paparazzo

 

 

 

 

il y a cette image que j’ai prise au musée

elle représente deux célébrités :
l’une est un mannequin (de mode) debout et célèbre (mais pas connu (de qui, c’est toute la question) de moi, et je n’ai pas pris son nom, dommage – mais c’est quand même aussi un fait révélateur et systémique : je n’y ai pas fait attention – ça ne m’intéresse pas) (après si je cherche je trouve)
l’autre (2F) assise et regarde l’objectif de l’appareil photo d’un photographe célèbre (Frank Horvat, il l’était à peine moins à l’époque), semble s’éventer avec une photo – on voit sur cette photo qui sert d’éventail un visage de femme qui sourit – brune – il y a de nombreux visages de femmes en photo sur le mur derrière eux – il y a aussi deux hommes je crois bien, soyons précis (pourquoi faire ?).
L’image date de 1962, a été prise à Rome dit-on pour le magazine de mode Harper’s Bazar (sans doute en faut-il). Il y a cette espèce de connivence avec le preneur d’image (on prend les images, comme les photos, c’est ainsi qu’on dit : on les prend – les anglo-saxons, toujours avec une longueur d’avance, indiquent pour une prise de vue shooting comme s’ils étaient à la chasse – to shoot veut dire tirer (un penalty, un coup (de fusil, le plus souvent)).

Ici d’autres images – volées dit-on – 3 – téléobjectifs ? même pas mais quelque chose (on arrive directement au 31 août 1997, le Ritz le sous-terrain de l’Alma la merco à deux cents à l’heure) (ces images ne sont pas libres de droit comme on dit vulgairement – faut payer pour les afficher je suppose – je les vole aussi – elles représentent des célébrités qui veulent contrôler leur image) (semble-t-il) (comme si c’était possible)

bon après je me dis : je mets des légendes ou on s’en fout ? (ce sont deux légendes, alors pourquoi faire ?) Cependant ce genre d’images représente toujours des légendes (il y avait un livre « table du salon » qui reprenait une exposition (un catalogue si tu préfères) sur ce thème – le catalogue d’exposition est un genre, au même titre que « développement personnel » ou « guide pratique » : c’est ce qui fait vivre (au sens où ça leur apporte de la trésorerie) les maisons d’édition (45 euros quand même – en anglais, sur le site du wtf éditeur de l’ex-rue Sébastien Bottin) qui était passé sur les tables du séminaire

peut-être que, sans nommer les personnages qui illustrent ces images (les personnages illustres) (il y a quelque chose du lustre dans ces positions – c’est un type qui porte un verre d’alcool probablement et un chapeau et deux femmes qui se parlent fixées là) (si on connaît les visages on les reconnaît – pour le type, il faut une légende) sans les nommer, donc, on ne paye pas de droit de reproduction ? (droit de reproduction est une affaire qui porte un versant, un aspect, un signe et un sens libidinal ou je délire?).
La dernière pour indiquer la grande élégance de ce qu’on appelle le rock’n’roll : ici l’un de ses thuriféraires les plus parfaits (on peut se souvenir que le personnage qui propose ou administre ce geste sublime à la photographie et, par là (si on ose dire) à son public, a été anobli par le fils, alors prince seulement, de STGME2 (il tape 80 – god save the King, C3, lequel tape les 75) ce qui prouve la pertinence de ces honneurs).

quel humour, au vrai

 

Un peu de « technique » : les images ici reproduites (pas la première) proviennent de captures d’écran de documents trouvé sur le wtf részosocio (dont le nom ne se traduit que par lui-même : c’est une marque – mais to »face » veut dire affronter dans le dialecte) qui n’autorise pas cette pratique ni, donc, cet usage – il faut se munir d’un logiciel de lecture de document audiovisuels (en l’occurrence VLC) pour ouvrir le document; s’affiche alors une espèce de film – un plan fixe d’une durée de dix secondes – estampillé de la légende qui indique les noms des personnes sans majuscules, suivi d’un « fry-Gallela [un numéro] »; laquelle disparaît au bout de 5 secondes – on peut déclencher la capture d’écran (si on ne veut pas de ces écritures) – lorsqu’on recherche où aboutit cette espèce de lien, un article d’un organe étazunien apparaît  – ce devait être la « suggestion » du rézosocio en question (il « suggère » moyennant finances, voilà qui va sans dire) – j’en ai gardé trois – je n’ai pas lu l’article
Et puis les étiquettes,pour s’en souvenir ? pour intégrer dans le flot et les données toujours plus nombreuses ? Non. Alors je fais sobre (ainsi que l’image d’entrée de billet le suggère) et je raconte rien.  

 

Beau comme le monde

 

image d’entrée de billet : le port refuge de l’épave

 

les prises de vue sont réalisées à partir d’un téléphone portable – il s’agit d’un dispositif créé pour l’occasion d’un atelier d’écriture – « créé » est un peu trop dire – en tout cas à la faveur d’un abonnement offert au claviste/rédacteur au canard de référence (ça ne se dit plus) paraissant l’après-midi (ça non plus, il ne s’agit que de la version papier dudit organe – ça n’existe plus guère, c’est « à l’ancienne ») – ou de captures d’écran via le site de journal – l’organe de presse – dépêchons – sont donc sélectionnées une ou deux images du jour afin d’en illustrer un carnet (si on aime, on peut retrouver ledit carnet (numéro VII) ici) . À cette faveur (dont on remercie encore ici la généreuse bienfaitrice), fin juillet un article au sujet d’une espèce de fait divers – ceux dont notre monde est fait (pour partie, sans doute) – raccourci sur l’économie et l’état de décrépitude (disons) de ce monde de (sur)consommables/livrables/périssables : la vie (c’est trop dire) des pauvres objets manufacturés (on appelle ça la société de consommation – ça épuise la planète : ces jours-ci, nous avons consommé plus que la planète ne peut nous offrir et il nous reste cinq mois à vivre…) (sur les huit milliards peut-être d’êtres humains que compte ce monde, deux ou trois ne mangent pas à leur faim ni ne boivent à leur soif) (est-ce vivre ?) – ces prises de vue enregistrées sur internet sont accompagnées d’une légende rédigée en anglais (qu’on peut, au besoin dissocier de l’image, mais je la laisse) : comme c’est un dialecte terrestre que ne maîtrise pas complètement la rédaction, elle se fait aider du grand frère G : apparaît donc suite à l’image la légende et sa traduction (dans une autre police, qui n’est pas du fait de ladite rédaction) traduite (sans retouche). Les images datent donc des derniers jours de juillet, recueillies ici ou là.  

 

 

 

Le bateau se nomme Fremantle Highway (nous nommons les bateaux, nous leur donnons des numéros de coque, nous les assurons et les faisons naviguer joyeusement) (nom qu’on peut traduire par « autoroute de Fremantle« ); c’est sous pavillon panaméen (au Panama, comme au Libéria, l’impôt sur les sociétés équivalent à zéro) qu’il a le droit de circuler sur les mers et les océans de ce monde; l’armateur doit être quelque chose comme néerlandais, ou chinois ou japonais (c’est au Japon qu’il fut manufacturé, en 2013 – la nationalité n’a pas tellement d’importance; les droits de passage sont acquittés en dollars); il partit de Brême (Bremerhaven, à l’embouchure de la Weser), un jour de juillet 2023, il me semble (le 25 Juillet, vers quatorze heures – heure locale), et devait rallier Port-Saïd (le 2 août, mais non), au bout du canal de Suez (souviens -toi, il y a deux ans : le plantage d’un navire de 400 mètres de long – mars 2021 – retracé ici ) avant d’appareiller pour Singapour (du côté de Ceylan – Sri-Lanka, l’incendie du X-Press Pearl

– singapourien

il va couler, t’inquiète

voilà – 20 mai 2021 (186 mètres de long…) qui a brûlé pendant quatorze jours, à onze kilomètres des côtes – pollutions de terreur, à l’avenant) .
Ici il s’agit d’un cargo de 200 mètres de long, large de trente-deux, mu par un huit cylindres développant seize mille chevaux, quarante kilomètres heure (vingt-neuf nœuds), qui transporte des automobiles (jusqu’à plus de six mille quand même) : ce jour-là, elles étaient neuves et il en emportait près de quatre mille, dont quelque cinq cents à propulsion électrique (la mode de nos jours est d’équiper les autos de batteries au lithium qui aiment à s’enflammer quand on les a chargées à fond – d’un coup les voilà qui brûlent – une mode assez dangereuse, mais qui ne fait rien n’a rien non plus) (une incidence et on n’en parle plus : dans le massif central de ce joli pays, on dispose de gisements, semble-t-il, de lithium : on va réexploiter ça, hein – ça s’appelle la start-up naichionne, et ça vient en droite ligne du progrès, lequel comme on sait le mène, ce monde, en droite ligne aussi et directement dans le mur – c’est la seule solution qui nous reste : le mur, allons-y bon train s’il vous plaît – ou pas) (une autre incidence et on n’en parle plus : c’est pourquoi la plupart des dictatures construisent autour de leurs frontières ce genre de dispositif – l’abject quarante-cinquième président des États Unis d’Amérique avait aussi ce tropisme) (bienvenue sur Terre).

Assommés de chiffres – assommés d’images. Ici le garage des autos neuves, vu du satellite du grand frère G

l’espèce de gigantisme de nos jours (qui a la plus grosse?), là celui des containers (conteneurs si tu préfères) équivalent vingt pieds (contenu : un peu plus de 40 mètres cubes)

(il existe (semble-t-il) sur Terre à peu près 230 millions de ce type de caisses).
Or donc,  le vaisseau Fremantle Highway se met à brûler ce jour là, vers vingt-deux heures (temps moyen, méridien de Greenwich) (GMT) – les 23 membres de l’équipage sont hélitreuillés, l’un de ces marins meurt – les voitures brûlent – ici quelques images

TOPSHOT – This aerial photograph shows emergency boats extinguishing a fire aboard the Panamanian-registered car carrier cargo ship Fremantle Highway, off the coast of the northern Dutch island of Ameland. One sailor died and several others were injured after a fire broke out on a car carrier ship off the Netherlands on Wednesday, the Dutch coastguard said. Rescue personnel received a call shortly after midnight (2200 GMT Tuesday) saying a fire had started on the Fremantle Highway, a Panamanian-registered ship with 3,000 vehicles on board, about 14.5 nautical miles (27 kilometres) off the northern Dutch island of Ameland. – Netherlands OUT
(Photo by Flying Focus / ANP / AFP)
TOPSHOT - Cette photographie aérienne montre des bateaux d'urgence éteignant un incendie à bord du cargo cargo Fremantle Highway immatriculé au Panama, au large de l'île d'Ameland, au nord des Pays-Bas. Un marin est mort et plusieurs autres ont été blessés après qu'un incendie s'est déclaré mercredi sur un navire transporteur de voitures au large des Pays-Bas, ont indiqué les garde-côtes néerlandais. Le personnel de secours a reçu un appel peu après minuit (22h00 GMT mardi) indiquant qu'un incendie s'était déclaré sur la Fremantle Highway, un navire immatriculé au Panama avec 3000 véhicules à bord, à environ 14,5 milles marins (27 kilomètres) au large de l'île d'Ameland, dans le nord des Pays-Bas. - Pays-Bas OUT
(Photo par Flying Focus / ANP / AFP)

On ne peut guère remorquer le navire en feu non plus que le surcharger d’eau (sinon, il coule) pour éteindre l’incendie – on attend (oncommence par annoncer trois ou quatre véhicules électriques, puis le nombre monte à près de cinq cents)

This handout photograph taken on July 28, 2023 from the Coast Guard plane and released on July 29, 2023 by the Dutch coastguards, shows a fire aboard the Panamanian-registered car carrier ship Fremantle Highway, after a fire broke out on the Fremantle Highway late on July 25, 2023, killing one crew member, and prompting a massive effort to extinguish the flames. Towing of the cargo ship on fire off the coast of the Netherlands, with thousands of cars on board, is expected to begin on July 29, 2023, even though the fire has diminished in intensity, according to the authorities, who have been trying for several days to prevent an environmental disaster. An electric car is suspected of sparking the deadly blaze and officials said on July 28, 2023 that nearly 500 of the vil y a sans doute une façon d’envisager les choses vis à vis des incendies et des voitures qui gouverne ce type de billet –  ehicles were aboard, far more than initially reported. – RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT « AFP PHOTO / NETHERLANDS COASTGUARDS » – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
(Photo by Handout / NETHERLANDS COASTGUARDS / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT « AFP PHOTO / NETHERLANDS COASTGUARDS » – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
Cette photographie prise le 28 juillet 2023 depuis l'avion de la Garde côtière et publiée le 29 juillet 2023 par les garde-côtes néerlandais, montre un incendie à bord du navire porte-voitures immatriculé au Panama Fremantle Highway, après qu'un incendie s'est déclaré tard sur la Fremantle Highway le 25 juillet 2023, tuant un membre d'équipage et déclenchant un effort massif pour éteindre les flammes. Le remorquage du cargo en feu au large des Pays-Bas, avec des milliers de voitures à bord, devrait débuter le 29 juillet 2023, même si l'incendie a diminué d'intensité, selon les autorités, qui tentent depuis plusieurs jours pour éviter une catastrophe environnementale. Une voiture électrique est soupçonnée d'avoir déclenché l'incendie meurtrier et les responsables ont déclaré le 28 juillet 2023 que près de 500 des véhicules étaient à bord, bien plus que ce qui avait été initialement annoncé. - RÉSERVÉ À UN USAGE ÉDITORIAL - CRÉDIT OBLIGATOIRE "AFP PHOTO / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS" - PAS DE MARKETING PAS DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES - DISTRIBUÉ EN TANT QUE SERVICE AUX CLIENTS
(Photo by Handout / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS / AFP) / RÉSERVÉ À UN USAGE ÉDITORIAL - CRÉDIT OBLIGATOIRE "AFP PHOTO / GARDE-CÔTES NÉERLANDAIS" - PAS DE MARKETING PAS DE CAMPAGNES PUBLICITAIRES - DISTRIBUÉ EN TANT QUE SERVICE AUX CLIENTS
A thermal camera shows the cargo ship Fremantle Highway, on fire at sea on July 26, 2023. Coastguard Netherlands/Handout via REUTERS THIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY. MANDATORY CREDIT. NO RESALES. NO ARCHIVES.
Une caméra thermique montre le cargo Fremantle Highway, en feu en mer le 26 juillet 2023. Coastguard Netherlands/Handout via REUTERS CETTE IMAGE A ÉTÉ FOURNIE PAR UN TIERS. CRÉDIT OBLIGATOIRE. AUCUNE REVENTE. PAS D'ARCHIVES.

ici une carte simplifiée qui montre l’emplacement où se trouvait le navire quand il se mit à brûler (ce sont des îles  situées au nord de la Hollande

fin de l’histoire : le bateau brûle toujours un peu mais on a la possibilité de le remorquer, on l’entrepose dans le port d’Eemshaven (Hollande) – c’est par là (pointillés rouges)un peu de géographie (zoom arrière) (le port d’attache, désormais, du navire est signifié du point rouge)

où il restera, dit-on,jusque’à la fin de l’année – (on attend que cesse l’incendie)

 

il y a sans doute une façon d’envisager les choses vis à vis des incendies et des voitures qui gouverne ce type de billet – les bateaux, les avions,les façons de parcourir le monde,celles de faire des affaires et du commerce – quelque chose de la vie humaine -non loin de la guerre cependant – contre le feu, le sel, les éléments – personnelle, cette façon, oui

Recette contemporaine

 

 

ça aurait pu être n’importe quel fruit, il y a des choses qui parviennent pas à passer, comment te dire ? il y a un siècle de ça, était-ce cette même odeur qu’exhalait la société contemporaine d’alors ? ce n’est peut-être pas l’endroit, ce n’est jamais l’endroit aussi bien, de rappeler (parce que de ce rappel il ne devrait pas même être question) que rien ne vaut la vie – la couleur de la peau, le genre, les mœurs n’y sont de rien – cette humanité, ce pouvoir qui n’a pas un mot, un geste, un égard pour cette humanité-là, comment te dire ?

 

il y a dans le jardin trois cerisiers : l’un, en face de la porte d’entrée, fait marronnier

mais ne donne que peu de fruits – un autre en revanche

se montre généreux – vers la fin juin s’organise la cueillette – on s’en va (le cœur est lourd, c’est jeudi dernier, le soir tard – qui se souvient de Toumi Djaidja, fils de harki tué par la police aux Minguettes en 1983 un soir de ramadan ?* (quarante ans de faillite) – on rallie la Normandie) (Malik Oussékine, oui, en 1986, oui) plus loin il fait doux

à l’échelle, un seau accroché, on récolte

c’est l’occasion de faire de belles images (dans le poste on fait la part des choses et on prend la mesure des dégâts : on compte, au ministère Beauvau, on compte mais une addition, qu’a-t-elle à voir avec le meurtre d’un jeune de dix-sept ans ?)  c’est un beau coin, un bel endroit

il y fait doux, bon vivre comme on dit – les éclats se sont calmés, on a fait donner la police en quarante cinq mille fois – à Angoulême, il y a de ça quelques semaines, à la nuit vers quatre heures du matin, un autre type, noir aussi bien (il était Guinéen) a reçu une balle administrée par un policier en plein thorax : il est mort, il se prénommait Alhoussein il n’avait pas vingt-cinq ans – dans le temps, tu te souviens ? on appelait ça des « bavures » : ce n’est pas parce que ça a toujours existé que c’en plus supportable – il vaut mieux penser à autre chose, je reconnais) – on équeute, on dénoyaute, on pèse (le poids de fruits égale le poids de sucre, augmenté d’un poids équivalent à cinq pour cent de pectine)

dans le champ attenant, des meules de foin ont été serrées

je ne sais plus exactement, mais dans ces moments-là, il y avait dans le poste ou était-ce au journal ? je ne sais plus, on y parlait de cagnotte

un million d’euros en quatre jours pour le tueur et sa famille avaient été récoltés – je ne sais pas trop, mais la nausée ? – on attend

le bouillon

on laisse cuire à feu assez vif une dizaine de minutes (on prépare des pots, on les stérilise à l’eau bouillante), on les emplit du mélange

on les retourne – le lendemain, ça n’avait pas pris.

Tant pis.  Revenant à Paris, avant hier, on a recommencé le même travail – faire des confitures, donner les fruits aux enfants, retrouver ses marques, ses objets ses outils.

Il paraît que la « cagnotte » (cette indécence crapoteuse) a été fermée par arrêté administratif. Dans le journal, on parle du ministre de Beauvau qui, dit-on, serait « aux petits soins avec la police ».

Je ne sais pas bien, ici, il fait doux, on mange à sa faim, on boit à sa soif. Je ne sais vraiment pas mais cette indécence obscène…

 

 

*: rappelé par Fabien Jobard dans un entretien qu’il a donné au journal Le Monde, hier

Une histoire simple

 

 

Je déserte un moment le terrain du cinéma pour parler un peu football, une histoire simple – les événements se déroulent sur un long moment mais les images illustrent ces temps un peu reculés – les mœurs du moment, et puis la suite et puis de nos jours – une belle histoire qui se termine à la fin de l’année dernière (la guerre en Ukraine ? rien à en faire – les choses vont comme elles vont, ainsi que les affaires). Les images sont reprises du canard ainsi que les légendes que j’engage à lire.

Au début de ce conte réaliste se tient la fin des « trente glorieuses » et au cours du « premier choc pétrolier » – (tu te souviens, crâne d’œuf ? un président aux mains baladeuses – safari – diamants – avions renifleurs – oui ? non ?) ici assis avec un de ses homologues (l’émir du Qatar)

en réalité, l’histoire pourrait être sous-titrée France-Qatar – on vend des armes ou des trucs, on achète du gaz et du pétrole – alternance ? Numéro 1

on a les amis qu’on mérite ? Je ne sais pas, l’État est cependant le même, semblable – voyons voir

ah les armes, oui- alternance ? Numéro 2 (ah de la couleur)mes si chers amis (mais de dos) – il faut parler la démocratie, la diplomatie, une autre façon de marcher – les affaires, toujours – alternance ? Numéro 3. Non continuité des affaires – quand on aime hein (le président de la République décore qui il veut)

sur ces entre-faits mais dans la continuité

et puis

les affaires – quand on aime hein (t’as vu ? ça a marché – oui, viens que jt’embrasse)

les années passent – la compétition va commencer (juste un deal – pratiquement quelque chose de normal : tu m’achètes un club, je t’aide pour la coupe, qu’est-ce que tu en penses ? )

Un club ? Non mais je brode…

la vie est belle et on sait comment dépenser son argent – ça va se corser

des fois moins des fois mieux – ou pire(on a remplacé Sepp, il était trop vieux,par Gianni)

  influences aides compétitions performances – ah bah

l’important, c’est de participer, le sport (et le football) c’est d’abord et avant tout que le meilleur gagne ! il faut l’ expliquer peut-être

certes, mais entre amis, on se comprend

la vie est belle, le monde est tel qu’il est, le boycott n’existe pas et les amis sont les amis (bonjour tout le monde – noter la contre-plongée quand même)

et puis la compétition se joue à la régulière (alternance ? 4)

on a perdu, c’est vrai, mais restons beaux joueurs

Fin.
(Provisoire)
(justement oui : add. du 27/06/2023 vers 4 du) il ne faudrait pas croire quel’un des potentats manquants ici chargés par la cinquième constitution de cette république soit absent de ces preuves d’amour – l’abjection de ses jugements de ceux et celles qui l’ont élu, qu’on ne rappelle pas ici, ne peut guère cacher qu’il ne différait que de très peu des divers personnages évoqués ici. Pour tout dire, et signifier le rang auquel se place ce terne élément, mettons qu’en lui s’incarne  l’alternance Numéro zéro

 

Méthodo
parfois je tente de (me) faire croire que je m’amuse – il y a une espèce de tendance à essayer de suivre quelque chose, de bout en bout, du début à la fin – par exemple, de la naissance à la mort – il y a cette tendance – sans doute ce qui explique qu’il m’arrive rarement de terminer les trucs que j’explore, j’envisage, je découvre, je les laisse en plan (d’ailleurs, je n’en ai pas d’autre) – je travaille mais je ne sais pas exactement à quoi, mais je travaille. Je n’aime pas spécialement le football (je préférerais le rugby si tu préfères sauf que depuis quelques dizaines d’années c’est devenu une machine de guerre et je n’aime pas la guerre – du tout), je déteste le sport (je n’ai pas lu le Churchill qui vient de sortir à la fabrique mais j’en ai eu vaguement l’envie – déboulonner les statues tsais) il se trouve que je mène depuis pas mal de mois des recherches (que j’ai interrompues il y a quelques temps) (comme par hasard) qui ont pour point de convergence, focale polaire centrale, la conjonction disons d’événements qui sont anniversaires : la Commune de Paris, l’enlèvement d’Aldo Moro et son exécution, la pandémie et sa forclusion folklorique du début des années 20 (les années folles, comme on sait) (hein). Pour établir disons solidement celui du milieu, je recherche et compile les articles du journal auquel j’ai été abonné (merci encore, tellement) qui ont trait à lui et à son principal (disons) personnage (disons encore) Aldo Moro qui est un des « mot-clé » que j’utilise pour les retrouver (il y a aussi les dates, le mot Italie et d’autres encore que j’ai oubliés plus ou moins) : et il m’arrive de trouver des articles un peu différents – je lis aussi le journal du jour pour en prendre quelques clichés que je fais paraître (entre autres) dans mon « carnet » qui est une prise de pouvoir (partielle) dans un autre blog – je prolonge depuis novembre une modalité d’atelier d’écriture – j’avais déjà, par pas vraiment ailleurs mais dans le même état d’esprit, commis une participation assez copieuse (intitulée 110 images quand même).
Je suis arrivé à un article parfaitement documenté dont je n’ai plus trouvé l’existence (sans doute en manquant l’acte, je suppose, mais je ne peux l’affirmer complètement). En tout cas, les images, pour la plupart, en viennent ; d’autres des développements ultérieurs. Tout reste pendable, des agissements des uns comme des autres (il s’agit en effet d’un histoire simple, peut-être, mais d’hommes, c’est incontestable).
Ici je siffle la fin de ce conte, et je m’en retourne à d’autres agissements.

contemporain

 

 

 

j’avais commencé par vouloir prendre (comme l’avait fait il me semble bien un jour DGL) les commentaires et en faire quelque chose d’un peu égal tout en étant différent – j’ai changé : lorsqu’il faut lire, on n’écrit pas; on a à choisir, probablement – j’écris sous libroffice pour les tirets plus long – il faut bien que j’aille à la ligne – j’ai beaucoup aimé apprendre que pour écrire Crime et châtiment l’auteur, qui était payé à la ligne, tentait d’étendre et de contenir la narration pour en faire plus, mais on n’est pas payés ici : je n’ai pas gardé le mail que j’ai envoyé au type (qui prétend se prénommer – et c’est peut-être vrai – Charles* (ça m’étonnerait mais pourquoi pas ?)) à qui je parlais au tchat (dit-on, imagine-toi) pour le certificat de compte professionnel de formation (le Charles en question semblait l’avoir lu) (le mail, pas le compte) m’a appelé (sans me répondre au tchat stuveux) au téléphone (est-ce que c’est « à l’ancienne »?) et je me suis répandu sur l’inanité de ce protocole (j’ai été assidu aux cours, j’ai passé les examens avec la professeure prénommée Nouria – ce qui veut dire lumière – une femme lumineuse en effet) – qu’est-ce que l’organisme voulait de plus en m’interrogeant ? Charles n’était pas responsable, bien sûr, si je ne voulais pas passer ce test, c’était possible. Charles était parfaitement courtois (j’imaginais les « oh non putain je suis tombé sur un chieur…! » qui devaient s’allumer dans son esprit, en led fluorescentes et clignotantes toutes de couleurs, comme on fait maintenant). Charles n’était pas responsable puisque l’organisme payeur faisait appel à l’organisme pour lequel lui Charles travaillait pour mettre en place ce protocole, tu comprends bien qu’il n’avait rien de plus à me dire, à ce propos. Rien de plus à me dire, enfin si bien sûr puisqu’il fallait passer le test – il le fallait, car la caisse des dépôts (elle ne l’a jamais fait mais je vous le dis quand même, elle le peut, elle en a le droit) sans ce certificat la caisse donc avait le pouvoir de me réclamer les frais engagés (dont – évidemment – les émoluments peut être pas de Charles mais de ceux (et celles probablement) qui le payent). Je me suis entendu demander à Charles s’il s’agissait d’une menace – ça m’amusait. Il m’a répondu que non, ne vous inquiétez pas – je ne suis pas inquiet, lui dis-je – je dois simplement vous le dire – et vous dire aussi qu’il ne s’agit en aucun cas d’une évaluation, mais d’un contrôle de connaissances simplement.
Simplement deux fois.
Je lui aurais bien dit d’aller se faire foutre lui, son compte, son certificat et sa caisse, mais je me suis assagi, j’ai essayé de comprendre comment on fait pour entrer en contact avec le monde extérieur grâce à ces objets (zoum tchat appli cam web micro téléphone intelligent et autres fadaises propres à nous rendre simplement asservis – simplement, sans doute mais économiquement non virtuel). Ça n’a pas marché parce que le micro de mon micro ne fonctionne pas – en fait le port, probablement. On a bien tenté de passer par le smartphone (cette intelligence, ah oui on peut faire ça oui) mais ça n’a pas voulu se mettre en place non plus – il y avait sur l’écran la tête de Charles, puis à l’heure dite (11h) celle de Driss (le type qui devait faire passer le test – il avait l’air ennuyé et dubitatif, j’ai fait des signes de bonjour, il a souri – c’est vrai, un type que tu ne connais pas te fait signe « bonjour » – c’est le même que « au revoir » tu verras – tu as tendance à faire de même) – ça ne marchait toujours pas. L’appli de microsoft (trademark) à laquelle tu dois donner l’autorisation d’accéder à tes données, et ainsi de télécharger des logiciels espion, bien que nommés gâteaux qui permettent aux autres applis de suivre tes évolutions et d’ainsi de proposer des choses inutiles mais livrables lorsque tu cherches tout autre chose ; c’est ce monde-là, tu vois; ce monde qui n’est plus « à l’ancienne », qui est d’aujourd’hui, composé d’esclaves qui œuvrent dans ce qu’on nomme élégamment des « fermes à clics », je ne vois pas pourquoi on n’a pas opté pour « stabu à clics » – ce monde fait de travaux demerdalakon (comme disait David Graeber, que son âme aille en paix) où personne n’est responsable de rien, ou alors si mais certainement pas ton interlocuteur, si c’est bien un interlocuteur que l’ectoplasme que tu vois sur ton écran, séparé en deux puis dix puis cent; ce monde tellement pratique; ce monde complètement pourri de gangrène et de gâchis auquel IL FAUT participer sous peine de se voir réclamer des frais que tu as toi même produits par ta force de travail, prolétaire ; ce monde formidable où tout le monde sourit parce que on se dit « bonjour » ; technophile dit la vulgate : ça existe pourquoi ne pas s’en servir et s’en asservir ?, c’est ce monde-là.
Alors, comme l’appli « teams » (ce sont des équipes, certes, oui, comme au football) n’a pas daigné, qu’une heure s’était écoulée (qui me la payera cette heure de mon temps ? qui payera l’amortissement de l’achat du portable, du modem, de l’électricité et du chauffage ?) je t’en passe sur les différents casques que je suis allé essayer, bien sûr (oh j’avais oublié mais oui, Charles porte un casque (et une barbalakon comme il se doit) (mais pas Driss, tu vois comme le monde est fait)), et le maître des cérémonies a décrété que finalement, puisque rien ne marchait on allait me porter absent. Ce qui n’enclenchait pas les possibilités de la caisse de se retourner vers et contre moi pour payer les frais occasionnés. Et que donc, j’étais libre. En un sens. J’ai dit au revoir, avec ce geste, là. Mais c’était un adieu. Comme disait je ne sais plus quel punk Johnny Rotten sans doute : Fuck off.

 

la moisson

 

 

 

 

plus d’un mois sans maison[s]témoin c’est que j’ai un journal et un carnet à tenir
des choses à écrire
et des choses à faire
des courses des leçons à apprendre
des repas à cuisiner des ménages des lessives
comme tout le monde
fait beau je marche
fait beau je bois
au séminaire j’apprends des trucs et aux leçons d’arabe je me souviens des mots que j’entendais les matarchemch’ – les schnouwa ? – les rkaka kbira
l’arabe pour un juif tu avoueras
je ne suis qu’arabe pour les sémites et juif pour les antisémites
je me souviens de Maurice Halbwachs et Jorge Semprun
j’ai soixante dix ans en fin de semaine
depuis pas si longtemps je suis devenu grand-père ainsi que ma fille est devenue mère tandis que ma nièce le sera bientôt
sur la platine j’ai mis une musique que j’aimais assez au début des années soixante dix – elle tournait sur le petit magnétophone qu’on avait emmené avec nous dans la deux chevaux – une belle musique pour écrire – une de ces chansons, Alabama raconte le racisme étazunien

il y eut une étape dans l’image (la plage de Sousse)

je n’ai plus envie d’écrire pour le cinéma – ce n’est pas seulement parce que j’ai trouvé abject le fait d’ouvrir  » le plus grand festival de cinéma du monde » avec un film hors compétition mettant en scène un type convaincu d’avoir battu et humilié sa femme – quand même il aurait mis en scène par une femme (laquelle se complaît dans l’immonde)  – pas seulement
j’ai beaucoup aimé pourtant le discours de la nouvellement honorée d’une palme d’or, Justine Triet
j’ai lu les deux lettres, l’une d’Adèle (Haenel) (il n’y a pas un mois de ça) l’autre de Virginie (Despentes) (en 2020) – pas seulement – je pourrais aussi bien les reproduire ici, je pourrais aussi retrouver ce qu’a dit Azéma Sabine dimanche dernier, non seulement sociale traître mais en plus complètement imbécile ou alors seulement sénile – je pourrais mais non, je n’écris plus pour le cinéma – je suis allé voir L’île rouge hier (Robin Campillo, 2023) (au Louxor) et je me suis souvenu d’un de mes héros qui après avoir sévi à Madgascar était parti servir son pays en Algérie – afin de pacifier un peu – un type normal dans un monde normal – je me souviens mais cette histoire-là je ne l’ai pas finie, le manuscrit a brûlé – j’ai tout perdu – je ne sais plus
c’est peut-être ce syndrome, ne pas finir mais entamer oui
alors je remets sur l’ouvroir et je regarde Norma
je relis je me confonds en excuses je ne sais plus
keep me searchnig for a heart of gold/and I’mgetting old dit la chanson – le type cherche un cœur d’or voilà tout
sur mon bureau il doit y avoir une quinzaine de livres, ceux d’histoire, ceux de cinéma, le Rivière de Lucien, le GeNova de Benoit la soppra-eleveta qu’ils ont intitulée Aldo Moro – comme si on donnait le nom de Sadi Carnot au périphérique – pourquoi pas ? – il est mort poignardé par un anarchiste, son père l’avait appelé Geronimo, en visite et en pleine rue, à Lyon fin dix neuvième – j’ai regardé passer dehors les grosses voitures sportives et utilitaires des tonnes de ferraille et d’électronique mais non plus, pas plus que le cinéma, je n’aime plus les voitures
plus le temps de lire autre chose que les livres nécessaires à rien – un état d’hébétude mais tant pis, je marche j’avance je continue – je ne publie pas en vrai je ne publie qu’en virtuel – j’avance à pas comptés parfois j’attends un mail qui n’arrive pas
je suis là le disque tourne (c’est une façon de parler – ça n’existe plus, c’est à l’ancienne hein – on aime à savoir que les choses anciennes sont percluses et forcloses, c’est ainsi que le temps aussi s’écoule) je suis là et la musique chante
la dernière chanson est titrée Words

 

Extérieur nuit (3)

 

 

 

 

Un dernier développement ici sur le film de Marco Bellochio Esterno Notte (2022) : ce billet pour tenter de poser quelques suites fictionnelles empruntées par le réalisateur et ses scénaristes. Les recherches entreprises ont permis d’explorer par exemple un article des cahiers du cinéma (nouvelle formule) écrit par un des psychiatres amis du réalisateur (ici) .  Beaucoup de choses, bien sûr, restent dans une ombre propice à toutes les interprétations.Voilà quarante cinq ans, à six jours d’ici, on mettait à mort ce type d’une soixantaine d’années, pieux, aimé et aimant (notamment son petit fils, Luca) au prétexte qu’il représentait une société et un système honni.es, haï.es qui se débarrassèrent de lui parce qu’il était gênant pour leur vues politiques. Dans cette occurrence, les partis politiques ont été et restent  lourdement coupables tout comme le Vatican de trahison envers un de leurs plus fidèles serviteurs. La morale n’est certes pas sauve, et ces manquements aux règles les plus basiques de l’humanité ont probablement permis à d’autres encore de poser des bombes (notamment dans la gare de Bologne, le 2 août 1980 : 85 morts, plus de deux cents blessés) aveuglément. Rien de nouveau sous le soleil ? L’humanité en fut gravement blessée,mais il semble malheureusement qu’elle n’en ait tiré aucune leçon.

 

 

Plusieurs incises mettent au jour ou en scène des événements un peu étrangers aux faits qu’on connaît pour être réels. Par exemple la discussion d’un émissaire pontifical (à gauche de l’image)

avec un des avocats des brigades rouges au procès de Turin qui se déroulait dans le même temps que l’enlèvement, la séquestration, la prise d’otage (il y a sans doute plus de raisons qui motivent l’enlèvement dans la mise en place ou scène de ce procès que dans l’avènement inachevé du « compromis historique »). De grosses sommes d’argent sont en jeu : « la merde du diable » comme dit un des intervenants (ou les déjections diaboliques) pour effacer l’enlèvement, construire une négociation, et éviter le pire… D’ailleurs le pape en informe Eléonora, l’épouse (tout aussi pieuse que lui) d’Aldo : une scène les montre devant un tas de liasses de billets de banque

elle vient supplier ici son excellence de l’aider – l’aide est sonnante, trébuchante, inutile –

Le gouvernement (Andreotti) en est aussi informé

tractations, négociations, discussions – inutilement… Le pape trahira son ami sous l’emprise de la politique – il était âgé, certes, et malade, sans doute : est-ce suffisant pour expliquer cette trahison ? probablement (ou pas).

Un autre développement, plus fictionnel encore peut-être, est réalisé à l’occasion des fêtes pascales – on y voit le petit Luca briser l’œuf en chocolat – plus loin, mais dans le même espace-temps, (en flash-back) Aldo raconte à sa famille qu’il a réservé pour elle un caveau qu’il fait creuser – l’endroit où il sera d’ailleurs enterré, dans la plus stricte intimité,  après qu’il aura été exécuté.

La scène de la visite du caveau en travaux, parfaitement fictionnelle raconte quelque chose (la vie après la mort probablement) : étrange et mystérieux – que se passe-t-il après la mort ? que croit-on? en quoi croit-on ? Une autre scène montre l’arrivée d’un prêtre dans la prison du peuple où est retenu Aldo depuis une cinquantaine de jours à présent.  Il semble que, dans les faits réels, cette venue ait été demandée par le futur martyre (du vocabulaire religieux, oui)

où place-t-il la lumière, ce Bellochio? – en amorce,droite cadre, le jeune prêtre

Ailleurs encore, une fausse piste, comme celle du cinéma : le clap indique

« le séquestré »/

réalisation Zapparoli   : ici une explicitation  de la réalisation

en revanche, l’opérateur est bien Francesco Di Giacomo (à ce qu’il semble) : on assassinera le double (en vrai, le triple, le faux, la doublure) dans un simulacre

la réalité est évidemment autre ( fantaisies disait Freud (1) – puis fantasmes…) (on sait en effet que c’est dans le coffre de la 4L rouge, recouvert d’une couverture, qu’Aldo sera mis (tellement inutilement) à mort, vers 6h30, le 9 mai (dans le garage)

D’autres développements, à nouveau, avec souci de réel peut-être, la séquence de nuit où Éléonora va vérifier la fermeture des boutons de la gazinière : en vérité, elle les ouvre, puis les referme

Appropriation du réel (puisque Aldo faisait la même chose – mais dans la narration ici donnée…) – un peu du même ordre que le rêve d’Adriana

On dispose aussi dans la narration qui relate le point de vue d’Éléonora de l’appel téléphonique qu’elle donne à la veuve de l’un des hommes d’escorte de Moro, tué le 16 mars : ici la chambre à coucher du mort, au lit matrimonial, au téléphone blanc – lafemmemédusée stupéfiée sidérée…

Et Éléonora, elle aussi, qui ne sait pourquoi – encore une fiction ?

En tout cas, pour échapper aux embrassades du président de la République Giovanni Leone

Défiance. Les dernières volontés d’Aldo Moro : la plus stricte intimité, personne de la démocratie chrétienne,personne d’autre que sa famille. Car tous l’ont lâché : le pape (ici regardant à la télévision la famille d’Aldo)

comme ses « amis » de la Démocratie Chrétienne

(du parti communiste, il n’est même pas question – cependant, l’un des plus obstinés à ne pas négocier pour sauver la vie du président)

Des six épisodes qu’on nous donne, on retiendra aussi cette image pratiquement subliminale

on y voit trois serviettes cartables attaché-case – les lunettes probablement d’Aldo, des gouttes de sang sur un exemplaire du journal Il Popolo lequel titre

Oggi Il Governo presenta il programma alle camere (aujourd’hui le gouvernement présente le programme aux chambres) – l’énigme des serviettes/cartables reste pendable il me semble (on n’en a retrouve que 4 – il semble qu’il y en ait eu 6…) – le journal reste une preuve – on peut remarquer aussi droite cadre de la dernière image le téléphone de voiture (dernier cri à ce moment-là) : toutes choses qui accroissent la notion de vérité produite dans le film…

 

Un générique complet et détaillé du film peut être consulté ici.
Le recensement des divers articles publiés dans le journal de référence paraissant l’après midi est consultable ici (mise en place à mesure)

les épisodes précédents de cette exploration :
le 1;

le 2; 

 

 

 

 

 

 

 

dispersion 19

 

 

(redite) cette série à l’existence mitigée, se place dans des conditions sociales de production que l’agent ne maîtrise pas – elle vient, passe, s’arrête et recommence comme une espèce de chanson lente, saudade morna blues ce que tu veux – un moment passe, les choses à faire attendent, les financières comme les autres, la santé comme la cuisine, vaguement quelque chose d’une certaine terreur vis à vis de ce monde-là, qu’elle essaye (en pure perte) de comprendre, discerner, distinguer – la mémoire, les sentiments – alliant la dispersion vis à vis du travail à mener à l’existence et la vie de cette maison  

 

il y avait Brigitte Fontaine qui chantait les zazous, non ? je ne sais plus exactement – l’un des batteurs les plus prolifiques de nos années

bonjour la pose (que la paix garde son âme) – étude de cas : ici la main baguée je crois bien

et celui-ci (dit l’gros nanar)

et le bijou

non, rien de plus. Une façon de se tenir

tu reconnais le pont Neuf en bas de l’image droite cadre ? – non loin du quai de Conti où vivait Modiano père, mère et fils –

pratiquement la même époque – la Floride – toujours Paris tu vois –

déjà posée ici, mais on ne s’en lasse pas – le rire oui et la dérision –

passent les vies – pourtant, ses idées ses amis ses pensées

deux fois de suite bizarrement (ici dans La Bandera (Julien Duvivier, 1935))

abject – tant pis, suivi d’une merveille caractérielle aussi mais qu’est-ce que ça peut faire ? le piano et elle, pour toujours pour elleplus contemporain? peut-être – et puis beaucoup de mal à lire ses écrits, notamment L’aveuglement mais j’aime son diminutif, Zé qu’on ne lui accolait peut-être pas – les mains aux hanches, j’adore

et enfin ce couple tellement  rangé calme doux – on ne dirait pas…

 

la série dispersion s’écrit et s’illustre ici 

 

 

Extérieur nuit (2)

 

 

Dans ce deuxième billet, on explicite un peuplus les tenants/aboutissants ainsi que d’autres développements (plutôt en liens vers d’autres textes – plus copieux, sans doute, moins illustrés aussi) de cette histoire qui date de quarante cinq ans. Le billet se base sur quelques images capturées lors de la diffusion du feuilleton/série/film Esterno Notte sur arte  réalisation de Marco Bellochio, (qu’on peut toujours voir ici) présentée à Cannes l’année dernière (est-ce du cinéma, est-ce de la télévision, est-ce quelque chose de plateforme ? je crains que ce ne soit pas (ou plus) le débat, mais celui-ci existe réellement – et pour ma part, je préfère voir les films en salle…) Une deuxième élaboration donc. En ouverture de billet, une image de la représentation d’Aldo Moro, lequel, à une tribune du parti de la Démocratie Chrétienne dont il est, à l’image, encore le président, convainc l’assemblée du bien fondé de son travail avec le parti communiste afin de réaliser ce que la presse intitula le »compromis historique » – lequel compromis était fortement combattu et depuis de nombreuses années, par les États-Unis, notamment en la personne de Henry Kissinger (personnalité détestée par le président Moro) mais qui,alors, n’est plus aux affaires (comme on dit) – Kissinger (républicain) était conseiller spécial et ministre des affaires étrangères du précédent président étazunien  (Gérald Ford)

 

 

les divers plans de coupe dans lesquels se meut cette narration – assez chronologique cependant – m’ont particulièrement fait penser à ce que Marco Bellochio instille dans son film, cette façon de se rendre intérieur aux protagonistes – ou complètement extérieur.
Ici

rien à voir avec le reste de la vie – mais c’est là et j’adore

J’adore aussi ceux-ci

c’est la nuit – il en a passé cinquante cinq dans son réduit – et c’est le jour

une ville qu’on aime –  une espèce de creuset –

cette ville qui, vingt ans plus tôt accueillait Fellini (le cinéma, c’est important) (la fontaine de Trévi, la via Veneto reconstituée sur le plateau 5 de Cinecitta) – ici ça se déroulait sur la rive droite du Tibre, trastevere – on parlait on négociait, il ne faudrait pas croire que tout le monde était d’accord – des milliers et des milliers de contrôle

en pure perte – il faut montrer qu’on fait quelque chose (mais qu’on laisse pourrir, non) (on fait même appel aux esprits, c’est pour te dire) – le gouvernement démocrate chrétien, épaulé de ses alliés (le parti communiste ne veut pas négocier ce serait reconnaître être doublé à gauche…) (le parti socialiste veut négocier, quant à lui : ce n’est pas un allié…) – longtemps Moretti (ici à l’image, au centre – à gauche Valerio Morucci, à droite Adriana)

assez leader, disons, de l’équipe qui a mis au point l’enlèvement, la séquestration, le procès et la suite promise au président Moro, longtemps il a tenu bon : non, on ne négocie pas, non, on ne l’épargnera pas (jusqu’au 6 ou 7 mai, en discussion, dans un bar de Rome) longtemps

on ne fera rien pour que ces valets du capitalisme s’en sortent la tête haute – il s’agit d’orgueil, il s’agit de ne pas perdre la face – tandis que la police ratisse largement (ici une image d’Adriana qu’elle voit, elle-même, sur une planche de bord de voiture de police)

elle qui rêve – c’est important, les rêves, ce sont des humains qui vivent, et dorment – celui d’Adriana (il est dit qu’elle le raconte dans le livre qu’elle a écrit – non traduit en français) (quand on raconte un rêve et qu’on l’écrit, il devient une réalité quand on le cite) ce rêve

déambulation au fil de l’eau

des morts passent

ils sont là, il y Aldo et d’autres morts – sous les balles, ce sang ordinaire, obligatoire et nécessaire – cette boucherie

elle se réveille – en sueur – un mauvais rêve dans la vraie vie – le rêve du pape (tu vois, ce n’est qu’un humain comme les autres – et la nuit il rêve ou quand il dort)

martyre, Aldo ? On le laissera mourir, et on espérera que sa mise à mort sera exécutée par ceux qu’on combat : ainsi seront-ils (et elles aussi) vaincu.es…

 

 

le billet précédent Extérieur Nuit (1)

 

 

 

 

À propos de So-hee

 

 

July Jung

 

 

on en est (comme souvent c’est le cas) à se demander si les réalisations (sont-ce–t-elles bien des réalisations ?) valent vraiment la peine qu’on se donne à les imaginer, puis en chercher les supports visuels, puis en agrémenter les billevesées, puis encore à la poser ici pour en faire la promotion là, tout ça pour quoi faire sinon nourrir des bases de données dont on nous réclamera le loyer suivant un protocole à base de consentement secret et tu… (à ce propos – je veux dire le loyer – : merci à CJ) – une tribune ? une influence (cette puanteur contemporaine) ? une publicité (pub dans le vieux monde qui n’est aucunement différent de celui-ci) ? Après il y a le cinéma (mais justement, celui-ci n’est qu’une usine à profit, à boite de bureau (box office) (caisse enregistreuse : combien de divisions ? combien de milliards ? et les mœurs du milieu (voir le gros russe, ces temps-ci; on voyait les frères W., on en sait la maxime « il n’y a que ceux qui travaillent qui travaillent », on en connaît les émoluments, les privilèges, les prébendes et les débordements festifs) – tout ça exhale une forte odeur de pourriture mais c’est le cinéma – cent cinquante millions de places vendues l’année dernière dans ce pays…) (il y en avait plus de 400 millions de vendues au siècle dernier, remarque aussi – ça devait rapporter moins aussi, remarque bien) un divertissement pour bourgeois ? on se demande… ça n’empêche pas d’y aller quand même, et lorsque le spectacle (disons) permet d’y voir (un peu) plus clair, autant le dire. Ici, en cette maison (depuis bientôt huit ans, je me retourne) trois cent vingt fois sur le métier (il y faudrait un index) remettre son ouvroir de cinéma potentiel…

 

On parle travail – conditions de travail : ça se passe à l’autre bout du monde, alors les mœurs sont différentes : ce sont de jeunes gens on aime à rire on aime à boire, on aime à danser – la vie est tellement belle et c’est tellement tant mieux… Dans les documents dont je dispose, il n’y a pas d’images de danse mais elle est pourtant là d’abord car le film débute par une séquence magnifique : une jeune fille (son prénom dans le titre du film, So-hee – interprétée formidablement par Kim Si-eun)  c’est elle qui fait signe, là

répète ses pas de danse, une fois dix fois – il y a  là un miroir, la jeune fille en survêtement de sport gris danse encore n’y arrive pas, remet ses cheveux en ordre, essaye encore… Et puis, et puis..
elle est en classe, c’est une lycéenne, son professeur ou quelqu’un de ce genre lui trouve un stage en entreprise : elle est ravie… Elle va pouvoir gagner sa vie, y entrer tout au moins, le monde du travail n’est-il pas celui dans lequel nous passons un bon tiers de notre vie éveillée ? N’est-ce pas le lieu de la dignité d’être humain, de vivre par soi-même, celui de la subordination aussi certes, mais celui du contrat, normalement loyal et sincère ? – on le signe conjointement, on obéit oui mais contre salaire et respect des droits.

Conquis, ces droits comme on sait : combien de morts pour ces idéaux ?

Au vrai j’ai une image d’elle, qui, à un moment, entre dans la salle de danse

Un lieu de vie. Un plaisir et un bonheur de danser avec celui qui pourrait devenir (ou qui l’est, on ne sait pas bien) son amoureux. Et puis les choses changent. Le travail et ses conditions.

les humiliations de la hiérarchie

un pays différent, des repas et des mets dissemblables, peut-être mais une même  humanité blessée, rompue, piétinée – une jeunesse surtout rendue esclave, et le contrat bafoué, inutile, sans effet – comme ici ? eh bien… oui, souvent oui – elle se battra, n’en pourra plus

un concours de circonstances, un téléphone qui ne répond pas, une mémoire effacée, un reniement peut-être : des blessures qu’elle ne parvient pas à soigner (celles infligées à l’âme même…)
Une deuxième époque : la venue de l’inspectrice de police (il y a enquête) (Bae Doo-na, magnifique – elle jouait déjà dans le premier long métrage de July Jung, A gril at my door (2014) vraiment bien aussi)

On cherche à comprendre

On trouvera

mais c’est sans espoir

Le film se clôt par une vidéo, le seul document qui reste dans le téléphone portable de So-hee : elle danse, elle danse dans son survêtement gris, elle danse et danse encore et parvient à réaliser sa figure, et son sourire alors, si radieux

 

About Kim Sohee  un film magnifique, coréen, magnifique de July Jung.