Riace, Calabre

 

 

 

à Becky Moses

 

un de ces jours, il faudra faire en sorte que ce qui se passe en maison[s]témoin ne parte pas sans index – j’y pense depuis un moment sans parvenir à résoudre cette possibilité – mais un autre index (me) devient nécessaire (les nécessités aboutissent toujours à un travail d’ampleur inattendue mais devant le clavier, assis au chaud (blanc hétéro pacsé retraité sans doute dans le statut social) (enfin de multiples avantages, disons) l’inspiration de celles et ceux qui  font réellement quelque chose est toujours porteuse – il me semble – en tout cas je fais en sorte que – j’écris pour que le temp passe – lequel, ce faisant, me conduit où tu sais – je n’ai pas vécu de guerre, dieu merci (comme disait mané) ou j’en sais rien je veux dire : dieu ? merci ? j’en sais rien – je préfère sans doute écouter une chanson (par exemple « I’m on the dark side of the road »  qui me fait faire retour sur la vente de ses chansons par Bob Dylan –

bon le 25 avril marque une date libératoire du fascisme (1945) fin de la guerre en Italie et le reste aussi – ne pas oublier, et les ami.es Portugais.es aussi – un bien beau jour qu’aujourd’hui – 

– ce monde, ce monde-là, celui du divertissement sûrement, comme ce que je fais ici) (je me divertis) mais faisant connaître si ce n’est fait encore des personnes pour qui le monde compte (comme pour moi) – manière de résister, certainement, aujourd’hui que l’ordure brunâtre s’est à peine éloigné – ce racisme répugnant porté par une presque soixantenaire (née le 5 août 68, ça ne peut pas s’inventer) fille de tortionnaire et de voleur – que le sensiblement égal en plus hypocrite en a repris pour cinq ans – aujourd’hui donc vingt-cinq avril débute une façon d’hommage au travail accompli en Italie par Domenico Lucano condamné par la justice de son pays mais surtout par la raison d’État, lequel est tenu comme depuis un siècle (un siècle…) par le fascisme le plus immonde – les choses changent ? je n’en ai guère l’impression… (dire que je vais émigrer un jour, inch allah (comme diraient quelques ami.es) dans le nord de cette péninsule…) n’importe : l’affaire se déroule quelque part par ici

un peu à l’ouest de Monasterace Marina, un village, à quelques kilomètres de la mer (une extension dudit, Riace Marina montre son image

) par là

j’y suis arrivé par l’est, et dès que je l’ai vue

on la discerne à peine, droite cadre, presqu’en haut de la colline, semblant abandonnée

plus près

rapprochée

j’ai pensé qu’elle pourrait être pour moi – j’étais dans un état d’esprit procuré par le livre de Mimmo, le maire de Riace : Grâce à eux, Comment les migrants ont sauvé mon village (Buchet Chastel, 2021),lequel se termine par une évocation des chèvres

nombreuses semble-t-il dans ce si beau pays, si désolé – on voit ici, droite cadre, le chevrier de dos

j’allai voir ce village non pas en touriste (je n’aime pas le tourisme) mais en éclaireur – je me prépare à émigrer (je dois dire, peut-être ici, en cette maison, que mes premières années sur ce monde, se vécurent sous l’égide d’un aphorisme qui m’est resté « la valise ou le cercueil » qui s’adressait plus aux pieds-noirs et autres harkis du pays voisin, je reconnais, mais qui m’a marqué que je veuille ou pas) j’irais en Italie, il y fait plus doux (j’aime ma liberté, peut-être irais-je en Grèce, une île – je rêve – je me demande – j’élabore – j’imagine) j’entrai dans le village

dès l’entrée cette brouette (jte rapproche)

m’affirme que oui, il y a du boulot, du travail à faire, ainsi que dans la première maison repérée – le village, ici, dédié aux saints Côme et Damien qui lorsqu’on les fête (du 25 au 27 septembre) intiment aux habitants d’ouvrir leurs portes aux pèlerins – le village

qui un jour (le premier jour du mois de juillet 1998) vit arriver, en son extension maritime (Riace Marina), venant de Turquie un voilier parti le 24 juin, cent quatre-vingt quatre personnes à bord, toutes kurdes de nationalité, syrienne, turque, irakienne, iranienne.

Voilà près de vingt cinq ans : le sud de l’Italie se paupérise, les mafias pullulent, les réfugiés sont esclavagisés dans des conditions ignobles, voilà vingt cinq ans (au moins) que ça dure – à ce moment-là, Mimmo Lucano pas encore maire (mais presque) , aide à les accueillir, dans la tradition, simplement, de son village. Ils et elles refondent la vie sociale grâce à leur travail sur les maisons inhabitées et abandonnées : on en recherche les propriétaires, on leur demande l’autorisation de remettre en état leurs propriétés, ils acceptent et en échange permettent d’y vivre, on y travaille et les choses se passent. Normalement c’est à dire humainement. Il y a moyen d’espérer.

Ici l’arbre devant la mairie

Les habitants du village élirent Mimmo (Mimmo le Kurde…) maire. On mit en place des nombreux dispositifs pour aider ces « damnés de la terre » que sont les réfugiés de quelque pays que ce soit. Et puis comme on sait en Italie, le fascisme est toujours un peu dans sa position naturelle : il rampe. Vint l’abject salvini, un de ses affidés mit en examen Mimmo du fait de son manquement à l’administration du village : il avait signé un papier aidant une réfugiée à rester en Italie (je pense souvent à la vallée de la Roya (j’y ai travaillé un temps à enquêter le petit train qui relie Limone à Vintimille) et à Cédric Héroux qui enfin est lavé des accusations iniques portées contre lui). Condamné à 13 ans de prison, l’ex-maire (il a été défait aux élections) a fait appel ici, en France, on attend son procès. Et il n’est pas question de laisser faire : ici on exprime notre entière solidarité avec cet homme magnifique   

Le livre s’ouvre sur l’histoire de Becky Moses, qui est morte brûlée vive dans le bidonville de San Ferdinando, de l’autre côté de la presqu’île, là-même où se déroule la trilogie de Jonas Carpignano, cinéaste lui aussi impliqué dans l’accueil et la vie des réfugiés (son dernier film, A Chiara chroniqué ici). Ici aussi l’article lui est dédié : j’ai cherché

le cimetière: cette route sur la gauche de l’image y monte. J’y suis arrivé

il est dit dans le livre de Mimmo « le souvenir de Becky est avec nous pour toujours. Elle repose au cimetière de Riace, entre les niches de la rangée la plus haute: pour la voir, il faut regarder le ciel ». Juste là.

En redescendant, j’ai croisé ce garçon

qui travaille peut-être à rénover cette maison

(ces deux images datent, selon le robot (

dont j’ai trouvé aussi une image) de 2009) : la maison a cet aspect dix ans plus tard, au 22 de la rue du saint Esprit (via Spirito Santo)

J’aimerais bien demander à Mimmo comment s’appelle le type qui l’a rénovée. Je suis certain qu’il le sait. En tout cas, ça ne fait rien, ce qui est fait est fait et il fait parfois beau en Calabre. En partant, comme dans l’épilogue du livre (et comme au commencement de ce billet), j’ai croisé à nouveau ces chèvres

le chevrier et ses trois chiens blancs

Cet article, pour le 25 avril 2022 et la maison[s]témoin (zeugme), en l’honneur de tous les réfugiés du monde et de tou.tes celles et ceux qui les accueillent. Ici même paraîtra, dès que possible, l’index des noms propres et des lieux cités dans le livre.

 

 

 

 

 

dans la bibliothèque de la maison[s]témoin, La Nuit de Gigi de Dominique Dussidour

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Gigi n’est pas le personnage principal. D’ailleurs on ne la suit pas tout de suite. C’est parce qu’elle se trouve à une intersection, un nœud, comme ceux que font les plantes-lianes à l’endroit où ça se resserre et où ça repart en tiges et en vrilles, poussé par la faim de trouver la lumière, ici et là. Dominique Dussidour emmène, au sens propre. Elle dit Viens, regarde ici cette rue qui mène à ce pont, elle dit allons voir plus loin, littéralement, un peu comme l’accompagnatrice au chapeau choisi pour être reconnaissable, c’est plus facile pour rallier les touristes autour d’elle, qu’ils ne se perdent pas, elle porte un classeur ouvert contre sa poitrine avec tous les détails importants, elle guide, elle dit Ici… et lève le bras pour montrer une petite maison posée sur la pierre d’un clocher, à des centaines de mètres au-dessus des têtes, elle raconte qu’un soldat dans cette petite maison coincée là-haut, il y a des années et des années, faisait le guet.

Elle, Dominique Dussidour, ne fait pas le guet, parce qu’elle n’a pas envie de rester sur place et immobile, il lui faut au contraire garder la liberté d’aller un peu partout, elle est très libre, et le parcours qu’elle suit est comme elle, gourmand, le passé, le présent, ce qui se voit de l’extérieur et même les endroits inconnus qu’on sait déceler, mais qu’on ne sait pas toujours nommer. Elle observe les fils enchevêtrés pour nous, avec nous, sans autoritarisme, avec le même genre de curiosité qu’a une Agnès Varda, une volonté de voir comment les choses se déplacent, s’articulent, se chevauchent, disparaissent tout en se créant.

Il y a un groupe d’amis et d’amies, il y a des conditions atmosphériques, un été là, de la pluie plus loin, une rivière où se baigner, un appartement à l’étage, un vieil homme qui a fait le tour de sa vie, et la vie capturée dans des dessins d’enfants.

La nuit est un moment spécial où toutes les choses se rejoignent, c’est l’endroit préféré des plantes-lianes, car ce qui semble être dû au hasard, ces petits détails accumulés, ces vestiges du jour trouvent de quoi s’agglomérer ensemble pour former un tout. Un vrai tout, c’est-à-dire un tout en expansion, non limité à ses bordures. Un tout poreux, comme les pierres blanches que l’on ramasse sur les plages, mangées de trous.

Il y a Lola, il y a Gabrielle, il y a Honoré, il y a une exposition de films et de photos, des adolescents en révolte ou simplement en recherche de quelque chose, de quoi on ne sait pas, mais cela flotte constamment, ce désir de trouver ce « quoi » que l’on cherche et qui ne finit pas avec l’âge. C’est la vie. Et comme la vue de Dominique Dussidour est panoramique, elle n’oublie pas, dans la vie qu’elle raconte, de placer les creux, les absences, les impossibilités, les empêchements, ces petits trous dans la pierre.

Ce n’est pas une vue mélancolique, nostalgique du temps qui, en passant, malaxe les vies de Jacques, de Léo et des autres.

Il y a une grande sérénité. Les choses graves sont acceptées, telles que. À la même échelle que les petites merveilles dessinées au crayon de couleur par les petites mains de Gabrielle enfant. Tout est grave, tout compte, tout est léger, ne pèse pas plus qu’une plume, et tout est lourd, marqué à jamais en creux.

Les poissons exotiques Gnatho, un disque de PJ Harvey, une chanson de Josquin des Prés, les œufs de cochenilles qui colorent de rouge les bâtons d’aquarelle, la géomancie, tout compte, tout est lourd et léger. Ou plutôt, tout pèse son poids, son poids interne, ou sensible, la hiérarchie de la vie étant bizarre, bizarrement dérégulée, de minuscules choses aussi fines qu’un conte d’Andersen étant aussi massives, ou plus, qu’un chapiteau de foire.

Au cœur de La Nuit de Gigi il y a un creux immense. Une disparition. Comme si une bombe était tombée. Gigi au milieu des gravats, rassemble, et rassemble les morceaux éparpillés. Je ne sais pas comment fait Dominique Dussidour pour braver la tristesse, la retourner, envers sur endroit. La Nuit de Gigi, avec sa tragédie centrale, n’est pas triste. Elle dit que oui, nous le savons, la vie est une tragédie, mais Viens, avançons au milieu des poissons. Oui, on peut penser que tout semble gratuit ou dérisoire, comme si rien n’avait de sens, mais si on regarde mieux c’est faux, tout est utile, toutes les vies servent, même celles qui se sont arrêtées, car en regardant mieux on voit bien que celles-là, les finies, continuent, comme les plantes-lianes s’arrêtent contre un obstacle, tâtonnent et le dépassent, la mort est un obstacle comme un autre, elle fait partie des cloisons et des contorsions que la vie charrie, naturellement.

Et puis il y a le degré de perception de Dominique Dussidour. C’est très fin. Ça claque et fuse. Très délicat. Et simple. Ouvert. Traversé par. Vivant. C’est paisible et terrible. Sans chercher l’exhaustivité ou le contraste décoratif (non, ça n’est pas décoratif).

Il y a aussi la question de la filiation. Ce qui est donné et transmis,  inconnu, incomplet, ce qu’on connaît bien mal de l’enfant qu’on a porté pourtant, ce qu’on connaît bien mal du parent dont on vient pourtant, comme cette guerre qui restera non-dite.

Si La Nuit de Gigi était un tableau, ce serait La Tempête de Giorgione. Une vue de la réalité, avec sa part d’énigmatique, gentillesses et douceurs, grandes inquiétudes incluses. Ou bien ce pourrait être certains tableaux de Zao Wou-Ki, par exemple Water Music.

Un peu de Perec aussi, dans la tentative d’épuisement de lieux qu’on n’épuisera jamais.

Le regard flotte pour extraire des indices. Et comme les choses ne sont pas délimitées, c’est une broderie de fils, tous distincts, différents, qui se rejoignent.

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J’aurais bien voulu pouvoir dire tout cela à Dominique Dussidour de vive voix, mais ça n’est pas possible, alors je vous le dis à vous.

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des arbres en ville

 

 

 

l’évolution des choses – passant un jour par la rue de l’Ourcq revenant du parc – tant de choses y signent le passage (celui du temps où la ville vivait de son travail et non de ses services…) – il y eut cette photo

pas que ce soit particulièrement un quartier que j’aime (le dix-neuf, ça va encore – ça correspond aux moments du travail où on allait, par exemple avec Christian C. manger au restaurant vert qui marque le coin – maintenant tout ça est assez friqué) – l’affaire n’a pas été construite de toute pièce mais fait le pendant d’une espèce de réfection – je suis allé voir dans la mémoire des images – ici il y a dix ans

deux choses au moins : l’industrie du quartier (les garages au fond, voisins, remplacé par la chose en fausse briques marron (immonde – et qui ne l’est pas moins les terrasses en hauteur

et le petit balcon à l’avant dernier… – je veux dire : à qui est-ce destiné à ton avis ?au tout venant ? ) – les arbres (je me souviens de cette incise de Léo « aime enfin les arbres » il disait aussi « fous en l’air tes pantoufles/ mange debout »  ainsi que Zampano le fait remarquer à cette femme qu’il va aimer en sortant du plan et de la pièce où Gelsomina mange des pâtes) (en spéciale dédicace à Kiki) – à cette époque-là, ce lieu était une agence nationale pour l’emploi (ça a changé de nom, maintenant les chômeurs (comme la technocratie courbée et aux ordres les nomme) sont désinscrits – portés ailleurs qu’on ne les voie plus) – la boîte aux lettres n’y est pas encore

mais les arbres – ils sont encore là quelques années plus tard – on détruira (l’image est datée par le robot de mai 2012) (la voici, la boîte, légèrement appropriée)

pour plus tard promouvoir des appartements middle class – septembre 14 (boite aux lettres grisée – est-ce fond de travail ou tentative de la municipalité ou de la poste elle-même de faire disparaître le dessin ? on ne sait) (970 mètres-carrés de bureaux à louer)

à droite, les arbres ont disparu, mais les revoilà quelques mois plus tard

on aperçoit alors la boite aux lettres décorée sublimée par Da Cruz (c’est le quartier de Da Cruz plutôt)

on ne la voit guère – mieux ici

et encore mieux là -petite histoire de la boite aux lettres : mai 2017

puis juillet même année (l’histoire du tagueur tagué)

reprise (juillet 18)

et les arbres toujours (mai 19)

passent les années, les jours et les semaines – détruire dit-elle (ah Margot) (et son corsage) – mars 2020

des arbres, quels arbres ? (aucun d’entre eux ne sera abattu) (la grande classe)

mars 2021 – renouveler réaménager refaire réimplanter implémenter rénover revenir – des arbres ? mais quels arbres ? je la repose, j’apprécie particulièrement la terrasse du premier étage

un bâtiment parisien (géré pour le bien-être des habitants – j’adore) (greenwashing éhonté ? ou yellow standing ?)

(agence parisienne du climat sous ce lien)

(non mais rien)

je passe

 

Actrice

 

 

on l’avait déjà vue dans un rôle semblable – il y a dix ans (Les beaux jours (Marion Vernoux, 2013) (quelque chose de sage : elle assise dans l’aéroport, l’autre qui s’en va, elle ne le regrette pas) (avec les acteur.es, j’ai mes têtes : je suis difficile et comme diraient les journalistes (qui aiment un peu à salir parfois (voir par exemple le Illusions perdues  récent (Xavier Giannoli, 2021)) je ne suis pas (un bon) client) (un peu comme Sir Alfred dont on raconte qu’il répondait élégamment à l’un d’eux lui demandant des axes de jeu : « Je vous paye assez cher pour que vous sachiez ce que vous avez à faire ») (charmant)
je me suis égaré : une actrice, donc, qui interprète le rôle d’une femme de son âge (elle est de 49) (plus ou moins : en réalité, le rôle devait être celui d’une femme de quatre vingts ans si j’en crois les gazettes) peu importe d’ailleurs : le rôle est celui de la mère de la réalisatrice. Devait être : Solveig Anspach a été arrachée à notre affection il y a quelques années (en août 2015) (ici, on l’aime toujours beaucoup : – le sujet était déjà prêt dans la vraie vie, il a été repris (magnifiquement) par Carine Tardieu, ici
parfois les images fatiguent – parfois moins – j’aime à regarder les passants ( ce sont des acteurs, un film qu’on ne connaît pas, une mise en scène qu’il peut être parfois facile de déceler, des costumes, des maquillages, des dialogues – quelques secondes  et les voilà partis…)
une actrice donc : ce n’est pas un métier, c’est un état – j’ai vaguement vu qu’elle disait d’elle même « je ne suis qu’une actrice, une personne ordinaire » et oui, tout est là
une histoire d’amour comme les films français (ou pas) savent en faire parfois : une espèce d’image de marque (la France, ce pays où la gastronomie la mode le bon goût la libido) (on dit plutôt l’amour : un peu comme les jeunes mariés vont à Venise) (ce genre de poncif – par exemple encore mais après j’arrête : le tgv va dans un sens, puis dans un autre – les versions du train sont différentes – il doit s’agir de quelque plan destiné à l’export)
lui est médecin spécialiste cancer (on dit oncologue) deux enfants, une femme biologiste (Cécile de France, quelque chose de franc de frais de spontané) – il vit à Lyon
elle était architecte vit 19 rue des Panoyaux (c’est à Paris 20) un appartement assez en bazar – une vie entière (à un moment, il la rencontre à côté d’un « hôtel des Facultés » qu’il faudrait que je retrouve) (vaguement le sentiment que c’est à Lyon)
ils se rencontrent, en Irlande, histoire d’amour (scène de lit : parfaite) il ne peut le cacher à sa femme parce qu’il ne le veut pas (elle encaisse : un mal de chien…); les enfants ressentent l’affaire, rien n’est facile – on avance, mais il ne peut pas cacher cet amour
le truc, c’est qu’elle a quelque chose comme vingt-cinq ans de plus que lui (lui, c’est Melvil Poupaud – il est de 73, comme la réalisatrice) : comme dans la vraie vie (si jamais ça existe) disons – le couple est un peu difforme, le livreur épicier asiatique n’apprécie que peu, le copain d’enfance moins sans doute (Sharif Andoura), mais sa fille à elle (Florence Loiret Caille, qui envoie grââââve – extra) oui
alors voilà, on avance le drame se noue, est noué se révèle
j’aime savoir/croire que les actrices (et les acteurs) jouent toujours le même rôle dans le même film – ça m’aide à regarder les films dans leurs différences, pratiquer des correspondances, me souvenir des belles choses, faire exister ici ou là une histoire peut-être improbable – j’y vois de la fidélité, peut-être (est-ce que volage est le contraire de fidèle ?) de la constance et l’assurance que nous sommes en vie (je ne vais que rarement au cinéma tout seul) (on rit, on pleure)
il paraît qu’elle jouait à ses débuts dans cette série nommée « Les dames de la côte » (c’était à la télévision) une aura un peu sulfureuse, peut-être anarchiste, peut-être éthérée : mais comme dans La Famille (Ettore Scola,1987) j’ai vaguement l’impression qu’elle se tient – elle est ici formidable – sa voix surtout ? non, son sourire

 

Les jeunes amants, un film réalisé par Carine Tardieu (en vrai, les trois actrices sont formidables)

d’un voyage à l’autre #9

 

 

 

sur mon nez ma bouche j’ai gardé mon masque comme m’y enjoignait cette saloperie de régie transformée depuis peu (depuis cette saloperie de prise de pouvoir par une autre saloperie) (le monde est hanté de ces saloperies) depuis peu transformée en syndicat – j’ai pris le métro comme d’habitude pour aller au cinéma – parfois j’y vais à pied, c’est vrai aussi et pour tout dire, je préfère (comme si on pouvait tout dire, tsais) – je préfère parce que ça veut dire qu’on peut marcher dans les rues sans se les geler – les genoux les coudes les oreilles les noix – j’aime marcher dans les rues c’est ainsi goudron céhautdeux bâti – urbain – j’allai tranquillement (j’aime être tranquille et je ne le suis jamais) en apparence – j’allai pensant aux voyages (le voyage est une approche libidinale de la puissance sexuelle) (pour tout dire) j’ai tellement adoré Venise

je l’aime toujours d’ailleurs (c’est égal on y entre en payant, de nos jours : nous ne savons pas nous arrêter sur la voie du pouvoir) (et elle, sur ses millions et millions de pilotis de bois calcifiés, elle, doucement, s’enfonce) je recadre sur l’avion – on le voit à peine, il s’en va – ce doit être une compagnie à bas prix – on dit « low cost » ça fait plus chic (pour masquer le fait qu’on voyage à moindre coût – comme si la pauvreté était un vice – caché certes – une tare – invisible) deux petits points rouges en bas vers le milieu de l’image – c’est le rouge qui fait « low » –

avec un petit plus de contraste – j’avais à l’esprit de parler plutôt dans le souvenir des premières années, plus, sur ce continent – ça aurait commencé ainsi (comme le seize) « on n’avait pas tellement le choix à l’époque » et c’est vrai, on n’avait pas le choix, on était petits, (nous, nous étions quatre) des enfants et les enfants suivent leurs parents – je n’ai jamais eu le sentiment que les miens aient eu le choix mais je me trompe sûrement – ou seulement peut-être – dans les années soixante-dix, je ne connaissais pas, ni le monde, ni Venise, (le premier toujours pas aujourd’hui, la deuxième mieux) mais je me souviens assez bien de mes premières années où j’avais l’impression d’avoir parcouru l’entièreté du monde parce que j’en connaissais ce minuscule bout d’Afrique augmenté de la presque connaissance de la proximité d’une des rives du lac Léman et donc et de Paris et d’ailleurs au nord : presque rien – pour moi, cela faisait trois pays – j’ai lu tant de choses sur cette ville-là, sur ses dix siècles de république;  sur ses geôles, ses eaux plates et immobiles; ses îles et ses ponts – quels beaux souvenirs

je n’ai jamais pris de gondole (« gondola gondola » fait le type dans sa marinière, debout sur le petit quai, son chapeau de paille sur la tête) je n’ai jamais pris de taxi non plus (cent ou cent-vingt la course quand même stuveux), je n’ai pas été concevoir mes enfants au Danieli, au Gritti ou au Cipriani (il y avait sur le frigo quelque part je ne sais plus, une espèce de dessin, caricature de visage avec un joint en bouche qui disait « who cares ? ») – cette ville est depuis le début de son existence (vers la même date que fut couronné Charlemagne) un des plus grands lupanars du monde – mais qu’est-ce que ça peut faire ? Un des plus luxueux aussi, par antiphrase on s’y marie, on passe, on avance doucement sur ses canaux, des enfants parfois plongent du pont aux trois arches et rient – les deux colonnes de la place Saint-Marc en déterminent dit-on l’entrée (une superstition veut qu’en passant entre elles, on soit marqué à vie) (par quoi, c’est une autre histoire)  sur le haut de l’une, c’est Théodore qui, comme Michel terrasse un dragon – ce sont des saints – je ne me souviens plus, mais si, il y a un casino en ville, il donne sur le grand canal il me semble me souvenir – c’est loin, tu sais – en italien bordel se dit casino – c’est entre ces colonnes qu’on faisait payer de leur vie les nobles qui avaient enfreint la loi de la république (on y jouait aussi, jeux de hasard comme au Palais Royal à Paris – même mœurs aussi) – sur l’autre colonne, celui qu’on ne présente plus

et ses deux ailes – celui des Médicis posait un de ses pieds sur une boule qui signifiait peut-être le monde – florentin – ici souvent il en pose une sur un livre plus ou moins ouvert dans lequel on peut lire « Paix à toi Marc, mon évangéliste, ici puisse ton corps se reposer » (sculpté en latin) – il me semble voir le livre sous les deux pattes avant du lion de l’image (ça fait une de trop: dans l’effigie il porte une épée dans l’autre…) – les milliers de diamants de la lagune – c’est la lumière – s’installer à Venise, à Thessalonique ou à Smyrne – impossible, le Canada pourquoi pas ? demandais-je un jour à mon père qui me sourit : mais non – le nord de la France, un travail surtout à l’usine licencié en droit employé puis les échelons, là-bas : la patrie sans doute, pour laquelle il combattit, de la même manière que, dans ces années-là, on allait en vacances là où, soldat caporal-chef croix de guerre il semble, il avait débarqué, la Croix-Valmer venant de Tarente en quarante-quatre, je n’ai d’images de lui que souriant – pour le reste j’ai oublié, j’ai fait exprès d’oublier ou alors seulement ne voulant plus y penser, ou n’y pensant plus simplement pourquoi faire ? non loin, marchant dans les rues, regagnant un cinéma, un rendez-vous, un café, il est là, non loin – parfois aussi je me dis oui, les voyages, le Pacifique, sud, loin – la paix

 

les cinq images de ce billet ont été glanées sur le site « 100 billions pixels« par ailleurs pourri jusqu’au code de publicités (comme on sait faire « à la nouvelle » pour indiquer les manières de nos jours, différentes de celles « à l’ancienne » affectionnées par le rédacteur) site indiqué par l’ami O. Hodasava qu’ici on remercie

Carte postale d’ici

 

 

 

pratiquement quarante huit billets pour l’année – je vais arrêter je crois pour celle-ci – sauf contre-ordre – pas mal de cinéma pas mal de dispersion, c’est l’heure des comptes ou quoi ? – n’importe (on ne va pas regarder en arrière – on ne va pas oublier non plus)

cette image du relieur de la place Dauphine, jouxtant presque le café où on joue à la belote (en face de la « roulotte » du couple) (je suis fatigué tu sais – de temps à autre, oui)

ici l’ouvreuse d’Edward Hopper – au cinéma, ces jours-ci, la maladie le pax – des images simplement pour se souvenir (là les deux mêmes plus ou moins)

l’ouzo sur le port, c’est en août probablement -j’ai oublié, je ne me souviens plus des olives et des chèvres qui passent – le vendeur de chaises en plastique qui passe lui aussi le matin vers onze –

il y avait cette chanson que je n’aime pas vraiment Marcel Mouloudji, « Faut vivre » mais qui dit (en creux, négativement peut-être)  ce qu’on a à faire (il était de 22) – le col de la chemise des années soixante-dix – paroles du chanteur – faut continuer tsais – ici le Bosphore ((c)MCH)

 

on y retournera – rien ne dit que l’autocrate restera sur son pouvoir abusif –  ces oiseaux-là planent sur les eaux du Bosphore

ce sont les voyages qui manquent – moins souvent, moins loin, moins longtemps, c’était le verdict au tournant du siècle, et vingt ans plus tard, des tornades, des îles sous le vent et l’eau – Catane et son parcours autour du Vésuve en train – et les trombes d’eau,  inondations… – un laurier pour la routeon n’est jamais trop loin de l’enfance quand même – le sentiment que la décade qui s’annonce sera difficile – mais peut-être voit-on mieux l’avenir lorsque le passé est profus – ici les prix Nobel de la paix de cette année (ce sont deux journalistes)

et plus proche, elle qui me fait souvenir de cet article-là (voilà un peu plus d’un an de ça)

non, mais le cinéma, par exemple : c’est la dispersion qui m’anime même ici, le cinéma cet univers perverti (regarde Sunset Boulevard si tu veux (Billy Wilder, 1950)) : cet art avait un demi siècle – était-ce un art ? en est-ce un ? OSEF, probable – tout ce travail et rien pour s’amuser, ça rend Jack un peu mauvais tsais

tu le vois, là, il contemple le lieu de sa mort prochaine – par gel; de froid; à la poursuite de son fils, afin de le tuer – il ne rigole pas vraiment, Jack –  il est pris par ses fantômes – sans doute l’écriture a-t-elle cette qualité de faire revivre les fantômes – on aime à le croire ? pfff…  Bientôt Noël, alors ? Cette image-là, c’est moi (des jours entiers à fuir…)

(c’est de l’incrustation) (laisse va) (j’adore)

Bonnes fêtes (wtf ?)

 

 

 

Ces deux-là

 

 

 

si on parle de maison, la leur en ville était sur l’île, et ils l’avaient intitulée la roulotte – dans la maison, ici, des chansons ça manque – il y a pas mal de cinéma mais de chanson, peu – c’est une erreur : ici un chanteur – il a commencé par chanter plutôt fantaisiste (comme on faisait dans l’immédiat après-guerre si ça dit quelque chose) (genre Maurice Chevalier pas Frehel – plutôt Trenet disons – des trucs pour se marrer, la rate qui s’dilate, Reda Caire ou Rina Ketty) (il est de 21 comme elle) (lui 13 octobre, elle le 25 mars) il faisait le cow-boy aussi bien – du côté de Marseille puis le cinéma sûrement -les Portes de la nuit (Marcel Carné, 1946)

(de dos Raymond Bussières, de profil Sylvia Bataille) – ce n’est vraiment pas son meilleur rôle (euphémisons s’il te plaît) n’importe, il continue de chanter – le tour de chant (« one man show » avec des guillemets que je place aussi, ça porte un autre nom aujourd’hui), ici le programme des chansons possibles je crois lors de retour très  éphémère en 1975

ou non,je ne sais plus, j’ai pris quelques images d’un film documentaire télé qu’on doit à Yves Jeuland (déjà croisé à plusieurs reprises ici  et là) (il y a plus de dix ans – le type tourne, mais il semble que plus ça va, moins la critique,et donc la pensée (il me semble) se fait pertinente) (on s’en fout, peut-être : dans le film de Carné on voit jouer l’harmonica

le destin incarné par Jean Vilar

passons) en chansons Yves Montand qui danse, s’amuse chante et se dispute avec son pianiste (Bob Castella, adorable) (je n’ai pas pris d’image de lui, dommage – ici volée ailleurs

(musicien hors pair) (je ne sais pas qui est de dos (on dirait un des compagnons de la chanson) (tout ça est nostalgique mais c’est plus ce que c’était) la maison roulotte se situait sur l’île

reliée à la rive gauche (et droite,ne soyons pas sectaire) par le Pont Neuf (on admirera, en fond d’image la statue du Vert Galant Henri le quatrième (Paris, la messe tout ça)

on va dans la rue (trop mignonne Simone, non ?), on fait des images voilà tout – on parle dans le documentaire de l’union des républiques socialistes soviétiques – des années cinquante (c’est pour ça – j’y bosse pour mon « vivre »)

c’est égal je l’aime beaucoup

lui aussi : j’aimais déjà le cinéma avant d’avoir vu Z (Costa Gavras,1969)


ici, Charles Denner (l’un de mes acteurs favoris) à la droite du député qui vit ses dernières heures incarné par Yves Montand (c’est parce qu’il ressemblait à mon père – Denner pas Montand) et donc pas trop de chansons finalement

ici à droite de Montand Maurice Baquet (ce film est une merveille -mais qui te tord le ventre) (une horreur que cette histoire) (les généraux, la Grèce, la haine et le meurtre) (il y a Irène Papas qui joue la femme à Montand) ici il regarde ailleurs quand Costa-Gavras lui parle

là aussi

les choses ont-elles tellement changé ? – pour clore cette parenthèse de « Z » il faudrait un billet entier – ici ce serait bien – parce que les options prises par ce couple Montand-Signoret  (compagnons de route, puis « on était bien emmerdés » au coup de Prague,puis le reste de la vie, les rôles, le travail, le cinéma les amis –  beaucoup est explicité dans le docutélé) ces options marquent la fin du siècle précédent (Signoret s’en ira, aveugle,vers 1985; son Montand lui survivra six ans, le temps de faire un enfant) et qu’on leur sait gré d’être intervenu – Montand reprend le tour de chant (le one man show) pour un soir, pour soutenir le Chili d’où souffle un vent immonde

on ne voit pas bien, mais qui sourit, droite cadre de profil, c’est Salvador Allende – il s’agit de cette histoire-là, un peu la même que celle du compromis historique en Italie (les années soixante dix du siècle dernier) – les tentatives de se libérer du joug capitaliste – ce Chili avec ses meurtres

on le reconnaît mieux ici – et Yves Montand qui chantera

et encore

on n’oublie pas

 

 

 

couleurs pour un ami

 

 

 

décidément ces mois de juillet de se suivre et de se ressembler continûment défilent (déjà soixante huit de passés et ils ne m’ont jamais trop inspiré) – je recensais les diverses fractures subies, un peu trop nombreuses en ce mois, et je me disais que l’attachement au calendrier avait quelque chose de la superstition, et qu’elle y était pour beaucoup – je ne déteste pas l’été, pourtant – il nous faut nous accrocher à quelque chose, sans doute, mais sous peine de quoi ? – J’avançai dans le jardin pensant à Philippe Aigrain qui nous a faussé compagnie

quand même les images seraient-elles d’un précédent passage – regarder rétrospectivement les choses ne nous est, au fond, que de peu : elles n’en sont pas moins violentes, ou blessantes –  les oublier ne vaudrait guère mieux – je les pose ici, dans la boîte aux lettres (elles lui parviendront certainement)

(on y voit un pied de l’agent – je ne suis pas certain qu’elles aient été plantées là, ces fleurs, j’ai plus l’impression qu’elles se sont installées non loin de la margelle du puits (on l’aperçoit droite cadre) pour y trouver ombres et humidité) il pleuvait d’ailleurs, j’étais allé voir l’état du figuier (on l’avait cru décédé, le voilà qui renaît) (le figuier est un feuilleton d’un autre ordre, mais peu importe (l’ordre, en réalité, on n’aime pas tellement ça), nous sommes ici en villégiature et nous attendons la venue d’un client) le reste du monde bruissait comme un peu toujours (on ne voit jamais les choses que de son petit œilleton (« un misérable tas de petits secrets » disait l’autre, il n’avait pas complètement tort – mais pourquoi seraient-ils qualifiés de « petit », c’est la question)

dans les verts, dans les bleus, dans les mauves – la peinture, les pastels de chez Sennellier dont il paraît que l’officine du quai Voltaire a disparu – j’y passai l’autre jour sans le remarquer, la peinture, le dessin, de l’autre côté du fleuve, les cours du type (un professeur, certainement, je ne sais plus et j’étais là en touriste comme on aime à dire – comme si le tourisme était disqualifié) sur Piero della Francesca ou alors Fra Angelico – j’aurais aimé suivre quelque chose sur le Caravage sa période vénitienne (je crois que je trouverais plus quelque chose au Vatican) encore qu’on aurait encore parlé de ses frasques de voyou, passons – je regarde la peinture et les contrastes – je regarde les dessins et les fleurs – il n’est cependant pas question, nullement, de s’arrêter – des annonces, des effets de manche, des ministres corrompus ou peu importe – la vraie est ailleurs disait-on et on n’avait pas tort –

un jour une visite aux grands formats (où Patrice Chéreau mettait en scène sa reine Margot) un passage par l’Égypte parfois (je me souviens de ces jeunes années, Vénus de Milo et Belphégor) – il se trouve que les gens, les personnes, les ami.es qui disparaissent nous manquent (on les revoit en songe mais c’est différent, même si on ne les connaissait que peu) c’est mon cas avec Philippe mais il m’avait aidé, il avait aidé le collectif L’AiR Nu auquel j’appartiens (c’est amusant, cette façon d’appartenir à quelque chose), alors pour lui en son souvenir peut-être, quelque chose comme quelques fleurs et quelques couleurs de vie – salut à toi (et merci pour tout)

à ses ami.es, sa famille et celles et ceux qui ont perdu un ami

 

Carte postale

 

 

 

souvent quelques difficultés à nommer les choses – alors l’euphémisme – prends des détours – parle d’autre chose – il y avait tout au bout de la baie

on l’aperçoit à peine, un petit point blanc « à une heure » dirait je ne sais quel aviateur, tu le vois vladje ? il s’agit d’une maison de plage – cette nuit j’en ai rêvé, je suis allé voir – une année on avait été dans ce coin-là (j’y suis déjà allé) – il y avait sur le bord de cette même plage un restaurant-boite-de-nuit-bar-dancing et comme c’était ramadan, ça n’a pas cessé dès le coucher du soleil, musique à fond – cette plage

on la distingue un peu, presque au centre de l’image isolée – c’est un bois d’eucalyptus qui longe la mer, il y a là-bas aussi des ruines – la montagne au fond se nomme le cap Bon – on y va volontiers plus au crépuscule (ici sur la gauche, les lumières du dancing (ah oui, il y a du monde quand même)

) en passant le cap et regardant vers le nord-ouest, il y aura (outre le pêcheur) le Boukornine

tout ce qu’on demande, c’est de vivre – en paix – c’est tout – finir nos jours en silence – laisser aux avides leurs saloperies – on ne demande rien d’ailleurs, on n’a rien à demander – ni d’ailleurs à prendre – sur cette plage, souvent des engins à moteur inutiles et bruyants

ainsi aussi que cette épave, le sel s’y acharne – il faudrait peut-être penser à l’ôter du paysage mais

elle est plus loin, on se baigne – ici c’est l’après midi, le soleil donne dans le dos quand on entre dans l’eau tiède

(j’ai besoin de vacances, ce doit être cette ambiance, vaguement écœurante, complaisante, énonçant la décrue des accueils en lit d’hôpital (qu’on fermera, qu’on va fermer, on s’en fout) hier dans la rue ils manifestaient ces soignants, crois-tu qu’ils en disent quelque chose, ces médias vendus aux milliardaires ?  rien, en revanche le « changement » de nom de la radio, ça c’est important – à gerber) – n’importe, oui, partir

jte dis on s’en fout, mais quand même – je me souviens d’il y a quarante ans peut-être, elle vivait sur l’esplanade et m’avait demandé de venir l’épauler – j’ai toujours été « serviable » c’est une de mes qualités (il en est tant d’autres) – je suis venu bien sûr, elle n’avait qu’un mot à dire, il y avait là ce type – justement un peu le genre de celui qui a visité hier – le cheveux noir jais coiffé au peigne, il y a un siècle il l’aurait enduit de brillantine (aujourd’hui, du gel – même pas, seulement de l’eau je crois) – ce regard dont la franchise se dément immédiatement – en costume gris, je me souviens – elle venait de lui céder ceci

contre un bouquet et des annuités (elle n’en vit guère la couleur) (il finit en prison – il avait vendu ce qu’il ne possédait pas – des gens y vivent certainement, en paix – longtemps, depuis ce départ dont je ne connais plus les conditions ou les détails, elle s’attelait à « faire revenir les loyers », son mari tentait de l’en dissuader « ça ne sert à rien Jacquot » disait-il) – passe dans le poste le »partir » de Julien Clerc « on n’est pas à l’heure… » – à l’intérieur, à peine, on trouvera un garage (dans celui de son oncle, il travaillait – puis dans les pneus) ce n’est pas le désert mais c’est quand même en presque pleine campagne (ce genre de rencontre me ravit toujours) (il y a quand même pas mal de cinglés de par le monde)

spécial hein

ou seulement particulier ? – le goût de la collection

quelques portes, deux cents blocs-moteurs mais pour quel usage ? Je ne sais – je me perds en conjecture (il faut bien qu’il existe des casses-autos certes aussi – mais pour faire quoi ? les monter sur des quads ?) – ces conjonctions, oui, voilà

sur cette petite maison est inscrit « RELAX »- on ne le voit pas bien les lettres sont rouges Ferrari je suppose – c’est le soir, c’est le calme (image (c)ALilou) « au bout du téléphone, il y a votre voix/et il y a ces mots que je ne dirais pas » – une carte postale, message personnel, envoyée à celle(s) et ceux miens qui vers Berlioz reposent

Album (dispersion,… ) (7)

 

 

 

 

sait-on jamais ce qu’on est en train de faire ? je regardais ces images, un jour, j’ai continué (j’ai dû découvrir – si ça se trouve – une pile de magazines dans un coin (se fut-il agi de « Lui » ou autre joyeuseté plus libidinale, y aurais-je attaché (tant d’) importance ?) (je veux dire 7 billets, ça commence à faire) (je vais te créer un lien, t’en fais pas) (les visiteurs, les futurs acquéreurs, les passants, les oisifs (qu’ils – ou elles – soient femelles ou mâles) (on s’y perd, hein) les intéressés, les habitués et autres ectoplasmes planant dans les parages du lotissement ne m’en voudront pas, j’espère : je ne garde que ceux (et celles) que j’aime) (quoique parfois, je cède à l’actualité mienne) il y avait le goût du décor (comme au cinéma : longtemps ici, je parlerai encore de cinéma – notamment « Mon cher enfant », sans doute la semaine prochaine – on posera le billet quelque part entre la cuisine (où la famille s’alimente) et la chambre – dans le salon, le père consulte internet et facebook – mais nous verrons) – je récapitule, sur les oreilles je porte casque diffusant une musique que j’aime (rien ne peut, jamais, se passer sans musique) (je veux dire au cinéma – le film sans musique, c’est presque une honte – par exemple les frères Dardenne (qui produisent pour partie ce « cher enfant ») n’en posent guère dans leurs réalisations) – « Shine on you, crazy diamond » chante le groupe – et c’est ainsi que je commence

 

la légende est inutile (quoi que je ne sache pas qu’on reconnaisse ici le garçon) (je pose une étoile (*) laquelle renvoie à l’énoncé du nom de l’artiste – je ne vois pas qu’on le reconnaisse sur l’image)

je n’ai lu que peu de choses sur cet Anthony-là (je l’ai adoré, pratiquement, dans la Strada (Federico Fellini, 1954) ( la verve et la grâce de Zorba le grec (Michael Cacoyannis 1964))

les images viennent dans un ordre que je connais pas (il n’y en a pas) – ici, je reconnais que l’affaire est tremblée (ils sont sept et mercenaires (John Sturges, 1960) toute ma jeunesse sans doute (je l’ai vu au Pax) (la musique magique) – en numéro 2, Steve McQueen, avant dernier en noir Robert Vaughn – en premier le chauve Yul Brynner (et les autres, Charles Bronson, James Coburn (sans doute le dernier, là), Brad Dexter et Horst Buchholz) (c’était à A., rue des Otages, l’immeuble a été détruit, remplacé par un commissariat de police (partout et justice nulle part) (je dis ça pour aujourd’hui, 19 mai où ça défile dans la rue, envie de gerber) ici un chanteur

le premier (*) chanteur (ils font le même métier) était Julien Clerc – ici on a droit à Gérard Manset – (son Manteau Rouge) ah bah

Jacques Audiard (on vient de voir Dheepan, palme d’or à Cannes en 2015 – c’est pour ça – mais cette conjonction qui me fait frémir : le carnage de Charlie hebdo, de l’Allée verte Nicolas Appert en janvier : où en était-il, en montage ?) (entendu parler avec Michel Ciment) (et non, je ne l’aime guère – tant pis) un autre chanteur, Rachid Taha

(on aura remarqué que : 1. la nappe de la table de la salle à manger de la maison[s]témoin est jaune (il s’agit d’une toile cirée); 2. il n’y a encore que des représentations mâles)

hasard objectif, voici Simon Abkarian (qu’on avait aimé dans Djam) (Tony Gatlif, 2017) (un film gréco-turc…)  (un de mes héros que je croisais au tabac qui fait le coin de la petite rue (en impasse donc) où on trouverait un musée de la poupée – vers Rambuteau (impasse Berthaud) – s’il venait à l’idée saugrenue d’en rechercher un) un type extra – et voici, extra aussi, une réalisatrice, dessinatrice

on l’aime beaucoup, Marjane Satrapi (Persepolis, entre autres – prix du jury, Cannes 2007)

Léo et sa musique – je croyais que c’était à Monte-Carlo (où il naquit) mais non – c’est à Montreux – de la même manière je confonds : pour Marjane je pensait qu’elle était l’auteure (elle en aurait été tout à fait capable)  des Hirondelles de Kaboul (mais c’est Yasminha Khadra) (réalisé ciné d’animation par Zabou Breitman)

ah la la Maria Casarès… (après ça va être difficile, hein Mélanie…pfff)


ici dans le rôle de Marguerite (alors Antelme) Duras dans « la Douleur » (faut que je le lise, ça fait partie des  obligations) porté à l’écran (comme on dit) par Emmanuel Finkiel, (2017) mais je ne l’ai point vu – dommage ? je ne sais…

un chanteur, Christophe, « les mots bleus » et les autos de sport – salut l’artiste

et puis Blaise Cendras (cette image, ce visage qu’on ne connait que peu) (si tu veux que je te dise, c’est surtout pour ça, ces images, pour les reconnaître si par hasard on les croise) (dans la rue, ou au cinéma) (juste pour savoir que ce sont elles et eux)

quelque chose de la Révolution incarnée (on l’aime assez, encore, Adèle croisée aussi au bar-tabac de Jourdain, un jour – qu’est-ce que ça peut faire ?)

c’est Ingmar Bergman photographié par Irving Penn (merveilleuse image hein) (fait penser à ce matin où j’écoutai, avec le café, une photographe qui disait que « les stars n’aiment pas la photo » – elle les traque – comment aimer un prédateur ? comment vivre sans image de soi, aussi, quand on est actrice (ou teur) chanteur (ou teuse) – il faut fermer le poste avant sept heures moins cinq en vrai) – et puis

Marceline (Loridan Ivens) qu’on a déjà vue ici (ça ne fait rien) – et pour finir, l’une de mes héroïnes (il en est d’autres, mais elle, Anna Magnani…) (dans la Voix humaine, texte de Cocteau pour le théâtre – mise en scène Roberto Rosselini, 1948, première partie de L’amore)

magique

 

la photo d’entrée de billet est de Denis Pasquier.

 

Les divers billets (au nombre de six) qui constituent cette dispersion se trouvent ici.