hymne à Toi

neuf secondes d’ombres qui passent sur le mur de ma chambre ne sont rien de plus que neuf cent « petits riens » dont je ne me souviens bien que si je ferme les yeux, et te revois.  là.                                                   là. comme lors de chacun de mes jours depuis ces trois années.

hymne à Toi, Maryse, et à ton attention à chaque « petit rien ».

et lire et lire et lire http://semenoir.typepad.fr. « magnifique#lire », c’est de Toi, Maryse.

Série sorcières #1

 

 

C’est indéniable : il manque ici un coin où déposer les ordures – en même temps, personne n’y vit, pas de déchets, pas de commodités non plus, on comprend bien mais enfin, tout de même et malgré tout, cette série-là que j’entreprends sans savoir si je vais jamais parvenir à tenir -tous les mercredis – quelque chose sur le bouquin – je crois que ça peut durer huit itérations – cette série-là y aurait une place puisqu’elle retrace une période assez idoine, mais qui m’importe -je suis né là-dedans, dans un département protégé il me semble, loin de la neige et des pluies d’automne, à peu près dans le moment où les choses se gâtaient un peu – en mars de cette année-là (celle où je vis le jour) celui qu’on nommait le « petit père des peuples » cassait sa pipe (plus bas PPP) (peu de regrets stuveux), en juillet à Panmunjeom (le 27, à peine avais-je six semaines) l’armistice était signée en Corée, quelques années plus tard dans notre beau pays, celui qu’on nommera « tonton » début quatre vingt créait les compagnies républicaines de sécurité, les peuples commençaient à vouloir et à pouvoir disposer d’eux-mêmes (on se souvient aussi de la conférence de Bandung de 1955, aussi, quand même).

Comme ce que j’avais entrepris pour les femmes de ce pavé titré « Le Nouvel Hollywood« , je continue mon exploration d’un lieu créateur de cette industrie étazunienne première exportatrice de ce pays.

Commence ici donc la mise en images du « Les sorcières d’Hollywood » de Thomas Wieder (Ramsay poche cinéma, 2006)(de la prouesse selfique ou selfiesque duquel  on se souvient peut-être – on voit qu’il aime le cinéma, hein) –  ici au premier plan alors que là-bas dans le fond – le protocole est respecté – nono et son homologue Barak attendent qu’on en finisse avec ce cirque

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) sous titré « Chasse aux rouges et listes noires » – j’aurai mis une majuscule à « Rouges » mais chacun fait ce qu’il peut. Des sorcières, comme des fantômes, ou des êtres surnaturels. Voilà tout. On remarque que, pour des sorcières, il ne figure guère que des hommes… Les desseins des pulsions de cette part de l’humanité sont parfois parfaitement éclatants. 

La seule ambition de ces billets sera de montrer, si je les trouve, les visages de ces gens-là.

 

Le commencement sera dû (disons, pour faire simple) à un certain Martin Dies (affilié au klan (une ordure de plus), eh oui, démocrate et texan : la complète)

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préparateur en chef de la chasse aux communistes dans les états des années trente et quarante (le communisme a assez bon dos : en fait, il s’agit d’abord de chasser du pouvoir Roosevelt et consorts).

Ici une image de Franklin Delano Roosevelt, y’a pas de raison (encadré par Winston « no sport » et le PPP à Yalta) (manque Charly dG sur la photo, il en sera bien marri).

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Viendra ensuite, sur les traces immondes de Dies, Sam Wood, réalisateur (connu aussi au préalable pour ses films mettant en scène les Marx brothers) ici avec Mickey Rooney (à gauche et jeune, c’est déjà une star)

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(Sam Wood connu aussi pour le fait de stipuler dans son testament – la classe, ça ne s’invente pas –  qu’il déshériterait ses enfants s’ils s’inscrivaient au parti communiste). Recommandable ? Je ne sais pas trop, mais ça ne fait que commencer. La « chasse aux sorcières » comme on  l’a appelée : il s’agissait de flanquer tout ce qui n’était pas d’extrême droite en prison (je simplifie à peine). Les années quarante voient donc l’émergence de ces charmants garçons (beaucoup de garçons, très peu de filles, mais elles ne tiennent rien du pouvoir – le mois prochain, je pense que les choses vont s’inverser…).

Fin quarante cinq (son altesse Truman au pouvoir, on se souvient des 5 et 9 août de cette année-là quand même : deux ou trois cents mille morts…), arrive John E. Rankin, sénateur du Mississipi (clapote en 1960) à la présidence de la Commission des activités antiaméricaines

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qui débute vraiment cette chasse, poursuivie par ce John Parnell Thomas (il tient des listes noires) : c’est le deuxième en partant de la gauche

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lui aussi sympathisant du ku kux klan (cette pourriture ne nécessite pas de majuscule) cinq joyeux drilles, pas à dire, et qui voit-on là, droite cadre ? Eh oui, Richard Nixon avec ses potes, sans doute le plus jeune.

A la fin des années quarante, cette panoplie d’enchapeautés assez canaille va faire régner la délation, la trahison, la haine et la peur à Hollywood et dans tout le cinéma étazunien d’alors…

 

 

la suite au prochain numéro

 

Argumentaire

 

 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’ici, il s’agit d’une antenne, d’une annexe… d’une dépendance si vous voulez…

Je ne dirai pas cela mais un très grand groupe, oui, forcément multinational bien sûr, ce sont des échelles importantes mais non les frontières ne constituent en rien une division,  un clivage ou une séparation, rien de tout ça dans notre esprit, notre façon de penser, notre manière d’envisager les choses, non, notre esprit est induit dans la plus pure transversalité…

Mais clairement, clairement… Transparence efficience pertinence ce sont nos maîtres mots, je dirai nos obsessions… Le siège ? Eh bien à Jersey Madame…

Mais certainement pas, ce qu’il faut savoir, Madame, Monsieur, c’est que ces constructions sont réalisées sur place, avec des matériaux locaux, évidemment, évidemment, il faut des aménagements, mais tout est… Mais oui, mais parfaitement, une éthique sans la moindre faille… Nous veillons au plus grand respect des lois en vigueur dans les pays dans lesquels nous intervenons… Socialement, mais parfaitement, oui… Dans le monde entier, des centaines de projets similaires voient le jour en Inde, en Chine, en Malaisie, que sais-je… Mais c’est que la demande est excessivement forte et que la conjoncture s’y prête complètement, c’est juste le moment, et concrètement je dirai qu’il ne faut surtout pas attendre…

Mais évidemment, mais bien sûr que les charges sont réduites au minimum… nous y veillons avec un souci constant… payables quand vous le souhaitez… dans une certaine mesure… mais comme vous dites, à tempérament, si vous voulez, comme vous l’entendez, bien sûr, c’est vous qui êtes maîtres de tout, c’est toute la force et je dirai toute l’efficience de ce projet… oui, nous savons qu’acheter sur plan a quelque chose d’hypothétique mais enfin regardez, tous ces dessins performatifs, toutes ces images sont bien réelles, je dirai réel tout ce que vous avez là, regardez le caractère d’authenticité par exemple ici dans le garage ce béton lissé dans les gris, dans les taupes… une vraie merveille… très réussie, oui… ah oui, oui mais alors la teinte coquille d’oeuf est en option, aussi oui, salissante mais en option… Eh bien écoutez, voyons cela ensemble, alors les tarifs, voilà c’est ici, quinze pour cent, avouez que ce n’est vraiment pas… ah oui, sur le prix tétécé, oui ben oui…  Alors le fournisseur est le même que celui qui a remporté de haute lutte le marché de la centrale d’Hinkley Point, c’est tout de même une référence… Hinkley Point, oui, c’est au Royaume Uni… Dans l’Europe, mais oui, toujours… Les dernières technologies, sécurisées consolidées et approuvées par la commission…

Jusqu’à preuve du contraire, Madame, la plus extrême vigilance… Mais tout à fait, il s’agit de notre manière de concevoir les choses, mais il n’y a aucune manière d’envisager… Non, impossible, ceci est contractuel…

Mais vous vous trompez, permettez-moi de vous le dire, vous vous trompez complètement, il n’y a là rien qui puisse nuire à…

Ah mais là, alors là vous avez parfaitement raison, je dirai même plus, vous êtes dans votre plein droit, tout à fait tout à fait tout à fait, exactement rien à dire je vous suis parfaitement absolument entièrement je partage, je partage, soyez-en persuadée, Madame, et vous aussi Monsieur, nous sommes absolument conscients de… Tout à fait, mais je pense que personne ne pourrait vous en tenir rigueur… Absolument, un délai de réflexion, si vous voulez vous concerter, je vous laisse libres et maîtres de votre réponse, je peux tout à fait vous laisser discuter entre vous si vous le souhaitez… Parfaitement. Oui.

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Ah.

Eh bien, tant pis, mais vous avez peut-être… Je ne crois pas, non, une offre telle que celle-ci est tout à fait je dirai spéciale, personnalisée, individualisée,  et dès demain, vous comprenez… Eh bien à prendre ou à laisser, non, vous y allez fort tout de même, mais suivant le marché, dans les dix neuf à vingt deux pour cent… Fatalement fatalement… Mondiale, que voulez-vous, mondiale, oui… Voilà. Au revoir, avec plaisir, Madame… Monsieur…

 

dans le bureau

Dans le salon, il y a l’estampe japonaise éthérée. Tout le monde peut se l’approprier et se voir-là, y habiter. S’imaginer s’asseoir dans la banquette design, les pieds sur le pouf design, le doigt sur la télécommande de l’écran 360° [de pureté car un téléviseur *** est léger comme l’air et semble flotter au-dessus de son socle et l’arrière du téléviseur est vierge de toute vis pour qu’il soit aussi beau sous tous les angles allumé ou éteint].

Dans l’entrée, il y a un coquelicot géant avec une grosse tache blanche qui fait relief. On sent qu’avec un peu de pratique on pourrait être capable de se refléter dans un coquelicot géant, facilement.

Dans la cuisine il y a des carottes gigantesques suivies par une courgette de taille irraisonnée. On pourrait aisément s’imaginer déjeuner-là, contemplatif, devant la course des légumes monstres.

Lorsqu’on visite, on a souvent en bandoulière un peu de deuxième degré, sinon, le taux de pureté des écrans nous écrase, et on se sentirait vite mal fait, grossier, sale et pauvre.  On se sent vite un crève la faim dans les cuisines colorées. Beaucoup de gens ne comprennent pas. Mais c’est comme ça quand on n’a pas l’admiration facile, qu’on aime surtout les détails, et surtout l’essentiel (l’essentiel, on ne sait pas où il se cache, parfois dans le deuxième degré, mais ce n’est pas sûr, alors on cherche. Il ya une petite voix minime, minimaliste qui nous dit que c’est comme une résistance de se moquer) (une résistance minuscule).

On oublie qu’il peut y avoir des « résistants de l’intérieur ».  Soit ce sont des mains humaines, des actes, soit ce sont des objets, on ne peut jamais prévoir.

Ainsi, dans le bureau, il y a toute une vie accrochée, et du toit pend une ombre ronde, comme les boules de graines à offrir aux oiseaux, un cœur. Il y a une vision plus que panoramique. Un détail. Nous on aime les détails. On regarde. Le nombre de degrés n’y est pas indiqué. Plus de 360, bien plus. Et moins que deux.

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Jusqu’au bout du monde

 

(ce n’est pas tant que ce film ait besoin qu’on en parle-grand prix du jury à Cannes cette année ça va plutôt bien pour lui – sans compter la pléiade de vedettes -elles sont cinq qui tiendraient seules chacune un film à bout de bras et hors de l’eau-, mais c’est cette façon de parler le français qui fait avancer le truc : le cinéma des US des fois ça va bien) (on ne parle guère du cinéma indien, tu vois, philippin ou je ne sais pas trop ces industries d’autres pays – a-t-on le droit de dire « je ne sais pas trop » j’ai peur que non, il faudrait chercher, j’ai pas le temps je ne sais pas où et les semaines succèdent aux précédentes) (en même temps, c’est aussi une affaire un peu sotte que de parler d’un film qu’on a vu : il faudrait faire l’inverse) (tant pis) 

Ce sont donc cinq rôles, un premier disons

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(Gaspard Ulliel, Louis) et quatre autres (seconds ?). Les voilà tous autour de la table, on ne voit guère Vincent Cassel -il est en bleu – c’est le fils à Jean-Pierre- il jouait dans la haine il y a vingt ans -ici Antoine)

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il s’agit d’une famille (point de père : est-il seulement celui des trois, ou y a-t-il un secret ?), on reconnaît la mère (Nathalie Baye, en brune : Martine) puis sa fille ( Léa Seydoux, en tatouée dite Suzanne) au fond le fils par qui le scandale n’arrivera pas (Gaspard donc), l’aîné des enfants donc Vinz, et un peu de dos la bru (Marion Cotillard, Catherine). Il y aura bien un petit rôle de silhouette dans la scène de lit mais on l’oublie bien qu’il soit au centre du mutisme qui s’emparera de Louis – ou alors celui-ci (son mutisme) était déjà programmé (mais auquel cas il n’y aurait point de film). Louis vient annoncer sa mort prochaine à sa famille qu’il n’a pas vue depuis douze ans. Il ne l’annoncera pas (n’y parviendra pas, probablement), mentira sans doute en disant qu’il reviendra souvent, puis s’en ira. Unité de temps, de lieu, d’action (on passe sur les flash back qui mettent en scène Louis, un peu Antoine, un peu pas mal Pierre -son ami d’enfance, amant, amour, qui vient de mourir).

C’est un film qui reprend la trame d’une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce (librement adapté, dit-on)

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mort du sida en 1990. Ressent-on quelque chose de ce théâtre , sans doute (le carton de début dit « quelque part, il y a quelque temps » sans autre forme de précision), une espèce d’huis-clos, quelque chose de la contrainte, de l’autobiographie ? Peut-être, mais en sortant de la salle (où était-ce ? sur le quai de Seine, vu que le film est co-produit par cet exploitant-prod-distrib), je me disais que le pacte qu’on a avec un film était rompu : on sait que Louis va annoncer sa maladie sa mort prochaine qui lui vient d’elle – ou invente-t-on ? je ne sais plus exactement…- , mais puisqu’il vient dans ce but revoir sa famille (comme une dernière fois) tout tient sur cette annonce, une espèce de suspens peut-être; comment va-t-il s’y prendre – on voit bien ses réticences et ses difficultés, il en parle avec son amant-ami-mari au téléphone (est-ce bien un homme au bout du fil, je ne sais pas bien : il faudrait réentendre pour déterminer l’indice qui nous conduit à le savoir, ou le croire) – mais d’annonce, point.

On dira c’est l’incommunicabilité qui est mise en scène. Bof. Mais en français, en tout cas. Ca rappelle un peu ce qu’on disait des personnages du nouveau roman à une époque (qui brisait, parfois, le pacte avec le lectorat). Ca rappelle aussi ces films qui disposent d’une fin qualifiée d’ouverte (c’est au spectateur comme il l’entend de finir). Ca ne me plaît pas. Ca n’a pas d’importance, c’est vrai, mais c’est dommage (les acteurs, même Vinz/Toineau, ont quelque chose qui indique une direction forte et maîtrisée) parce que ça n’aide pas à croire en ce cinéma-là, or le cinéma, c’est l’art de l’illusion par excellence, et donc de la foi…