L’amour, la plage

 

(tu sais quoi ? qu’est-ce que ça change que les deux torgnioles du haut de la hiérarchie de cet ectoplasme de pays interdisent de manifester ? ils se ridiculisent un peu plus, voilà tout. Après les propos obscènes rapprochant sans la moindre humanité bris de vitres et enfant orphelin, un troisième ajoute une couche supplémentaire à l’horreur… quelque chose monte, et ils ne le voient pas. Comme disait je ne sais plus qui « nous vivons une époque épique »… Mais il y a aussi le cinéma dans la vie) (je crains pour les vies, cependant et je pense toujours à Romain D. …) 

 

(en même temps, si on veut bien suivre, ce n’est pas parce que Beatrice Morandini Valdirana -alias VBT- dit dans le dialogue qu’on se trouve à Viareggio que c’est la vérité) (hein, en même temps)  Je me rends compte un peu, ça se passe par là (mode de vie, d’été des Italiens à la plage…)

viareggio 1

on est loin, mais c’est, comme dirait l’autre, assez graphique (c’est qui l’autre ?)

Viareggio 2

comme on voit, il en est des bleus, il en est des jaunes et des beiges

Viareggio 3

un certain nombre (c’est sans doute qu’il y a une certaine demande)(c’est bien rangé en tout cas)

Viareggio 4

c’est joli, c’est rigolo, mais pour ma part, je n’y vois pas de plaisir

Viareggio 5

enfin, le satellite a ses limites (on remarquera que je laisse le robot signer ses photos) (quand même : pourtant,c ette marque, quelle cataplasme…), et comme c’est l’été qui vient, même si le climat est complètement pourri (il en va de la météo,mais aussi d’une sorte d’odeur d’insurrection, vous ne trouvez pas ?), c’est la maison toute entière qui sera habitée : les héroïnes, deux femmes

Folles 3

la brune tatouée (sur son épaule gauche, le prénom de son fils Elia), Donatella (Micaela Ramazzotti, à la ville -comme on dit connement, puisque à la campagne c’est aussi vrai -passons passons- épouse du réalisateur -je vais mettre sa photo taleur, qu’on se rende compte), la blonde à l’ombrelle Beatrice (VBT) toutes deux pensionnaires d’une maison(s)psychiatrique italienne (les Italiens aiment leurs fous, on ne peut rien contre ça, ils ne les maltraitent pas, les abattent aussi de calmants sans doute, mais leur donnent une place adoucie dans le monde), toutes deux blessées par un monde cruel, tranchant, cynique, qui les a rendues (un peu) folles (pas mal quand même).

Or elles s’échappent de cet asile (c’est un joli mot, pourtant)

folles 1

on les voit ici courir vers le bus 63 (c’est un bus que j’aime à Paris, qui suit la Seine, le boulevard, qui va à la gare de Lyon), elles se prennent d’amitié dans une sorte de cavale sentimentale débridée, éhontée, si joyeuse et gaie, parfois, si terriblement profonde, enkystée, intérieure à d’autres moments

folles 2

(on voit au fond la petite auto qu’elles abandonnent à la fin du film), elles s’unissent, recherchent l’enfant de la brune, le retrouvent, le film continue, des chansons, du cinéma (on voit un tournage, un peu comme dans « La nuit américaine » (François Truffaut, 1973), où la mère de Beatrice – qui est à la ville (wtf?) la mère de VBT  – indique que sa fille est assez marginale, disons), mais enfin pas mal de plages, un peu de mer (où la brune tente de se tuer) (non, le film n’est pas si gai, on pleure, ça ne fait rien, le cinéma c’est aussi fait pour ça), beaucoup de soleil, de nature (humaine, vivante, sensible) et de campagne, le tout mis en scène par ce garçon-là (Paolo Virzi, je ne le connais pas, n’en tire aucune fierté – ce sentiment que je hais -, mais la photo l’avantage-t-elle ? je ne sais pas dire)

folle de joie 4

(alors, on peut aussi trouver qu’il est plus facile  pour Beatrice d’être ce qu’elle est puisqu’elle est riche, que ce qui peut se passer se passe aussi parce qu’elle est riche, que la problématique de la mère et du fils est cousue d’un fil tellement italien, épais et lourd – mais l’identité d’un film passe aussi par les stéréotypes qu’il dispose – que la narration et la mise en scène relèvent d’une sorte de classicisme bridé, peut-être, mais l’amour qui unit les deux héroïnes est une figure magnifique et montre, accessoirement, qu’elles ne sont pas si folles – en tout cas, deux rôles en or…) (j’agonis le gimmick de la distribution qui s’oblige à ne pas traduire le titre original « La pazza gioia » -la joie folle, la folle joie peut-être – pour lui préférer « Folles de joie« )

Jazz

 

 

(en tout cas, on reste debout) (la nuit, oui) (le jour aussi, dlamerde) (il y aurait pas une vague odeur de révolte, ces temps-ci avec le minuscule numéro deux autocrate aux commandes – et son N+1 de chef, le roi de la médiocrité synthétique ? il semble, il semble…)

 

(Voici un an que cette maison(s)témoin est ouverte à qui veut y entrer, et voilà une quarantaine de billets produits pour ici, qui prennent pour personnages principaux des films et des acteurs, des techniciens qui font vivre ce cinéma industrie divertissement ou art et les trois réunis on n’en sait rien -on s’en fout presque-  c’est Cannes – et on avance quand même en âge) (tu sais, je suis fatigué : depuis que tout a été pris par les flammes, je ne parviens pas à me remettre dans les clous, je vaque et je divague, je marche dans les rues sans trop savoir ce qu’elles sont pour moi -elles ne me sont plus des adresses, juste des décors – je passe sur la place, on parle on se sourit, on avance aussi vers quelque chose, mais moi, je suis las) (ça ne m’empêche pas d’aller au ciné, heureusement, et de repasser par le pont qui domine les voies du chemin de fer qui va au nord par sa gare

gare du nord 14 5 16

ça ne fait rien, j’erre, j’estime et j’encombre)

Alors voilà, comme c’est la déprime, on va faire quelque chose avec un film à Woody -son quarante septième – Allen rigolo comme tout, hollywoodien mais new-yorkais (ce type aime cette ville comme d’autres aiment Paris) (je veux dire moi) (et d’autres, allez), il y a le héros, celle qu’il aime mais qui en choisit un autre (son oncle), puis celle qu’il épouse (adorable :

café society

on ne comprend pas bien pourquoi il s’entiche de l’autre assez godiche mais ça ne fait rien, on ne la met pas en photo) (c’est petit en même temps, mais tant pis -d’ailleurs le type est petit comme Woody je suppose), et partout à tous les plans, sur toutes les images, cette musique de jazz formidable… (il est bon d’entendre, même dans ce décor d’artifice mais témoin, cette musique qu’on adore)

Le type a une famille

café society la famille

(ici la mère, le père en marcel, et le frère assez voyou, qui sentant venir sa mort prochaine, se convertira au catholicisme), le type a des amis

café society les amis

et c’est magnifique. Même si le scénario est peut-être fait d’assez grosses ficelles (il rappelle ce film de Francis (ex-Ford) Coppola  « Cotton Club » (1984) ou cet autre de Martin Scorcese « New York New York » (1977) mais les pathos en moins…), les acteurs sont formidables (pour le type et celle qu’il aime mais qui le jette mais qui l’aime -enfin c’est compliqué le cinéma, tu sais bien- mais qu’il aime, je suis réservé mais c’est rien), la musique en parfaite, l’émotion sensible et généreuse, et on se marre.

Donc tout va bien. Le monde est le meilleur possible, on y tue, on s’y blesse, on danse on boit on rit…

On demande autre chose au cinéma ? Oui, certes, sans doute. Parfois. Mais dans un autre film alors…

 

Une histoire d’eau

 

 

Ville d’eau, salle d’eau, rêves de brouillards et d’eau, paradis peut-être, hélicoptère, voiture de luxe (la même que celle que son directeur de la communication avait prêtée à un futur ex-président de la République qui fautât en hôtel du même tonneau -de luxe je veux dire) (moi je m’attendais à un petit coupé dans ce style

grève générale

mais non) (il s’agit de la voiture de la production du film dans lequel l’héroïne essaye de gagner sa vie) et avortement, (presque) tout est dit.

Le film est burlesque et, d’une certaine manière, un peu manqué, mais comme il s’agit d’un premier long métrage, il y a des choses qu’on veut bien aussi encourager (ici c’est dans la salle de bain, fatalement, qu’on va poser ce billet,  parce que l’argument est de la transformer, par les bienfaits d’un scénario un peu trop lâche à mon goût, en salle de douche).

baden baden 1 salomé richard

(je crois qu’elle est de tous les plans (1) : Salomé Richard, interprète d’Ana, chante à tue-tête une vague chanson dont on ne serait pas trop étonné que les paroles soient de Rachel Lang, la réalisatrice, trente deux piges, brune blouson de cuir cheveu court).

La grand-mère de l’héroïne est interprétée par Claude Gensac (vue dans « Lulu femme nue » (Solveig Anspach -tant regrettée, 2013) mais aussi en épouse -éphémère je crois- du De Funès gendarme tropézien baroque et si français). Sa salle de bains possède une baignoire et la grand-mère est vieille -comme il se doit-, elle ne peut plus guère s’installer dans son bain et sa petite fille décide, lors d’un séjour à l’hôpital de son aïeule (c’est embrouillé mais n’importe) de réaliser la transformation.

Entre ses deux amants (l’un Boris insupportable, l’autre Simon insupportable) éphémères eux-aussi, l’héroïne procède donc aux travaux. Elle aide aussi sa mère (Zabou Breitman, juste comme toujours) à cueillir des mirabelles (les mirabelles, dans l’est, c’est un peu comme les pommes en Normandie, les piments à Espelette ou le Fuji-Yama au Japon : quand on va tourner là-bas, c’est contractuel, il faut que ça y soit) (je blâââgue) (le film se passe à l’est de la France, oui). Et puis, les choses elles aussi se passent, la construction de la salle de douche s’opère…

baden baden SR et

(avec l’aide de l’employé francophone et hypocondriaque, interprété par Lazare Gousseau, mais sans celle d’Amar, le carreleur bientôt légionnaire étrangère – tablier, hache, pas de l’oie et tout le bastringue au quatorze juillet) (non, là je brode)

Ce n’est pas tellement triste (ni drôle), enfin parfois acide, mais non : la scène de l’engueulade ciné est mal proportionnée (ou alors c’est le régisseur qui n’est pas crédible ou simplement complètement abruti – ça peut arriver, certes); l’héroïne revêt toujours un short qu’elle baisse (ainsi que son dessous peut-on imaginer, mais on est loin), devant la voiture (plan large) pour uriner (j’ai pensé à Chantal Ackerman : est-ce un hommage ? je ne sais) (aussi bien aurait-ce pu s’intituler « Les rendez-vous d’Anna » d’ailleurs (y’a deux « n »)(Chantal Ackerman, tant regrettée, 1978) quelle merveille…); l’amant Boris (on n’échappera ni à la scène d’amour debout, ni à celle -mais avec l’autre- sous la douche) confie son téléphone portable et son portefeuille avant de s’écrouler dans l’eau du canal (c’est tellement amusant) (le bateau-mouche est peut-être contractuel, lui aussi, je ne sais) illustrant par là que le film ne tient pas debout – mais Boris, malheureusement pour le film,  sait nager, il a une mère comme de juste insupportable comme lui (elle est, dans la vraie (?) vie directrice de ce casting-là : c’est plus qu’un caméo beaucoup trop long, d’ailleurs), des oeuvres comme lui et des idées comme lui, enfin on ne s’étonne pas. On aura aussi droit à la toilette avec l’amie plus ou moins (ouf, plutôt moins) saphique.

baden baden 2 SRplus

Ici à l’image : une vraie scène de cinéma (je ne sais pas qui se trouve être la silhouette, cet homme qui joue le malade gauche cadre et qui prend l’air -il est extra-: qu’on me le dise, et je poserai en dédicace) comme on aime, un vrai enjeu (on ne voit pas ici son visage (les photos sont taxées si tu veux savoir) mais je crois que l’amie d’Ana au premier plan est interprétée par une certaine Noémie Rosset (elle aussi en short -c’est parce que c’est l’été, si tu veux tout savoir…- ; si ce n’est elle, qu’on me le dise, je changerai la dédicace) d’acier comme Zabou Breitman (mais elle on le sait, elle a cette force/présence/acuité).

Au total, une heure et demie de tendresses joliesses mais aussi quelquefois de ratages parce que d’insincérités. Un film moitié belge, moitié français,  qui sert de témoin à une jeunesse en mal de perspectives (mais tout (ne)reste (pas) à faire : le chantier est fini,  le feu d’artifice clôt dans la salle de douche l’histoire, un peu dans l’ombre, un peu dans la mélancolie)

(alors : debout)

A voir, probablement…

(1) : pas de tous les plans :  l’un d’eux où elle ne figure pas (comme le tout dernier, feu d’artifice de la salle de douche), magnifique cependant,  montre le balcon de l’appartement de la grand-mère et devant l’horizon fermé d’un immeuble aux fenêtres nombreuses et aux angles droits cruels

 

 

Je me rends compte qu’en cette maison n’est pas une salle de bain, mais une salle d’eau (encore que : là, ou …). Et qu’aussi, ainsi, ce film d’eau côtoie « Le Guépard » (Luchino Visconti, 1963), ce qui rend la comparaison (ce sont deux films de cinéma, réalisés à 53 ans d’intervalle) assez vertigineuse et dangereuse pour celui-ci mais n’importe, quand on aime… 

 

 

Des goûts (et des couleurs)

 

Nous sommes bousculés, nous sommes traumatisés, trahis blessés mortellement, dans notre humanité-même : comment, des gens comme nous, deux bras deux jambes neuf orifices et vingt doigts, des êtres humains sont donc capables de ça ? Oui. Hier ici, aujourd’hui, à Bruxelles, oui. C’est peu dire que c’est lâche, c’est peu dire que c’est laid. Ce n’est pas qu’il nous faille pourtant ne pas concevoir cette éventualité : ils (elles ? je ne sais pas, mais je suis sûr qu’elles sont moins nombreuses qu’eux), ce sont eux, ils tuent, l’aveuglement et le hasard qui frappent, ah ne pas baisser les bras, ne pas se laisser envahir par la peur, continuer à encore et toujours vouloir tenter de comprendre et d’aimer les autres, oui, tenter, et continuer. Sortir, rire, applaudir… Nous sommes tous atteints, mais nous vivons encore pour à tout le moins dire que la vie est belle, bien plus belle encore que ce qu’ils peuvent imaginer. Ils ne gagneront jamais.

 

(de la promotion : quand on pose le lien vers maison(s)témoin sur la page fb de « Homeland« , on obtient un « like » comme réponse; même  procédé sur celle de « Merci patron » : rien à voir, circulez- il ne s’agit pas de glaner reconnaissance ou orgueil ou quoi que ce soit de ce genre, mais de dire que proposer des goûts à nos contemporains est accueilli défavorablement, dire ce qu’on pense en réalité a quelque chose, ici, probablement, de déplacé, il ne faudrait pas le faire valoir. Je vais parler d’un film français, vu il y a deux jours; en sortant du cinéma sur le sol j’ai trouvé ça

les ogres graf

par terre sur le trottoir de l’avenue de Clichy. Ca ne m’a pas tellement plu, mais je crois que c’est parce que, depuis, l’accueil du film a été dithyrambique – à ce que j’en ai vu ici ou là- et que cet unanimisme ne me convient pas. Happy few, agitation propagande, avant-garde, aujourd’hui (nous sommes le 22 mars) flotte dans l’air quelque chose-un anniversaire, probablement. Quarante sept ans, j’aime à m’en souvenir. J’avais quinze ans et j’écoutais la radio, le poste périphérique relaterait, six ou huit semaines plus tard quelques uns des événements qui nous ont marqués, certes, mais qui se terminent (le mot est lourd), qui aboutissent, à ce que j’en vois aujourd’hui, à une sorte d’eau de boudin complètement indigeste. Ces temps-ci, pour ma part, ça va mal. Mais dans la salle de cinéma, à la fin, quelques unes des personnes présentes ont applaudi; pendant la séance, on en entendait certaines renifler (il y a parfois des moments tragiques), plus souvent on riait (il y a pas mal de moments drôles). N’importe, ici, dans cette maison, c’est comme si de rien n’était : j’avance, je pose, je laisse, je m’en vais, j’essaye juste de vivre et de continuer à aimer le cinéma).

 

ogres fin

Cette image-là est à la fin. Le « Davaï Théâtre » (qui s’inspire dit-on d’une troupe de théâtre itinérant) s’en va sur une route déserte dans le soleil couchant. C’est une troupe, une espèce de cirque qui, au lieu de numéros de montreurs d’ours ou de dresseurs de puces, de contorsionnistes acrobates jongleurs de clowns ou de magiciens, donne en représentation deux pièces de Tchekhov adaptées et mises bout à bout pour les besoins du spectacle. On est en été – en hiver, on ne circule pas, je ne crois pas. On serait à Palavas-les-flots qu’on n’en serait pas tellement étonnés (j’ai pensé à ce film de Nicole Gracia, « Un beau dimanche » 2013) (je ne me souviens plus, mais durant la parade, on sait qu’on se trouve quelque part par là – je veux dire, comme pour « Un  beau dimanche » en bord de mer, en été) (ça me revient, une fille dit « on n’est pas à New-York ici, on est à Port-la-Nouvelle »).

Il règne dans cette troupe quelque chose comme une ambiance on dit aujourd’hui « déjantée » ou mieux « foutraque » ou pire « jubilatoire ». En un mot, tout cela est furieusement contemporain, disons. Drôle, cynique, émouvant, sans principe. Si les choses tournent mal, le père -le directeur de la troupe (il a dans les soixante ans)- demandera de l’ordre, du bourgeois du propre. La vie de la troupe, c’est aussi recevoir des enfants, type cinq ou six ans : l’un des acteurs (il est atteint par la mort de maladie de son fils, et le voilà qui va devenir père -sans doute tape-t-il dans les quarante balais, il boit fume prend des médicaments -on l’a nommé « Déloyal » comme patronyme, pourquoi pas mais c’est dur à porter…) l’un des acteurs donc, à cette occasion, propose à ces jeunes têtes blondes une pédagogie douteuse (qu’est-ce que la sodomie) à l’aide de dessins. C’est un autre scandale, qui fait suite au précédent (une bataille rangée dans un restaurant maghrébin où le Déloyal en question a mis le feu aux poudres en les traitant de « bougnoules » – comme on voit, le Déloyal ne lésine pas sur les moyens).

ogres accordéon

Non, ça ne lésine pas, mais enfin, le titre du film m’a (comment dire ?) questionné ? interpellé ? enfin…)  posé question, je ne sais pas, m’a rappelé l’enfance (il y a beaucoup d’enfants dans le film

ogres enfants

et on peut dire sans trop tirer la couverture de ce côté-là

ogres petite marche

qu’en réalité, ça ne parle que de ça) et ses contes : n’est-ce pas, les ogres mangent les enfants dans les contes (comme les loups, d’ailleurs) (quelques animaux sont là, oies, poulet en habit, chiens…), ceux-ci sont-ils d’un autre genre ? Des ogresses, en est-il aussi ?

ogres parents

Quelque chose du délit, de la tragédie, quelque chose de l’outrance, de l’obscène aussi (fatalement : on représente, une pièce de théâtre, on en voit les coulisses, on est avec les acteurs, on joue presque avec eux, la caméra ne sait plus où donner de l’objectif, mais enfin la lumière, le petit matin et les mégots de cigarettes dans le beurre…).

ogres finale 1

Déloyal va mourir : il écrase sur une planche des médicaments, beaucoup de médicaments, imprègne de ce mélange un morceau de pain ou quelque chose, puis change d’avis, jette ledit truc quelque part où une oie va le manger, s’en va, il nous quitte… De la même manière, la fille (qui est la soeur de la réalisatrice, et qui a donc le même père -on suit ?) de l’histoire à un moment, prend ses enfants et s’en va : sans elle, comment va-t-on faire ? On se rend compte qu’elle est partout dans la construction de la pièce, partout dans l’intendance, partout dans le rapport au monde. Mais elle est partie… On ne la reverra pas, elle téléphone à sa mère mais non, on ne la revoit pas. Le film avance, naît un enfant (c’est un garçon) et se termine, on est ému, on a tellement aimé la musique (on pense à Plume, on pense à tous ces artistes de cirque qui veulent à toute force créer quelque chose comme une histoire), on va s’en aller on sort (je crois que la musique est due au mari de la soeur de la réalisatrice, mais ça, ce serait à vérifier)

en sortant

sur l’avenue cette image, dans le métro cette autre

gare ogres

il y a des choses qu’on aime (en revenant-comme en y allant, on passe devant le théâtre des Bouffes du nord

théâtre bouffe du nord ogres

le reflet des voyageurs aux fenêtres), on se souvient un peu du film, de la joie de vivre comme du pathétique toujours à fleur d’image, l’outrance mais la joie de vivre, cette espèce de vulgarité assumée, revendiquée, potache sans doute mais vraie aussi, et comme il se termine bien

Léa Fehner

(sans vouloir non plus tomber dans le culte de la personnalité), on remercie cette jeune femme, Léa Fehner (et ses parents et ses amis) pour les deux heures et demie de bonheur cinématographique qu’elle et eux nous ont donné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rire, oui, et se battre.

 

 

De temps à autre, il est peut-être bon aussi de faire de la propagande (je parlais hier de cette maison(s)témoin avec Joachim qui en est un des instigateurs, et l’idée de parler de ce film est venue comme de juste : à quoi ça sert une maison(s)témoin ? à propager le bon cinéma, et la bonne éthique). Encore que… mais bon, on a des trucs à faire.

Il paraît que ce film a déjà été vu par plus de cent mille spectateurs en salle, ce qui est déjà (presque) un exploit. On avait vu le film annonce il y a quelques semaines, on irait. On y fut. On n’est pas déçu.

On aime même beaucoup. C’est que l’histoire ressemble un peu à celle de « Robin des Bois » (ah Errol  Flynn…!!!) (Michael Curtiz et William Kelghley, 1938) (et Olivia de Havilland…)

robin des bois

mais en plus moderne : donner aux pauvres en prenant aux riches. C’est cette peur d’être ainsi découvert, ou sali (à travers une image faisandée), ou pris pour ce qu’il est qui fait sans doute agir le milliardaire.

BA fdp

On le voit, en assemblée générale (je crois que c’est en 2012) brandir une sorte de menace de révolution, pathétique et lifté… Une horreur mais le film prend le parti inverse de ce mot

Mr et MMe Klur et Ruffinle réalisateur François Ruffin, ici en compagnie des époux Klur

et préfère en rire.  Je me suis un peu demandé ce que devaient ressentir les autres employés du magasin où le contrat à durée indéterminé a été signé par monsieur Klur. J’y ai cru, en réalité, comme au cinéma. J’ai aussi cru au fait que cet homme, directeur d’une usine du groupe sise en Bulgarie, parle avec un cynisme consommé

directeur usine builgarie

d’une main d’oeuvre qui, en Grèce, devrait devenir moins onéreuse vu les conditions économiques imposées par… Oui, par qui sinon lui-même, son patron et ses affidés ?  (le complet, là, qu’il porte, est vendu dit la journaliste d' »envoyé spécial »plus de mille euros, pour une main d’oeuvre équivalent à trente euros…).

La même chose m’est arrivée, il y a quelques jours, en passant le pont Neuf, et on voit dans ce « Merci Patron » (François Ruffin, 2015) quelques employés de cet ex- grand magasin parisien transformé dès tout de suite en hôtel de luxe

vert galant square 2

ça, c’est Paris, et nul doute qu’on trouvera dans ces murs quelques uns des fleurons des marques possédées par le milliardaire. J’ai pensé encore aux personnes foutues dehors par le fabricant de pneumatiques déjà illustré ailleurs. Ce qui me fait aussi penser que, les jeudis qui viennent, et même si ce n’est pas tellement mon genre, il va bien falloir aller manifester contre cette loi indigne et abjecte qui instaure (entre autres ordureries) que les congés pour perte d’un être cher soient réduits à rien (de cette loi, le journal Fakir se fait le porte-parole ces temps-ci avec ses épisodes de « Merci Myriam » ).

J’ai repensé à ce bernard tout à l’heure en entendant Monique Pinson-Charlot parler à la radio de la réunion qui a eu lieu avant hier dans un des amphithéâtres de la faculté de Dauphine, dans le seize (bizarrement, la « fondation pour l’art contemporain » du milliardaire se trouve dans ce quartier . C’est Paris aussi, ça : le loyer, fixé pour cinquante cinq ans, de cette fondation : cent mille euros par an… Une misère. Ladite fondation a été construite par le même opérateur que celui qui sévit déjà sur l’emprise de l’aéroport inutilement pharaonique de Notre-Dame-des-Landes : il n’y a pourtant là aucun mystère, et les affaires ne sont  que les affaires).

C’est la fatigue qui m’étreint. Et c’est la honte qui me tombe dessus quand j’entends ici que dans ce beau pays, on accueille vingt quatre mille réfugiés et qu’en Allemagne, on en accueille un million. C’est l’horreur que je sens, cette peste brune décomplexée et fière d’elle-même.

Rire, oui, et se battre. On va dans la rue, donc, aujourd’hui, et les jeudis qui suivent.

Ca ne finira jamais

 

 

Ils se réunissaient dans le séjour, regardaient la télé, se chamaillaient parfois, riaient, entendaient avec un léger sourire (mais ils étaient muets) les paroles du prétendu « père »

homeland 2.2 image

et puis il y a eu la deuxième guerre, c’était la troisième, c’était un moment où les tours jumelle avaient été détruites -le « centre du commerce mondial » ainsi dénommait-on ce couple d’immeubles de grande hauteur-, où il fallait que l’occident (comme on a pu haïr l’abject groupuscule qui portait ce sobriquet…) se réveille et montre (nous y avons été) au reste du monde que les choses devenaient intolérables (on a vu, à Abu Grhaïb par exemple, ce qu’il en était de cet occident-là), et qu’il fallait en finir avec Saddam Hussein et sans doute surtout ses deux fils. Abbas Fahdel nous montrait la vie quotidienne qui précédait l’invasion étazunienne, à présent dans ce deuxième volet, on entend comment la guerre est venue disloquer la société, comment tout ou presque a été détruit…

Homeland 2Abbas Fahdel

(ici lors de la présentation du film au Forum des images, l’année dernière). Il a donc fallu plus de dix ans pour qu’ici on envisage que le monde, en Irak comme partout, je le crains, est simplement peuplé de gens qui ne veulent que la paix. Je le crains parce qu’il n’est pas rare qu’on entende, un peu partout, les bruits de la guerre…

homeland 2.1 sa nièce

(la nièce du cinéaste, « nous avions du mal à en croire nos yeux, mais nous étions contents » dit-elle, après que les fils du raïs aient été montrés morts à la télé…).

La vie n’est jamais facile, nulle part, quand même en temps de paix. Jamais. Elle n’est jamais simple non plus. On parcourt Bagdad, on va ici chercher des rations de farine ou d’huile, là conduire les enfants à l’école : plus personne au fond n’est à l’abri, et la guerre intense ou sporadique, la guérilla urbaine, les voyous qui se servent, les repris de justice, meurtriers violeurs laissés en liberté, armés, la loi du plus fort, du plus injuste, du plus cynique ou pervers, voilà telle qu’en elle-même, la vie laissée là comme ailleurs (en Lybie, ailleurs encore…) par cet occident-là…

Tu sais, il lui en fallut du courage, à ce type (dans les divers reportages, on le voit sourire, on le voit parler vivre en français…) pour filmer et dérusher et monter et montrer enfin ces quelques heures.

homeland 2 Haïdir

Du courage et de l’amour pour les enfants : ici, Haïdar, le neveu du cinéaste, cette personne magnifique et convaincue…

l'amour des enfants

Les enfants, ce sourire, cette malice joyeuse, les jeux avec le jet dans la cour, le plaisir du rire, la discussion qui pourrait aussi tourner très mal (une séquence au marché, avec Haïdar qui défend, dans un lieu baassiste

haïdir au marchéla mémoire de ceux qui sont morts sous les coups de Saddam, tendue, et lui magnifiquement sincère…), le temps passe, c’est vrai aussi, mais la culture, détruite, annihilée,

cinémathèque dévastée 1

(les images sont ce qu’elles sont, tant pis)

cinémathèque dévastée 2

archives télévisuelles, filmiques, cinématographiques,

cinémathéque dévastée 3

tout est mort, tout est dévasté, mais quand même est-on là, on regarde ce gâchis, cette guerre et ce sang qui sans cesse abreuvent les haines, la tragique fin du film est là, oui, Haïdar on ne t’oubliera pas, certainement pas, mais c’est parce que c’est là, devant nous

Homeland 2 cinémathèque 2

et si quelqu’un demande pourquoi il y a encore des artistes sur cette terre, et pourquoi le chemin est encore éclairé, on pourra lui répondre qu’il existe encore des gens et des choses, encore des enfants et des rires, et que ça, ça ne finira jamais

 

« Homeland, Irak année zéro », en deux parties, film d’Abbas Fahdel (on a fait les mêmes études, lui et moi, dans le même lieu, avec les mêmes profs-sauf que j’y passais quelques années avant lui : en souvenir de Claude Beylie, pour ma part)

Vivre en paix

 

 

Comme il va y avoir la guerre, c’est un fait entendu, il va falloir la préparer (ici, le jeune neveu du réalisateur pose des scotch sur les vitres des fenêtres en prévision des bombardements)

homeland 1

on cherchera à pomper de l’eau du sous-sol, on fera face comme on a fait face il y a une dizaine d’années, comme aussi durant la guerre contre l’Iran, à la télévision, on verra passer toujours et toujours le Raïs, le maître, le presque Roi, le dominateur

homeland 3

Saddam Hussein qui sait qu’il va falloir aller à la guerre et y envoyer son peuple, qu’il salue, on le voit en militaire, on voit les personnes assises qui le considèrent avec une sorte de sourire, ou de détachement, il est en place depuis tant d’années, il a sauvé sans doute le pays, une sorte de confiance peut-être, une sorte de fierté ou de nationalisme, quelque chose qui fait penser, bouger, agir sans doute mais tellement absurde, inutile et rance, toutes ces vies qui vont disparaître et pourquoi ?  Les enfants, quant à eux, n’en ont pas grand chose à faire, ils rient, jouent, vivent et rient mais fondent aussi sur l’avenir un présent qui vivra

homeland 5

ils rient, s’amusent mais les jeux sont un peu différents

homeland 2

parfois une arme à feu, mais si souvent des jeux simples, envoyer à ceux qui sont en bas des fruits de l’arbre, partir dans un verger, nourrir les bêtes, bien sûr on sait que ce qu’ils font est en prévision de la guerre, on sait que l’avenir sera sans doute blessant et difficile, mais ce que montre le film, c’est qu’on croit encore à la vraie toute puissance de la réalité, de la force du chef, et que, puisqu’il faudra sans doute aller à la guerre, on ira défendre des idéaux qu’on croie fondés… Les automobiles sont fréquemment usées et américaines, on prend une barque, on traverse le fleuve est-ce le Tigre ? je ne sais pas, mais j’y ai pensé lors des remous traversés, le bleu du ciel mais le chauffage au gaz, tout de même parce qu’il fait froid, les femmes plus loin boivent du thé

homeland 4

et plus tard, on mariera l’une d’entre elles, lors d’une fête magnifique, où les hommes chanteront et ainsi des femmes, elles danseront, les enfants rient encore, on croise les souks, les métiers tailleur ou métalliers, ou ici ce vieil homme qui vend dirait-on des chaussons à la viande

homeland 6

on salue la caméra, on aime être filmé, on aime tout court semble-t-il vivre, comme à Tunis ou Istanbul, rien ne diffère, on voit des embouteillages, la ville, la campagne, une lumière magnifique, et loin pourtant, loin (bien que le film commence par le passage d’un hélicoptère) la guerre qui va venir, qui viendra, inéluctable et promise par la voix off…

Alors, pour ma part, je ne sais pas mais c’est le titre vraiment « Homeland » (cet anglais qui veut parler américain) qui m’a frappé : j’ai recherché un peu le visage du réalisateur et j’en ai trouvé bon nombre (je vois dans sa biographie qu’il a étudié le cinéma dans la même université que moi dis donc)

Abbas-Fahdel

le voici (je procède comme pour les femmes cinéma de numéro précédents qui sont au salon), qui ressemble (j’ai choisi la photo) à son film : quelque chose de la gentillesse de l’enfance (j’y ai aussi retrouvé un peu de la mienne) (une photo ne veut rien dire non plus, sinon ce qu’on y projette, je sais bien) mais je me suis demandé pourquoi ce titre en anglais ? Le traduire par « patrie » ou « patrujo » en esperanto, heimat en allemand (vaterland aussi bien) ? Je ne sais pas, non, mais la guerre (elle est là, juste ensuite, juste après, le petit garçon de la première image y mourra, on le sait, on nous le dit…)  cette horreur, là, pourquoi ?

 

(je tente l’expérience qui consiste à écrire à propos d’un film sans en avoir vu l’entièreté : un deuxième volet/partie/épisode (et peut-être sera-t-il  ailleurs dans la maison) sera peut-être développé, j’en sais rien, lorsque j’aurai vu la deuxième partie) (il s’agit d’une sorte de film documentaire : ça se passe en Irak, au début des années deux mille, lorsque la guerre n’était pas encore déclarée contre les agissements de Saddam Hussein qui dirigeait le pays d’une main de fer, la République d’Irak quand même; il était adulé de beaucoup cependant et certainement pour d’autres raisons que la peur; on se souvient aussi que cette guerre a été déclenchée par ce Georges Bush junior, lequel a pris pour prétexte la possession par la République d’Irak »d’armes de destruction massive » – ce vocabulaire à vomir- qui se sont avérées, plusieurs années plus tard (mais on le savait quand même dès le départ) , être inexistantes : Saddam Hussein, pour sa part, a été mis à mort par pendaison (après un procès étazunien), après avoir été retrouvé dans une cache, si mes souvenirs sont bons, dans sa ville natale de Tikrit) (on sait, par ailleurs, ce qu’il en est advenu de l’Irak aujourd’hui et ce par la grâce -pour une grande partie – étazunienne, alliance qui s’est ici comportée de la même manière qu’elle se comportait au Chili en mille neuf cent soixante treize, ou dans d’autres lieux du monde où elle défend les intérêts de son idéologie et ses valeurs que je ne qualifie pas).

 

 

Jeanne

 

 

C’est un film qui dure un moment, parce que les choses ne se font pas par magie -jamais même si on aimerait y croire, blanche, noire, exceptionnelle ou ordinaire, la magie n’existe qui si on y croit.

jeanne dielman 1

Alors donc je pose ce billet dans la cuisine, mais il pourrait aussi bien se trouver dans le salon

jeanne dielman 2

et cette soupière aurait aussi bien que le cric du début de cette maison pu se trouver encore ailleurs. On y met des sous. Plus exactement, Jeanne y met les sous de son labeur. Qu’en est-il de vivre dans un  monde d’homme ? Qu’en est-il d’être – disons – le jouet de leurs désirs ?

jeanne dielman 3

(« A la semaine prochaine » dit Henry Storck qui interprète le premier michton).

Quoi qu’il puisse en être, c’est une de mes cinéastes préférées, pas seulement parce qu’elle parvient à nous faire parvenir l’essence même des choses

jeanne dielman 4

et ces mains-là, qui s’ouvrent pour recevoir le salaire qui leur est dû.

jeanne dielman 5

Non pas seulement. parce que aussi, le personnage se comporte comme une mère aimant son fils, parce que cet argent là lui servira, à lui. Ils vont au cinéma ?

jeanne dielman 7

Je ne me souviens plus, mais elle le lui donne à lui, son fils, orphelin de père, seize ans, le fruit de ce travail.

jeanne dielman 6

Je ne me souviens plus, j’ai vu ce film lors de sa sortie, voilà plus de quarante ans, je ne me souviens plus exactement, j’ai juste dans l’idée les combats menés par l’actrice qui interprète Jeanne, à l’esprit la réalisatrice de ce film-là, et de bien d’autres, elle a décidé de s’en aller à un moment, je pense qu’elle l’a décidé, on en veut toujours à ceux qui nous fausse compagnie, on avait avec eux plaisir à vivre sur le même monde, mais tant pis, elle s’est tirée, Delphine Seyrig, cette charmante apparition aussi

delphine seyrig

ça ne fait rien, on est un peu plus seuls, sans doute et sans elles, mais n’importe, la vie continue, et lorsque , plus loin peut-être, à nos dernières heures dans ces salles obscures, nous repenserons à elles voyant les fantômes qui restent d’elles sur les écrans, notre vie en sera enrichie et encore et encore

Attendre filmer voir

 

(je n’aime pas n’avoir pas le temps de faire ce dont j’ai envie, c’est le cas, je n’ai plus de lieu, je n’ai plus de machines, je n’ai plus de livres : je devrais laisser tomber un peu le cinéma -impossible – la lecture -encore moins : je lis une sorte de biographie de Nina Simone par Gilles Leroy, lequel n’accorde point le pluriel d’amour avec le féminin, ce qui me le rend antipathique – marcher dans les rues, oui, mais travailler, surtout, voilà l’ennemi(de la musique, de la musique, oui)

(j’ai des questions sur cette maison, du genre il faut bien l’habiter, mais avec qui ? ou encore : il faut que tout le monde vive, mais est-ce que c’est bien sûr ?)

Il y a un film de Wim Wenders qui traite de Pina Bausch qui attend sa chronique, mais je n’ai pas le temps : le manuscrit de mon frère est là -j’en suis à la page 200, il m’en reste un peu plus, il est, en italique (s’il garde ça), empli de ces souvenirs communs, que je revois en lisant

(je dois travailler tu comprends, les vacances de février, je dois assurer – hier, le plombier me disait qu’il avait le même âge que moi, j’ai eu comme chaud au coeur de voir qu’il faut travailler quand même, l’âge, les fantômes, les décisions, les obligations) (on a taillé le noisetier du jardin en tous cas)

J’ai bien préparé une sorte de générique pour tous ces êtres/personnages/actrices-acteurs/humains qui hantent ces lieux, mais je n’ai pas le temps de le renseigner : je fais le récapitulatif de ce qui me reste à faire et la maison(s)témoin pour en faire un billet (on fait ce qu’on veut/peut, on  essaye de survivre, on lève la tête et hors de l’eau et on respire : depuis que le monde l’est pour moi, j’ai des difficultés à y respirer, depuis ce voyage qui part d’Afrique et finit à Orly, et puis avancer en âge, ressentir la présence de Burt Lancaster en Guépard dans sa baignoire

salle de bain 1

: c’est que je préférerais que vive cette maison, mais comment faire ? Tant à faire, tant à écrire, les mouvements des gens à enregistrer, monter, élucider peut-être, les non-réponses de toutes parts (pas vraiment mais c’est une sorte de stimmung -j’ai adoré entendre quelqu’un dire ça à la radio hier soir, comme si de rien n’était – employer des mots -habitus- que seule comprend -stéréotype- une catégorie de la population, c’est un snobisme qui me donne envie de cogner) (d’ailleurs j’ai été voir »Les premiers les derniers » (Bouli Lanners, 2015 dont on avait assez aimé « Les géants » il y a quelques années) où A. Dupontel (première apparition sur mon écran personnel) flanque une bonne correction à un abruti (sous le lien, il y a lui et il y a le metteur en scène deuxième rôle), il y a aussi une assez longue apparition de Max von Sydow (l’exorciste du film de Friedkin-1973) un vrai acteur comme on les aime) (il tape quand même quatre vingt six) (ça ramène à ces histoires de travail qu’on exerce et qu’il nous faut bien exercer)

Le problème à résoudre, c’est que cette maison-ci n’est pas une résidence, et que, pour cette dernière, il me faut produire et concrétiser ce qui ne veut pas venir (les gens ne répondent pas : le mari de la bibliothécaire, le bibliothécaire de la catho, d’autres encore : cette façon qui oblige, dans ce monde, à arracher aux autres ce qu’on voudrait parce que, simplement, on y est attaché et que notre besoin a sur nous cet empire, cette obligation de se battre pour quelque chose qui, après tout, n’a pas tant d’implication que ça, pas plus, ça a quelque chose du gâchis, le temps presse et je n’ai aucune envie d’attendre encore qu’on veuille bien se donner la peine -ce n’en est pas une- de répondre).

Je fatigue, en effet.

Un billet sans humeur, le mois de février entamé, rien du côté du relogement, le livre de Virginia Woolf (que j’adore) (et le livre, et elle) « Une chambre à soi » de plus en plus d’actualité, j’écris la nuit, dans le salon, la maison dort, je vais me coucher, parfois je suis tellement fatigué, je regarde le vent souffler, au loin en arrivant dans cette petite ville normande s’étalait, sur le flanc d’un coteau, le cimetière, ce n’est pas que le cinéma n’apporte pas son content de plaisirs, non plus que la littérature ou les autres choses (la musique, les chansons, la musique me manque tellement, la vraie, celle jouée au fond du couloir…) qui aident à vivre et à savoir que la vie est belle, non, ce n’est pas ça, c’est juste que, quelquefois, il m’est plus ardu de me lever et de parcourir les rues à présent éloignées de celles que j’aime.

Je vais attendre.

Je vais stationner sur le quai, filmer l’arrivée, et boire un café. Après, le jour se lèvera (Jean Gabin, du haut de son sixième où il vient de flinguer Jules Berry (mon préféré français) en lui criant « tu vas la taire ta gueule ? Tu vas la taire  oui ?!!! (« Le jour se lève » Marcel Carné, 1939)

JG et JB

)

et acheter du mimosa, peut-être