il pleut, je ne peux pas aller sur la terrasse pour guetter les plantes et voir comment elles se démènent alors je pense

Je n’aime pas les jardins à la française. Je n’aime pas les buis taillés à la française dans les jardins à la française. Je n’aime pas les angles droits, les aplats, les circonvolutions imposées par les labyrinthes rigides et les massifs cubiques des jardins à la française. Je ne les aime pas, et ce n’est pas d’un point de vue esthétique, car au fond c’est plutôt joli cette géométrie vue d’avion. Je ne les aime pas, parce que c’est une question de rapport au monde, de rapport de domination au monde. De malaxer, modeler, couper le monde à sa convenance. D’imposer. Les thuyas en torsades me font mal aux yeux. Les boules de glace de buis vert dans les vasques de pierre me font mal aux yeux. C’est ridicule. Des buis en boules de glace ou entortillés en bolduc, c’est ridicule. C’est ignorer ce qu’est une plante, vraiment. Ce qu’est vraiment une plante. C’est ignorer sa capacité infinie à se débrouiller pour pousser entre deux gangues de béton armé. C’est ignorer sa force vitale et féconde dont l’idée première est de se développer vers la lumière avec le concept du « malgré tout » bien attaché au ventre, aux racines et au tronc. C’est ignorer que les arbres ont un battement de cœur, une pulsation de vie très lente, trop lente pour que nos capteurs limités la remarquent. C’est ignorer la variété des pistils, étamines, les pétales doux, rayés, pelucheux, rugueux, les constructions complexes et flamboyantes des feuilles pointues ou rondes qui tâtonnent pour avancer pianissimo, cherchant l’air et le clair en dépit des obstacles. C’est ignorer la vie. Les jardins à la française ignorent la vie. Taillent la vie. Soumettent la vie. La vie mange, la vie se développe, la vie s’insinue et s’étale, la vie déborde. Les racines percent le bitume, elles, contrairement à nous, nous et nos ongles friables. Et peu importe qu’on recouvre ces racines d’enrobé, qu’on les tailladent, qu’on les cimente, elles recommencent, car c’est têtu la vie, c’est têtu d’une façon vive, d’une façon éclatante, imaginative, d’une façon conjuguée au futur, toujours. D’une façon prolifique, et têtue, si têtue. Les jardins à la française sont têtus eux aussi comme des comptables avec leurs lignes de chiffres cassants. Additionner, soustraire, ça n’est pas une méthode du vivre, ça, c’est une méthode de distributeur – de tickets, distributeur de bons points, distributeur de sodas et d’huile de palme en barres –, c’est une méthode qui range les gens qui ont tout perdu dans des gymnases, une méthode qui contrôle les papiers, leur possession, c’est ridicule de devoir vivre accroché à un bout de papier alors qu’on a été humains chasseurs cueilleurs vivants pendant des milliers d’années sans problème. Les lignes comptables et les distributeurs sont le contraire du fertile. Je n’aime pas le contraire du fertile. On ne peut rien faire du contraire du fertile. Le contraire du fertile produit des étendues désertiques. D’un point de vue esthétique, c’est assez joli les étendues désertiques, on peut y faire de belles photos, parce que c’est proche de la géométrie désertique des jardins à la française. Voilà pourquoi je n’aime pas les jardins à la française : ça prend des teintes vertes et ça tord le vivant pour l’épuiser. Ça assèche. Je ne veux pas vivre dans un monde sec. Et j’ai raison. Le monde le plus sec que je connaisse c’est la mort.

L’affaire du pigeon

Ça n’a pas duré bien longtemps, une heure ou deux à peine.
Quand j’y repense, ce qui m’a le plus étonnée c’est cette façon qu’il avait de frotter son bec contre les dalles de la terrasse, j’ai supposé qu’il tentait d’absorber un peu d’humidité, un reste de pluie coincée entre les rainures, il faisait glisser son bec selon un certain angle puis le même angle inversé façon miroir, un peu comme les patineurs artistiques lorsqu’ils inclinent leurs pieds tout en avançant, une diagonale, puis l’autre, ça avait l’air assez technique et même assez précis, j’ai vraiment cru qu’il allait quelque part, je veux dire que ça lui servait réellement à quelque chose d’utiliser son bec comme un patineur.
J’ai cherché dans un placard une de ces boules de graines sous filets verts qu’on achète à Auchan pour les mésanges. Ici les mésanges ne viennent pas. La terrasse c’est une cour enclavée, un parfait coupe-gorge à oiseaux quand viennent les chats, et ils viennent la nuit puisque je ramasse leurs crottes le matin. Donc ni mésanges ni moineaux. Et de pigeons, pas plus. Il faut dire que plus loin, plus haut, niche un couple de faucons pèlerins qui déjeunent aux pigeons tous les matins pendant que je ramasse ce que je ramasse. Alors même si ça commence à se couvrir de plantes depuis le confinement (il fallait bien que ça sorte ces pulsions de faire un truc de quelque chose pourvu que ça grandisse, que ça pousse que ça charmille ou comme disait Maryse que ça chélidoine, et que le jour d’après ne soit pas comme le jour d’avant parce qu’il y a un bourgeon), donc même si la terrasse commence à être bien verte maintenant, et même accueillante pour quelques butineuses (j’ai vu un jour un sphinx colibri), les oiseaux ne viennent pas, aucun. Mes boules vertes à mésanges pouvaient rassir jusqu’à la Saint-Machin, alors j’en ai écrasé une à la fourchette sur le ventre d’une enveloppe ouverte (je venais d’aller chercher le courrier, c’était la banque), et je suis sortie avec mon casse-croûte sur enveloppe pour pigeon.
D’abord il a reculé en me regardant vaguement. Sans me regarder en fait. De l’air de celui qui est préoccupé, qui n’a pas le temps pour des broutilles, ou qui ne veut pas voir l’homme qui fait la manche assis près de l’Arbre de la Liberté. J’avais trouvé deux grains de maïs dans la boule écrasée, je les ai jetés dans sa direction, pour qu’il comprenne ce que j’avais en tête. Ensuite je suis rentrée pour l’observer discrètement derrière la vitre.
Ça n’allait pas bien fort. Il tournait en rond, parfois plusieurs cercles d’affilée. Il donnait des coups de bec sur les dalles en préférant les endroits vides. De temps en temps il tournait complètement la tête en direction du ciel, dans une posture étrangement impossible, et ça faisait comme un jouet désarticulé, ou comme quand le caméléon désynchronise ses yeux, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a un hic, une malfaçon, que le produit n’est pas conforme aux normes européennes (logique, pour un caméléon), qu’on ne pourra pas être remboursé (réflexe absurde, je n’ai pas acheté ce pigeon, mais le mercantilisme quand tu baignes dedans, et même si tu veux te garder un peu d’esprit critique, ça te rentre par les pores, ça infuse et s’installe dans tes synapses par-devers toi).
C’était un peu inquiétant de le voir s’agiter avec cette attitude irrationnelle. Alors j’ai cherché sur Google « pigeon désorienté ». J’ai trouvé des histoires de pigeons voyageurs bagués (le mien était célibataire), et un topo sur l’emploi des pigeons par l’armée française pendant la guerre de 70. Aussi une liste de maladies de pigeons (« yeux purulents, diarrhées blanches, insuffisance respiratoire », moi qui ne savais même pas s’il respirait).
J’étais donc un peu démunie, honnêtement.
Puis j’ai fait autre chose, car ma vie ne se limite pas à la surveillance de pigeons défectueux (je surveille aussi les limaces qui dévorent mes plantes. Je les délocalise d’un coup de plantoir vers la grille d’égout, sans méchanceté. Je les trouvais infectes et j’avais peu de respect pour elles jusqu’à ce que j’écoute une conférence sur le blob, cette entité énigmatique, ni animale ni végétale, capable de se déplacer dans des labyrinthes, résistante au feu, à la dispersion d’un jet d’eau haute-pression, donc potentiellement immortelle et, comme c’est susceptible de doubler de volume tous les jours, nous devrions, nous, humains, être avalés, engloutis par un blob en quelques semaines, heureusement que les limaces le mangent).
Une heure après, je suis revenue voir le pigeon. Les choses avaient changé. D’abord il donnait des coups de bec dans mon enveloppe, je veux dire dans les graines, et non plus dans le rien. Ensuite il tournait beaucoup moins façon derviche, ce qui lui donnait une allure plus sereine, voire même plus naturelle.
Il est resté immobile un moment sous mon banc. Un peu renfrogné. Il pleuvait. La météo joue sur le moral des colombidés visiblement. Son œil rouge clignotait, ouvert, fermé, comme s’il tentait de redémarrer son système.
La dernière fois que je l’ai aperçu, la toute dernière fois (ensuite jamais plus), il était de l’autre côté de la cour, là où les voitures se garent. Debout et bien d’aplomb au centre d’un cercle.
Pas un cercle, une sorte de hublot (c’est serti dans le bitume et je ne sais pas ce que c’est, une lampe de sol peut-être, encore que je ne sais pas pourquoi il faudrait éclairer le sol ici, beaucoup de choses sur cette planète m’échappent).
C’est quand même merveilleux que le passage à vide d’un pigeon me fasse découvrir un hublot dans le bitume. Ou bien ce n’est pas vraiment un hublot (il n’y aurait pas de Nautilus sous le parking), ce serait une marque, un point de repère, les soucoupes volantes qui passeraient au-dessus s’arrêteraient et aspireraient ce qui s’y trouve. Le sachant, on pourrait s’y installer volontairement – ce serait un peu comme un arrêt de bus spatial – pour s’en aller explorer les trous noirs, les trous de ver, communiquer avec des espèces insolites, s’interroger ensemble autour du concept espace-temps, son élasticité (elles auraient un avis sans doute, à cause de ces travaux pratiques qui les amènent ici, non loin de ma terrasse en location, étudier les pigeons détraqués).
Il y a une terrasse dans la maison[s]témoin. Je voudrais tout à coup en savoir plus sur ses habitants, animaux, végétaux ou autres. Et avouez-le, ça pourrait donner lieu à une suite de questions épatantes, et/ou considérables.

poème du kérosène

j’ai de la chance
je suis enfermée dans la maison[s]témoin
en me penchant un peu je peux voir passer les gens dehors
ils vont les uns sur les autres se presser
-compresser dans les rames de métro – le port du masque est un geste
hautement technique
une caissière gantée et masquée techniquement attend
derrière une plaque de plexiglas
que passe le chef souriant
oh bizarrement la caissière est une
femme et le chef est un
homme mais que vas-tu déduire espèce de
espèce de
espèce de féministe hystérique
on fait la queue dans un aéroport en respectant les règles de
distanciation
sociale
puis on s’assoie côte à côte collés aux collés à
la compagnie loue les sièges collés aux collés à
sinon les bénéfices plongent
le kérosène sent bon
oh je voudrais ici
(bien enfermée dans la maison[s]témoin)
te chanter le poème du kérosène
tu sens bon kérosène
tu as supplanté l’huile de baleine
kérosène
dans les lampes à huile ou les lampes à pétrole
on t’appelait aussi « pétrole lampant »
qui ressemble à pétrole rampant
oh tu rampes kérosène
tu rentres dans nos bouches
muqueuses tu t’éclates pétrolette
kérosène chafouin
raffinage soutirage distillation
kérosène super héros !
plus fort que le lait des vaches en batteries
batteuses moissonneuses
vaches mythiques mécaniques
et les gens qui ont faim font la queue distanciation
distance
cachez ce
cachez ce sein nourricier cachez cet
affamé distanciation
avance masquée
dans le métro voilà comme tu t’en doutes voilà
les microbes agents infectieux nécessitant un hôte trouvent un hôte
dans l’avion le système de climatisation change l’air toutes les 3 minutes
ce qui permet – plus ou moins – d’éradiquer l’agent infectieux parait-il
il semblerait que
plus tu jettes de kérosène par-dessus bord
plus tu restes au-dessus de l’eau salie croupie
mon dieu que c’est laid d’être pauvre
le poème du kérosène bouffe la barrière de corail à pleine
gueule tralala
à force de t’étaler partout cher ami tu vas entrer en contact avec
quelque chose de pourri au royaume du danemark confrère
si tu ne vois pas le rapport frotte bien le plexiglas
mieux que ça
mieux que ça
maintenant le masque :
attention (j’arrête le poème du kérosène un instant
on va pas rigoler toute la vie non plus)
le masque est un
geste technique
qui cache un sourire carnassier
les dents longues
il y a la possibilité que toutes les 3 mn
les dents dessous les masques s’allongent
allez
on met ça en musique ?

les écharpes

Quelquefois, par hasard, nous voilà devant un hangar à montgolfières. C’est-à-dire que nous sommes en bas, de la taille d’un timbre, et que devant nous le hangar s’élève, immensément. Il a la forme d’un arc-en-ciel. Il est en fer. Un arc-en-ciel de fer, pourquoi pas, on en a vu d’autres.

À l’intérieur les gens tricotent. Chacun s’occupe de son tricot, certains font des écharpes multicolores qui s’entortillent, d’autres forment des carrés touffus, unis et lourds comme des pièces de feutre. Les aiguilles travaillent constamment, ça fait tchac tchac, tchac tchac, un cliquetis d’usines comme au 19 e siècle.

Certaines écharpes partent remplir des chambres froides. Le tchac tchac des adieux s’entrecroise avec le fil de la productivité admise.

Hélène Châtelain de La Jetée est morte ce jour. Plus haut que le toit du hangar à montgolfières, qu’est-ce qu’il y a ? Je t’en pose des questions ? Et est-ce qu’on a le droit de tresser ce qu’on veut comme écharpe pour tenir chaud ?

Message : « Ce document est ouvert en mode lecture seule. » Ah, que tu crois.

On passe des lignes comme des obstacles, et il y en a, et il y en a.

pour @joachimsene

donc, je passais dans la maison[s]témoin en toute quiétude, avec l’intention de relever le courrier, et voilà sur quoi je tombe…

évidemment, je pourrais mettre sur l’enveloppe « n’habite pas à l’adresse indiquée », mais j’ai peur que ce courrier se retrouve perdu et comme il m’a l’air officiel, le poster ici sera plus rapide

à la lecture (pardon d’avoir déchiré le timbre) je pense que c’est en lien avec les prouesses textuelles du-dit destinataire, converties il y a peu en pdf sous le sigle #MéchantsSortsÀMacron, desquels, bien évidemment, je me désolidarise

 

Monsieur Joachim Séné,

Je vous prierai de bien vouloir cesser vos diableries et autres sortilèges, car, ce faisant, vous érodez le ciment de la nation. Je vous rappelle — vous êtes surveillé pour votre sécurité — à la raison et vous préviens que vos scansions diaboliques peuvent dégrader à long terme ce qu’il faut bien définir comme— faute de mieux— l’état mental qui vous sert de pensée. En effet, les dernières études sur le sujet portées à notre connaissance démontrent qu’un taux d’agressivité trop élevé peut nuire à l’organisme. Nous ne pouvons que le constater : vos productions écrites regorgent de malveillances : l’amertume, la frustration et la colère irriguent vos terminaisons nerveuses. Les malédictions que vous égrenez comme des perles en toute impunité sont, par leur nature même monsieur Joachim Séné, inacceptables dans un état de droit. Nous sommes en France ! Terreau de la démocratie ! Mère du civisme ! Creuset de liberté ! C’est pourquoi je vous prie de cesser immédiatement toutes vos activités imprécatoires.

Qui plus est, il est entendu, tout le monde s’accordera sur ce point, que l’objet de votre hargne — à ce titre il ne me semble pas excessif de parler de fixation pathologique — a été élu. Un argument que même votre folie maniaque ne saurait contredire.

En espérant que cette nécessaire injonction vous ramènera à la raison, veuillez, monsieur Joachim Séné considérer l’expression de ma plus vive bienveillance. Un agent se tient à votre disposition près de l’interphone. La fonction gps de votre portable a été activée pour votre bien. Toute dissimulation de poupée vaudoue, mèche de cheveux non identifiés, yeux de grenouilles, mues de serpent et autres ingrédients sataniques porterait préjudice à votre dossier et/ou à votre intégrité physique.

En vous remerciant.

(suit une signature quasi illisible, frappée d’un sceau étonnant, une sorte d’œil qui clignote, c’est fou ce qu’on arrive à faire avec du papier)

/ à propos des choses, des détails, des perles et des pyramides / de l’influence des fanzines, des refus et des erreurs de recopiage / sans oublier les matelots, les clacs, les cormorans et les listes à écrire

peut-être qu’il faudrait faire une approche psychologique des choses
enfin je ne veux pas dire ‘des choses’
je veux dire de la place de chacun
je veux dire : ça date de longtemps long long cette histoire
je ne me souviens plus des détails mais – je dis souvent ‘je’
parce que je parle depuis moi –
je ne saurais dire les détails précis mais
on a retrouvé une tombe
deux adolescents
tête bêche
le corps couvert de perles
d’une multitude de perles
tant de perles qu’il a fallu des années pour les assembler
des années et des années de travail
en ces temps reculés, immémoriaux comme on dit
on peut penser
formuler l’hypothèse
que ces adolescents couverts de perles
milliers de perles au point qu’on ne voyait plus leurs ossements
que ces deux adolescents
étaient remarquables
remarquablement aimés
pour qu’une tribu entière
en tout cas plusieurs membres de ce groupe
passe des années et des années à confectionner
de quoi recouvrir leurs corps
ou ils étaient respectés
autre hypothèse
très respectés
admirés
malgré leur jeune âge
qu’avaient-ils bien pu faire pour mériter
tant d’admiration tant de perles tant de travail de tant de mains
qu’avaient-ils fait en si peu de temps
si jeunes d’une jeune vie couverte de joyaux
assemblés organisés cousus
pour leur faire un tombeau magnifique
peut-être qu’ils étaient des élus
mais pourquoi
et par qui
peut-être des fils de roi
il y a aussi des tombes près des pyramides
tombes superbes d’invention
que les ouvriers artisans artistes
se préparaient les uns pour les autres
le soir après la journée de travail
tombes qui ne montaient pas plus haut que le sol
au contraire
tombes catacombes cataractes bas de fosse tombes en bas
quand les ouvriers artistes artisans passaient le jour à décorer les pyramides élevées vers le ciel, hautes hautes
ainsi on peut visiter deux sortes de tombeaux lorsqu’on devient égyptologue
des tombeaux qui s’élèvent
– tombeaux d’un seul
des tombeaux qui descendent
– du plus grand nombre
je veux dire que ça vient de très loin
long loin longtemps
le choix de qui on et ce qu’on fait à quoi on sert
qui on révère
la place de chacun
on devrait interroger d’où on vient et pourquoi on est là
par exemple par quelle école est passé tel ou tel qui prend des décisions pour tous
grande école
est-ce que dans cette école (grande) tel ou tel s’amusait de concours de t-shirt mouillé
est-ce que dans cette école (grande) tel ou tel écrivait un fanzine avec en dossier « la pute du mois »
et qu’est devenu ce tel ou ce tel
est-il en charge de décider pour moi
lui incombe-t-il la charge de décider
est-ce que sa parole porte
je ne sais pas
je ne possède que des détails
est-il en charge de décider qui ou qui aura quel ou quel poste
qui aura quelle charge
qui remplira quel dossier sur la reconnaissance faciale
insensible aux visages noirs car créée par des algorithmes de blancs
ce qui fait que lorsqu’une femme noire veut se laver les mains dans des toilettes publiques
si elle se place devant le capteur
le robinet reste sec comme ses mains
mais si elle porte un masque blanc
l’eau se met à couler
cela pose des questions quand même
sur les refus
et sur les possibilités
à qui on refuse
à qui on offre
et pourquoi
d’où vient et qu’a vécu celui à qui on refuse
d’où vient et qu’a vécu celui à qui on offre
je pourrais écrire les mêmes phrases avec ‘celle’ à la place de ‘celui’
mais je ne peux pas écrire celle et celui simultanément
parce que ma langue n’est pas unanime
elle n’a pas fabriqué de pronom rassembleur rassembleuse
qui crée la langue
d’où vient-il par quelle école est-il passé
je ne me souviens plus des détails mais il semble que
le mot ‘poids’
qui prend un d et un s à la fin
soit une erreur de recopiage
recopiée recopiée cent fois ensuite et ainsi essaimée
justifiée
faisant loi
mon correcteur d’orthographe ne reconnaît pas ‘essaimée’
qui a crée mon correcteur orthographique
car entendons-nous bien comme disent les gens sérieux
mon correcteur orthographique est contractuel
je veux dire qu’il est une fabrication acceptable à un moment M
sur laquelle le plus grand nombre s’accorde
mon correcteur orthographique n’est pas factuel
les montagnes sont factuelles
les trous dans les montagnes sont contractuels
les rivières sont factuelles
les déversements de boues rouges sont contractuelles
si on pousse le bouchon mon bouchon mon petit mon amour
la vie est factuelle
les tombes sont contractuelles
les milliers de perles qui cisaillèrent les doigts par leur couture sont contractuelles
alors je me demande
quel contrat contractuel on passe avec soi-même
pour parler là d’où on parle et dire je
mettre sur la balance ce je
de quoi est-il capable
de quoi est-il le signe
de quoi est-il l’aboutissement
c’est peut-être psychologique
tous ces contrats qu’on passe avec soi-même
les fatigues qu’on a
baisser les bras
mais est-ce que c’est psychologique de voir les fumées contractuelles
traverser l’océan
de l’australie à l’argentine
j’aime les réponses simples
elles me reposent
ma réponse simple
c’est la peur
la proportion de peur
qui fait qu’on est là où on est et qu’on parle comme on parle
peur de manquer alors on accumule
peur de souffrir alors on se protège en attaquant premier
peur de perdre la face alors on repeint la réalité/le passé
peur des visages noirs quand on est blanc
peur des femmes puissantes qui savent créer la vie mystérieusement
– imagine qu’elles refusent l’homme est anéanti
et ça l’inquiète, c’est effrayant –
peur de manquer de perles pour son tombeau d’où l’idée d’embaucher du monde
peur de parler dans le vide d’où l’idée de choquer
c’est psychologique la peur l’anxiété
contractuel et existentiel
ohé matelot matelote
buvons ensemble une dernière fois
mais avant ça si nous faisions la liste de tout ce qui ne fait
pas peur
elle est immense
mais invisible
un peu comme de la matière noire
qui fait tenir ensemble les planètes dans l’espace
au fait j’y pense maintenant
– en tant que je en tant que moi –
un astrophysicien a dit
que
si toutes les étoiles s’éteignaient à mon claquement de doigt
clac
on ne le saura pas
pas tout de suite
pas avant longtemps
très longtemps
à cause de la vitesse de la lumière
si elle met des milliers d’années à entrer dans notre œil
on mettra des milliers d’années à savoir qu’il fait noir
alors pendant ce temps-là
si nous faisions des listes amis amies amicales amitiés
des listes de ce qui ne fait pas peur
des milliers de perles anti-peur
à coudre découdre
pour recouvrir nos corps vivants
je n’ai pas peur des libellules
ces hélicoptères sans bombes
je n’ai pas peur des goélands
ni du cormoran qui s’ébroue
je n’ai pas peur de la soupe de carottes
ni de l’orange ni du miel
je n’ai pas peur du noir si noir qu’il devient violet quand il pleut
je n’ai pas peur d’attraper une main pour traverser la rue
pas peur de réparer une poche
pas peur des sons qui me dérangent
– mais je demande pourquoi comme dit John Cage –
et pas peur d’écouter Clara Schumann
je n’ai pas peur de perdre mes marque-pages
ni peur des gorilles grands végétariens
et je n’ai pas peur des slogans hostiles aux peurs
je n’ai pas peur
de
passer
à
la
ligne
je n’ai pas peur d’être petite
ceci n’est pas une méthode Coué
ceci n’est pas un exercice
anti-coulée
je n’ai pas peur de parler de là où je parle
avec mon historique
contractuel et factuel
je n’ai pas peur de mes colères
contre ce qui est infondé
néfaste
destructeur
et pas peur de la suite
ni des franges du tapis
qu’on va tisser
qu’on peut tisser
ici
ou là
à vot’bon coeur msieudames
Gratuit
est un mot qui ne me fait pas peur
Incongru
est un mot qui ne me fait pas peur
Désiré
est un joli prénom aussi joli que Désirée
Gracile
est un mot tendre
qui pourrait servir de prénom aux girafes
et Tendresse
un mot qui ne fera saigner personne
n’a fait saigner personne
ne fait saigner personne
Personne est un mot double
qui fait peur et qui ne fait pas peur
je n’ai pas peur du double
et des nuances
Inutile est un mot important
Important est un mot gonflé
c’est mieux quand il est maigre
Maigre est un mot pointu
ses os dépassent
je n’ai pas peur des os
je n’ai pas peur des tremblements
même si les tremblements font peur
ce sont aussi des vibrations
– les cordes du piano de John Cage et Clara Schumann vibrent –
et les cartes postales se complètent
à satiété
le mot Difficile est facile à prononcer
et le mot Facile un peu rat
le mot Rat est intelligent
on raconte même qu’il sauve son partenaire coincé dans un tuyau
et que les scientifiques en blouses blanches en prennent note
en l’observant
on dit que les moutons reconnaissent les visages
je ne sais pas vous mais moi ça ne me fait pas peur
comme la curiosité
je n’ai pas peur d’être curieuse
sens propre / sens figuré
nous sommes des bêtes curieuses
assez bêtes et assez curieuses
pour faire des listes
et des listes de listes
longtemps
dans le lointain du long long
jusqu’à ce que les lumières s’éteignent clac
et même ensuite
sans peur et sans reproche chevalier chevalière
la chevalière n’est pas le féminin de chevalier
mais l’adjectif qui s’y rapporte
(fortune chevalière, bague à la chevalière)
alors je dis
faisons des listes
de chevalières essaimées
mon correcteur s’habituera

du travail

j’ai bien essayé, je suis vraiment d’une bienveillance, de voir d’un peu plus près cette expression : « ressources humaines », et j’avais un a priori si positif que la fée clochette devait dans mon cerveau déverser ses paillettes, « ressources » c’est-à-dire « ce qui peut améliorer une position fâcheuse, avoir de la ressource, de l’ancien verbe resourdre (ressusciter, relever, remettre sur pied) », j’y voyais personnellement, et on peut dire avec l’innocence qui me caractérise, un clin d’oeil au mot « source », ça sort de terre Ô magnifique Ôde à la vie essence même de notre présence dans ce cosmos en expansion gonflé de matière noire (une matière non identifiée, et qu’est-ce qu’on sait du monde ? c’est la question), source donc source, eau vive, petits poissons, qu’est-ce qu’il peut bien y avoir de négatif dans source ? et puis humaines, l’humanité c’est beau, c’est un cadeau, à ce moment précis j’ai vu passer une vidéo où un jeune quidam blouson-noir (sorte de hooligan) sortait de l’eau un chiot, ou bien un chien très mal en point, au bord de se noyer, incapable de remonter les berges abruptes d’un canal bétonné, le jeune homme tendait le bras, se plaçait en déséquilibre pour le ramener au sec, oui donc, « humaines », humanité, j’ai pensé que c’était ça la marque d’une grande humanité, que ça faisait un grand ensemble, une grosse patate (j’ai appris le concept de patate au collège avec la grosse patate des nombres décimaux), il y avait donc la grosse patate de l’humanité où on pouvait caser des mots comme aide, gentillesse, attention, sympathie, générosité, altruisme, et d’autres grosses patates sur le côté bien moins aimables, et il fallait placer un trait séparateur assez étanche entre les saloperies et le reste, je ne sais pas vous mais pour ma part je trouve cette façon de voir plutôt claire, rassurante, donc « ressources humaines », ça ne peut pas faire de mal cette affaire-là, ça ne peut pas être nocif allons bon, resourdre-remettre sur pied, les petits poissons et les sauvetages, qui peut trouver ça moche à part Caligula, ensuite j’ai vu dehors une trace sur le mur un peu alambiquée, étrange, sans doute le passage d’une limace ce que j’en sais, et ça formait comme une silhouette de tête pourvue de jambes et de bras inventifs, c’est une « ressource humaine » je me suis dit (tout ça pour indiquer d’où je parle, c’est-à-dire d’un endroit saturé de patates dérisoires, de minusculitudes, allons allons, marchons toujours), et j’ai ensuite pensé que ce « ressources humaines », et surtout au pluriel, faisait référence au travail (de mon côté, j’avais dû, au travail, faire preuve de ressources ainsi que preuve d’humanité, mais c’était autre chose), car là il s’agissait de « recrutement, gestion des carrières, formation, gestion de la paie et des rémunérations, évaluation des performances », c’est-à-dire décider qui travaillait, à quel poste et pourquoi, qui serrerait les boulons dans le sens de la marche pour que la machine tourne, Charlie-Chaplin-clé-à-molettes, et j’ai pu voir la grosse patate remplie de qui ne convient pas, contrats rompus-suicides, enfin ça ne sentait pas très bon d’un coup les « ressources humaines », celui ou celle « en charge de » avait autorité sur qui et tous et toutes placé-e-s plus bas, sur qui se trouve où et pourquoi, c’est-à-dire qui travaille à quoi, c’est-à-dire qui travaille pour qui, c’est-à-dire quelle vie s’utilise pour quelle autre, « en charge de », mettre de l’ordre, il y avait aussi ce côté trieur de pommes talées, ce côté garde-chiourme en charge de virer qui a la tête ailleurs ou qui est trop fragile, qui n’est pas performant, là j’ai revu un dessin, celui d’un vieil homme surmonté d’une bulle, il dit « nous, l’argent c’est pas le problème, nous c’est pouvoir manger qui nous inquiète », ensuite j’ai vu (vraiment ce qui passe devant mes yeux, on le constate, s’enchaîne sans logique apparente) qu’un gestionnaire aux ressources humaines avait mis à la porte une employée pour une erreur de quatre-vingts centimes, ça n’avait rien à voir avec les chiots qu’on sauve de la noyade, vraiment, cette langue, j’en suis témoin, est désobéissante, elle s’extrait des patates dès qu’on regarde ailleurs, les traits séparateurs ne savent plus où se mettre, et puis l’aplomb, le fil à plomb, l’enclume, le plombé infini enfile le costume du bien, du bon, de l’amélioration, alors je vois des choses, des détails à la suite, avec ou sans logique, je ne sais pas quelle fourchette saurait titiller sous les mots doux les malfaisances, ou bien une fourche ? c’est du travail en tout cas, du travail

Je pose ça là

Il y a sûrement des gens qui ont eu l’idée d’écrire à des endroits imprévus. Qu’est-ce qui m’empêche de faire ça. Laisser des petits mots ici ou là. De petites phrases, écrites sur des rubans de papier. À laisser tomber, à essaimer. Dans les vitrines des magasins de chaussures. Dans les boîtes aux lettres des sous-préfectures. Sur les appuis de fenêtre. Des tas de choses atterrissent sur les appuis de fenêtre, des canettes vides, des mégots, alors pourquoi pas des petits mots, ça n’aurait l’air de rien, mais est-ce que ce serait vain ? (rime pauvre). En tout cas ce serait un signe. Une sorte de prise de position. Quelque chose qui trafique l’habituel, le grand gourou catégoriel. Je ne suis pas sûre pour ce qui est de le ronger de l’intérieur. Pour ce qui est d’entrer avec les codes-passeport dans la structure pour en gratter les fondations, plus tard, en modifier les équilibres. Même avec l’intention cachée de secouer, en attendant, il faut faire allégeance, ce qui revient à transformer le digéré en interlocuteur valable, incontournable. On pourrait faire sans. Sans se soucier. Faire sans cahier des charges. Déboussolés, déboussoler. On se déboussole soi, on déboussole le reste, j’aimerais ça, c’est peut-être contagieux, je ne sais pas. Ajouter sur les présentoirs des cartes postales déjà écrites qui disent qu’on n’est pas des enclumes, qu’on a besoin de faire de l’air, qu’on pourrait écarter les bras, bref que les présentoirs qui tournent leurs clichés ventres à terre et leurs chiens à lunettes méritent d’être remués. Laisser des mots sur les tables en terrasse ou au dos du ticket de caisse. Laisser des mots dans les poches des manteaux essayés des galeries commerciales. Au rayon bricolage, entre les tournevis, laisser des mots. Écrire là où ça n’est pas normal d’écrire, j’aimerais ça. Je reçois un mail avec un appel à candidater dans une résidence d’écriture. Je ne répondrai pas. Il y a un dossier à remplir, c’est loin, je suis trop vieille pour ça. Et cette histoire de repérage-déboussolage, ça me perturbe. Je lis résidence, j’entends assignation à résidence. Pourquoi ne pas secouer, secouer, dire : la résidence d’écriture accueille tout le monde sans distinction, le but du jeu étant la désérésidenciation. Un nouveau mot. Qui ne rapporte rien au scrabble, et puis il y a trop de lettres. Mais dans ce que j’imagine, y’aurait jamais trop de lettres. On écrirait partout, dans les maisons témoins, celle-ci, et même les vraies. On viendrait visiter (« Spacieuse, accueillante et lumineuse, découvrez une de nos réalisations« ), on prendrait l’air intéressé, et puis négligemment on poserait des rubans de phrases dans les fausses jardinières et sous les abat-jours. Si on se faisait prendre, on dirait juste Je pose ça là.

sur l’écran

Sur l’écran la pianiste s’agite, mais le son est coupé.
C’est une allégorie. Elle s’agite en silence pour dire toutes les femmes effacées, inconnues, oubliées.
« J’ai un mauvais pressentiment mais qu’importe » dit le héros sur une autre chaîne.
« Fais ce que tu as à faire quoi qu’il advienne », lui conseille-t-on.
_ Je ne te promets rien. » répond-t-il.
Moi non plus j’ajoute à voix basse (et donc pour moi-même). Le héros frappe à une porte. Il est question de sorcières, comme d’habitude. Les femmes effacées, inconnues, oubliées, nocives, ça fait très longtemps que ça dure, que ça se propage dans les esprits, les fictions et les réalités en rendent compte chacune nourrissant l’autre et l’inverse.
« Crache le morceau! » dit le héros.
Très bien.
Ma question est – que cette maison[s]témoin soit le témoin de ce questionnement – en a-t-il toujours été ainsi ? Pendant les deux cent-cinquante mille ans où nous étions chasseurs-cueilleurs (deux cent-cinquante millénaires, c’est-à-dire peu ou prou une durée d’environ cent vingt-cinq civilisations cul à cul), pendant ce temps où nous étions tapis autour des foyers, réunis, effrayés par les prédateurs, effrayants pour nos proies, en a-t-il toujours été ainsi ? Et les vénus callipyges ? Quelles mémoires racontent-elles silencieusement ?
Il y a plusieurs niveaux de connaissance, plusieurs niveaux au sens propre : dans la cave d’une maison témoin, les fossiles et les questionnements ; au rez-de-chaussée salon salle à manger cuisine, le théâtre, l’agent immobilier qui organise la visite (c’est un homme, ou bien c’est une femme avec le lexique et les automatismes d’un homme) pour les clients, un couple (sans doute qu’elle demande où pourra se brancher la machine à laver) ; à l’étage, la salle de bain aux miroirs kaléidoscopiques qui nous traquent, nous définissent ou que nous nous évertuons à tromper, rigoureusement peints à la main quand nous en avons l’énergie et/ou l’occasion, et puis les chambres où s’agitent des rêves. Et passent des allégories de pianistes travaillant leur instrument en robe de soirée sans que personne n’entende.

allez allez

en fait l’idée c’est de faire ce que l’on fait
avec plus ou moins de bonheur
plus ou moins de chance
plus ou moins de sérénité et de ténacité
plus ou moins de questionnements
sans oublier que nous ne sommes pas des îlots ou des gardiens de phare, faire c’est aussi regarder ce que font les autres avec plus ou moins de hardiesse, plus ou moins de vilenie, plus ou moins d’âpreté, plus ou moins de courage et/ou de cohérence
le faire des autres vient heurter s’engouffrer s’insinuer saupoudrer pénétrer notre faire à nous
et c’est ce qu’on garde de ces poudres de ces poteaux ou ces tenailles qui compte
par exemple j’ai lu cet homme qui dénonce ceux qui sont fiers de leur hideur
j’ai vu ces sit-in
ces armes maniées à la cow-boys
ces pelleteuses que des bras sans force repoussent, bras accablés
ces têtes hautes qui refusent de s’asseoir au fond du bus, qui refusent que les noyés se noient
faire, ce n’est pas difficile
faire, c’est impossible
c’est entre ces deux plateaux de la balance que son propre visage se sculpte en trois dimensions
et dans ce faire il y a aussi l’insu
ce qui survient et n’était pas prévu
parler de cinéma, ce n’est pas parler de cinéma, c’est parler des gens de comment ils vivent de comment ils sont vus de comment ils se voient de ce qui est proposé dans le faire
on peut se placer en vigie
on regarde ou on tourne les yeux
on fait comme ça nous chante
et parce qu’on fait ce qui nous chante ça sonnera toujours assez juste
(l’idée)
parce que les idées, ce ne sont pas des concepts, ce sont des corps
les rêves de piscines vides n’existent pas
ou bien c’est que les boutiquiers ont gagné ?
les boutiquiers à cols blancs dont les suv possèdent un pare-chocs anti rhinocéros en centre-ville ?
non les rêves de piscines vides n’existent pas
hop
inutiles
et déjà envolés
allez allez, ne traîne pas dit la voix, tout va bien