Colocation

Je dispose d’un film annonce, plus la vision du film en avant première dans un cinéma municipal rénové de fraîche date – enfin, là, ça commence à faire quelques années maintenant je suppose (en réalité, en fait, finalement voilà quatre ans) – situé dans un quartier – Barbès – où il semble que les choses changent, la Goutte d’Or, il y a ce cinéma puis le bar pour jeunes gens friqués qui a ouvert là où un magasin de tissus bon marché a brûlé, il y a en face Tati mais cette enseigne est, comme on sait, assez menacée, il y a à trois pas le Sacré-Coeur (il s’agit d’une basilique catholique et romaine, il me semble mais s’y adjoint quand même cette réminiscence abjecte de ce wtf monsieur thiers) et ses milliers de touristes quotidiens, alors la programmation du cinéma est ce qu’elle est, cosmopolite et très changeante : tant mieux, c’est ce cinéma-là qu’on aime, et le cinéma est à Paris et à Paris -normalement – ville du cinéma s’il en est- les choses changent et se mixent. Evidemment les phénomènes d’embourgeoisement pèsent, notamment quand la municipalité est ce qu’elle est – c’est-à-dire préoccupée par le rang que la ville doit tenir, vis-à-vis de Londres, Dubaï ou Kuala-Lumpur : en un mot bourgeoise, communicante et moderne (ça en fait trois) (bocomo) (on doit ajouter riche) (pfff). Un film annonce, et une invitation gagnée sur internet, dans un cinéma situé dans un quartier où les choses changent. J’y fus donc, à cette séance de vendredi soir c’était le 31 mars. Ici donc une retransmission (peut-être) partiale (sûrement) de sentiments devant ce film, il y avait du monde, on a ri on a pleuré, comme au cinéma. Le producteur n’était pas là, quoi que annoncé il me semble, mais on s’en fout un peu (je veux dire c’est dommage mais c’est fait). Huit heures du soir.

 

Dans la maison(s)témoin on est en colocation. Entre ici, disait l’autre, tu te souviens, donc entrez ici : trois femmes formidables. (J’ai mon panthéon personnel, et j’ai pensé à Gena Rowlands – dans « Opening night » (1977), un petit peu, mais surtout « Une femme sous influence » (1974) cette merveille (les deux, John Cassavetes,), à Ava Gardner (« La comtesse aux pieds nus« , Jo Mankiewicz, 1954), à Sophia Loren dans « Une journée particulière » (Ettore Scola, 1977) tu vois).

Trois femmes en colocation, l’une Selma (Sana Jammelieh)

la deuxième, Layla (Mouna Hawa)

la troisième Noor (Shaden Kanboura)

Il faudrait que vous alliez voir ce film pour en connaître l’histoire, mais ici, dans l’antre des goules, des monstres et des fantômes, je voudrais expliciter ce qui est diffusé comme une prévention (on trouve ces mots un peu partout dans les diverses communication à propos de ce film – c’est une merveille, vous ne devriez pas le manquer – mais vous ferez ce que vous voudrez) : ça dit « Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs ».

Je pense que cela est posé en référence au viol que subit, de la part de son fiancé, Noor, cet homme-là (à ce niveau, je ne sais pas si « homme » convient, voyez) (et malheureusement, si)Wissam dans le film, à qui on présente Selma et qui refuse de lui serrer la mainau prétexte sans doute que c’est une femme. Cette attitude-là n’augure que mépris (c’est l’illustration de la réponse à la question: « qu’est-ce que c’est qu’un salaud ? »), et à ce titre m’a profondément bouleversé. Après cet acte abject, sa fiancée, Noor donc, violée donc, dans une scène magnifiqueira plonger dans l’eau

et là, je me suis dit – peut-être tout haut, je crois – « la malheureuse » parce que je pensais qu’alors, elle voulait se supprimer (et peut-être le personnage, à ce moment-là, a-t-il cette pensée : en finir) et le suspens se clôt

: non, se battre !

Trois femmes et trois destins liés, pour Layla (on -enfin moi – ne peut pas ne pas penser à cette chanson d’Eric Clapton), les amours sont sérieuses ( d’ailleurs, pour ces trois femmes, les amours sont sérieuses – pour les hommes, ah bah…), elle mène sa vie, aide les autres, refuse d’être maltraitée, une grande intégrité ou probité peut-être qui fait dire à son compagnon qu’elle quitteraNon, seulement elle croit en la liberté et se bat pour : formidable…il faudra qu’il sorte de l’auto – et de la vie de Layla, tout autant.

Selma refuse elle aussi de se plier aux ordres de parler hébreu par exemple dans un restaurant où elle fait la plonge : elle rend son tablier. S’en va, trouve une autre place, serveuse, là rencontre un amourje n’ai que le film annonce, je choisis dans cette minute trente, des images qui veulent montrer la tendresse, la vraie vie qui anime ce film, qui évoque des sentiments si doux (l’amour, y a-t-il ici plus beau ?) et d’autres si horribles (être pieux vaut-il cette sauvagerie ?) et qui pose, entre autres, des questions comme le « qu’en dira-t-on » est-il plus important que notre vérité, notre liberté ?

Il s’agit d’un premier film donc, d’une jeune palestinienne, Maysaloun Hamoud, dont les études de cinéma se sont déroulées à Tel-Aviv où elle était en colocation, dit la chronique. Eh bien, pour un premier film, on n’a qu’un mot : bravo.

 

Z cité perdue

 

Le film nous épargne le « tiré d’une histoire vraie » frelaté qui nous échoit, la plupart du temps, pour faire reluire un scénario bancale. Ici, non, et c’est tant mieux (on remercie de cet égard pour les spectateurs). James Gray, qui en est le réalisateur, n’est pas, dit-on, tellement aimé à Hollywood ni aux Etats (comme disent nos cousins) mais il est tenace (mis en chantier en 2009, produit pour une part par Brad Pitt – qui devait, dit-on encore, tenir le rôle principal – on ne bénéficie de cette aventure qu’à présent, soit 7 ans plus tard) et a de la suite dans les idées (c’est peut-être mal vu : je plains ce pays, qui a élu à sa tête une baudruche terriblement nuisible au reste du monde – je crains pour le mien, de pays,qui se trouve dans l’alternative avec le libéralisme le plus éhonté – j’ai nommé micron et son passage éclair dans un gouvernement, aux finances, où ses notes de frais nous ont épatés – et l’ignominie de l’ordure – la fille du borgne dont on juge ces temps-ci quelques uns des laudateurs (leur chef a pris neuf ans ferme). Ce ne sont que bruits de canalisations d’eaux usées, soit des sondages, mais tout de même, l’état de cette société… On peut aussi voir, en Guyane, les ravages de ces politiques – on peut aussi les voir ici même, à Paris, où la police tue sans sommation des gens – seraient-ils d’une autre contrée…- chez eux sous prétexte qu’ils portent un ciseau à poisson, ou en manifestation, frappe avec violence la jeunesse, éborgne, sodomise : cette société où les contre-pouvoirs sont réduits à n’être que des chambres d’échos de ces paroles ignobles (il y avait ce matin à france culture des émanations nauséabondes et des rires odieux : j’ai tourné le bouton). Alors certes on tente de se réfugier dans la fiction.

On y parvient. C’est un bien beau film : la photo de Darius Khondji n’y est pas pour rien, non plus que la musique  due (pour une part je crois) à Christopher Spelman (qui est à Gray un peu ce que Bernard Hermann était Sir Alfred). Il y a une scène de bal, magnifique; quelques repas et quelques explications devant des parterres de scientifiques géographes, quelques descentes de fleuves, des piranhas et des flèches; des peintures de guerre

ou de paix; quelques sorties en forêt, des « Indiens », des sauvages ou des civilisés (mais ce ne sont pas tous ceux qu’on croie) , on parle de vivre ailleurs, de s’en aller, puis la guerre (la première, les gaz et les tranchées, la boue la mort), on survit, on essaye de passer outre et de se cacher, mais l’aventure reparaît…

Le héros Percy Fawcett (Charlie Hunnam), son ami, Henry Costin (Robert Pattinson), et Arthur Manley, son second ami (Edward Ashley)

Rebondissements, coups de théâtre, courage, loyauté et trahison, féminisme (la femme du héros – interprétée par Sienna Miller – touchante et majestueuse – l’aide, porte ses enfants, et les élève…), avancées dans l’espace et le temps,un film à voir. Pour oublier, peut-être…

avant d’entrer au cinéma, le ciel, au dessus de Pantin

Une fuite en Egypte

 

Peut-être s’agit-il d’un exercice, critique probablement, sur un texte que j’ai lu parce que je regarde souvent le site du désordre (commencez par le blog, c’est juste un truc incroyable), et que ce texte-ci est tellement ordonné : techniquement, il n’y a qu’une seule phrase, le livre – qui compte  208 pages –  le texte – commence à 9, se clôt à 198 – s’achève par les lieux où s’est déroulée pratiquée l’écriture dicelui, et ses dates d’élaboration (de 2003 à 2016), il débute d’une majuscule au « JE » que je n’avais pas remarquée – mais aussi ces capitales d’imprimerie sur deux autres mots « JE VOUS ARRETE » dit-il – il y a un accent circonflexe sur le deuxième « E » de arrête mais je ne l’ai pas en capitale sous la main – je n’avais pas rouvert l’exemplaire acheté en bas de la rue du Jourdain, j’avais écrit ce qui me venait (sur le cahier noir acheté à Thessalonique cet été), et j’avais retranscrit ce que j’avais écrit ici ayant toutefois cherché quelques illustrations parce que le titre m’évoquait quelque chose que j’ignorais être un épisode biblique ou alors dans des limbes bien improbables et oubliées depuis (point d’études théologiques non plus que religieuses dans ma formation, disons).

Ici avant le texte proprement dit, une égide, une dédicace, un « A Sarah qui a sauvé Suzanne » qui peut suggérer que cette dernière a failli se soustraire à la représentation, et qui explique sans doute quelque chose de la fiction que j’ai diagnostiquée s’il n’est pas trop impropre d’employer ce verbe pour une lecture attentive, certes, mais une lecture comme une autre. J’ai pris la page 48 de l’ouvrage, et j’y ai compté trente cinq fois le signe du point surmontant la virgule (fois 191 égalent et donnent 6685) et je me suis dit que de la lire à haute voix (me) serait assez difficile – trop de libido, trop d’intime, trop de crudité sans doute… sans doute. Il y a bien des dialogues mais ils ne sont pas solidifiés par les tirets ou les guillemets. On ne fait pas dans la norme, voilà tout.  C’est le livre qui est ainsi, donc il est comme il est, je l’ai lu, j’en trace ici une sorte de représentation. Je suppose qu’elle paraîtra ici comme sur pendant le week-end, je ne sais où, mais je n’en suis pas tout à fait certain ( si cela est, je poserais alors un lien). Je fais tourner « Song song » par Brad Mehldau, je me souviens de 1 5 2 3 0 4 tout en me remémorant avoir croisé une 304 aux sièges de cuir marron clair dimanche dernier, mais elle était turquoise, sans en prendre photo qui aurait été une bonne illustration, mais tant pis, et je recopie.

Mise à jour ,au point, du 10 avril 17 : j’ai repéré quelques points d’interrogation mais qui ne terminent pas la phrase, j’ai remis le livre dans la bibliothèque, et Brad Meldhau encore.

Les choses se marquent, mais rien ne se crée, tu vois, et c’est parfois quelque chose qui m’intime de cesser : non, je continue, encore.

 

De rompre le pacte de lecture, en deux actes :

1. les points-virgules : artifice, scansions, cesser de penser en rond suivant une syntaxe, poser du code à la place (en un sens : par exemple, c’est juste un exemple) (sic sans point-virgule)

Au fond, le rangement des choses, ou des signes soit un point contre trente cinq (en moyenne) signes de ponctuation par page, soit tant (6685 dis-je) de signes. Pourquoi faire ?

2. la même question pour le titre ; s’il s’agit d’une fuite en avant ; du fait des turpitudes du présent/Est-ce bien le cas /On attend, petit à petit sans doute/On connaît et on reconnaît/On retrouve des rêves/ou des fantasmes/c’est bondé de fantasmes

Du slash au point-virgule

L’apparition de dessins serrés dans un carton/Laquelle est-ce, de fuite ? Celle d’Autun

en bas relief, le charpentier son(?) fils(?) et l’âne (et non un rhinocéros)/Et la mère (enfin, est-ce bien une mère, une mère porte un enfant, elle, le porta-t-elle ?) (toute cette imagerie donc qui fait un simple écho, il s’agit d’une fuite et non de « la » fuite – écho notamment « Rosemary’s baby«  (Roman Polanski, 1968), où elle le porte)

Il y en a d’autres, plus profanes : celle de Francisco de Zurbaran – ils vont de droite à gauche – ou de Goya

ils viennent vers nous et vont sortir droite cadre (ça vient de la Binaf), ou celle-ci magnifique de je ne sais plus qui

(on fait un petit somme en attendant le jour et on s’en va) (je crois que ça se trouve au musée des beaux-arts de Boston – Louis-Olivier Merson)

Se souvenir de ses rêves

Des évocations, ça ne fait rien, je continue, je lis sans me poser trop de questions, une  fiction tragique, c’est ainsi, c’est ce que c’est.

Oblitération on ne parle pas de ça, les parents (du narrateur) peut-être ? Mais on n’en parle pas (un peu du frère). On parle de ceux d’elle, cependant. Ou de cette maison, puisque de là, elle vient ( elle revient). On peut voir la tête de rhinocéros/la couverture/le site/la page/le livre/le prix/ Construire une histoire ou révéler le passé ou la fuite de qui / Une fuite de qui

« Où ? » ce serait une autre question.

La jamais prénommée aussi qui conduit la voiture (cent six diesel) sur laquelle foncera ce type saoul au volant de sa camionnette (je crois des boites de sardines) sur les genoux le moteur et la mort instantanée, c’est la nuit, elle, et la photo, oui, la photo, laissant derrière elle deux enfants en bas-âge, le veuvage vaut-il seulement par les sacrements ? La mère de ces enfants-là/irrémédiable/les comme premiers mots du fils qui sont ceux d’Antoine Doisnel/

Puis celle qu’il appelle/parfois on pense à l’irruption de la fiction, juste là/il aurait appelé ses deux amis, je ne sais plus/nommée et prénommée, les deux c’est important les deux, nom et prénom, c’est important/Suzanne/une sorte de haine de la part de la fille/rien de la part du fils/d’où la sort-elle cette haine-là ? Les enfants, le garage, le VSD, les collègues de bureau, l’enveloppe, la complaisance, si c’est pour en faire ça/ les sentiments abjects – ailleurs que la sexualité, l’argent, les problèmes qui se résolvent comme par magie – un enchantement – alors que ce sont eux peut-être qui la firent fuir – eux, les problèmes – chez sa mère, le guéridon, la route droite qui défile, la nuit (ici de jour prise sur le site

je ne sais pas, est-ce elle ? Je m’en doute).

Beaucoup de libido comme si cette perte suscitait quelque chose

A-t-on/a-t-il perdu quelque chose ? Se prononcer sur l’amour qu’il lui portait, venait- elle, revenait-elle rompre ou annoncer que décidément non ? On ne saura jamais quels discours, quels sentiments elle lui portait, la route est là, la nuit elle rentre, il ne lui a pas dit « je t’embrasse » pour que l’échange dure un moment encore, et puis elle est partie elle revenait et l’accident

On peut remarquer que cette ponctuation inflige des majuscules aux seuls noms propres, et que l’innommée n’en bénéficie pas – on n’a pas vraiment le sens commun pour indiquer si le narrateur en jouit, mais il faudrait relire, peut-être si on l’invective, lui, ce narrateur, je ne me souviens plus si lui est nommé je ne sais plus, j’en termine

Une fuite en Egypte (Philippe de Jonckheere, inculte, 2017)

Bon film, hein…

 

 

Ma mère (il faut quand même que j’en parle de temps à autre) avait coutume de schtrater pour aller au cinéma – elle aimait beaucoup Errol Flinn si je ne m’abuse, et j’ai toujours cette vision de lui dans « Les aventures de Robin des bois » (Michaël Curtiz et William Keighley, 1938) en train de manger du poulet (le pilon, bien sûr), dans la forêt de Sherwood) (y’avait aussi Olivia de Haviland, mais bon, bref) (schtrater c’est son mot (à ma mère, pas à Olivia, entendons-nous bien) pour sécher, n’y pas aller, envoyer chier l’emploi du temps, comme tu veux – et pour ma part, j’ai suivi des études de cinéma – je n’avais pas à m’emmerder la vie avec de fausses raisons, j’allais au cinéma pour l’étudier – jusque quatre fois par jour, tu imagines la détresse…)

Mais à présent, ça commence à m’ennuyer sérieusement (je me suis dit je vais faire autre chose dans cette maison-fantôme comme un vaisseau, je suis le Hollandais Volant (je suis James Mason) et le voilier jamais plus n’accostera, ou alors peut-être seulement un soir, tard, à la Vallette… J’ai gagné une place, j’y fus hier – j’écris aujourd’hui, c’est mardi, demain c’est mercredi, on change de film et tout ça tourne encore et toujours… Pour faire autre chose, je repasserai (mais j’ai une chronique sur le feu, avec ce « Une fuite en Egypte » (Philippe de Jonckheere, inculte) bardé de points-virgules : ce sera pour une autre fois, mais bientôt; et je te le flanquerai dans la cuisine; non mais eh; pourquoi pas ? Enfin bref.

Il semble que ce beau pays (où des présidentiables aiment à se faire offrir des costumes à six mille cinq par des amis) (les présidentiables ont les amis qu’ils méritent, hein) (enfin deuzèf) dans ce beau pays, donc, on a produit l’année dernière plus de trois cents longs métrages. Hier, j’en ai vu l’un d’eux, voilà tout.

 

C’est une histoire tragique même si l’héroïne (Claire alias Catherine Frot) fait un métier magnifique – sans doute le plus vieux du monde, s’il s’agit d’un métier – elle est sage-femme, et met au monde (« en vrai mais en Belgique » dira le réalisateur présent à la séance du Louxor) (en France, on n’a pas le droit de filmer ce type d’exercice) des humains, futurs quelque chose espérons, dans des conditions parfois difficiles. Béatrice (Catherine Deneuve) va mourir, je dévoile, c’est égal, et cherche à revoir son amour (il se trouve que c’est le père de Claire, il se trouve que cet homme s’est suicidé et on n’en saura pas vraiment la raison – il flotte dans l’air le fantasme qu’il se serait tué parce que Béatrice l’aurait quitté, mais bof, ça ne tient pas tellement) mais la force du fantasme, c’est que cette éventualité est défendue par Claire qui donc, au début du film, éprouve pour cette Béatrice quelque chose comme de la haine (lorsqu’elle s’en est allée, toutes deux s’entendaient bien, elles riaient etc etc). Elles en rient encore un peu, trente ans plus tard (je mets cette photo-là parce que mes mômes sont nées là-bas, c’est tout).

(c’est laborieux, putain). Tant pis, Béatrice va mourir, elle le sait, tumeur au cerveau elle est condamnée, elle le sait, elle s’en fout, boit du pif, fume des clopes, joue aux cartes. Irruption dans la vie de Claire qui vit plutôt seule avec son fils (Simon, interprété par Quentin Dolmaire – qu’on a vu dans le film d’Arnaud Desplechins, « Trois souvenirs de ma jeunesse » en 2015)

et qui cultive un bout de jardin dans la banlieue de Mantes-la-Jolie, où elle habite. Le voisin du jardin, c’est Paul (Olivier Gourmet) (enfin le fils du voisin)

Paul conduit un poids-lourd jusqu’en Pologne, en Russie peut-être, il rapporte de ses voyages du caviar du vin des trucs, il est sympathique, elle aussi, les voilà ensemble, et Claire qui débarque dans cette vie, pour y mourir.

Des dialogues formidables, surtout pour Béatrice, un rôle en or massif comme ses bijoux, une merveille en réalité qui, si elle est ici expliquée, perd tout son charme. Le merveilleux qui s’établit, c’est dans les baisers qu’on le trouve : il y en aura au moins trois. Le premier, c’est celui qu’échangent Claire et Paul (jusqu’ici, tout va bien). Le deuxième, tellement juste, c’est celui que Béatrice sans y penser donne à Simon (il faut dire que c’est le portrait craché de son grand-père). Le troisième, magnifique, c’est celui que Claire donne à Béatrice. C’est cette forme de relation mère-fille qui est magnifique – et d’autant plus que Béatrice n’est pas la mère de Claire, sinon dans la fiction, celle-là même qu’on voit se dire sous nos yeux. On aime l’appartement de Mantes-la-Jolie, on aime le jardin, la barque, le poids lourd, on aime à peu près tout. On le dit. Voilà tout.

En prime, le réalisateur, Martin Provot, a déjà réalisé « Séraphine » (2008) avec une Yolande Moreau formidable. Donc, ici aussi, deux femmes formidables, et la sage-femme n’est peut-être pas seulement Claire. Bon film, hein…

Joie de vivre

 

 

 

 

Ne pas s’arrêter en si bon chemin – le truc c’est qu’il n’est pas question de laisser cette maison en l’état – c’est une vue de l’esprit mais deux ans en mai quand même, je continue malgré tout, inutilement peut-être pourtant je continue… On (se) convainc de l'(in)utilité de la poursuite en italique des choses (acheter un de ces jours « Les choses » ) (je suis passé jeudi après midi dans cette librairie où ma mère achetait le Gaffiot, dans les années 60, Gibert Joseph – contrepet : Joseph Gibert – coin Racine je crois qu’il me semble, j’ai trouvé le « Caché dans la maison des fous » (Didier Daenincks, folio, 2017) qui reproduit le poème Liberté de Paul Eluard) (Gaffiot se prénommait Félix imagine-toi, on en a trimé des trucs guerre des gaules et carthago delenda est, allez roulez jeunesse…) (tu vois comme ça peut glisser d’ici à là, et voilà tout) aujourd’hui que suis-je devenu ? Il y a dans la rue un crachin monotone je suis allé acheter le « La fuite en Egypte » (Philippe de Jonckheere, inculte 2017), il y autant de point-virgule que d’espaces entre les étoiles de la voie lactée, je ne veux pas me braquer mais il vaut mieux que ça veuille dire quelque chose – c’est sans doute une énigme – j’espère pas la seule du livre – jte dirai, t’inquiète – et alors il y a eu ce film hier soir. Ici donc, comme de juste : une sorte de vertige, une espèce de nausée, une manière de compte-rendu (le jargon, parfois, cette horreur), une solitude, tant pis, mieux que mal accompagné, sans doute, on a besoin de vacances, c’est affreusement nauséabond, ces affaires deuzèf ou l’immonde fille du borgne, le minable micron ou l’autre encore que personne dans son camp ne veut soutenir, on s’en fout, ici, dans la cuisine à nouveau, parce que c’est nécessaire justement pour l’un des héros. Je renouvelle, ce réalisateur là

n’est pas encore entré ici (l’homme au chapeau, Dieter Kosslick, est un de ses amis et dirige le festival de cinéma de Berlin, comme il y en a un à Venise, Toronto, Locarno, Arras ou Cannes) (des souvenirs fondent, sans place ici) (ça m’est égal -j’adore cette chanson, à écouter, déjà placée par là, où je ne sais plus, mais je l’adore) (les tronches d’Edith P. valent leur pesant de mélancolie)

 

Il est nommé « L’autre côté de l’espoir » son réalisateur (Aki Kaurismäki) a tapé l’Ours d’argent du meilleur réalisateur (quand le film hongrois Ours d’or sortira, on ira on en parlera ici aussi, OSEF, on verra) on a été voir ça en « avant première » (la ville de la sortie, quelle affaire) (cette façon « happy few » est d’un ringard- c’était au Louxor, il faut reconnaître que c’est un cinéma municipal et que cette municipalité tente tout pour ne pas sembler ce qu’elle est, c’est-à-dire ringarde) (ça me fait penser au tapis rouge qui était déroulé je ne sais plus pour qui devant la cinémathèque, les vigiles – 2 mètres, deux cent soixante livres au bas mot – les robes du soir fourrures smokings, non mon ami, non) (ça fouettait son Hollywood sur Marne  – et c’est pas gentil pour la Marne, je reconnais) enfin le film est ce qu’il est, toujours net, toujours clair, toujours joué avec cette façon, deux héros

l’un qui vendait des chemises se reconvertit dans la restauration

l’autre syrien réfugié demande l’asile à la Finlande, et trouve donc ce travail chez le premier

Oui derrière lui qui passe l’aspirolo, c’est bien Jimi Hendrix, oui, et c’est parce que la musique (comme dans les films indiens qu’on a vus ces derniers temps) joue le rôle magnifique du personnage principale qu’on aime ces films-là. Enfin « on » c’est moi (et mon amie) le film va son chemin drôle et empathique, son humanité, sa grâce rythmée par cette musique

qu’on trouve au détour des histoires racontées. J’adore ça. Ici, lors de la reconversion du premier héros, sa femme dont il se sépare

des images éparses, ici l’une d’entre elles que j’ai volée quelque part

un film finlandais, une histoire contemporaine (que fait-on des réfugiés ? ici en France ? On se pose la question, on a quelque honte), un humour ravageur et une joie de vivre partagée. Une merveille.

Après Dehli, Bombay

 

 

(c’est drôlement désert par ici, depuis un moment) (c’est pas comme en Inde, dans ce pays, où ils commencent – et elles aussi – à pas tarder à être dans le genre d’un milliard cinq cents millions, quand même) (dans la boite aux lettres, c’est juste une carte postale…) (désolé, la version n’est pas sous-titrée…)

On va reprendre la même chose, ou le même plan, les mêmes histoires, ce sont des films d’amour, hier c’était à Delhi, aujourd’hui ici, difficile de parler d’autre chose au cinéma (on n’y va pas pour le film mais pour ce qu’on y fera) (on préfère rêver), un homme

aime une femme

qui le lui rend bien, mais ils sont d’origine, de religion, de classe peut-être – mais pas de caste, je ne pense pas – différente, ici c’est « Bombay » (Mani Ratnam, 1995) et les émeutes qui eurent lieu au début des années 90, lorsque des cinglés commencèrent – et terminèrent complètement – la destruction d’une mosquée, ça se passe à Ayodhia (c’est au nord de l’Inde) et ça se propage ensuite dans tous le pays, notamment à Bombay ( qui s’appellera plus tard – en 1995, l’année où le film a été tourné, Mumbay, jusque de nos jours- la connotation coloniale du premier nom, celle plus hindoue disons du second, enfin on fait comme on veut, l’important, c’est quand même qu’on se comprenne).

Plusieurs centaines de morts.

Ce qui fait que je suis allé voir ce qui se passait dans cette ville-là (j’eusse préféré que l’administratrice-teur du site me permît,  financièrement parlant, d’y aller avec mon amie quelques jours, mais je ne le lui ai même pas demandé, t’as qu’à voir) (le bord de l’océan indien, c’est assez fatal et au fond la ville – enfin une partie : zoom avant

je suppose que ça se passe durant la mousson (il pleut dans le film, aussi, pas mal, et parfois à seaux…), le héros qui aime l’héroïne et va l’épouser (c’était fatal) (ils feront des jumeaux ensemble : lui est hindou, elle est musulmane, les places sont ce qu’elles sont) (ce seront deux garçons) mais avant il se promène sous la pluie. Il parvient à un fort et c’est lui que j’ai cherché, sans le trouver.

Des ciels et des oiseaux, des vagues, ils s’aiment, mais l’histoire les attrape et les blesse, les deux enfants se perdent durant les rixes, sangs cris meurtres, l’un d’eux est recueilli par une personne affable

déterminée, probablement transsexuelle

les enfants ne mourront pas, je ne dévoile pas tout mais ces histoires sont faites pour finir bien, les chansons sont magnifiques et les danses tellement spontanées

(tu vois ça : une quarantaine de personnes qui dansent ensemble sur une musique au rythme formidable, et toutes sont spontanées : c’est quelque chose de tellement humain, elles dansent , eux aussi, les enfants de même, une merveille et c’est juste du cinéma) ici la porte de l’Inde – la construction gauche cadre –

un cliché je crois d’un opérateur humain, là du robot – on la voit mieux –

quelque chose de la ville, que racontent donc ces histoires , sinon comme une espèce de raccourci de nos passions, au moins comme des contes gais et tragiques sans doute, mais si chaleureux, humaines ces amours, ces danses, ces embrassades, et en contrepoint peut-être ces incompréhensions et ces terreurs…

(Quelques années plus tard, fin novembre 2008, des attentats dans ces quartiers eurent lieu, faisant terriblement penser à ceux de novembre 2015 à Paris – une dizaine de terroristes, tous morts sauf un, ouvrent le feu dans différents points de la ville, ak40 et compagnie… près de deux cents morts et plus de quatre cents blessés… – dont j’avoue n’avoir pas, à l’époque, entendu parler. Ce qui fait froid dans le dos, ce sont les blessures infligées ici ou là à l’humanité, et la mémoire qu’on en tient : les souvenirs qu’on porte, les oublis qu’on laisse… Ce qu’on voit sur ces deux images, le même point de vue et les mêmes bâtiments, ce sont deux hôtels de luxe (à moins que ce ne soit le même) qui furent les cibles de ces attaques meurtrières; la gare centrale a aussi fait partie, entre autres, de ces cibles. Il n’est pas douteux que le choix de ces images tient au fait que je pratique, par ailleurs, des recherches sur divers hôtels et établissements de ce type : je ne m’en rends compte que maintenant, et c’est extrêmement troublant. Ce que raconte ce film-là, ici, dont on fait la chronique, est le signe des ferments de ces erreurs, guerres de religion vengeances avatars troubles de pulsion de mort, dont on ressent encore les effets ici et là-bas – on craint que ces conflits ne soient ni résolus ni terminés dans cette partie du monde, elle aussi tellement meurtrie)

Un monde un peu différent, très semblable, sans prétention mais avec beaucoup d’humour qui rend ce cinéma tellement attachant, une liberté de ton vis à vis de la sexualité, une joie de vivre formidable quand même (quand même parce que personne , non plus, n’est dupe des places, des classes, des castes).

Pour finir (je finis comme j’ai commencé) cette image qui n’est pas du film…

 

Chandni Chowk

 

 

L’affaire se passe d’Etats-Unis aux Indes : un jeune homme (Roshan, incarné par Abhishek Bachchan)

se propose de ramener sa grand-mère (Dadi, Waheeda Rehman, magnifique) en Inde où elle vécut, il y a peut-être vingt ans, notamment le quartier, ou le marché, de Chandny Chowk (probablement assez différent de ce qu’il est, mais qui en donne, cependant une idée assez disons bollywood…) (on peut rappeler que c’est l’Inde qui, au monde, produit le plus grand nombre de films de cinéma, lequel nous est pratiquement inconnu focalisés que nous sommes par celui de nos pays, et de l’occident) :  le type ne connaît pas le pays, le voilà arrivé avec sa grand-mère, elle choisit une urne pour ses cendres

adorable, tout se passe en ville, ils vont ici ou là, connaissent tant de monde : c’est comme si la grand mère n’était pas partie (mais elle le fut : elle revient, les choses ont changé) et les esprits bouillonnent, entre hindous et musulmans, toujours amis et voisins, les choses changent, c’est comme dans le monde, ce monde-ci, les rues de Dehli sont le cadre

l’Inde, une autre mélodie, un autre décor, une merveille… On se battra, le garçon manquera de peu son entrée au Paradis (on y met une majuscule par habitude), le film est entièrement comble d’histoires et de musique, une merveille vraie parce que la narration ne s’embarrasse de rien, peut-être une linéarité mais diffuse, on chante on danse on rit, le drame s’expose, rixes, violences, le singe noir comme un Mac-guffin presque hilarant s’il n’était tragique, et encore une fois, et surtout, une musique qui souligne doucement les traits fins des acteurs

(on voit ici Sonam Kapoor, une autre star de ce cinéma mondial, dans le rôle de Bittu, un tel humour…

) les sentiments (plutôt les bons, certes), les couleurs et presque lesodeurs, les rires aussi bien que les pleurs, c’est une affaire qui palpite de vie, de joie de vivre, d’amitié d’amour de haine, de l’humour sans prétention, on apprend le pays, peut-être différent mais tellement semblable aux autres, les gens, la famille et une sorte de vérité qui passe par une fiction complètement débridée faisant appel aux anciennes légendes comme aux plus contemporaines turpitudes (notamment cette guerre de religion à laquelle nous assistons, ces temps-ci, sur le vieux continent), l’un des plus riches cinémas du monde qu’ici on ne connaît guère… C’est fort dommage

 mais peut peut-être, si on y parvient, se rattraper. Ce sera tout ce qu’on vous souhaitera.

« Dehli 6 » (c’est le nom du quartier), un  film réalisé par Rakeysh Omprakash Mehra.

(une rétrospective pour les Parisien-ne-s et les autres a lieu, ces temps-ci, à la vidéothèque de la ville de Paris – elle ne se nomme plus ainsi, mais OSEF) (en réalité, il s’agit d’un établissement municipal mais la politique menée par cette administration a quelque chose de tellement révoltant qu’on ne parviendra pas à en faire quelque annonce que ce soit, bien qu’ayant voté pour elle… encore, et à nouveau, comme pour 2012 cette déception qui va avec ce pouvoir) 

Tous pour un (rire jaune 2)

 

 

Quelle mouche peut bien piquer le rédacteur sinon quelque chose en rapport au « people » (peuple, mais le beau, pas le bon, non plus que le petit) à vouloir regarder ce genre de photographies de personnages évoluant dans les ombres portées par les grands de ce monde ? Quelle malheureuse perversité l’oblige ainsi à côtoyer un univers avilissant parce que inatteignable certes mais indigne presque, ces sourires, ces images où hommes en veste/cravate, femmes en robe et hauts talons, teintes et coupes de cheveux, bijoux, élégance et sorties de restaurant, dont il ne sait rien, ne veut rien savoir sans doute mais tout de même regarde, recherche des images de ces personnes, individus, hommes et femmes d’allégeance et de politique et de fierté ? Des témoins de ce qui se trame, s’ourdit, s’achemine vers quelque chose comme la victoire de leur « champion » (la chanson de Queen, quelle merveille…), le pouvoir suprême des affaires et la main sur la domination… Des gens de l’entourage du type dans l’oeil du cyclone ces jours-ci (tant qu’on en viendrait à la plaindre :  mais ce serait oublier et omettre  tous ces actes qui, semaine après semaine, décrivent la réalité du pouvoir, de l’Etat et de ses servants). A nouveau, ici, donc, des photos, illustrations retouchées, rehaussées, illuminées si possible, de personnages toujours très diplômés, très souriants, souvent appartenant à de grandes familles, particules et capitaux financiers, sociaux, scolaires, de tous ordres, de droite, cela va sans dire, presque extrême, horreurs et dégoûts, tant pis, ici la maison(s)témoin est aussi celle des vampires et autres monstres de tout poil…

Je me souviens que Françoise Dolto préconisait à ses enfants (l’un d’eux racontait cette histoire, lors d’une émission de télévision à laquelle je participais, j’y étais acteur, tu le crois ça ? eh ben c’est la vérité…) quand ils avaient des gros mots à dire d’aller les éructer là où il le sied mieux à des personnes éduquées : les chiottes. Bon, ici il n’en est pas (déjà, j’en ai fait la remarque, je pourrais certes créer la catégorie pour y flanquer le billet qui vient afin d’ensuite l’envoyer aux égoûts, mais enfin), je le pose en gravats parce que les postes auxquels les personnes ici en portraits prétendent semblent assez compromis…

On s’acheminait tranquillement vers une conclusion hâtive. Il n’en sera(it) sans doute pas ainsi, pourtant : des élections, tous les cinq ans à présent, je me souviens fort bien de celle de quatre vingt-quinze où, durant ce mois de mai, les nervis du parti de la fille du borgne avait jeté dans l’eau de la Seine un type, un arabe, Brahim Bouarram, marocain. Il en était mort. C’est aussi qu’aujourd’hui c’est le 8 février et que je me souviens aussi du livre magnifique du fils d’une des femmes assassinées au métro Charonne, en soixante deux, Fanny Dewerpe, et le livre de son fils donc, Alain, dont j’aperçois ici qu’il s’en est allé voilà deux ans (en folio, Charonne, 8 février 62). Malik Oussekine, Adama Traoré, aujourd’hui Théo L.. Les blessés, Romain D. et d’autres, les énucléés, et tant d’autres choqués, blessés, meurtris…

J’ai entrepris cette recension mais le coeur n’y est pas, pourtant, il n’est pas à rire, non, tant pis. Je renoue, dans cette maison, avec les illustrations. Entrent ici donc des suppôts du candidat de la droite aux élections présidentielles d’avril et mai prochain. Ce ne sont pas des enfants de choeur, et cette chronique n’est pas un panégyrique. Il s’agit de connaître des visages, comme si des photos pouvaient en dire long sur ce qu’ils sont.

Dans le même ordre d’idée que lors du précédent billet (Pantoufles (rire jaune)) on part d’un article du journal (on va me réclamer des royautés bientôt -royautés, c’est mieux que royalties ? crois-tu ?) pour identifier ceux qu’on pourrait aussi bien, sans doute, trouver dans les divers organigrammes qu’à la presse les services de communication dévoilent comme s’il s’agissait d’un très saint Graal ou autre magie formidablement informée et orchestrée (la question des patronymes est réglée en fin de billet parce que ça va comme ça).

N’importe, ici, voici un homme et son fils (lui expédégé assurances privatisée lorsqu’il était au trésor, enfin on fait son chemin, et puis après les enfants grandissent et voilà ce qui arrive)

cravate, pas cravate, sourire pas sourire, barbalak ou pas, il fait doux sous le soleil, il fait doux dans les allées du pouvoir, ici un conseiller lorsque son mentor était à Matignon,

ici un autre, sa « plume » (comme on dit) toujours rive gauche (ces deux-là proches du pouvoir russe)

derrière lui le sourire du prochainement mis en examen, d’une part et de l’autre la piste du circuit du Mans (sans doute – il faut dire que le type qu’ils conseillent, et elles aussi, on verra, aime le sport automobile) (son frère aussi, tout autant) il fait doux, il fait beau, le ciel est clair, le temps marche pour nous, puis viendra un ex-Harvard business school, quand même l’ami américain

de vrais gens, stratégic manager, sans compter le suivant manager en chef (ex-pédégé numéricable entregent lobbying)

suivi immédiatement peut-être de son épouse (ex pédégère grand magasin fusion acquisition émoluments)

gent féminine sourire campagne horizon vent liberté, il fait doux

(le badge cnpf au revers -pardon medef, le cice, les 50 milliards, on peut en sourire, certes) (mais jaune, tu sais nono, jaune) et pour aussi les ingénieurs (syndicat ingénierie études et conseils, tu vois le flou de l’intitulé – sans doute le cabinet 2f y émarge-t-il)

la franchise, la loyauté, la rectitude des sentiments et des affects, ici ce qui me trouble (comme disait, tu te souviens, Fabius avec Jaruzelski tout ça) ce sont les talons (ici, la communicante en chef)

le sac aussi, bah c’est comme ça il faut se grandir, tu comprends mais la photo ça capture, à des moments inopportuns, l’apparition publique (ici fermons les yeux sur son appétence envers Ayn Rand, qu’on a déjà croisée, évidemment, lors des promenades en terre de mac carthysme de notre série « Sorcières ») (c’est que le monde des idéologies reste petit : juste tout contre celle du nouvel élu peroxydé et sa proximité avec les tenants du KKK) , la collusion qu’il peut y avoir avec ces milieux et ceux qui ont porté à leur firmament ce champion est incarné par ce conseiller

son champion a tant d’humour, bien sûr qu’on en rit, d’autres encore côtoient la banque (fatalement)

(petite vignette sans cravate, désolé – ni plus de notice), beaucoup sortent de l’école nationale d’administrations augmentée ici de Polytechnique (dircab)

recasé en fin de course, les images sont grandes pas vrai ? Prendre fait et cause pour un leader, politique depuis trente cinq ans, le suivre, l’aider, combattre ses adversaires et se tenir à ses côtés dans les moments terribles

autre énarque, puis avocat d’affaire fusions-acquisitions (comme nano 1 oui) ex-caisse des dépôts quand même parce que l’Etat et ses serviteurs – pour un temps – est tout de même une valeur (du moment qu’il les sert), ici l’un des plus fervents admirateurs de la carrière de ce poulain en couverture d’hebdomadaire qui ne fait pas dans la flatterie tu sais bien, vois

culture milliardaire, vas tant pis, et d’autres encore, qu’est-ce que ça peut faire, il fait tellement beau, la droite la plus bête du monde ? allons donc, ici l’instigateur d’entretiens intellectuels

(derrière lui, à la moue brillante – en d’autres temps on l’aurait qualifiée de sociale-traître – aujourd’hui gestionnaire région…) lui est conseiller spécial, ici son directeur de campagne (ex de l’adversaire « droit dans ses bottes », il faut savoir miser sur le bon champion, opportunément si possible)

proche de cette dernière

ah bah…

Avec la distribution par ordre d’entrée en blog : Henri de Castries et son fils Jérôme; Jean de Boishue; Igor Mitrofanoff; Nano 1°; François Bouvard; Pierre Danon; Laurence Danon-Arnaud; Dorothée Pineau; Viviane Chaine-Ribeiro; Anne Méaux; Bruno Retailleau; Arnaud de Montlaur; Jean-Paul Faugère; Antoine Gosset-Grainville; Marc Ladreit de Lacharrière; Jérôme Chartier; Valérie Pécresse; Patrick Stefanini; Madeleine de Jessey.

Avec nos compliments.

Le sourire

 

Non, rien n’est simple (mais on y revient) (voilà qui a l’air de fonctionner comme il faut) (On remercie toute l’équipe, mmes C.Jeanney et R. Lecomte, mr.G.Vissac pour le boulot de désinfection de la maison(s)témoin) (On y revient) (on a du retard…) (on remet sur le métier la même ouvrage d’il y a quelques semaines) (depuis que le temps est passé, on reprend un dimanche, depuis ce temps-là outre-atlantique – comme on disait du temps où on n’était plus dans l’organisation du traité de l’atlantique nord – un autocrate tente de gouverner la fédération des Etats-unis d’Amérique, mais dans la rue et ailleurs, on voit des milliers et des milliers de personnes, et on tente quand même de faire barrage à l’ordure et l’avilissement).

Il s’agit d’une histoire de mariage et de repas ( les repas, au cinéma – et pas seulement, dans la vie -, c’est quelque chose de signifiant, un peu comme les génériques : transversalement, on compare, par exemple, celui du « Festin de Babeth » (Gabriel Axel, 1987) avec celui de « Festen » (Thomas Vinterberg, 1998)). Ce film-ci est assez librement composé (il s’agit peut-être d’une litote pour dire que la mise en scène est parfois approximative). Deux frères (ici à l’image)

R PV DS 3

cuisinent pour une fête de mariage assez enlevée (ça se passe en Egypte, je ne me souviens plus exactement, je suis désolé j’ai oublié). Durant cette fête de mariage, on apprend qu’un mauvais bougre veut s’emparer de cette entreprise pour y installer quelque chose de neuf, de clinquant, performatif et financièrement avantageux : quelque chose d’exactement contemporain, pour tout dire. On danse cependant

on s’amuse, c’est drôle et vivifiant

ça tournera au drame, mais là n’est sans doute pas l’important : encore que si, certainement, mais comme ça se passe dans le monde musulman, ça vous a quelque chose de tellement libre que le drame – qui est partout, c’est entendu, non seulement au Moyen-Orient (comme on dit) mais aussi ailleurs (aux Etats, au Canada, au Carroussel du Louvre, j’en passe parce que je ne veux pas plomber non plus trop le truc) – le drame passe après l’amour

quel que soit l’âge… On remarque que le père des deux cuisiniers (lui qui a fait la boutique, tant et si bien que la rue où elle se trouve porte son nom, un peu comme Emile Littré, ici, à Paris, a été dépossédé de la sienne par un potentat de l’édition) se trouvera aussi dans l’embarras de l’amour (son grand âge l’oblige à user de substances qu’il ne parviendra pas à dominer), mais la morale, à la fin, triomphera quand même.

Ici, en cette maison(s)témoin, donc, entre « Le ruisseau, le pré vert et le doux visage » (Yousry Nasrallah, 2016), témoignant de la gaieté et de la joie de vivre d’un peuple espiègle et cultivé, aimant manger rire et danser…

Primus en Norvège

(quelle est donc cette façon de faire, de toujours rester accroché à quelque chose, qu’on aime, certes, mais qui n’est qu’une sorte d’habitude, qui ne vit que par soi, qui n’a pas d’autre ambition, d’autre but, d’autre fin ? A quoi est-ce que cela peut bien ressembler ? Impossible de trouver, sinon à de l’addiction, simple, comme celui qui a besoin de sa dose; le surmoi conquérant impose de continuer parce que on a commencé, et qu’on ne s’arrêtera pas; seul : Quichotte, mais Sancho Panza, son âne Rucio et sa Rossinante, Jules Maigret et sa femme à blanquette, ou Sherlock et son fidèle Watson – j’apprends que la réplique « alimentaire mon cher Watson » n’est jamais tombée de la bouche du détective violoniste et cocaïnomane – « élémentaire », non plus, t’inquiète ) (il ne fait aucun doute que ce film-ci, même s’il n’y a pas que le cinéma dans la vie, se trouvera dans la cuisine – et pas seulement du fait de la carte postale de L’aiR Nu) (à paraître) (ne suis-je qu’un héros de fiction et ne suis-je donc que cela ?) 

 

Le héros de ce film (« Bienvenus! » ou « Welcome in Norway« , 2016 ) se nomme Primus par une sorte d’antiphrase (interprété par l’acteur probablement fétiche du réalisateur, Anders Baasmo Christiansen) (le réalisateur se nomme Rune Denstad Langlo – je me documenterai pour savoir s’il s’agit de noms composés ou de deux prénoms, l’un figurant celui d’un père/aiëul/grand oncle par alliance – si quelqu’un passe et sait, qu’il-ou elle-m’informe…) : il n’est maître de rien, n’importe, il possède (venant d’un héritage, semble-t-il) un hôtel qu’il veut faire fructifier (l’hôtel reste à terminer) : l’Etat propose à ses administrés de financer l’accueil de réfugiés à hauteur de cent mille couronnes par tête (soit à peu près onze mille euros) et Primus en accueillera donc cinquante. Ils seront dans son hôtel comme chez eux du moment qu’ils effectuent les travaux, et que l’hôtel se trouve aux normes. Primus est assez raciste, en un sens, et pour lui il s’agit d’une affaire pour s’en tirer. Les hôtes arrivent : ils vient les chercher en bus à la gare…

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L’histoire rebondit (sa famille, sa femme, sa fille, tout ce joli monde vit dans le froid) (on l’a vue au 104 à Pantin), mais ce qu’on trouve de profondément différent c’est la place qu’occupent les femmes. Elles tiennent les commandes, d’une certaine manière. Ici, la policière et l’assistante sociale

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même à l’image, les hommes viennent ensuite (l’assistant social, l’hôtelier) :  un des réfugiés (qui n’a sans doute pas de papier) s’enfuit et tout le monde de le regarder faire (on ne peut pas l’attraper, il a passé une frontière communale…). C’est un film débonnaire, les enjeux sont de faire vivre ensemble une cinquantaine d’individus aux religions différentes (sinon antagonistes) dans un même lieu. Trois histoires se tissent, trois personnages les incarnent : ici Abedi (Olivier Mukuta)

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là Zoran (Sliman Dazi)

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enfin Mona (Elisar Sayegh)

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(à gauche, devant la femme – Hanni (Henriette Steenstrup) légèrement déprimée de Primus – et sa fille Oda (Ninni Bakke Kristiansen) qui veut mener sa vie et y parviendra sûrement). Trois personnages qu’on  suit dans les détours de l’histoire (un scénario structuré et serré), dont les destinées seront différentes, on s’en doute, mais on accepte de voir leurs façons d’agir tout en les partageant.

C’est burlesque, même si le sujet est grave. On rit, on s’amuse, on s’attend un peu à ce qui se passera, mais le plus important, c’est certainement qu’on dépassera sa peur de l’autre et des autres pour s’entraider : c’est sans complaisance et très sensible.

Ici Primus coupe des tranches de pain pour le buffet (à la scie circulaire…) (voilà pourquoi la cuisine)

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ailleurs il sera presque violé par la bibliothécaire (Line, alias Renate Reinsve

renate-reinsvequi elle aussi sait ce qu’elle veut), plus loin d’autres déploiements qui ne finissent ni en drame ni en tragédie (bien que la cruauté des diverses histoires affleure) mais donnent aux spectateurs du film un sens doux-amer mais tendre d’une sorte d’humanité où les religions, les couleurs de peau, les genres mêmes et surtout s’équivalent : l’important ne serait que des les unir… Lourde tâche cependant, mais probablement ici réussie.

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En tout cas, sans prétention, sans leçon à donner, assez comique et suffisamment profond pour faire réfléchir sur nos identités européennes (même si la Norvège, comme on sait, ne fait pas partie de l’union : mais, de cela, qui en a quelque chose à faire ? Pas les réfugiés, en tous cas…).

A voir.