Dispersion 8

 

 

 

lieu à goules et autres fantômes fantasques, la maison[s]témoin n’a même pas l’heur d’être citée dans les hommages : c’est égal, elle ne travaille que pour elle-même (elle cherche des futurs propriétaires) (le type qui avait des dreads jusqu’au bas des reins – le type travaille dans la restructuration des maisons anciennes (porteur,le créneau,très porteur) – racontait que le marché était très tendu) (ce genre de dialogue m’étreint – je ne discute pas) (j’ai juste envie de gerber) je reprends : ici fantômes et ectoplasmes  – en plans cependant

je ne fais pas attention aux dates (mais ce doit être en vingt vingt – c’est un tort, mais je suis aussi fatigué) (tu remarqueras le regard vers l’arrière, le passé, le sourire) (nul doute que s’il y avait une image (il n’y en a pas) de l’autre de la « familia grande » (obscène) il regarderait vers le sol) (dans l’imagerie on aime le premier degré) (on choisit celles et ceux qui plaisent, c’est pour ça)

pas que : ici c’est plus le vêtement (manteau Arnys (ça n’existe plus je crois) de mon père) (espèce de tweed) (drôle de mec que ce hussard-là)

lui aussi remarque (je ne vois pas pourquoi, le sourire peut-être)

cette posture certainement, cambré – beaucoup d’hommes quand même – mais c’est un monde d’hommes, qui tiennent le pouvoir – la force – et en usent, abusent et mésusent tout autant –

dans les Infiltrés, deux stars – un des Scorcese que je n’ai pas vus : à un moment, j’en ai eu marre de toute cette marmelade au ketchup sanguinolente (les Affranchise) et j’ai cessé (j’y vois une espèce d’incarnation mauvaise – et les apparitions en pub, en plateforme, en vente au plus offrant sans doute – et peut-être aussi l’outrance de Roberto Benigni)

sans le point, mais le poing fermé – deux jours avant l’attaque des tours jumelle – commandant Massoud auquel je préfère (et de très loin) le sous-commandant Marcos (mais de lui ne possède pas d’image)

ah Ida – je me souvenais d’elle comme ayant joué dans « Le trésor de la sierra Madre » (John Huston, 1948) mais non, c’est dans « High Sierra »  (Raoul Walsh, 1941) – et réalisatrice formidable –

formidable Janis (morte à 27 ans, cette pitié)

et Meryl Streep (dans une série je crois bien) (je ne regarde pas les séries) (je ne les goûte pas – un peu comme l’héroic fantaisy ou les films de zombies : c’est niet – point barre)

et enfin la Huppert comme on dit (on dit le Gabin ?) (ou le Bogart ?) dont on se demande quand elle passera derrière la caméra (un peu à la manière de la Moreau) (mais sans doute non, jamais)

 

La suite au prochain numéro

dispersion est un feuilleton du salon (dispersé dans les couloirs, au cours des visites)  avec beaucoup d’images dedans

ici l’épisode 1

l’épisode 2

le 3

dispersez-vous (3)

le 4

le 5

le 6

le 7

 

couleurs pour un ami

 

 

 

décidément ces mois de juillet de se suivre et de se ressembler continûment défilent (déjà soixante huit de passés et ils ne m’ont jamais trop inspiré) – je recensais les diverses fractures subies, un peu trop nombreuses en ce mois, et je me disais que l’attachement au calendrier avait quelque chose de la superstition, et qu’elle y était pour beaucoup – je ne déteste pas l’été, pourtant – il nous faut nous accrocher à quelque chose, sans doute, mais sous peine de quoi ? – J’avançai dans le jardin pensant à Philippe Aigrain qui nous a faussé compagnie

quand même les images seraient-elles d’un précédent passage – regarder rétrospectivement les choses ne nous est, au fond, que de peu : elles n’en sont pas moins violentes, ou blessantes –  les oublier ne vaudrait guère mieux – je les pose ici, dans la boîte aux lettres (elles lui parviendront certainement)

(on y voit un pied de l’agent – je ne suis pas certain qu’elles aient été plantées là, ces fleurs, j’ai plus l’impression qu’elles se sont installées non loin de la margelle du puits (on l’aperçoit droite cadre) pour y trouver ombres et humidité) il pleuvait d’ailleurs, j’étais allé voir l’état du figuier (on l’avait cru décédé, le voilà qui renaît) (le figuier est un feuilleton d’un autre ordre, mais peu importe (l’ordre, en réalité, on n’aime pas tellement ça), nous sommes ici en villégiature et nous attendons la venue d’un client) le reste du monde bruissait comme un peu toujours (on ne voit jamais les choses que de son petit œilleton (« un misérable tas de petits secrets » disait l’autre, il n’avait pas complètement tort – mais pourquoi seraient-ils qualifiés de « petit », c’est la question)

dans les verts, dans les bleus, dans les mauves – la peinture, les pastels de chez Sennellier dont il paraît que l’officine du quai Voltaire a disparu – j’y passai l’autre jour sans le remarquer, la peinture, le dessin, de l’autre côté du fleuve, les cours du type (un professeur, certainement, je ne sais plus et j’étais là en touriste comme on aime à dire – comme si le tourisme était disqualifié) sur Piero della Francesca ou alors Fra Angelico – j’aurais aimé suivre quelque chose sur le Caravage sa période vénitienne (je crois que je trouverais plus quelque chose au Vatican) encore qu’on aurait encore parlé de ses frasques de voyou, passons – je regarde la peinture et les contrastes – je regarde les dessins et les fleurs – il n’est cependant pas question, nullement, de s’arrêter – des annonces, des effets de manche, des ministres corrompus ou peu importe – la vraie est ailleurs disait-on et on n’avait pas tort –

un jour une visite aux grands formats (où Patrice Chéreau mettait en scène sa reine Margot) un passage par l’Égypte parfois (je me souviens de ces jeunes années, Vénus de Milo et Belphégor) – il se trouve que les gens, les personnes, les ami.es qui disparaissent nous manquent (on les revoit en songe mais c’est différent, même si on ne les connaissait que peu) c’est mon cas avec Philippe mais il m’avait aidé, il avait aidé le collectif L’AiR Nu auquel j’appartiens (c’est amusant, cette façon d’appartenir à quelque chose), alors pour lui en son souvenir peut-être, quelque chose comme quelques fleurs et quelques couleurs de vie – salut à toi (et merci pour tout)

à ses ami.es, sa famille et celles et ceux qui ont perdu un ami

 

Ode simple

 

 

 

il y avait une chanson, c’était du temps de la maison bleue, qui racontait « c’est le début de mon histoire/bien avant ma première guitare/quatre ans après Hiroshima » (elle porte, à peu près,  le même titre) ce n’est pas simplement la raison pour laquelle ce film a quelque chose cependant, mais peut-être – au moins pour moi disons – mais aussi encore parce que ce titre pourrait ne correspondre qu’à une des trois époques qu’il raconte. Trois mois, peut-être, de la vie d’un homme. Commencer par le jeune âge, avec le grand-père, berger (on est berger de père en fils dans la famille, dira-t-il plus tard)

dix ans à peine, les mystères des sous-bois ou des soleils

une histoire simple, presque rien : une vie

des paysages somptueux – mais ça n’a pas d’importance, c’est le cadre simple de la vie – il se mariera

scène de lit, nuit de noce, puis le lendemain, s’en ira à l’armée – longtemps – (trois ans) on ne verra plus sa femme

mais il parlera aux goélands – test de Bechdel : zéro pointé : je ne sais pas : est-ce sans importance ? poser la question, est-ce y répondre ? – en tout cas, des marins, un monde d’homme, on lui propose de rester, de devenir officier, il fait celui qui ne comprend pas (ou il ne comprend pas, simplement) (un homme simple)  et puis, dernière époque

un berger, ses bêtes, son bâton – son travail – il a un fils, sans doute, mais on ne le voit pas – il parle au téléphone avec sa sœur, on ne  la voit pas non plus (on comprend que sa femme est partie, avec son enfant (peut-être) ou qu’elle reste au village tandis que lui reste en alpage – on ne sait pas bien) – pauvre sans doute, mais il mange, il vit, il se lève, s’ébroue – et puis sa sœur se meurt, il ira la voir

une carriole, une âne, la neige – une étape, il dort dans la neige – il se réveille, va voir sa sœur morte – revient et vit dans son champ

c’est tout.

Magique (musique et image parfaites).

 

Février, un film (Bulgarie) de Kamen Kalev (Fémis, promotion 2002)

contre l’oubli

 

 

 

si ça continue comme ça, elle va mourir – mais s’abrutir de publications n’arrange rien non plus – non mais la maison[s]témoin continue : l’agent porte son max, deuxième vax

(non c’est rien, c’est ma rue) l’agent attend la venue de quelqu’un, un couple semble-t-il

adapté de Moravia (j’ai vaguement le sentiment de voir là un peu de Kundera) – c’est déjà là – je me demande si le mépris qu’éprouve Camille pour Paul (Javal tous les deux) (Bardot pour Piccoli) n’est pas emprunt de quelque chose comme un sentiment qu’elle ourdirait à son propre endroit – cependant et malgré tout, c’est par sa sculpturale présence (dit-on) que la production du film a pu être opérée (les producteurs (donc co) Georges de Beauregard, Carlo Ponti et Joseph Levine : je te mets une image de Carlo Ponti, juste pour le fun (avec Sophia, Cannes, 1959 : voilà neuf ans qu’ils sont époux, elle est toujours parmi nous (elle est de 34) lui a tiré sa révérence en 2007, à 94 printemps quand même)

(au premier plan, évidemment : il (co)produira le Mépris en 63) (je ne pense pas qu’on ait proposé le rôle à Sophia Loren – mais qui sait ?) sur la terre comme au ciel, l’agent a-t-il besoin de vacances et de grands espaces ?

(dronatique sans doute : Chausey archipel, au presque milieu de l’image fond : le Cotentin) dans la rue (je vais aller au cinéma, t’inquiète)

je passe et je marche

(il en existe,des rues de ce toponyme, à Blois, Caen, Saint-Germain-la-Forêt, Bourges et bien d’autres encore) l’agent ronge son frein, plus ou moins – il regarde le rond point, le lotissement, l’herbe (aujourd’hui, on enlève les masques, on s’accoude au comptoir, on se demande pardon dans les cinémas – tout est vivant ? de nouveau ?) (rien n’a changé, cette course est toujours aussi inutile et vaine) il y a celui-là aussi, juste là

l’agent ne fume pas, ou plus – l’agent a cessé par volonté de garder quelque chose comme une bonne santé (il y a un peu plus d’un an, pour la même raison, le monde de ce côté-ci du capitalisme a jeté sa dignité aux ordures et laissé inhumer ses morts dans la plus stupide solitude) (on en a pleuré – on n’a rien osé dire, faire ou crier… on applaudissait les soignants à huit heures – on tentait de ne pas se contaminer, on faisait des gestes barrières et on comptait on comptait on comptait) (hier, dit le compteur, vingt-huit morts) je repose ici deux images d’amis inconnus qui sont partis ces jours-ci

salut Raymond

salut Josep

pour ne pas oublier

Carte postale

 

 

 

souvent quelques difficultés à nommer les choses – alors l’euphémisme – prends des détours – parle d’autre chose – il y avait tout au bout de la baie

on l’aperçoit à peine, un petit point blanc « à une heure » dirait je ne sais quel aviateur, tu le vois vladje ? il s’agit d’une maison de plage – cette nuit j’en ai rêvé, je suis allé voir – une année on avait été dans ce coin-là (j’y suis déjà allé) – il y avait sur le bord de cette même plage un restaurant-boite-de-nuit-bar-dancing et comme c’était ramadan, ça n’a pas cessé dès le coucher du soleil, musique à fond – cette plage

on la distingue un peu, presque au centre de l’image isolée – c’est un bois d’eucalyptus qui longe la mer, il y a là-bas aussi des ruines – la montagne au fond se nomme le cap Bon – on y va volontiers plus au crépuscule (ici sur la gauche, les lumières du dancing (ah oui, il y a du monde quand même)

) en passant le cap et regardant vers le nord-ouest, il y aura (outre le pêcheur) le Boukornine

tout ce qu’on demande, c’est de vivre – en paix – c’est tout – finir nos jours en silence – laisser aux avides leurs saloperies – on ne demande rien d’ailleurs, on n’a rien à demander – ni d’ailleurs à prendre – sur cette plage, souvent des engins à moteur inutiles et bruyants

ainsi aussi que cette épave, le sel s’y acharne – il faudrait peut-être penser à l’ôter du paysage mais

elle est plus loin, on se baigne – ici c’est l’après midi, le soleil donne dans le dos quand on entre dans l’eau tiède

(j’ai besoin de vacances, ce doit être cette ambiance, vaguement écœurante, complaisante, énonçant la décrue des accueils en lit d’hôpital (qu’on fermera, qu’on va fermer, on s’en fout) hier dans la rue ils manifestaient ces soignants, crois-tu qu’ils en disent quelque chose, ces médias vendus aux milliardaires ?  rien, en revanche le « changement » de nom de la radio, ça c’est important – à gerber) – n’importe, oui, partir

jte dis on s’en fout, mais quand même – je me souviens d’il y a quarante ans peut-être, elle vivait sur l’esplanade et m’avait demandé de venir l’épauler – j’ai toujours été « serviable » c’est une de mes qualités (il en est tant d’autres) – je suis venu bien sûr, elle n’avait qu’un mot à dire, il y avait là ce type – justement un peu le genre de celui qui a visité hier – le cheveux noir jais coiffé au peigne, il y a un siècle il l’aurait enduit de brillantine (aujourd’hui, du gel – même pas, seulement de l’eau je crois) – ce regard dont la franchise se dément immédiatement – en costume gris, je me souviens – elle venait de lui céder ceci

contre un bouquet et des annuités (elle n’en vit guère la couleur) (il finit en prison – il avait vendu ce qu’il ne possédait pas – des gens y vivent certainement, en paix – longtemps, depuis ce départ dont je ne connais plus les conditions ou les détails, elle s’attelait à « faire revenir les loyers », son mari tentait de l’en dissuader « ça ne sert à rien Jacquot » disait-il) – passe dans le poste le »partir » de Julien Clerc « on n’est pas à l’heure… » – à l’intérieur, à peine, on trouvera un garage (dans celui de son oncle, il travaillait – puis dans les pneus) ce n’est pas le désert mais c’est quand même en presque pleine campagne (ce genre de rencontre me ravit toujours) (il y a quand même pas mal de cinglés de par le monde)

spécial hein

ou seulement particulier ? – le goût de la collection

quelques portes, deux cents blocs-moteurs mais pour quel usage ? Je ne sais – je me perds en conjecture (il faut bien qu’il existe des casses-autos certes aussi – mais pour faire quoi ? les monter sur des quads ?) – ces conjonctions, oui, voilà

sur cette petite maison est inscrit « RELAX »- on ne le voit pas bien les lettres sont rouges Ferrari je suppose – c’est le soir, c’est le calme (image (c)ALilou) « au bout du téléphone, il y a votre voix/et il y a ces mots que je ne dirais pas » – une carte postale, message personnel, envoyée à celle(s) et ceux miens qui vers Berlioz reposent

Exposition commune

 

 

 

Il y a quelque chose qui tente de ne pas oublier, tu sais, vladje*

les cent cinquante ans de la Commune et les flots de sang qu’elle a suscités dus  surtout au côté des tenants d’un ordre soi-disant républicain en la personne de ce fumier d’Adolphe Thiers, la détestation qu’on peut en avoir aujourd’hui en regardant sur la colline de Montmartre cette satanée basilique dédiée à je ne sais quel saint Esprit sauveur rédempteur ou tout ce qu’on voudra (dans le « Paris » de Milou Zola, l’un des activistes a décidé de faire sauter cette choucroute…) (ça ne peut pas se faire…), nous héritons de cette histoire-là dans cette ville-là et elle est vive et vivante (on fresque un peu partout on dessine on peint on affiche on commémore) et le muraliste Jean-Marc Paumier n’est pas en reste – on a admiré ses tableaux, présentés au Centre Angèle Mercier; on en a pris quelques clichés, je les pose sur les murs du salon – il se peut que ça ne plaise pas au tout-venant des visiteurs acheteurs potentiels, mais tant pis, c’est là (ces temps-ci, je l’avoue, j’ai la gorge un peu âcre, tu sais vladje*) – les images ne sont pas toutes très bonnes mais je les pose quand même. Elles sont légendées (je pose des liens wiki sous chacune d’entre elles dès que j’y parviens).

Louise Michel et Elisabeth Dmitrieff

Marie Leroy

Gustave Lefrançais

la générale Eudes (Victorine Louvet)

Jaroslaw Dombrowski

Gustave Courbet

Maxime Lisbonne

Edouard Vaillant 

Victoire Béra dite AndréLéo

Eugène Varlin

Hermine Cadolle

Jules Vallès

je me rends compte (mais j’en avais un aperçu quand même aurait-il été inconscient) qu’on trouve là autant de femmes que d’hommes – on est pour l’égalité la justice et la liberté tsais – malgré (ou peut-être en est-ce la cause) le climat abjecte qui baigne les opinions ces temps-ci (un seul exemple : le tract haineux d’une chercheuse publié ces temps-ci, vraie saloperie) – et oui plutôt à gauche et oui aussi avec une idéologie (tiens comme c’est bizarre…) plutôt commune communiste et communarde oui – je reprendrais bien les derniers mots de Virginie Despentes lors de son billet après les césar (je ne mets que le lien) alors et bien qu’elle se soit si mal terminée, vive la Commune !

Et merci pour cette exposition.

 

* : il y avait du temps des 807 une des intervenantes (Maryse Hache) qui s’intitulait, ou peut-être était-ce son pseudonyme je ne sais trop (je me renseigne, t’inquiète) (si tu en sais plus, dis moi) vladje – j’ai décidé d’un accord simple avec moi-même de l’utiliser, unilatéral peut-être mais pas moins universel, pour souvenir et marque d’elle – et puis sans doute est-ce à elle une adresse – ainsi sans doute comme celles et ceux dessiné.es ici vivent-elles (et ils) encore, au moins en nos cœurs

Festival

 

 

 

 

non, il y avait cette émission de radio que je menais fin des années soixante dix qui parlait de cinéma, qui faisait gagner des places tu sais comment c’est une question, le premier arrivé (ou la première ne soyons pas chien) a gagné (je me souvenais alors de Campus, je n’aimais pas trop le hit-parade je n’avais pas de  préférence quant aux chansons mais j’aimais déjà Léo, Jean-Roger, Georges et d’autres encore – Pauline Julien et Mercedes Sosa – toujours aimé la musique et les chansons – et le cinéma : mais il n’y a pas que ça dans la vie – comme d’habitude je suis tombé là-dessus, et voilà que je pose ça ici, cette maison sera donc le témoin de ces agissements-là, d’alors – ce n’étaient que les débuts, réellement, de la vie rêvée du paix et amour – j’ai aimé cette situation sans la comprendre – c’était en soixante-sept – j’avais un ami plus âgé que moi qui roulait en Triumph Spitfire (ses parents étaient professeurs je crois, il était fils unique, habitait au 49 alors que ma famille vivait au 41 – c’était une amitié à la mode d’aujourd’hui, ses liens étaient lâches comme aujourd’hui les gens qu’on croisent ici ou là) – je n’avais pas spécialement de vie amoureuse, lui oui, sans doute dix-huit ans – un ami d’école de mon frère je crois – j’ai oublié – cette époque-là – mais il y avait à la maison le Highway 61 de Bob (lui était à l’hôpital après son accident de moto) et peut-être (à peine plus tard) A saucerfull of secrets (du Pink Floyd) – assez rapidement, sans doute lisait-il Rock et Folk (nous collectionnions alors les publicités pour automobiles sur papier glacé qu’on volait quand on ne voulait pas nous les donner) et il y a cette image-là surtout (Jimi Hendrix…) foutre le feu à sa guitare, un peu comme Miles Davis jouera dos au public –

c’était aussi l’époque des motos, on aimait la mécanique – on avait envie de vivre à en mourir sans doute – les Beatles avaient cessé de se produire sur scène (ça suffisait comme ça) (la jeunesse étazunienne mourait pour sauver Saïgon – bientôt on verrait Da-Nang, l’offensive du Têt le disputait déjà au napalm – ça mourrait, et moins d’un an plus tard on serait dans les rues – la péninsule ibérique était aux mains des ordures – en avril, cette année-là, les colonels prennent le pouvoir en Grèce, aussi – mais en ces trois jours de juin 1967, il y avait cette chanteuse magnifique, à peine connue (son nom ne figure pas sur l’affiche)- ah Janis Joplin …

la joie de vivre pourtant et l’amour de la musique, quelque chose de ce genre (le film de Pennebaker – un jour, il faudrait le voir quand même… – en porte encore la trace, le bonheur et la liberté – et puis le Buffalo Springfield et puis les Who qui détruisaient aussi leurs instruments de musique – mais tous les participants payés au même tarif ( rien) pour un concert gratuit (sauf Ravi Shankar dit la chronique) – quelque chose de l’été – Otis Redding n’avait pas pris ce maudit avion

qui le tuerait, en décembre de cette même année – des fleurs

des chansons de la musique et de l’amour – que rêver de mieux ? (il n’y avait pas non plus les Rolling Stones, on jouait gratuitement faut comprendre – mais j’ai l’impression que Brian Jones était là, comme Mac Cartney – on en a une image

quelque chose de la liberté et de la joie de vivre) – lui mourra dans une piscine dans deux ans, noyé – on sait qui ne l’a pas aidé à s’en sortir – toute une vie, toute une époque, une ambiance – Monterey Pop festival, les 16, 17, 18 juin 1967, voilà bientôt onze lustres, sur le champ de foire qui n’avait pas exactement sans doute le même aspect que celui-là

 

les images des chanteurs sont tirées d’un article trouvé dans un hebdomadaire vantant le coffret de 3 DVD du film de Donn Alan Pennebaker(chez Centurion), article dû à François Gorin.

 

Weldi

 

 

 

 

 

tu regarderas : les filles les femmes ne portent pas tellement de foulards – osef tu me diras, mais quand même, il y a quelque chose (ce quelque chose, si tu veux, c’est que ce sont juste des gens exactement pareils à nous, nos égaux, nos semblables) – il y a pas mal d’incises qui ont trait au travail, ordinaire – le héros Riadh (Mohamed Dhrif, parfait) est un type d’une soixantaine d’années qui va prendre sa retraite – il travaille sur le port de Tunis

(donc c’est plutôt à la Goulette – au fond,  le mont Boukornine)

je ne sais pas trop où il habite

il bosse, fait des courses, son fils Sami (Zakaria Ben Ayed, intérieur et secret) doit passer son bac, sa femme Nazli (Mouna Mejri, extra) bosse, mais ailleurs (elle enseigne, elle s’absente – elle fait à manger)

une famille – plus ou moins heureuse, mais plutôt plus – plus ou moins moyenne, ordinaire, on pourrait dire peut-être normale… Il a une amie

(sympathique Imen Chérif) ils parlent de tout et de rien comme des amis

– le travail, la famille – justement Sami a des maux de tête – graves – on cherche

on ne trouve rien et Sami suit ses cours

mais ne parle pas

parfois, pourtant, avec des amis il sort danse chante

mais rit à peine – et puis c’est la retraite pour Riadh – et puis un soir

c’est sans doute la veille des épreuves du bac, un soir Sami

disparaît : son père le cherche

on ne l’a vu nulle part – il a disparu – on ne dit rien, il a disparu – mais on comprend, on le recherche on sait qu’il n’est pas mort

que sait-on ? Rien, dit Riadh à sa femme, je t’expliquerai…
On nous expliquera, Sami a disparu, il est à la guerre, il a peut-être choisi il est parti, on ne le verra plus – un drame, Nazli n’en peut plus, son mari veut aller chercher leur enfant

et s’il meurt en Turquie ? Elle n’en peut plus, mais il s’en va

– il reviendra –

il appelle Nazli mais il ne trouve pas, personne

dit-il à son logeur, il ne trouvera rien sinon un rêve

personne (plus tard, sur internet, une image de lui, embarbé, une femme à ses côtés, voilée, et un enfant : des regards face caméra, le voilà, c’est lui Sami, il s’approche internet est coupé – c’est tout) on se souvient un peu de la chemise qu’il portait

on se souvient un peu de l’histoire de la guenon qui, enlevant une mèche de cheveux, enlève les migraines (c’est quelque part, dans le sud – c’est sur internet, on enverra le lien…) –   on riait on s’embrassait on s’aimait

adieu Sami

 

Weldi (Mon cher enfant) un film tuniso-belge de Mohammed Ben Attia (un peu de production des frères Dardenne)

Album (dispersion,… ) (7)

 

 

 

 

sait-on jamais ce qu’on est en train de faire ? je regardais ces images, un jour, j’ai continué (j’ai dû découvrir – si ça se trouve – une pile de magazines dans un coin (se fut-il agi de « Lui » ou autre joyeuseté plus libidinale, y aurais-je attaché (tant d’) importance ?) (je veux dire 7 billets, ça commence à faire) (je vais te créer un lien, t’en fais pas) (les visiteurs, les futurs acquéreurs, les passants, les oisifs (qu’ils – ou elles – soient femelles ou mâles) (on s’y perd, hein) les intéressés, les habitués et autres ectoplasmes planant dans les parages du lotissement ne m’en voudront pas, j’espère : je ne garde que ceux (et celles) que j’aime) (quoique parfois, je cède à l’actualité mienne) il y avait le goût du décor (comme au cinéma : longtemps ici, je parlerai encore de cinéma – notamment « Mon cher enfant », sans doute la semaine prochaine – on posera le billet quelque part entre la cuisine (où la famille s’alimente) et la chambre – dans le salon, le père consulte internet et facebook – mais nous verrons) – je récapitule, sur les oreilles je porte casque diffusant une musique que j’aime (rien ne peut, jamais, se passer sans musique) (je veux dire au cinéma – le film sans musique, c’est presque une honte – par exemple les frères Dardenne (qui produisent pour partie ce « cher enfant ») n’en posent guère dans leurs réalisations) – « Shine on you, crazy diamond » chante le groupe – et c’est ainsi que je commence

 

la légende est inutile (quoi que je ne sache pas qu’on reconnaisse ici le garçon) (je pose une étoile (*) laquelle renvoie à l’énoncé du nom de l’artiste – je ne vois pas qu’on le reconnaisse sur l’image)

je n’ai lu que peu de choses sur cet Anthony-là (je l’ai adoré, pratiquement, dans la Strada (Federico Fellini, 1954) ( la verve et la grâce de Zorba le grec (Michael Cacoyannis 1964))

les images viennent dans un ordre que je connais pas (il n’y en a pas) – ici, je reconnais que l’affaire est tremblée (ils sont sept et mercenaires (John Sturges, 1960) toute ma jeunesse sans doute (je l’ai vu au Pax) (la musique magique) – en numéro 2, Steve McQueen, avant dernier en noir Robert Vaughn – en premier le chauve Yul Brynner (et les autres, Charles Bronson, James Coburn (sans doute le dernier, là), Brad Dexter et Horst Buchholz) (c’était à A., rue des Otages, l’immeuble a été détruit, remplacé par un commissariat de police (partout et justice nulle part) (je dis ça pour aujourd’hui, 19 mai où ça défile dans la rue, envie de gerber) ici un chanteur

le premier (*) chanteur (ils font le même métier) était Julien Clerc – ici on a droit à Gérard Manset – (son Manteau Rouge) ah bah

Jacques Audiard (on vient de voir Dheepan, palme d’or à Cannes en 2015 – c’est pour ça – mais cette conjonction qui me fait frémir : le carnage de Charlie hebdo, de l’Allée verte Nicolas Appert en janvier : où en était-il, en montage ?) (entendu parler avec Michel Ciment) (et non, je ne l’aime guère – tant pis) un autre chanteur, Rachid Taha

(on aura remarqué que : 1. la nappe de la table de la salle à manger de la maison[s]témoin est jaune (il s’agit d’une toile cirée); 2. il n’y a encore que des représentations mâles)

hasard objectif, voici Simon Abkarian (qu’on avait aimé dans Djam) (Tony Gatlif, 2017) (un film gréco-turc…)  (un de mes héros que je croisais au tabac qui fait le coin de la petite rue (en impasse donc) où on trouverait un musée de la poupée – vers Rambuteau (impasse Berthaud) – s’il venait à l’idée saugrenue d’en rechercher un) un type extra – et voici, extra aussi, une réalisatrice, dessinatrice

on l’aime beaucoup, Marjane Satrapi (Persepolis, entre autres – prix du jury, Cannes 2007)

Léo et sa musique – je croyais que c’était à Monte-Carlo (où il naquit) mais non – c’est à Montreux – de la même manière je confonds : pour Marjane je pensait qu’elle était l’auteure (elle en aurait été tout à fait capable)  des Hirondelles de Kaboul (mais c’est Yasminha Khadra) (réalisé ciné d’animation par Zabou Breitman)

ah la la Maria Casarès… (après ça va être difficile, hein Mélanie…pfff)


ici dans le rôle de Marguerite (alors Antelme) Duras dans « la Douleur » (faut que je le lise, ça fait partie des  obligations) porté à l’écran (comme on dit) par Emmanuel Finkiel, (2017) mais je ne l’ai point vu – dommage ? je ne sais…

un chanteur, Christophe, « les mots bleus » et les autos de sport – salut l’artiste

et puis Blaise Cendras (cette image, ce visage qu’on ne connait que peu) (si tu veux que je te dise, c’est surtout pour ça, ces images, pour les reconnaître si par hasard on les croise) (dans la rue, ou au cinéma) (juste pour savoir que ce sont elles et eux)

quelque chose de la Révolution incarnée (on l’aime assez, encore, Adèle croisée aussi au bar-tabac de Jourdain, un jour – qu’est-ce que ça peut faire ?)

c’est Ingmar Bergman photographié par Irving Penn (merveilleuse image hein) (fait penser à ce matin où j’écoutai, avec le café, une photographe qui disait que « les stars n’aiment pas la photo » – elle les traque – comment aimer un prédateur ? comment vivre sans image de soi, aussi, quand on est actrice (ou teur) chanteur (ou teuse) – il faut fermer le poste avant sept heures moins cinq en vrai) – et puis

Marceline (Loridan Ivens) qu’on a déjà vue ici (ça ne fait rien) – et pour finir, l’une de mes héroïnes (il en est d’autres, mais elle, Anna Magnani…) (dans la Voix humaine, texte de Cocteau pour le théâtre – mise en scène Roberto Rosselini, 1948, première partie de L’amore)

magique

 

la photo d’entrée de billet est de Denis Pasquier.

 

Les divers billets (au nombre de six) qui constituent cette dispersion se trouvent ici.

 

L’annexe

 

 

 

(ferait beau voir qu’on se tire pas, tiens…) (partons à la campagne) en attendant, ici quelques images qui traitent du livre offert (ici comme ailleurs) – contemporain peut-être (toujours en vitrine chez Delamain, c’est pour te dire si c’est un succès de librairie) (il est moins bien que le Ouistreham, peut-être mais a quelque chose de terrible pour le milieu du cinéma – en filigrane) ça se passait par là, un 19 décembre – en 2008 (ce n’est pas une image de l’hiver mais il y avait peut-être de la neige, certainement il faisait très froid)

on voit la petite boîte aux lettres jaune (centre de l’image), elle figure l’entrée d’un petit bureau de poste, une annexe de celui, bien plus bourgeois disons, de la petite ville en question –

la maison rose, là – la poste – mais comme on sait aussi, c’est fini ça – peu importe, il y a près de quinze ans, dans cette petite officine-là, l’annexe donc

fermée (on ne parvient pas à lire ce qui est écrit sur la porte, mais cette représentation de fleur… – c’est en décembre 2009, un an plus tard) – quatre ans plus tard, l’annexe de la poste est toujours fermée

l’affiche sur la porte a disparu, mais au sol, la représentation d’une fleur (image 2013) – non loin de là, la fontaine par temps clair (pratiquement le contrechamp de la première photo ici)

un peu à droite, en descendant, vivait dans la rue en impasse le père de la postière laquelle signait ses sms d’un Kathy – la voie en impasse, par là, à droite

une sale histoire, en vrai – mort causée par vingt-huit coups de couteau, ce matin-là donc, entre 8 heures trente et neuf heures du matin – la postière est morte – en face

gauche cadre, on distingue une fenêtre volets fermés puis une porte puis, presque au ras du trottoir, une autre fenêtre

ici en décembre 2009, la en 2013

ils appelaient ce logement « la grotte », ils étaient trois plus ou moins amis dont l’un avait été (et aurait sans doute pu continuer à être) une vedette de cinéma – il lui manquait sans doute quelque chose qu’il ne trouverait pas non plus ici – la grotte, en 2019, volets toujours tirés –

soupçonné parce que jeune, désœuvré buvant fumant éructant sans doute – un garçon gentil cependant paraît-il – il a du faire trois ans en prison quand même, pour rien – la vie n’a pas ce goût normalement : pour lui, non, orphelin famille d’accueil turpitudes terreurs viols – ses deux amis sont morts de ces trop qu’ils partageaient, bières alcools drogues – tragique mais pas seulement : broyés – de nos jours l’annexe a été transformée en salle municipale

on a changé la porte (image : 2019)

il reste la boite aux lettres jaune et aux pierres les traces ici du panneau Sncf (la poste vendait ici aussi des billets de train)

(un service,mais c’est fini tout ça) au dessus de la porte d’entrée, celle de l’effigie de la poste (le truc bleu stylisé sur fond jaune ici celui de la grande poste

) la trace seulement ici

On ne sait pas où se trouve Gérald Thomassin; on ne sait pas qui a bien pu commettre ce crime atroce (Kathy était enceinte de cinq mois)  – bientôt quinze ans et puis une image glanée ici (lien qui explicite peut-être un peu cette horreur – la vie courante – un fait dit divers – un féminicide – combien tous les ans, déjà ? – ce jour 7 mai 2021, j’entends : 39 en France depuis le début de l’année) (dans ce billet, ça n’est pas indifférent) le matin du crime

 

 

« L’inconnu de la poste », une enquête et un livre de Florence Aubenas publié ces temps-ci, à Paris, aux éditions de l’Olivier