour un soir de Noël, on l’attend, c’est parce que seulement il se penche sur le lit de son fils, et uniquement pour ça sans doute

qui dort

qu’on aime tant le cinéma.

 

Mère fils

 

(quel froid) (on ne sait jamais : les choses avancent comme elles vont, ici c’est du cinéma, ailleurs du quotidien, là d’autres choses encore, la réalité s’abolit et pourtant les gens sont là, ils vivent tout autant, respirent, leurs yeux bougent encore, regardent passer le temps, il fait froid à présent, sur le faubourg Saint-Antoine,  un peu plus loin sur la place, les crèmes des crèmes attendent, après avoir entendu et écouté Dieu sait bien quel air – Rameau, Schönberg, Berlioz…- (encore que, pour « la Damnation de Faust » de cet Hector, ce 8 décembre 15, places à 912 euros, cravate et robe de soirée, champagne à l’entr’acte puis dîner en présence des artistes, on se retrouvera entre amis, je pense : ça c’est Paris, oui) en file indienne elles et ils attendent dans leurs habits moirés les taxis soyeux qui, noires et clamant leurs lumières blanches au xénon, petit à petit, les emporteront vers leur 8 ou 16, triangle d’or ou ailleurs encore)

On a attendu un moment et elle est tombée… Une capsule, style Apollo ou Soyouz (la petite chienne Laïca je crois, ou Gagarine je ne sais plus, Youri), aussi bien aurait-elle pu le faire dans le petit jardinet un peu boueux mais allées droites et nettes, plantes malingres et lumières à diodes luminescentes de cette maison, mais non, le titre du film (pour le film-annonce) s’imprime de rouge (« matériau fermé ne comportant pas ou peu de vide » dit la chronique)

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un Etazunien (je me souviens de ce magnifique -magnifique- « Soldat de Papier » (Alexei Guerman Junior, 2008), l’URSS d’alors, soixante et un, une sorte de désespoir dans ce qui s’y déroule aujourd’hui comme hier) un jeune type (John Mc Kenzie, interprété par Michaël Pitt)(ce n’est pas qu’il prenne la place du fils, non, mais enfin dans l’imaginaire…)

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qui déboule chez madame Hamida (Tassidit Mandi, trop mignonne) laquelle visite son fils en prison – la première fois : scène magistrale -plan fixe, rien du tout mais tout le cinéma est là – où jamais on n’aperçoit l’employée pénitenciaire, seulement en voix off, une femme, mais reste à l’image cette mère

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(peut-être aux traits un peu outrés, mais une interprétation douce et vraie, quand même), cette femme qui vit au dixième étage d’un immeuble aux trois quarts déglingué. Un peu plus bas répète une actrice peut-être un peu alcoolique (on entend « quand ton coeur est faiblard » : bah, aujourd’hui près de 4 millions de clics)

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dans le rôle d’Agrippine (dont on sait qu’elle mourut sous la main de Néron son fils disons maudit, vois-tu, à cause de la dispute qui les opposèrent à propos du mariage de l’empereur avec Poppée…), Jeanne Meyer filmée par un jeune type qui se prend d’amitié pour elle

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(Jules, le fils du réalisateur, ou alors Charly ou n’importe-dont on sait par ailleurs, la mort brutale de la mère, dans la « vraie » vie), ils voient ensemble quelques plans (le film en entier mais en ellipse) de la dentellière rebaptisée « la femme sans bras » – moi je ne sais pas mais j’aurais bien vu qu’il ait été le fils  de l’infirmière –

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quoiqu’il en soit, sans doute celle-ci s’éprend-t-elle du type qui vit au premier, et qui fait semblant d’être photographe pour la séduire

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je t’assure que ça ne fait rien, les gens vivent et avancent dans le monde comme il vient, lui a sans doute perdu sa mère comme il a perdu l’usage de ses jambes à un moment, ça ne fait rien, l’hélicoptère (c’est le stéréotype de l’Amérique étazunienne depuis le Vietnam) viendra chercher l’astronaute, et le vent fera s’envoler ailleurs toutes ces bribes de papier

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tu la vois heureuse ? Oui ? Eh bien, écoute, elle l’est

Un film, paraît-il, difficile à produire à réaliser à sortir, mais le voilà. De là à le sélectionner pour Cannes, il y a peut-être, sans doute, un pas qu’il n’était pas nécessaire de franchir (je suppose et je revois Claude Beylie, son studio, les chiffres et les lettres, Cannes, oui, pourquoi pas, finalement ? c’était quoi, déjà, la palme cette année ?)

 

Chapeau

(six mois de maison, ça commence à faire) (elle reste témoin, mais en toute logique-comme d’ailleurs l’ont souligné ChG « dans les murs » et d’autres– il n’y a pas loin d’ici à la zonzon qui privent les humains de toute liberté) (le bien le plus inaliénable dont on peut encore disposer – peut-être – en restant dans une certaine forme de clous) (je n’aime pas la tournure que prend le billet de ce mercredi mais je ne dispose pas non plus de facilités pour ne pas dire ce que je pense) (en tous cas, six mois, ça fait un moment : qu’est-ce qu’on dit ?)

Dans  l’entrée, on posera sur cette sorte de perroquet idiot (« toi qui entres ici abandonne tout espoir ») ce chapeau de cow-boy, en amorce sur l’image, blanc, le chapeau d’un type qui fait du rodéo (c’est lui qui est à l’image : c’est l’un des frères de Jashuan) parce que ses parents en faisaient – son père surtout, leur père, lequel vient de disparaître dans l’incendie de sa maison

l'un des frères rodéo

(le chapeau est grand pour la tête de la jeune fille, Jashuan, peut-être onze ans : la voici )

jashuan

c’est elle, cette septième génération, c’est elle qui apprend des chansons

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c’est le titre du film; point de chansons apprises pourtant, mais simplement des personnages , des histoires, des sensations, des émotions, avancer dans le cours du film qui présente plus que sa vie, à cette jeune fille, d’ailleurs, celle aussi de son frère Johnny

johnny

qui nous informe, en ce début de film ici, que « priver un cheval de sa liberté pourrait lui briser l’âme », ce qui nous cueille un peu à froid, on ne sait pas, on avance avec lui, dans ses petits trafics d’alcool dans une réserve indienne du Dakota, dans des paysages somptueux, dans ses histoires de coeur, à lui, et puis aussi, lorsque l’annonce de la mort de leur père les prend, de leurs histoires de famille

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les rôles tenus parfaitement, images et cadres sensibles, des films comme celui-là, on en redemande (c’est un premier film : on pense à « Mustang » (2015, Deniz   Gamze Erguven) qui est dans la même veine, un peu (on pense à ces femmes cinéastes, oui, la relève, oui) : comment avec l’aide de sa famille réussir à vivre quand même et malgré tout, et aussi des amis – ici l’ami de Jashuan, tatoué comme personne, qui la prend à son service pour tenir la comptabilité de son petit commerce ambulant de fringues), amitié gentillesse complicité

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sans simplisme, sans manichéisme non plus, une vraie réussite d’un cinéma indépendant mais étazunien (produit entre autres par Forest Whitaker), qui met en scène comme rarement la vraie loyauté que devrait, toujours et partout, adopter l’humanité.

 

C’est vrai, nous sommes peu de choses : on est là, dans cette vie et sur ce monde, on avance les yeux heureux de ce soleil, on respire cet air doux, frais, cette odeur de lavande ou de magnolia et cette caresse du vent, nous les sentons, avançant (?) dans l’éther vers Vega de la Lyre disaient mes cours d’astronomie, cosmos peuplé de noms et de figures indécidables, la nuit en voiture dans les rues filent les lumières, longuement très longuement debout sur le vaporetto numéro un on parcourt le canal dit « grand » doublant hôtels de luxe et palais princiers, alors que meurent des milliers et des milliers d’autres, c’est vrai mais un seul être décède et tout est décimé… Ce billet, comme tous les autres de cette maison(s)témoin qui parle de cinéma, est dédié à Chantal Akerman, cette femme magnifique, pourtant tellement heureuse quand on la voyait défendre ses actes, ses films ou ses oeuvres yeux brillants et sourire ravageur : allez, tournez et tournez encore, grandes roues, levez-vous encore astres, constellations, Harpe Altaïr Déneb, liguez-vous et construisez notre avenir, vers vous, qui sait si elle s’en est allée…

ciels robert houdin2

 

 

Une heure trente de PR

 

 

(je flanque ça dans le séjour : je ne sais pas exactement le distinguo, probablement extrêmement subtil, qui a prévalu à la mise à disposition dans cette maison d’une telle pièce : je devrais peut-être demander à l’agent qui mangeait dehors son sandwich) (ou alors à la rubrique « nos questions« ) (dans laquelle je pourrais aussi demander pourquoi on ne trouve pas de « dressing »dans cette maison) (mais je m’égare) (où sont les toilettes ?)

C’est que, dans le séjour, on trouve ça

sé

ce qui ne mange pas de pain, sans doute, mais enfin qui vous pose le bonhomme.

« Ca » c’est l’écran plat.

Autant le dire tout de suite, c’est un meuble que j’agonis, non seulement pour cette façon de faire écran à tout ce qu’il présente, mais aussi parce que tout ce qui s’y présente est produit au sceau de la vulgarité la plus absconse (ici normalement, si on regarde, une injonction quelconque mais mensongère et si possible avilissante surtarifée les jours de grande affluence-d’ailleurs avant de pouvoir regarder le film rediffusé sur le site de la chaine, on a droit à de nombreux messages commerciaux).

On ne va pas en faire un fromage, une thèse , une histoire ou toute une affaire, mais j’ai eu dans l’idée de regarder le documentaire qui a été diffusé avant hier  lundi sur France trois et le président (zeugme) (il n’en est qu’un : on le nomme dans le film PR (1))

les 2 PRPM

(tandis que son affidé, son acolyte, son binôme enfin son sous-fifre, il lui échoit le PM (1) ici qui porte des chemises rouges). C’est que le réalisateur m’en était connu depuis un moment : Yves Jeuland, pour avoir réalisé un film sur (qu’il repose en paix) Georges Frèche, intitulé « le président ».

Les ors de la République : durant quelques mois -d’août 14 à janvier 15- le réalisateur a pu filmer n’importe où comme il l’entendait (c’est une fiction, évidemment : il ne se passe rien, PR inaugure un collège, présente ses voeux, roule en auto, remet une déco à un vieillard cacochyme, prend un avion, enfin l’ordinaire). Ce qui l’est peut-être moins, c’est l’omniprésence à l’écran de ce garçon-là (jamais il n’ira se plaindre du travail qu’il fait, ni des moments qu’on lui permet de vivre)

conseiller com

(toujours sur la brèche, matin midi et soir, nuit pluie ou pas, et très très tard il s’en va en scooter-ça ne s’invente pas). Conseiller en communication, si j’ai suivi. Ou alors en image.

Il se passe pourtant des choses dans le reportage (j’avais quelquefois l’impression de regarder la télévision de certains pays où les faits et gestes du potentat sont diffusés en long, large, travers et encore un petit peu pour rendre au personnage principale une humanité dont on le croyait incapable). Ici, il reçoit un otage libéré (le dernier français, Serge Lazarevic) retenu durant trois ans au Mali par Aqmi

libération otage serge lazarévicz

(image splendide, cadre sublime), là le rappel des horreurs de ce début d’année avec les assassinats des 7 et 9 janvier, à Paris

jouyet 8 janvier

ici le secrétaire général du Palais-secrétaire d’état sous le minuscule,  deux fois de rang dans les gouvernements Fillon… bah, faut-il que le vent tourne…- qui s’adresse à (peut-être si j’ai compris) la presse, le vendredi 9, alors que le PR a décrété un jour de deuil national – comme on voit, on était déjà pas mal Charlie.

Tout cela replonge dans les affres de cette horreur.  C’est vrai, ce n’est sans doute pas un métier facile (ce n’est pas un métier d’ailleurs), mais le film reste dans l’écume des choses. Tant pis, on regarde un peu, on se laisse aller à penser qu’en effet, oui, il s’agit bien là d’un homme, un peu trop comme les autres ? bof, sans doute, plutôt sympathique, oui certainement. Mais on ne parviendra pas (c’est sans doute en cela qu’il tiendra dans ce séjour) à trouver quelque bribe de vérité dans ce polissage-là. Un film, de télévision mais ça ne fait rien, des images qui ne font que communiquer, des rôles tenus à la perfection par tout un aréopage de jeunes loups (la fierté de Macron, le passage de Thévenoud…) ou de vieux pirates comme Henri Emmanuelli ou Laurent Fabius (on notera quand même la merveilleuse pédagogie qu’enseignent le PM et le PR à la nouvellement nommée ministre de la culture et de la communication, lui enjoignant d’aller voir Jack – et Monique, et Monique…!!!- ainsi que les anciens blanchis sous le harnais, et surtout de « sortir tous les soirs et de toujours trouver ça bien, parce que les artistes, ça veut qu’on les aime« ).

Une vague envie de se souvenir de ce slogan d’un autre âge : « ouvrez les yeux, fermez la télé !!! »

 

(1) PR : président de la (notre) République; PM : premier ministre nommé par le précédent