paparazzo

 

 

 

 

il y a cette image que j’ai prise au musée

elle représente deux célébrités, l’une est un mannequin (de mode) debout et célèbre (mais pas connu (de qui, c’est toute la question) de moi, et je n’ai pas pris son nom, dommage – mais c’est quand même aussi un fait révélateur et systémique : je n’y ai pas fait attention – ça ne m’intéresse pas) (après si je cherche je trouve)

l’autre (2F) assise et regarde l’objectif de l’appareil photo d’un photographe célèbre (Frank Horvat, il l’était à peine moins à l’époque), semble s’éventer avec une photo – on voit sur cette photo qui sert d’éventail un visage de femme qui sourit – brune – il y a de nombreux visages de femmes en photo sur le mur derrière eux – il y a aussi deux hommes je crois bien, soyons précis (pourquoi faire ?).
L’image date de 1962, a été prise à Rome dit-on pour le magazine de mode Harper’s Bazar (sans doute en faut-il). Il y a cette espèce de connivence avec le preneur d’image (on prend les images, comme les photos, c’est ainsi qu’on dit : on les prend – les anglo-saxons, toujours avec une longueur d’avance, indiquent pour une prise de vue shooting comme s’ils étaient à la chasse – to shoot veut dire tirer (un penalty, un coup (de fusil, le plus souvent)).

Ici d’autres images – volées dit-on – 3 – téléobjectifs ? même pas mais quelque chose (on arrive directement au 31 août 1997, le Ritz le sous-terrain de l’Alma la merco à deux cents à l’heure) (ces images ne sont pas libres de droit comme on dit vulgairement – faut payer pour les afficher je suppose – je les vole aussi – elles représentent des célébrités qui veulent contrôler leur image) (semble-t-il) (comme si c’était possible)

bon après je me dis : je mets des légendes ou on s’en fout ? (ce sont deux légendes, alors pourquoi faire ?) Cependant ce genre d’images représente toujours des légendes (il y avait un livre « table du salon » qui reprenait une exposition (un catalogue si tu préfères) sur ce thème – le catalogue d’exposition est un genre, au même titre que « développement personnel » ou « guide pratique » : c’est ce qui fait vivre (au sens où ça leur apporte de la trésorerie) les maisons d’édition (45 euros quand même – en anglais, sur le site du wtf éditeur de l’ex-rue Sébastien Bottin) qui était passé sur les tables du séminaire

peut-être que, sans nommer les personnages qui illustrent ces images (les personnages illustres) (il y a quelque chose du lustre dans ces positions – c’est un type qui porte un verre d’alcool probablement et un chapeau et deux femmes qui se parlent fixées là) (si on connaît les visages on les reconnaît – pour le type, il faut une légende) sans les nommer, donc, on ne paye pas de droit de reproduction ? (droit de reproduction est une affaire qui porte un versant, un aspect, un signe et un sens libidinal ou je délire?).
La dernière pour indiquer la grande élégance de ce qu’on appelle le rock’n’roll : ici l’un de ses thuriféraires les plus parfaits (on peut se souvenir que le personnage qui propose ou administre ce geste sublime à la photographie et, par là (si on ose dire) à son public, a été anobli par le fils, alors prince seulement, de STGME2 (il tape 80 – god save the King, C3, lequel tape les 75) ce qui prouve la pertinence de ces honneurs).

quel humour, au vrai

 

Un peu de « technique » : les images ici reproduites (pas la première) proviennent de captures d’écran de documents trouvé sur le wtf részosocio (dont le nom ne se traduit que par lui-même : c’est une marque – mais to »face » veut dire affronter dans le dialecte) qui n’autorise pas cette pratique ni, donc, cet usage – il faut se munir d’un logiciel de lecture de document audiovisuels (en l’occurrence VLC) pour ouvrir le document; s’affiche alors une espèce de film – un plan fixe d’une durée de dix secondes – estampillé de la légende qui indique les noms des personnes sans majuscules, suivi d’un « fry-Gallela [un numéro] »; laquelle disparaît au bout de 5 secondes – on peut déclencher la capture d’écran (si on ne veut pas de ces écritures) – lorsqu’on recherche où aboutit cette espèce de lien, un article d’un organe étazunien apparaît  – ce devait être la « suggestion » du rézosocio en question (il « suggère » moyennant finances, voilà qui va sans dire) – j’en ai gardé trois – je n’ai pas lu l’article
Et puis les étiquettes,pour s’en souvenir ? pour intégrer dans le flot et les données toujours plus nombreuses ? Non. Alors je fais sobre (ainsi que l’image d’entrée de billet le suggère) et je raconte rien.  

 

sons de maison

Hier quelqu’une est sortie que je ne connaissais pas — je connais maintenant tous ceux et celles qui sortent entre deux clinquements de casseroles, la fenêtre du restaurant donne sur ma cour, et je suis souvent dans ma cour, je fais les cent pas, je réfléchis, je fume ma cigarette électronique parfumée à la pastèque, je suis abasourdie par la fleur du bégonia géant, toute blanche, que je n’ai pas vue se former, je suis curieuse des appendices en formation de mon pied de houblon qui est un pied femelle (« c’est une fille ! »), — Son nom Humulus lupulus vient du latin « humus » qui signifie « terre » et « lupulus » qui veut dire « petit loup » — ce sont de futurs cônes qui sont particulièrement beaux, qui seront bientôt  particulièrement beaux

mais n’en sont à présent qu’à l’étape de commencement, je suis aussi curieuse de la silène à fleurs doubles et des grappes qu’offre l’arbre aux faisans, mais peu importe, ce serait trop long de décrire un par un tout ce que j’ai mis en pots ici, l’idée est que je connais toutes celles et ceux qui sortent dans la cour qui longe ma cour, la dame à l’accent ukrainien qui me salue toujours avec intensité, le jeune homme assis sur une palette pour fumer, la jeune fille à lunettes très discrète, mais hier cette femme que je ne connaissais pas. Elle est sortie. Elle voulait prendre la lumière, ça se voyait. Elle s’est avancée au milieu de la cour qui fait aussi office de parking, avancée à un endroit où personne parmi celles et ceux que je connais ne s’avance. Elle a regardé les toits, le ciel. Elle avait l’air surpris de cette bataille dans le ciel, les mouettes qui par moment deviennent acariâtres, et bavardes et inarrêtables. C’était comme une découverte pour elle. Elle ressemblait à une femme qui n’aurait jamais vu de mouettes. J’ai eu envie d’être cette femme qui n’aurait jamais vu de mouettes et qui découvre.  Ensuite on a entendu des pleurs d’enfants. Cette année les touristes sont très nombreux. Il y a beaucoup de familles. Il y a beaucoup d’enfants. Il y a beaucoup d’enfants qui pleurent. Pas tout le temps, mais régulièrement, ça arrive, les pleurs. Comme une idée qui se rappelle à soi. Quelque chose qu’on aurait oublié. Et j’aime cette femme, parce qu’elle ne découvre pas les pleurs d’enfants, elle les connait. Elle quitte le clinquement des casseroles et les ordres donnés qui s’étendent plus loin que la fenêtre, et elle essaye d’attraper les cris, de voir d’où viennent les cris, ça m’a toujours ému les gens qui essayent de voir. On se tord le cou. On n’est plus tout à fait soi. On désire être transformé par les ondes extérieures. Les enfants pleurent aussi à cause de ça, de l’obligation d’être là sans bouger, d’être obligé de subir l’instant sans bouger, coincés dans une poussette ou collés à une main. Les parents viennent ici parce que c’est un endroit célèbre. Les enfants n’aiment pas la célébrité. Ils trouvent ça légèrement barbant. Aussi, je suis d’accord avec eux. Et les mouettes crient sur la célébrité des lieux et elles les recouvrent de fientes blanches, laiteuses. Elles n’en ont rien à faire de nos sarcasmes et de notre façon de nous habiller, à nous, humains, surtout le dimanche matin quand les cloches sonnent. Ici, quand les cloches sonnent, il y a beaucoup de jupes plissées bleu marine, beaucoup de gens qui sentent le savon et lancent un regard assuré,  déterminé, sans rien qui marque la surprise. Je crois qu’il y a deux camps ici, et je suis du côté des mouettes et des pleurs d’enfants, à côté de mon latin qui dit petit loup, petit loup, comme un surnom gentil qu’on donne.

Recette contemporaine

 

 

ça aurait pu être n’importe quel fruit, il y a des choses qui parviennent pas à passer, comment te dire ? il y a un siècle de ça, était-ce cette même odeur qu’exhalait la société contemporaine d’alors ? ce n’est peut-être pas l’endroit, ce n’est jamais l’endroit aussi bien, de rappeler (parce que de ce rappel il ne devrait pas même être question) que rien ne vaut la vie – la couleur de la peau, le genre, les mœurs n’y sont de rien – cette humanité, ce pouvoir qui n’a pas un mot, un geste, un égard pour cette humanité-là, comment te dire ?

 

il y a dans le jardin trois cerisiers : l’un, en face de la porte d’entrée, fait marronnier

mais ne donne que peu de fruits – un autre en revanche

se montre généreux – vers la fin juin s’organise la cueillette – on s’en va (le cœur est lourd, c’est jeudi dernier, le soir tard – qui se souvient de Toumi Djaidja, fils de harki tué par la police aux Minguettes en 1983 un soir de ramadan ?* (quarante ans de faillite) – on rallie la Normandie) (Malik Oussékine, oui, en 1986, oui) plus loin il fait doux

à l’échelle, un seau accroché, on récolte

c’est l’occasion de faire de belles images (dans le poste on fait la part des choses et on prend la mesure des dégâts : on compte, au ministère Beauvau, on compte mais une addition, qu’a-t-elle à voir avec le meurtre d’un jeune de dix-sept ans ?)  c’est un beau coin, un bel endroit

il y fait doux, bon vivre comme on dit – les éclats se sont calmés, on a fait donner la police en quarante cinq mille fois – à Angoulême, il y a de ça quelques semaines, à la nuit vers quatre heures du matin, un autre type, noir aussi bien (il était Guinéen) a reçu une balle administrée par un policier en plein thorax : il est mort, il se prénommait Alhoussein il n’avait pas vingt-cinq ans – dans le temps, tu te souviens ? on appelait ça des « bavures » : ce n’est pas parce que ça a toujours existé que c’en plus supportable – il vaut mieux penser à autre chose, je reconnais) – on équeute, on dénoyaute, on pèse (le poids de fruits égale le poids de sucre, augmenté d’un poids équivalent à cinq pour cent de pectine)

dans le champ attenant, des meules de foin ont été serrées

je ne sais plus exactement, mais dans ces moments-là, il y avait dans le poste ou était-ce au journal ? je ne sais plus, on y parlait de cagnotte

un million d’euros en quatre jours pour le tueur et sa famille avaient été récoltés – je ne sais pas trop, mais la nausée ? – on attend

le bouillon

on laisse cuire à feu assez vif une dizaine de minutes (on prépare des pots, on les stérilise à l’eau bouillante), on les emplit du mélange

on les retourne – le lendemain, ça n’avait pas pris.

Tant pis.  Revenant à Paris, avant hier, on a recommencé le même travail – faire des confitures, donner les fruits aux enfants, retrouver ses marques, ses objets ses outils.

Il paraît que la « cagnotte » (cette indécence crapoteuse) a été fermée par arrêté administratif. Dans le journal, on parle du ministre de Beauvau qui, dit-on, serait « aux petits soins avec la police ».

Je ne sais pas bien, ici, il fait doux, on mange à sa faim, on boit à sa soif. Je ne sais vraiment pas mais cette indécence obscène…

 

 

*: rappelé par Fabien Jobard dans un entretien qu’il a donné au journal Le Monde, hier

« C’est le plus important. Tu ne crois pas ? »

Ma mère est ma maison.
Ma mère est faite de texte.
De textes.
C’est de plus en plus visible. C’est ce qui arrive avec les paysages en grands dangers, brossés par le vent, réduits à l’essentiel. Il ne reste plus que la ligne d’horizon et l’armature d’un tronc, un peu d’herbe, le bleu de la mer, c’est tout. Ce qui faisait foisonnement, la végétation dense, les ruelles, les fontaines de Trévise, les habitants et leurs déambulations, les points de vue panoramiques avec la rose des vents gravée sur une table d’orientation, les fêtes folkloriques, les processions de la fête de Saint Bernard, tout ce qui perdait le regard, les cigales la nuit, les nappes sur les tables dehors, froissées, éclairées par les lampadaires, les craintes d’orage et d’inondations, tout s’est enfui, recroquevillé, a disparu.
Il ne reste que quelques histoires droites, réduites au plus simple déclencheur. Ce sont toujours les mêmes. Il ne reste à ma mère que du texte. Elle écrit de moins en moins, et puis plus du tout. Des cartes de vœux, et je ne sais plus la dernière fois qu’elle a rempli un chèque. Ses lettres sont de plus en plus tremblantes, maintenant ce sont des chiffres qu’elle trace, elle fait ses comptes qui sont des contes, car elle ne s’appuie pas sur des données mathématiques. Je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à portée de main. Je lui ai acheté un cahier, c’est elle qui me l’a demandé, elle devrait y poser des additions, en tout cas c’est ce qu’elle désire, c’est l’outil de repérage auquel elle se raccroche.
J’ai longtemps cru que rien n’était plus éloigné de ma mère que le texte. Je disais :
elle parle pour ne rien dire
ce qu’elle dit n’a pas de sens
elle dit une chose et son contraire
elle parle pour parler
elle fait de l’air avec sa bouche et ses cordes vocales, c’est ce que j’ai longtemps cru.
En fait, elle est au-delà du texte, ce qu’on peut qualifier de prouesse.
Ou elle se trouve bien au-dessus du texte. Tout en haut. C’est lui qui la porte. Ce sont ses fictions qui la tiennent, soutiennent. Dans le paysage réduit à l’essentiel qu’elle est devenue, sa ligne d’horizon et son tronc sont ses fictions.
Elle me les répète sans arrêt.
On pourrait penser à un problème cognitif, à une maladie dégénérative, à une baisse des capacités logiques, à une perte de raisonnement, oui, beaucoup pourraient le penser, mais elle s’en fout. Elle répète. Elle ne se sent pas malade. Je vais bien, elle dit, et puis j’ai toute ma tête.
C’est le plus important.
Tu ne crois pas ?
Heureusement que j’ai toute ma tête.
C’est bien, je suis contente.
J’ai vendu la maison, je me suis bien débrouillée. J’ai été futée, heureusement.
(la maison a été vendue par obligation, ce n’est pas elle qui l’a voulu ou s’en est occupée, elle me montre le papier du notaire et m’explique qu’il vient d’arriver au courrier, c’est moi qui lui ai donné il y a six mois, nos histoires se chevauchent, parallèles qui ne se rencontreront pas, mais je veille bien à ce qu’elle ait toujours des stylos à sa disposition)
Plus son paysage se minimalise, plus j’augmente le mien, factice. J’ajoute et j’ajoute des pots sur la terrasse de cailloux cernée de murs.
Chaque matin je vais voir si le pied de houblon trouve une nouvelle direction avec sa tête de serpent. J’ai soif de lianes. Les clématites, les chèvrefeuilles et les tiges de cobée s’enroulent ensemble, selon la même chorégraphie indistincte. Les feuilles des capucines de Canaries s’élèvent, larges près du sol, réduites dans l’ascension. Le schisandra croule de fleurs discrètes qui se confondent avec des cerises, et son feuillage de soie cache un peu le géranium menthe dressé, debout. L’akébia n’en finit pas de faire de nouvelles volutes dans sa course avec les haricots géants d’Espagne. En Espagne, lorsque ma mère était enceinte de moi, elle a assisté aux processions, capuchons sombres, deux trous noirs pour les yeux, torches levées dans l’obscur, chants funèbres, et elle a eu peur. Ma mère est ma maison.

Nommer

 

 

 

je ne sais si on s’en fout complètement (OSEFC) ou s’il faut le souligner mais au générique du film dont il est ici question manquent les noms de trois ou quatre personnes et je trouve ça dommage. Ici une voisine

là, un voisin

là il s’agit sans doute peut-être d’un assistant (mais lequel ?) (clap de fin)

là probablement le preneur de son?

Sans doute.
La réalisatrice de ce court métrage qu’on aime par ailleurs (Solveig Anspach, que son âme reste en paix) avait peut-être ses raisons (comme disait ma mère, à Morgins, voyant passer son frère au volant de sa décapotable blanche sellerie de cuir rouge accompagné de celle qui n’était pas encore sa femme légitime nous lui demandions pourquoi il ne fallait pas faire des signes à notre oncle (donc) et elle « j’ai mes raisons » – tu comprends ? non, rien…) . J’ai ressenti quelque peine lorsque, cherchant à légender ce billet, j’ai découvert ces manques.
Pourtant, on nomme ceci

comme ceux-là

celles-là

ceux-là

ou celles-ci

et bien d’autres choses encore… celle-ci par exemple


Un peu de peine pour le cinéma, disons. Sans doute quelque chose de sa cruauté. Intitulé Anne et les tremblements  il est interprété par Anne Morin, premier rôle, dans le sien apparemment

(c’est une espèce d’histoire vraie, j’en sais rien – jusqu’à un certain point, certainement).

Après, elle vit au sixième, un appartement qu’elle a acheté, à une amie (Isabelle, imagine-toi), et qu’elle a prêté à des amis

mais bon, il y en a que ça ne gêne pas comme son amoureux

(« adorable » dit-elle) (tout comme elle, d’ailleurs) ou une de ses amies (Sabine, oui) qui veut acheter l’appart

mais ça ne se fera pas – alors Anne tentera de le vendre (ici l’annonce

) et puis finalement

non. Mais elle épousera son amoureux.

Clap de fin.

Toute une histoire qu’on pourra voir jusqu’au 31 de ce mois (c’est mars, c’est celui où le printemps déboule – normalement) comme « film du mois » ici

 

Anne et les tremblements, un film (court) de Solveig Anspach (2010)

 

 

 

 

 

Juste un travelling

 

 

 

en réalité, ce que le cinéma prend pour de la promo(tion) (tout ce qui peut parler de lui est bon à prendre) n’en est pas dans cette maison (ou alors pour le medium lui-même) : l’idée même de promo(tion) répugne mais le consentement règne de nos jours – ventre mou, la culture n’est pas en reste (le cinéma, est-ce de la culture ou n’est-ce qu’une espèce d’épicerie?) : il existe un centre national d’icelui (trônant dans les beaux quartiers, chers aux Pinçon-Charlot), non loin d’un bar qui fait le coin (où le minuscule à talonnettes fêtait son élection, c’était en l’an sept de ce siècle) (on incendia sa marquise en décembre 18) (le jury, au premier étage de cet établissement, se réunit et décerne son prix, nommé d’un Louis Delluc (cinéaste, lui-même, et critique de cinéma) ce sont institutions, pratiquement, ainsi que les divers palaces de Cannes on en passe et des meilleurs – c’est le cinéma, l’argent y est maître, y coule à flots s’il se peut, ses servants sont rémunérés à cette aune. Alors en parler dans cette maison, pourquoi faire ? En dire encore et plus ? Mercredi est le jour des sorties, et cinquante deux fois l’an, en ce seul pays, quinze ou vingt nouveautés fleurissent… Cessons ces vérités : le film du jour date de l’année dernière (2021), a sans doute été tourné durant la période qui suivit le confinement (premier – ce genre de choses se sait – ici j’en réponds – à l’été vingt) (un film égale quelques mois de vie professionnelle des techniciens de création (c’est un joli intitulé non ?) et vingt quatre des deux ou trois managers – ce n’est jamais l’œuvre d’un.e seul.e – plusieurs centaines de plans, huit à dix semaines de tournage (ici on dit cinq ou six,juillet-août 2020), bien plus avant, plus encore après) . Mercredi, on en parle (trêve des confiseurs mise à part) : à la réalisation, une femme (ainsi qu’au scénario), un peu plus de cinquante ans (elle naquit en 68, au siècle dernier), premier film formidable.

L’histoire d’une jeune femme (Irène, 19 ans sans doute – Rebecca Marder, splendide de joie et d’énergie)

qui vit à Paris, veut devenir comédienne, prépare le concours d’entrée au conservatoire. Elle est juive mais, au début, ça ne compte pas.

Ça se passe en 1942, à l’été – ça n’est pas vraiment dit. Elle ne veut pas le voir. Elle, elle ne pense qu’à vivre : jouer, travailler aimer courir vivre – autour d’elle se construit ce qu’on sait de ces moments-là dans ce pays-là. Elle, elle joue, elle répète, elle vit (son professeur de théâtre (Bastien Bouillon) indique que « le plaisir est contagieux »: elle, elle le sait et elle le croit)
Sa grand-mère Marcelline est formidable (Françoise Widhoff, formidable, oui).

Son père inquiet (André Marcon, idem).

Son frère, drôle, transi (Anthony Bajon).


Son chéri, adorable (Cyril Metzger).

Passent les jours. Un jour, une des merveilles du film :

cette promenade

en vélo,

en sept images,

mais un seul plan

le cinéma

dans toute sa sublime splendeuret puis sans la moindre distinctionl’histoire qui suit son chemin

 

Une jeune fille qui va bien, un (bien beau) film réalisé par Sandrine Kiberlain (ici le dossier de presse)

Non, aucun

 

 

 

ce pays est une tuerie, vraiment – on le voit dans ce film comme on le voyait dans les autres – une tuerie – le film s’intitule Aucun ours un titre qui lui va bien – il a été primé à Venise, au festival nommé Mostra (montrée, affichée je suppose) qui est une manifestation voulue par le fils de l’ordure (tu sais bien, celui qu’on a pendu par les pieds, sur une place de Milan, en avril 1945 – on a oublié, mais dans le pays en question, il n’y a pas tellement de différence si tu veux mon avis) (il y avait dans la péninsule dite ibérique, deux autres types du même acabit, mais qui s’en sont tirés tranquillement, eux) (que ces gens-là soient maudits) – cette manifestation qui a lieu au lido perdure et montre donc le cinéma, mondiale, comme à Berlin, Cannes, Toronto ou Locarno – ce n’est pas tant qu’on aime ce genre de rencontres, mais elles font parler, donnent de l’ampleur et de l’écoute et permettent de ne pas oublier. Il ne faudrait pas parler de ces choses-là parce qu’elles fâchent, ce n’est pas diplomate ni bien élevé (les tortionnaires aiment à rester dans le calme et le silence de leurs geôles).

C’est l’histoire d’un réalisateur de cinéma

qui prend des photos dans un village 

les villageois tentent de le convaincre qu’il a pris en photo un couple illégitime – ce qui est doublement faux : la photo n’existe pas, le couple légitime non plus, sinon dans le fantasme des habitants (lesquels attribuent à la naissance une fille en mariage à un garçon – tu vois le niveau) –  s’ensuivent des développements

des palabres

une espèce de prestation de serment

toute une tradition abjecte et machiste – le monde de nos jours – abus de pouvoir, emprisonnements, mises à mort – il y a ici pourtant ce mouvement Femme Vie Liberté qui existe – il y a depuis quelques mois des révoltes qui tentent d ‘être matées dans le sang – par ailleurs, dans ce film, on en tourne un autre, de l’autre côté de la frontière (du côté turc) mais rien ne va plus non plus

le réalisateur a une patience formidable, une gentillesse à tous égards du meilleur aloi – le monde (ce monde-là mais comme le nôtre) fonce à une allure incoercible –  droit dans le mur

dis-moi, dis qu’allons-nous devenir ? Alors on tente de le conduire ailleurs, ou on tente de le dissuader, ou on l’emmène de ce côté-ci, à gauche par là, au fond

bien sûr que non, par là, il n’y a aucun ours…

 

Aucun ours un film (formidable) de Jafar Panahi (2022)

Ici même :

Trois Visages un autre film, magnifique, du même réalisateur.

Partir (Hit The Road) tout autant, du fils du même.

en dormant

ce que je remarque c’est que si je m’échine à modeler contrôler

pour aller dans une direction

je peux jeter la feuille à la poubelle il ne s’y passe rien

et toutes les fois où je jette un dernier geste sans réfléchir

avant d’arrêter tout

pour ne pas gâcher la matière qui me reste

un réflexe de pauvre en quelque sorte

il se passe quelque chose de curieux

au sens de quelque chose qui active ma curiosité

quelque chose qui m’est à la fois proche familier et étrange étranger

c’est ce que je garde

non pas parce que je trouverais ça particulièrement beau ou réussi

mais parce je n’ai au fond plus la main

plus le droit de décider quoi en faire

je laisse je pose je regarde

cet extérieur

qui est comme ces mouvements qu’on a durant le sommeil 

 

Toiles

 

 

Il ne s’agit que d’images et de représentations, glanées ici ou là (souvent posées par mon frère quelque part, ici là ou ailleurs) je les capture grâce au bouton impécr syst  qu’il y a là, je les pose dans un dossier toiles le vic sur le bureau du personnal computer puis les retaille, en cherche les titres, parfois, les dates de conception, elles sont là pour faire beau – j’aime savoir qu’il s’agit de répliques au même sens que celles des plaques tectoniques qui se meuvent sur le manteau

En ouverture : The Souvenir Jean-Honoré Fragonard, 1775-78

il y a des moments où il faut décorer ces murs taupe – quand même, cette maison à vendre ou à louer mérite quelques aménagements (bien qu’elle ne soit guère visitée : la crise (on nous préfère inquiets, comme tu sais), la pandémie (hier soir écoutant radio paris (qui ment comme de juste) on m’a annoncé en titre que les cinquante mille cas de maladie avaient été recensés ce jour – en titre gros comme le bras – et dans le développement, que des vaccins sont disponibles – un épidémiologiste ne pouvait pas parler proprement de « vague » mais enfin) (j’ai fermé le poste, qu’est-ce que tu veux), la guerre immonde mené par le mini-tsar ridicule et grossier – tout ça n’est guère favorable à l’investissement, hein…)
Alors décorons : Marc Chagall, Église de Chambon (1922-1926)

ce sont les petites poules qui me ravissent – puis Edward Hopper La plage de Gloucester 1924

joli – continuons avec cet autre Chagall La famille ukrainienne 1940-1943

si, c’est quand même joli, ce rouge (sang), ces couleurs (vives),  ce feu peut-être et ces animaux aussi – est-ce bien décoratif, je crains que non mais je le garde et l’expose – la date du tableau et ce qu’il transporte aussi, je ne veux pas oublier –

un autre Marc, Rothko celui-là dans ses bleus, (sans titre, 1968) pour la route (et en signe à Jean-Luc Godard, qui comme ce peintre-là, a mis fin à ses jours) – puis un 2VG Arles jardin en fleurs 1888

une pure merveille – une autre pure merveille, sans doute plus troublée (et bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui) Maurice Utrillo (un de mes préférés) et son Place du Tertre 1910

d’autres encore – celui-ci Piet Mondrian, Along the Hamstel 1903 (magique)

et puis deux images, l’une d’un sous-bois (sans référence, je ne sais d’où je tiens cette image – elle est là, elle correspond comme on dit d’une lettre qu’on attend (ou le « on devrait correspondre, puisque tu me corresponds » du Cabrel)

et pour finir, cette image du robot (la piazetta et ses deux colonnes, Théodore qui me fait souvenir d’un ami, et le lion ailé qui veille sur les murs préfabriqués de la maison)

C’est mieux, il semble…

Josef

 

 

 

taleur je vais aller voir le nouveau film de Tony Gatlif – je l’aime beaucoup ce garçon, d’autant que nous sommes voisin – il habite dans la rue du garage de l’auto – j’en parlerai sûrement comme j’ai parlé de Liberté de Djam ou des Princes (c’est probable- je chercherai) et je retrouve sur le bureau de la maison[s]témoin quelques images que j’ai récupérées un jour, je ne sais plus, durant l’un des confinements je crois bien – il s’agit d’images dues à Josef Koudelka – c’est un photographe tchèque (mais plus slovaque) (dans la fin du siècle dernier,les choses et les frontières ont bougé – je ne sais si cela a eu une influence sur son travail, certainement – car tout influe sur le travail des artistes – donc je les pose ici, pour décorer orner parer revoir et me souvenir de mes frères et sœurs

c’est sans ordre préconçu, comme dans le dossier – mais on peut les retrouver je crois bien sur le site (formidable) (j’adore)  du musée d’art moderne de New-York (aka Moma)

(simca blanche)

(je crois me souvenir qu’il s’agit là de pêcheurs espagnols) (non d’Irlande) – pures merveillescette brume

mais oui tout pour la musique

le rite

les enfants

les mythes – enfin tout ce qu’on aime

Formidable.

Merci Josef hein